Méditations sur la subjectivité
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Méditations sur la subjectivité , livre ebook

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Description

Qu'est-ce que l'amour ? Et le désir, la passion, les sentiments ? Qu'est-ce que signifie être conscient ? De telles questions sont au cœur de la réflexion sur la subjectivité. C'est parce que nous sommes d'abord des êtres sentants, vibrants, que ces interrogations nous paraissent fondamentales. Avant de prendre position dans les débats sur la valeur du plaisir, l'importance de la croyance, le rôle de l'imagination ou la portée du désir, il est besoin d'approfondir ces termes, d'en bien cerner les contours et de se doter d'une définition aussi exacte que possible. C'est à cette demande que souhaite répondre ce livre. En partant de l'expérience sensible, l'itinéraire proposé ici remonte des affects vers la conscience, à travers l'étude d'une quinzaine de notions clés. Il envisage d'abord les principales formes de vécus subjectifs (besoins, émotions, sentiments, désirs etc.), analyse les fonctions de la croyance et de l'imagination, pour atteindre enfin les régions supérieures de l'esprit, qui permettent à la conscience de se ressaisir par la raison et la volonté. L'orientation et les démarches de ce travail s'inspirent de l'ensemble de la tradition philosophique, mais tiennent compte aussi des connaissances actuelles, notamment des résultats de la psychologie cognitive. Sa recherche est sous-tendue par une enquête de fond sur la psychanalyse, dont il tente de se départir, pour proposer un sol psychologique rationnel plus fidèle au vécu sensible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 avril 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342050943
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aymeric Lauff
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Méditations sur la subjectivité
 
Du besoin à la volonté
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Connaissances et Savoirs

 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://aymeric-lauff.connaissances-savoirs.com
 
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Je livre ici le résultat de méditations et d’analyses sur des aspects majeurs de la subjectivité. Il s’agit de re-descriptions et de déductions à partir d’observations. L’objectif est de proposer une vision générale moyenne de la subjectivité, qui tienne le milieu entre les études techniques hyper-spécialisées des neuro-psychologues et les présentations philosophiques classiques qu’on trouve dans les manuels. Écrites à « hauteur d’homme », ces études ne s’adressent pas à des spécialistes, à des techniciens, mais à tout individu qui réfléchit sur ces questions.
L’approche choisie reste volontairement assez générale, afin de prendre une vue d’ensemble qui permette une représentation cohérente et relativement unifiée de la subjectivité. C’est en quelque sorte une nouvelle topique que je souhaite exposer, les bases sur lesquelles pourrait s’élever une réflexion renouvelée.
J’ai cherché à désenvelopper le sens de quelques notions clés d’une psychologie philosophique, à en expliciter les lignes. Mais je voulais aussi éviter de trop en dire et m’en tenir à l’essentiel, à ce qui nécessitait d’être mentionné. Car comme le dit Pascal : « la vérité et la justice sont des pointes si subtiles que lorsque nous y touchons, nous en écachons la pointe… ». À trop vouloir en dire, on noie le tranchant des concepts, on s’aventure du côté du contingent et l’on déséquilibre les perceptions.
De chaque notion est esquissée une anatomie, un schéma essentiel qui vise à circonscrire ses contours exacts, mais aussi à remonter vers son centre, à en cerner le cœur. En convoquant systématiquement les notions adjacentes les plus proches, en les comparant et en les démêlant, j’ai voulu dessiner le profil propre à chacune, sans la simplifier à outrance, sans la maltraiter en mutilant arbitrairement certains de ses aspects. Car ces notions s’embranchent les unes sur les autres et sont souvent confondues. Leurs zones de séparation sont naturellement floues et incertaines. Pour faire ressortir ce qui revient à chacune, il a fallu d’abord revenir à l’expérience phénoménologique que nous en faisons, puis les confronter entre elles.
C’est donc à une entreprise de redécoupage, de re-délimitation, de re-définition des concepts que je me suis adonné, avec l’espoir que les observations qui les accompagnent en enrichissent le sens et en précisent la nature. Ce travail est porté par le souhait simple que ses résultats stimulent la réflexion, qu’ils ouvrent des pistes pour l’approfondissement et le débat.
 
N.B. : À la toute fin est donné un glossaire qui condense les définitions principales. Il est conseillé de s’y reporter…
 
 
 
I. Le Besoin
 
 
 
Quand on parle de besoin, on pense spontanément aux besoins humains, qui peuvent être ressentis plus ou moins cruellement et réclament d’être satisfaits avec une certaine urgence. Les besoins font, en principe, partie du fonctionnement normal d’un individu, et l’on a tendance à penser qu’ils sont fixes et identiques pour tous. Néanmoins, chacun sait qu’il existe des besoins artificiels, sociaux, en grande part induits par l’économie. Ceux-ci ressemblent beaucoup à des désirs et il semble alors difficile de les en distinguer…
 
