Les Fourches Câlines
100 pages
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Les Fourches Câlines , livre ebook

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Description

Quel est le rapport entre une jeune femme amoureuse d’un officier allemand au temps de la Seconde Guerre mondiale et un groupe d’amis qui découvrent, 30 ans plus tard, deux cadavres dans les murs d’une propriété provençale ?


C’est ce que vont tâcher de comprendre Rémy et ses amis. D’indices en surprises, ils découvriront que tout converge vers l’année 1944. Le journal d’une jeune fille, trouvé par hasard, leur permettra-t-il de faire la lumière sur cette histoire ?


Entre crimes et perversions, leur investigation les mènera de plus en plus profondément dans le passé, jusqu’aux Fourches Câlines.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mars 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383514534
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
… car la honte se définit par l’angoisse de l’effondrement des repères et, à la limite, du rejet du monde humain. Elle ne protège de rien. Elle est la catastrophe même.
Serge Tisseron
Il était connu pour n’avoir exercé, de toute son existence, qu’une brève activité de coiffeur pour dames au lendemain de la Libération.
Un ange
Si la mémoire des hommes renferme bien des mystères, la mémoire des arbres est emplie de douleurs.
En ralentissant sa marche, elle releva un talon jusqu’à sa main, puis l’autre, pour retirer ses sandales qui couinaient un peu. C’était agaçant, elle les avait choisies parce qu’elles s’accordaient bien avec sa robe rouge et lui donnaient un air plus chic. Elle regretta de ne pas être venue à bicyclette, comme d’habitude, cela aurait été plus discret.
La chaleur avait sévi toute la journée, elle accablait encore tout, le sol était tiède. Comme elle progressait pieds nus sur un chemin sablonneux, cela lui rappela la plage, le bord de mer, faisant naître en elle un trouble qui remonta le long de ses jambes. Elle s’arrêta et écarta ses orteils pour savourer l’instant puis elle reprit sa marche en tenant les sandales par leurs brides.
Adrian avait dû s’en aller plus tôt, il n’était resté avec elle qu’un court moment. Elle retournait seule en ville. D’habitude, il la raccompagnait jusqu’aux premières maisons. Ils marchaient alors en parlant peu, elle poussant sa bicyclette, encore étourdie de leur étreinte, et Adrian lui souriant et l’embrassant avant de la laisser continuer son chemin.
En entrant dans la ville, elle devrait passer par des ruelles où il lui faudrait ne pas se faire remarquer. Ensuite, ce serait l’avenue pour les vingt derniers mètres jusqu’à la porte du couloir, puis l’escalier vers sa chambre avant que son père ne s’aperçoive de son absence. Elle espérait un manque de soldats, une sorte de carence du personnel de la garnison d’occupation qui assurait les patrouilles du couvre-feu. Beaucoup de véhicules militaires, des blindés et des camions chargés, se dirigeaient vers le nord depuis la veille. Les soldats allemands s’en allaient à moto, à vélo, parfois dans des voitures réquisitionnées.
Allait-il partir, lui aussi, avec tous ses hommes ?
Faire l’amour dans les bois, à cet endroit même où ils s’étaient rencontrés, Adrian en raffolait. Soir après soir, elle aussi y avait pris goût, il lui était devenu difficile de se passer de lui. Déjà, elle languissait d’être au lendemain pour qu’il la prenne à nouveau dans ses bras et tout entière. Adrian lui avait promis de lui écrire, de lui revenir après la guerre. Ses caresses avaient été brèves ce soir, moins attentionnées, il était pressé.
La nuit était tout à fait installée à présent. Elle ne redoutait rien, elle connaissait le moindre sentier et chacun des arbres de cette pinède. Ses appréhensions étaient réservées à Adrian. Peur de ne plus le revoir, peur qu’il s’en aille, peur qu’on le lui tue.
Ses pieds commencèrent de lui faire un peu mal. Elle se demanda s’il n’était pas temps de se rechausser, tant pis pour le bruit, elle essaierait de ne pas faire gémir les sandales. Maintenant, le chemin était de terre tassée par les charrettes et les rares tracteurs qui la foulaient dans la journée. Une lanière infinie d’herbes jaunies s’était développée au milieu, épargnée entre les voies des roues et desséchée par l’absence de pluie. Elle progressa encore un peu sur cet étroit tapis puis elle s’assit sur une grosse pierre pour frotter la plante de ses pieds, les nettoyer du sable et des brindilles.
Elle enfilait la première sandale quand une détonation la fit sursauter. Quelqu’un avait crié, elle en était certaine, puis elle entendit un second coup de feu. La peur la saisit, elle s’accroupit pour se cacher derrière des buissons. Une patrouille avait dû tirer.
1
Il est des soirs d’été où il est préférable, croyez-moi, de continuer à bosser comme tous les autres soirs dans sa chambre de cité universitaire, surtout lorsqu’on prépare un examen et qu’on est éloigné d’une charmante jeune femme qui vous aime.
Le mois d’août s’écoulait en gouttes de sueur. Je travaillais dans une grande chambre qui faisait angle au premier étage d’un bâtiment de la cité universitaire, les deux fenêtres ouvertes sur un parc jauni par le soleil d’un côté et une large cour cernée de hauts bâtiments de l’autre. Voilà où je réprimais, moite la plupart du temps, mes envies de plage et de sorties dans la chaleur humide de Montpellier. Un échec à un examen au mois de juin en était responsable.
