Lire la Bible et le Coran
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Description

La Bible – qu’il s’agisse de l’Ancien ou du Nouveau Testaments –, et le Coran sont des textes qui ne cessent d’être évoqués de façon péremptoire, pour justifier ou discréditer des pensées et postures diverses. Tant de certitudes laissent le chercheur assez perplexe car c’est plutôt la prudence qui devrait prévaloir lorsqu’on étudie des textes d’une telle complexité.

Ces lignes sont donc une invitation à prendre la mesure des difficultés que l’on rencontre (notamment méthodologiques) lorsqu’on travaille ces écrits réputés révélés. Elles sont aussi une façon de plaider en faveur d’une lecture critique des textes afin de favoriser l’esprit de tolérance entre des personnes qui les lisent différemment.

Parmi les questions abordées : Qu’est-ce qu’un « canon » ? Qu’appelle-t-on un texte pseudépigraphe, apocryphe ou intertestamentaire ? Y-a-t-il une différence entre la lecture catholique et protestante de la Bible ? Pourquoi les chercheurs parlent-ils d’une source « Q » lorsqu’ils étudient les évangiles ? Que signifie le mot Coran ? Pourquoi l’islam attache-t-il tant d’importance au ḥadīṯ ?

Philosophe et historien des religions, Baudouin Decharneux est Maître de recherches du FNRS et Professeur à l’Université libre de Bruxelles. Il est également Membre de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques de l’Académie royale de Belgique.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 55
EAN13 9782803103720
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lire la Bible et le Coran Repères philosophiques
Baudouin Decharneux
Lire la Bible et le Coran Repères philosophiques
Académie royale de Belgique
rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique
www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique
ISBN : 978-2-8031-0372-0

© 2012, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche
Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant
Volume 26
Diffusion
Académie royale de Belgique
www.academie-editions.be
Crédits
Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Illustration de couverture : © INFINITY - Fotolia.com
Publié en collaboration avec
Bebooks - Editions numériques
Quai Bonaparte, 1 (boîte 11) - 4020 Liège (Belgique)
info@bebooks.be
www.bebooks.be

Informations concernant la version numérique
ISBN 978-2-87569-111-8

A propos
Bebooks est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Chapitre I
Propos introductifs : qu’est-ce que la Bible ?
Un livre d’Orient fondateur de l’identité occidentale
Si l’on interroge un homme occidental sur le livre le plus populaire au sein de sa culture, il répond d’ordinaire qu’il s’agit de la Bible 1 . Toutefois, le texte biblique – et il se différencie en ce des grandes œuvres classiques occidentales comme celles d’Homère, de Virgile, de Dante, de Cervantès, de Shakespeare, etc. – n’est pas un produit de l’Occident. Le corpus biblique est en effet massivement moyen-oriental et sémitique. On insistera aussi d’entrée de jeu sur le fait qu’il s’agit d’un ensemble de textes, qui ne peuvent être réduits à un seul genre littéraire car ils reflètent bel et bien une diversité de formes. Jusqu’il y a peu, bon nombre de récits bibliques étaient familiers à l’auditeur ou au lecteur car ils faisaient partie de l’éducation au sens large, mais ceux-là même qui se référaient au texte réputé sacré pour illustrer un propos, ponctuer un jugement de valeur ou asseoir une autorité, ignoraient la plupart du temps les règles de la critique historique. Mieux ou pire encore – nous laissons le lecteur seul juge en la matière –, bon nombre de ceux qui « citaient » la Bible ne l’avait jamais lue, se bornant ainsi à répéter des stéréotypes qu’ils avaient vaguement assimilés durant leur scolarité ou les propos convenus d’un catéchisme dont ils se faisaient l’écho complaisant 2 . Cette fausse familiarité avec la Bible – n’a-t-on pas ressassé à l’envi qu’elle est « best-seller » universel ? – occultait la connaissance des livres constitutifs de la tradition d’un peuple qui, par sa complexité, ne pouvait s’appréhender qu’au travers d’une lecture savante. Disons-le donc d’entrée de jeu, il n’est aucune lecture littérale de la Bible pertinente et ce pour une raison claire : la Bible en soi est le fruit de relectures et de réinterprétations.
Par-delà les considérations qui précèdent, le texte en tant que tel, la Bible, occupe une place socio-culturelle centrale dans l’histoire européenne jusqu’à l’émergence des États-nations comme l’attestent l’histoire de l’art (vitraux, musique, peinture...) et l’histoire des langues et des littératures ( cf. les traductions de Jérôme en latin, de Luther en allemand ou la King James Bible en anglais ) . Lire la Bible, c’est donc être confronté à un paradoxe que l’on pourrait formuler par l’interrogation suivante : comment examiner une source importante de la culture occidentale échappant largement aux catégories critiques inhérentes à la philosophie prônée par cette même culture ? Il est étonnant – mais la philosophie selon les Anciens n’est-elle pas née de l’étonnement ? – qu’un texte né en Orient se soit imposé non seulement comme référence identitaire incontournable, mais aussi comme source d’inspiration critique (exégèse, théologie) au sein d’espaces culturels étrangers à sa rédaction. Nous tenterons plus avant dans notre propos d’expliquer ce phénomène.
La Bible fut non seulement un ensemble de narrations, mais aussi un symbole. Longtemps, on jura sur la Bible pour arbitrer des différends profanes ou on l’évoqua pour plaider en faveur de sa « bonne foi ». La problématique du blasphème témoigne si besoin en était, qu’on ne peut impunément, même au sein d’une société sécularisée, manifester à l’endroit de ce livre un manque de respect caractérisé. J’ai coutume de faire sourire mes étudiants en leur disant que si, dans un élan de colère, je jetais un livre par terre durant un cours en m’exclamant « ceci n’est pas digne d’être lu ! », mon acte serait sans doute perçu comme un manque d’éducation – un enseignant qui se respecte n’agit pas de cette manière – et si, pour pousser plus avant ce propos trivial, j’agissais de même avec la Bible (ou le Coran), il est probable que même les plus incroyants d’entre eux s’en émeuvent et jugent sévèrement ce geste qu’ils considéreraient comme déplacé, voire infâmant. C’est que la Bible n’est pas uniquement un texte – à savoir un ensemble de mots et de phrases véhiculant émotions et sens –, elle est aussi un symbole qui cristallise l’identité de population et l’affectif y afférents. Tout le débat sur la sécularisation et la laïcisation de la société se profile dans le sillage de ce propos. Il va de soi qu’on peut associer le Coran à cette considération.
Une bibliothèque
Cependant, comme nous l’avons déjà suggéré, la Bible ne serait donc pas un livre à proprement parler. Il s’agirait plutôt d’une bibliothèque au sens antique. La racine grecque du mot « Bible » (provenant de l’antique ville de Byblos) ne laisse guère de doute à cet endroit ; en effet, l’expression ta biblia (grec, neutre pl.) , pluriel de to biblion (neutre sg.) , désigne les livres (ici sacrés). Le pluriel neutre de biblia fut entendu en latin comme un féminin singulier, car cette langue privilégie les terminaisons des substantifs en –a au féminin et, à la différence du grec, ne possède pas d’articles ; le français autorisant quant à lui l’article, le biblia latin féminisé devint « la Bible ». Ce glissement linguistique vers l’idée d’une Bible « une et indivise » est à l’origine des transcriptions dans la plupart des langues modernes. Citons à titre d’exemples : die Bibel , la Biblia ...

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