Michel Foucault et la dignité humaine
178 pages
Français

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Michel Foucault et la dignité humaine , livre ebook

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Description

La dignité humaine est une notion polysémique et « floue ». Il est donc important de comprendre sa construction juridique afin de mesurer les enjeux philosophico-politiques de son usage et son rapport avec les droits de l'homme. La pensée de Michel Foucault est ici utilisée comme méthode d'approche de cette notion. Il est question ici de repérer parmi les documents juridiques, philosophiques, médiatiques, etc., le sens possible de cette notion dans ces différents contextes en nous référant à l'usage régulier qui en est fait dans le monde juridique actuel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2014
Nombre de lectures 49
EAN13 9782336358543
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Philosophie en commun
La Philosophie en commun
Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren
Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l’exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l’écriture. Les querelles engendrées par l’adulation de l’originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.
Notre siècle a découvert l’enracinement de la pensée dans le langage. S’invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l’éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l’explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu’à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de l’argumentation, faisant surgir des institutions comme l’École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l’Institut de Philosophie (Madrid). L’objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d’affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement.
Dernières parutions
Eugenio CORREA, La conception techno-économique du temps , 2014.
Ewerton RIBEIRO, La théorie pragmatique de l’action , 2014.
Fabrice AUDIE, Spinoza. Problèmes de l’idée vraie , 2014.
Jean PERISSON, Une vie de héraut, Un chef d’orchestre dans le siècle , 2014.
Rosemarie FERENCZI, Kafka. Subjectivité, histoire et structures , 2014.
Titre
Lucas Guimaraens











Michel Foucault et la dignité humaine
Copyright

















© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70865-2
I NTRODUCTION
La pensée juridique qui a donné naissance, entre autres, au principe de souveraineté et d’autonomie des Etats-nations, était la même que celle qui autorisait le souverain à disposer de la vie de ses sujets. Comme l’a déjà dit le philosophe Frédéric Rambeau, le pouvoir souverain a été aussi celui le droit de vie et de mort, issu de la patria potestas « qui donnait au père de famille romain le droit de « disposer » de la vie de ses enfants ainsi que celle des esclaves ; […] Le droit de vie et de mort tel qu’il se formule chez les théoriciens classiques tels que Grotius, Hobbes ou Pufendorf en est une forme déjà considérablement atténuée » 1 . Désormais , « on ne conçoit plus qu’il s’exerce dans l’absolu et inconditionnellement, mais dans les seuls cas où le souverain se trouve exposé dans son existence même » 2 . Aujourd’hui, même si l’Etat ne se prononce pas directement sur la mort de ses nationaux, il lui est licite d’exposer leur vie en cas de guerre. En ce sens, « il exerce sur eux un droit « indirect » de vie et de mort » 3 .
Le même raisonnement utilisé par le souverain pour maîtriser la vie de ses sujets a été révisé par les révolutionnaires de 1789 afin de mettre en place l’émancipation de l’homme en tant que produit social.
Avec le développement rhétorique et le besoin de préciser le sens même du Droit, les limites des actions de l’Etat et des individus vis-à-vis des sujets politiques nationaux et internationaux, l’homme s’est aperçu encore une fois de la nécessité d’outrepasser le cadre fermé et strict d’un seul domaine (en l’occurrence le Droit) et a essayé de chercher des réponses dans des textes et pensées quelque peu éloignées de son propre univers conceptuel.
Avec le surgissement de l’idée universelle de droits de l’homme et de la construction très récente de l’homme lui-même 4 , la recherche d’un fondement unique qui rassemblerait tous les êtres humains dans une seule famille s’est avérée à la fois nécessaire et maladroite. La notion de dignité de la personne humaine en fait partie. Les nouveaux acquis technologiques, les chocs de cultures dans un monde dont les frontières changent à chaque instant et les nouveaux appels des individus vers une plus grande autonomie de la volonté en même temps que la critique de l’autodétermination de tout un chacun se renforce sans cesse et font en sorte que l’existence même de l’homme soit mise en doute. Au fait, il est tout à fait de l’actualité la recherche d’un fondement unique de l’homme, de ce dont l’effacement serait aussi la disparition de l’homme lui-même. Bref, dans le domaine des droits de l’homme ainsi que dans celui de la dignité de la personne humaine – qu’ils signifient la même chose ou non –, on a toujours eu la volonté de généraliser ce qui n’est pourtant pas généralisable.
Toute cette problématique s’inscrit donc dans ce que Wittgenstein appelait la « soif de généralité ». C’est parce qu’une proposition prend sa signification à partir de son usage dans le contexte linguistique dont elle fait partie et parce que la « langue ne détient pas l’unité formelle qu’on imaginait, mais une famille de structures plus ou moins apparentées entre elles » 5 , qu’on peut analyser – à l’instar du philosophe – ses notions de « ressemblance de famille » et de « jeux ». En somme, pour Wittgenstein, il n’y a que des propriétés appartenant à certains groupes de jeux. C’est la même logique de la « ressemblance de famille » : nous avons, parmi les divers membres d’une même famille, des similitudes qui s’entrecroisent entre elles (le nez, la taille, etc…) mais nous n’avons pas une seule caractéristique appartenant à tous les membres d’une même famille, d’un même « jeu ».
Ainsi, dans le Cahier Bleu 6 , Wittgenstein développe la notion de « jeux de langage » . A partir des Investigations Philosophiques , on constate que la signification de chaque mot est ancrée dans son usage. Une proposition n’aurait donc de sens que si elle était insérée dans un « jeu de langage » précis. C’est pourquoi on n’a pas à proprement parler de formes proportionnelles générales. Il faut donc avoir la force de s’enfuir loin de la « soif de généralité ». Selon Jacques Bouveresse 7 , le mot « soif » peut donner l’idée d’une tentation à laquelle Wittgenstein lui-même avait succombé quand il a écrit son Tractatus : le « trouble » viendrait de la forte inclinaison des philosophes, apportée par la science, pour trouver des concepts généraux qui peuvent être appliqués à des cas particuliers.
Dans le présent travail, le noyau dur est exactement celui de travailler avec des concepts ne faisant pas partie d’un même système de langage (le Droit par rapport à la philosophie et à la morale) et dont l’intention est celle de rassembler des raisonnements quelques fois aux antipodes les uns des autres. Comme corollaire logique de cette pensée, Foucault dit que la « nécessité de nommer » 8 a toujours impliqué que l’on fixe son attention sur certains aspects de ce que l’on voit à l’exclusion de certains autres. Bref, la même volonté de maîtriser la signification et puis l’usage d’un mot ou d’une chose fait en sorte qu’on diminue ou dévie le sens même de cette chose ou mot.
Pour essayer de ne pas tomber dans ladite soif, nous avons décidé d’utiliser la méthode foucaldienne afin de préciser le socle de notre recherche. Ce travail appartient au domaine de la philosophie du droit. Ainsi, nous partageons le raisonnement du juriste Olivier Cayla selon lequel la problématique concernant la dignité de la personne humaine et les droits de l’homme et, plus précisément, le « combat de l’anti-perruchiste est ainsi, en définitive, un combat de la philosophie du droit » 9 . Cela ne nous empêche donc pas de produire un raisonnement tout à fait important pour le professionnel du Droit de terrain, c’est-à-dire les avocats, juges, etc. dans le domaine des droits de l’homme.
Etant donné que la méthode même de Foucault ( I ) est la justification de ses con

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