Un vendredi vers cinq heures, Laurent, mon compagnon de révisions, me lança avec un ton enjoué en entrant dans la chambre :
— Et si on faisait une pause ? Au moins une petite journée.
Cette arrivée de Laurent, accompagnée de cette proposition, à l’instant même où la lassitude entravait l’attention que je portais à mon cours sur les accidents vasculaires cérébraux, allait profondément modifier la banalité de mon parcours d’étudiant. Ce que Laurent ne m’avait pas encore dit c’est qu’il était allé voir Anna, Anna dont je dois vous parler immédiatement.
J’avais déjà rencontré Anna au restaurant universitaire où elle n’avait certainement pas besoin d’aller pour se nourrir. Elle y venait, semblait-il, de temps à autre, tenter de consommer un repas avec les étudiants du vulgaire pour se distraire de son quotidien. Un jour du mois de mai, Anna avait posé son plateau-repas sur notre table en souriant et avait entamé ex abrupto avec Laurent une conversation à propos de sa voiture. Laurent se déplaçait à bord d’une 2 CV Citroën grise, banale, légèrement cabossée, n’attirant pas particulièrement l’attention, mais qui était devenue pour Anna digne de l’intérêt que l’on peut porter à la Rolls-Royce de la reine d’Angleterre. Laurent était un beau gosse brun avec un visage aux traits carrés, un grand front intelligent et des manières distinguées héritées de son père qui prétendait être un hidalgo ruiné. Tout cela conférait à mon ami un attrait responsable de ses succès auprès des étudiantes. Anna, fille bien éduquée, ne pouvait pas dire ouvertement, en plein repas et en public, qu’elle avait remarqué Laurent, pas vraiment sa voiture, et lui annoncer, sans autre forme de procès, qu’elle le verrait bien dans son lit.
N’ayant touché à aucun des plats de son plateau, elle avait demandé à Laurent s’il pouvait la reconduire en ville après le repas. Laurent s’en était allé avec elle, me confiant la charge d’assister à un des derniers cours de l’année.
Anna était apparue ainsi, de plus en plus souvent, et nous avait tenu compagnie au restau U, ses légers repas étaient suivis d’une séance de cajolerie avec Laurent en guise de café. Je n’avais pas prêté beaucoup d’attention à cette jolie fille. Les examens de juin approchaient, donc je mangeais sans perdre de temps pour retourner à mon travail ou à l’hôpital. Laurent avait bien une copine attitrée depuis trois ans et à laquelle il tenait, mais comme celle-ci était en Écosse pour quelques mois, il sautait toute écervelée provocante passant à sa portée.
Cette jolie Anna disparut à la fin du mois de juin pour un exil vers la mer, l’Espagne, l’Italie ou ailleurs avec ses parents. Pour nous, il n’y eut pas de vacances au mois de juillet, mais de la baignade à Palavas quand nos permanences à l’hôpital Saint-Éloi nous le permirent, puis ce fut le début de sérieuses révisions.
— Il y a une fête chez Anna ce soir. Tu te souviens d’elle ?
— Bien sûr. Tu l’as revue ? Bien sûr que tu viens de la revoir… Tu es sorti pour aller la voir, non ?
— Bon, ben on est invités. Ça va nous changer les idées.
Après avoir pris une longue douche puis enfilé des vêtements propres et frais, j’accompagnai Laurent vers le centre de Montpellier.
Pour un bel appartement d’étudiante, c’était un bel appartement. Six ou sept pièces dans un immeuble bourgeois de la rue de l’Université avec des plafonds tellement hauts qu’ils mettaient à mal votre nuque si la fantaisie vous prenait de vouloir admirer leurs délicates rosaces. Chaque pièce était meublée et décorée avec ce goût classe qu’on acquiert lorsqu’on peut dépenser sans calculer. La cuisine était équipée de tout le dernier cri de l’électroménager. On voyait bien que si Anna allait quelquefois au restau U, ce n’était pas pour ménager sa bourse. J’avais d’abord imaginé qu’elle partageait cet appartement avec d’autres étudiantes, qu’il s’agissait d’une colocation. Mais non, elle avait tout ça pour elle seule. Le bâtiment tout entier appartenait à ses parents.
Au moins quinze personnes buvaient, fumaient, plaisantaient bruyamment, il ne s’agissait que des premiers arrivés. Anna nous présenta. Elle présenta surtout Laurent, car j’avais bien remarqué qu’elle avait failli oublier mon prénom.
Ne connaissant personne, pas même de vue, j’imaginai que j’allais m’ennuyer et que je rentrerais de bonne heure à la cité U quand Anna vint me rejoindre en compagnie d’une blonde à l’air tristounet :
— Rémi, c’est lui.
Puis se tournant vers moi :
— Voilà Mathilde, qui sera ma voisine sous peu. Elle ne connaît personne ici, à part moi. Je vous laisse.
Je me demandai pourquoi elle avait précisé que j’étais bien Rémi, comme si j’avais été une célébrité. Je souris à cette blondeur, puis la priai de m’excuser une minute. Anna, que j’allai rejoindre pour obtenir une explication, me dit que mon prénom était apparu un peu plus tôt dans une conversation avec Laurent et que la blonde triste avait paru intéressée. Intéressée ? À la seule mention de mon préno

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