À travers l'analyse de trois oeuvres classiques, cet ouvrage aborde les notions de mort et d'après-mort dans le bouddhisme japonais. Selon le Yuishiki 30 ju, lorsque nous mourons, l'arayashiki, la conscience des tréfonds qui conserve les bonnes et les mauvaises actions accumulées durant l'existence, ne disparaît pas. Aucune de ces « semences » n'est identique, elles participent à la répétition des naissances et des morts à travers les six mondes de l'illusion. Dans l'Ôjôyôshu, toutes les scènes de l'enfer jusqu'à la Terre pure sont exposées par Genshin. L'auteur montre comment la répétition des naissances et des morts amène la souffrance, et pourquoi nous devons chercher à sortir de ce cycle. Enfin, le Nembutsu-zôshi montre que la récitation sincère du nom du bouddha Amida est le meilleur moyen pour renaître dans la Terre pure.
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Extrait
Asuka Ryôko QUe devenOnS-nOUS àprèS là mOrt ? Exégèse du bouddhisme traditionnel japonais
Cet ourage est le onzîÈme olume desŒûveŝ çlàŝŝiqûeŝ ûoûiŝe àponàiŝ, reues, traduîtes et commentées par Asuka Ryôko.
AVA N - P R O P O S
« Que deenons-nous aprÈs la mort ?», cette questîon est la plus grande énîgme de l’humanîté. Cependant des chercheurs modernes essayent de résoudre ce mystÈre. ïls sondent cette énîgme à traers les expé-rîences de mort îmmînente (EMï). Le docteur Moody, dansaû-elâ e là Lûièe, décrît l’expérîence d’une emme quî a aît un arrêt cardîaque suîte à une réac-tîon allergîque : « Je me suîs aperçue que mon esprît, sortî du corps, étaît en traîn de monter ers le plaond. J’aî u nette-ment mes proches quî se trouaîent autour de mon lît et même mon corps couché sur une table d’opératîon. Des hommes et des emmes en blanc s’agîtaîent autour de moî et estîmaîent que mon état étaît désespéré. J’aî oulu leur aîre saoîr que tout allaît bîen pour moî, maîs en aîn. J’aaîs l’împressîon qu’îls se trouaîent derrîÈre un écrîn transparent et qu’îls ne m’entendaîent pas. Puîs, je me suîs aperçue qu’îl y aaît une porte quî menaît à un tunnel. À grande îtesse j’étaîs attîrée dans ce tunnel obscur. J’en étaîs înquîÈte maîs mon
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esprît étaît empreînt d’une sensatîon exaltante. J’étaîs projetée à la îtesse de la lumîÈre ers une întense lu-mînescence à l’autre bout du tunnel. Une grande sen-satîon de quîétude et un ressentî de grande aectîon s’înîltraîent dans tout mon corps. TrÈs rapîdement j’aî u les dîers éénements quî aaîent jalonné ma îe, c’étaît comme la projectîon panoramîque d’un îlm en accéléré. ïl est dîîcîle d’exprîmer cette expérîence aec des paroles. J’aî reu mes proches, certaîns morts depuîs longtemps, se mouoîr sourîants et baîgnant dans cette lumîÈre, dont, entre autres, mon amî décédé quand j’étaîs encore étudîante à l’unîersîté, puîs mon grand-pÈre aînsî que ma tante. Tous semblaîent ort heureux et rayonnants de bonheur. Je n’aaîs aucune-ment l’întentîon de reenîr îcî-bas. Maîs un homme quî étaît dans la lumîÈre m’a ordonné de reenîr dans ce monde matérîel… » Prenons un autre exemple : une emme îtalîenne tombée d’un escarpement dans le ond d’une allée a raconté qu’à cet înstant précîs où elle touchaît le sol en contrebas, elle a écu une EMï : « Soudaîn je suîs tombée en glîssant de l’escarpe-ment. Durant cette chute j’aaîs la sensatîon que le temps passaît îte, mes pensées se succédaîent comme les îmages d’un îlm en accéléré. Pendant le temps de mon éanouîssement j’aî u un petît bébé de deux ans puîs une îlle de quatre ans nageant dans la mer. Je me reconnaîssaîs dans ma îe d’enant. Puîs j’aî u l’aenîr se dessîner deant mes yeux. J’étaîs trÈs trîste, car j’aî su claîrement que j’étaîs morte. