Les déferlements de l image
202 pages
Français

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Les déferlements de l'image , livre ebook

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Français

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Description

L'écriture théorique n'efface pas la dimension sensible de la recherche. Dans notre culture, nous vouons un culte aux images que l'on atteste d'une vérité transcendantale. Pourtant l'image-écran n'est souvent que le relais de l'ordre du discours. Foyer des puissances patriarcales, elle noue les enjeux politiques de la représentation, mais est aussi la présence du souffle de l'autre et du vent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 46
EAN13 9782296809901
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES DÉFERLEMENTS DE L’IMAGE
Du même auteur :


Spectre-chair, Éditions L’Harmattan, 2006.


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55060-5
EAN : 9782296550605

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Lilian S CHIAVI


LES DÉFERLEMENTS DE L’IMAGE

Situations ironiques, théoriques et critiques
« Le sujet s’abîme en ce gouffre, mais ego s’y énonce : il
s’y extériorise, ce qui ne signifie pas qu’il porte au dehors la
face visible d’une intériorité invisible. Cela signifie qu’ego fait
ou se fait extériorité, espacement de lieux, écartement et
étrangeté qui font le lieu, et donc espace même, spatialité
première d’un véritable tracé dans lequel, et dans lequel
seulement, ego peut survenir, et se tracer, et se penser. »
J.L. Nancy, Ego sum.


« Je suis maintenant complètement embarqué sur les vagues
du monde – bien déterminé : à découvrir, gagner, disputer,
échouer ou à me faire sauter avec toute la cargaison. »
Goethe – Lettre à Lavater, 6 mars 1776.


« Eh bien, je te parlerai d’abord du soleil et du principe qui a
rendu manifestes toutes les choses que nous contemplons
maintenant, la terre et la mer riche en vagues, l’air humide et le
Titan éther qui entoure de son cercle tous les êtres. »
Clément d’Alexandrie, Stromateis.
… à la mer.
Avant-propos
Où sommes-nous ? Par où commencer ? La désorientation est telle que les repères ne tiennent plus. La profusion des signes ne peut faire sens. Le chaos fait retour. Les discours apocalyptiques sont le lot quotidien de la dramatisation du futur du monde. Quels plans échafauder devant l’infamie, la barbarie, le sacrifice ? La terre tremble et l’homme vacille. Pourtant a-t-on trouvé mieux que de vivre ? Vivre, sentir, respirer, s’immerger, même dans cette asphyxiante culture qui sert le retour des archaïsmes et la recherche de boucs émissaires. Que peut-on de mieux dites-moi ? Lutter, se battre, et manigancer le devenir de nos vies. Nos émois déchirés avancent fébriles dans une atrophie des sens. Renouer avec le sensible. Nos identités sont marquées du joug policier des nationalités, des papiers, et des ayants droits. Sonner le soulèvement. Nos corps cherchent à mimer les modèles esthétiques de l’emprise de l’image. Expérimenter sa matière corporelle. Nos différences se corrompent dans des normes établies. Brisons « l’identité nationale ». Les activités de l’esprit plombent d’un savoir pompeux le plaisir et la sensibilité des mots. Jouons ! Nos actes trouveront des conséquences notoires dans la création de notre avenir. La praxis de nos projets s’ancre maintenant dans les mots de la force collective. Le séisme fait le sens, et soulève la table des significations. Si vous me comprenez, continuez, lisez, et jouons ensemble. La critique dialecticienne qui veut que tout discours féroce, de revendication, et affecté, fasse le lit des extrêmes ne tient plus. Nous connaissons nos ennemis et le fonctionnement tyrannique des groupuscules nationalistes. Le fascisme rampant qui gangrène les forces créatives par la manipulation propagandiste, populiste, démagogique et ultra-médiatique est la cible.

Le vouloir-vivre sera une instance de combat.

La distance d’avec un objet d’étude circonscrit est absentée ici, une fois pour toute, et non d’une manière feinte. C’est dans l’application stimulante d’une immersion pleine et entière que j’arpente par l’écriture les reliefs de l’image. C’est par l’expérimenter au sein des images en mots et des mots en images que je vogue sur le flot du sensible au risque des subductions et des tremblements de plaques tectoniques. C’est par l’émergence d’une pensée en train de se faire et qui se propose comme telle, non comme aboutissement, ou produit fini. Et c’est à l’intérieur de ces fragments compilés, scotchés, rafistolés, que la demeure se construit. Oh non, pas un château, non, une roulotte, pour une pensée qui voyage, et veut, farouche, allé voir.

