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Ebook
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2014
Nombre de lectures
2
EAN13
9796500177373
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
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01 janvier 2014
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2
EAN13
9796500177373
Langue
Français
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2 Mo
BenHelal Tahar
PENSEE ET ETRE
DANS LA PHILOSOPHIE MODERNE
ET CONTEMPORAINE
(ESSAI SUR TROIS TENDANCES)
Latrach Editions
Tunis, 2014
1
2
INTRODUCTION
Le développement de la pensée philosophique moderne et
contemporaine, dans ses tendances les plus remarquables et dans ce qu’il y’a
en lui d’essentiel pour nous repose sur le fond d’une ambiguïté
fondamentale qui n’est devenue explicite et n’est pensée dans ses différentes
articulations que progressivement tout au long de ce développement.
Cetteambiguïtéréside dans lerapportde la penséeetdelêtre.
’
L’ambiguïté dontilest questiondanscetterecherche nedoitpas
êtresaisie commeétantle simple synonymedéquivocitésens au
’
restreintde la logique.
Lambiguïtédurapportde la penséeetdelêtre esttriple:
’ ’
-Ambiguïté dela penséedabord allant et venant entreson
’
fondement qui,leplus souvent, selaisse oublier dans lenon-dit
d’une part etsesconstructions abstraitesd’autrepart.
-Ambiguïté delêtre ensuitequi, parcequ’il est tropprésent,
’
parcequ’il estla présence pureetsimple,devientabsence pure dès
quony pense ou dèsquon l interroge.
’ ’’
-Ambiguïtédurapportde la penséeetdelêtreen fin quiestà la
’
fois unrapportdidentité etdedifférence,deproximitéabsolueet
’
dedistancequi nelestpas moins.
’
Tout naturellement nous n’avons indiqué ces trois aspects ou niveaux
de l’ambiguïté que pour répondre aux nécessités de l’analyse.
Dans laréalité effective,cestrois aspectsseconjuguent et
senchevêtrent.
’
Cela signifie quel’ambiguïté est constitutivedenotreprésence à
la penséetout aussibienquà l’être.
’
Lestendancesfondamentales dela philosophie moderneet
contemporainesupposentcetteambiguïtéqui leshabite toutes et
sansexception. Ils’agit destendancesréflexives,positivistes et
existentialistes.
Partendanceréflexive,nousentendonscelle qui,existant
notammentchezDescartes,Kant etHegel,faitde la conscience le
milieu oùl’êtremême semeutdepuistoujours etpourtoujours.
Par tendance positiviste, tendance dominante aujourd’hui, nous
entendons quelque chose qui dépasse le cadre restreint du positivisme
logique. Nous prenons donc le mot positivisme au sens large, ou
comme détermination de tout essai qui s’exerce à tout interpréter
3
àpartirdu langageetmême comme langage. Aussi croyons-nous
nécessaired’interroger troismodèlesdambiguïté quisinscrivent
’ ’
tousdans la recherche desméthodesdeconceptualisation etdes
structures purementlinguistiques,qui recherchedéfinit, plusque
tout autrechose,l’idéal positivistecontemporain:
- Le premier modèle relève de la lecturestructuralistelacanienne
de lapropositionfreudienne selon laquelle«Linconscient,comme
’
désirdêtre, est structurécommeunlangage».
’
- Le second modèle relève de lalinguistique structuralistede
Benvenisteselonlaquelle«penser: cest seulementmanier les- signes
’
de lalangue»abstractionfaitedetoutêtre extralinguistique.
-Letroisièmerelève en fin de modèlelanalyse proprement
’
logique du langage comme chezWittgenstein etCarnapdontl’un
desbuts stratégiques estlaconstitution d’un discoursabsolument
analysé.
Partendance existentialistenousentendonscelle qui,existant
notammentchez Heidegger,Merleau-Ponty etLavelle,définitla
pensée comme pensée del’être.
Remarquons que cestendances gardent entreelles desrapports
multiples.ce Parfois,sontdesrapportsdecontinuité etde
prolongement, mêmesiapparemmentles différencessont
suffisamment importantes.Parfois, lesrapports sontfaitsde rupture
etde refus.
Eneffet, sicertainesde cestendancesnesintéressent à
’
lambiguïtédurapportde la penséeetdelêtreque poursenlibérer,
’ ’’
commec’est lecas des philosophies de la conscienceréflexive
(premièrepartie), oupour laréfuter purement etsimplement
commec’estle casdu pointde vuepositiviste( deuxièmepartie),il
yen a une qui, aucontraire,sy intéresseàtelpointquelleenfaitla
’ ’
questionfondamentalela philosophie comme dec’estcas lede
l’ontologie contemporaine, notammentchez HeideggeretLavelle
(Troisièmeetdernièrepartie).