De manière très générale, le besoin est une condition nécessaire . Ainsi parle-t-on des « besoins de personnel » d’une entreprise, des « besoins en ressources hydrauliques » d’une centrale ou encore des « besoins de la cause ». Dans tous ces cas, le besoin désigne ce dont on ne peut se passer, ce qui est indispensable au fonctionnement d’une activité, d’un secteur, d’une organisation.
Nos premiers besoins, en tant qu’humains, sont d’abord physiologiques, biologiques. Dans ce sens, ils sont innés. Il en découle plusieurs conséquences. D’abord ils apparaissent comme fixés naturellement, génétiquement, et la maîtrise qu’on peut avoir sur eux reste limitée (on ne peut pas s’en défaire totalement, on ne peut pas les supprimer et l’on est contraint d’y répondre de manière plus ou moins rapide). Une autre conséquence est qu’ils sont globalement partagés de façon identique par tous les membres de la même espèce. Ils sont ainsi par nature stéréotypés. Les variations dans les besoins de nourriture, de respiration, de repos, etc. ne sont que de légères oscillations autour d’une norme universelle pour l’humanité.
Les besoins évoluent légèrement et de façon assez prévisible en fonction de l’âge, en fonction du milieu dans lequel l’individu a vécu et des habitudes qu’il a prises. Nombre d’entre eux obéissent à des rythmes, à des cycles périodiques réguliers (la respiration, l’alimentation, le sommeil…) ; d’autres besoins sont circonstanciels ou ponctuels (par exemple le besoin de se réchauffer s’il fait froid, de se protéger face à un danger, etc.) ; ils dépendent souvent aussi des activités qu’on exerce (ainsi, pour les apports alimentaires, hydriques, etc.).
 
Une part des besoins du vivant échappe entièrement à la logique du désir. En effet, les besoins en oxygène, par exemple, ne sont qu’exceptionnellement et accidentellement ressentis (et « désirés ») : seulement en cas de manque inattendu, anormal. Bien des besoins passent inaperçus parce que le corps veille automatiquement à les réguler, ou parce que l’environnement y pourvoit naturellement. Dans certaines régions ensoleillées par exemple, des organismes ont un fort besoin de lumière qui est continuellement satisfait par le climat. On voit par là que le besoin ne débouche pas nécessairement sur les notions de comportement ni de sensation. Il peut rester inconscient (puisqu’il est déjà présent chez les premières cellules et que nous sommes très loin d’avoir conscience de tout ce qu’il se passe dans notre organisme).
Chez les animaux, les besoins peuvent surgir d’une situation particulière. Quand le soleil se raréfie, quand l’eau vient à manquer, quand les aliments ne contiennent plus assez d’éléments nécessaires au fonctionnement normal, leur besoin apparaît. Il peut être ressenti et engendrer un comportement de recherche. Mais il peut aussi déstabiliser l’individu et le rendre seulement malade, ou donner lieu à une recherche désordonnée, à des comportements confus, déréglés, erratiques. Tout besoin ne se traduit pas nécessairement par une conscience claire, ni par le déclenchement d’un comportement précis, ni même par une recherche active de ce qui manque.
On peut distinguer entre les besoins « normaux » et « anormaux ». Les premiers sont fonctionnels, récurrents, ils entretiennent le renouvellement et l’équilibre de l’organisme, lui apportent son énergie. Ils font partie du régime ordinaire de l’individu et en sont constitutifs, sont inscrits dans sa configuration génétique. Le second genre de besoin provient d’un dysfonctionnement ; le manque est ici accidentel, c’est un déséquilibre dû généralement à des circonstances extérieures. 1 Il n’était pas « programmé » et tend à désorganiser, fragiliser l’organisme. Il représente un défaut, une faiblesse, une vulnérabilité.
 
Le plus souvent, nous retenons du besoin qu’il déclenche une recherche active et nettement déterminée. Quand on a soif, c’est de boire qu’on a besoin et l’on sent très clairement ce qui peut y répondre. Le plus généralement, le besoin signifie ce qui fait défaut, ce dont le manque met en péril l’équilibre, le bon fonctionnement de l’individu. Dans d’autres cas, c’est un excès qui provoque le besoin d’un retour à l’équilibre. Ainsi en va-t-il du besoin de se décharger (urine et fèces). La satiété (et plus encore le dégoût) n’est pas un besoin en soi, mais une fois atteinte, elle commande un nouveau besoin : celui d’arrêter de manger, de boire ou de dormir. Par là il apparaît que le besoin n’amène pas seulement à des actions, mais aussi à des interruptions. On peut enfin considérer des excès (ou déséquilibres) qui font apparaître le besoin d’être corrigés : hypercholestérolémie ou hyperglycémie par exemple.
Les besoins « physiques » ressentis, la faim, la fatigue ne sont que la traduction sensorielle du manque de nourriture, d’énergie ou de la nécessité de se reposer, de reconstituer ses tissus, etc. Mais on peut aussi parler de besoin pour tout ce qui est indispensable à l’équilibre psychique, par exemple la reconnaissance d’autrui, la communication, l’investissement dans une tâche… 2 Il est ici délicat de cerner exactement l’ensemble des besoins en jeu, ils s’expriment avec plus ou moins d’intensité et d’ardeur selon les individus. Un même besoin psychique peut être décrit tantôt comme un manque, tantôt comme un excès : par exemple le manque d’assurance (de courage, de fermeté) peut être perçu comme un excès de prudence (de circonspection, de douceur). (Ou un excès de violence, de sévérité, de dureté dans l’éducation peut être interprété comme un manque de douceur, d’indulgence, d’humanité…)
Certains besoins psychologiques, existentiels ou sociaux sont d’ordre universel : ainsi en va-t-il du besoin de reconnaissance, du besoin de repères, de la confiance en soi : ils font partie de la condition humaine ; tandis que d’autres besoins sont plus « idiosyncrasiques », dépendant du parcours de chacun. Entre les deux, une part de nos besoins se laisse définir par la communauté à laquelle nous appartenons (familiale, professionnelle ou amicale).
 
On trouve aussi un sentiment, voire une sensation de manque dans les domaines où l’on s’est accoutumé à certaines satisfactions ou certains appuis. On éprouve leur absence comme un vide déstabilisant, qui défait nos repères, nous déboussole, donne le vertige et angoisse. L’absence peut générer une véritable souffrance psychosomatique. L

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