Le propos fut censuré. La censure s’exerce dans les corps et dans les structures qui sont censées les soutenir. L’institution ne pense pas et l’entreprise arbore ses parures compétitives dans la catastrophe du sensible. Je mène un combat caché pour l’expérimentation sensible contre sa soumission et pour la pensée contre son déni. La théorie du sensible par l’histoire du développement des arts est transversale, elle ne conçoit aucune délimitation préétablie. Elle arbore le spectre en tant que motif anarchè qui ne se consignera jamais. Les propositions sont valides et touchent aux nouveaux modes opératoires de la représentation. Mes recherches restent pertinentes même datées. Pourquoi ? Parce que l’expérimentation est une anticipation sur le futur du monde. Les discours apocalyptiques ouvrent en voulant fermer – diastole et systole – les soubassements inauguraux de nouveaux agencements. L’institution refuse la pensée singulière, jeune, insolente et ne prend pas en compte les bouleversements actuels de la modernité. Je ne prétends pas totaliser un discours, mais traverser ce concept d’une pensée originale, loin des codes langagiers et de la phraséologie des discours admis. Il faut bien que certain prennent le risque d’énoncer le mortifère de l’institution entendue dans ses couloirs si souvent.
Le ver serait dans le fruit. J’entends ce « vers » autrement, toujours. Un ailleurs. Comment ne pas inventer d’autres possibles pour les lieux du savoir ? Les nouveaux crédits alloués à la recherche permettront-ils de changer les modes de représentation qui font nos identités ? Les études en esthétique permettent de comprendre comment le sensible prend forme dans des images qui l’aliènent ou le libèrent. Ces images sont aussi bien mentales que physiques et ces postulats sont premiers. C’est à dire qu’ils situent d’abord le propos. A partir de la situation, il est envisageable d’émettre des hypothèses, de construire des agencements et de chercher de nouvelles armes. Prendre pour point de départ les images c’est être tout entier convoqué à appréhender le sujet du dedans au dehors et dans le mouvement du dehors au dedans. L’inconscient est une usine à produire des images qui peuvent devenir des formes et se matérialiser à nouveau en images, et ainsi revenir à l’inconscient sous formes de résurgence. Je me suis toujours demander comment le discours purement scientifique réduisait la poïétique et le soulèvement de la figure dans les propositions théoriques sur le sensible.
Je comprends que la recherche en art puisse s’essouffler devant les structuralistes et les post-structuralistes et se soumettre au diktat de la tendance. Toutefois, il me semble nécessaire non pas de discourir sur les œuvres à la seule fin de cerner le problème de l’art mais bien plutôt de faire de l’acte artistique un acte salvateur de réappropriation du corps, de sa matière vivante, de sa chair et ainsi du sensible. Je ne suis pas seul ici. Les travaux de Bernard Andrieu, de Barbara Stiegler ou encore de Le Breton et dans une autre mesure de Georges Didi-hubermann nous accompagnent. Tous les artistes, les œuvres et les pérégrinations me permettent de construire une a-méthode qui se revendique d’une contre-méthode intitulé « pour une théorie anarchiste de la connaissance ». Puis qu’il faut discourir sur la méthode, je m’attellerai à cette tâche. Mais avant j’aimerais en finir avec cette pratique du tir à l’arc.

La question de la représentation n’est pas celle de l’image mais elle s’y rapporte comme l’écriture est aussi métaphorique. Comment refuser les pratiques créatives de l’écriture lorsque sa matérialité est tout entière convoquée aux processus d’invention inconscients ? L’institution française marque son refus derridien et ne semble pas admettre le processus de créativité scripturale comme faisant parti de la réflexion. Il m’a toujours semblé que l’écart existant entre les mots et les choses, la désignation et le désigné arc-boutait la quête de sens institutionnelle. Elle est celle de la représentation. On ne prononce plus le terme d’institution, ou moins. On lui préfère celui de repré

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