Cependant,quelles quesoientles différences quiexistent entre
cestendancesde la penséeoccidentalemoderneetcontemporaine,
nous pouvons remarquer quelambiguïté dontparlons nousest
’
saisie danslensemblede cestendancescommeétantunedifficulté
’
à dépasser ou un problème à résoudre. Car ce qui opère, dans un cas
comme danslautre, c’est toujours,quoique à des degrésdifférents,
’
une seuleetmêmetendanceversl’univoque. Si,dans les deux
4
premièrestendances,lerapportde la penséeetdelêtre est tiré
’
presqueentièrementducôtéde la pensée, dans latroisième
tendanceilest plutôt tiréducôtédelêtresur lequellaccent estmis
’ ’
d’unefaçon privilégiée.
Une philosophie seprésentesouvent-conformément nonpas
peut-êtreauconceptmême de la philosophie maisplutôtà une
grandetraditionde pensée - comme unsystème ouunethéorieoù
les idées deteloutelphilosopheviennents’enchaîner pour
constituerunordrede penséecohérent etfermé qui,partantde
quelques prémissesfondamentalesouprincipes, paraîtévoluer vers
des conclusionsprédéterminées. Lesystème est,ce sens, dans
comparableà une image agrandie de ce que philosophesetlogiciens
entendentsouventpar«propositionanalytique»où leprédicat est
contenudans le concept même dusujet.
Enfait, cetteexigence de cohérence, defermeture etdauto-
’
suffisance dusystème,présenteaujourd’hui unpeupartout, est
légitime.
Toutefois, il est question de savoir si cette exigence - si forte
soitelle- s’accorde ou non avec les rythmes secrets de tout ce qui est ou qui
existe. Pour le philosophe, penser c’est souvent chercher à ramener la
multiplicité extensive et infinie de ce qui est à l’unité intensive du
concept ou de l’idée. Tout se passe donc comme s’il appartenait à l’être
de s’adapter aux conditions de la pensée et non l’inverse.
Mais cette exigence de cohérence interne- qui constitue au moins la
condition nécessaire de la non-équivocité du discours philosophique à
caractère systématique- est-elle vraiment en mesure d’apporter au
philosophe la certitude assurée selon laquelle ce qui est se comporte
effectivement conformément à l’idée qu’il s’en fait?
Il nous semble quecetteexigence de cohérenceinternedu
discours - qui dansl’espritd’un bonnombre de penseurs passe
aujourd hui pouridentiqueàlexigence delavérité
elle-même’ ’
nest peut-êtreque leprosert d’intérêtparrapportà
’duit dun tranf
’
une logiqueplusoriginale, plusprimitive encorequiparaît
simposerde plus en plus grâce auxefforts profondsdelontologie
’ ’
contemporaine etqu’on pourrait peut-être déterminercomme une
logiquedelambiguïté
’
Cettelogiqueestle plussouventrépriméeet,pour parler comme
Freud, refoulée. Or, comme nousdisentlespsychanalystes,plus on
essaie deporterlerefoulement del’équivoqueetdel’ambigu à
5
sonterme,plus le besoin dudéfoulementdu refoulé se laissesentir.
Autrementdit,plus leslimitesdu discours reconnu comme pourvu
designificationseprécisentplus lenon-ditou cequ’onneveutpas
dire prend du relief,d’extension etde force. Celaestvrai detout
ordre:on plusinterdit,on pousse à la plusrévolte etplus on y
pousse,plus on libère.
C’est peut-êtrela raison pour laquelle malgré lesefforts des
philosophes pour donner à leurs discours latransparence et
l’univocité suffisantes, cettelogique du double sensoulambiguïté
’
continue toujoursd’agircomme unnon-ditqui aabsolumentbesoin
dêtre dit,comme une force en profondeurfaisant éclater ces
’
discourssystématiquesen morceauxetlesmontrecomme des
recherches sanstrouvailles oupresque.Autantdirequil yades
’
raisonsdecroire àl’impossibilité d’un discoursabsolument
univoque,absolumentanalyséetcelaestvrai nonseulement en
philosophie mais même en logique comme on le verra dans la
secondepartiedecetterecherche.
Il nousparaîtque plus la pensée philosophique cherche àêtre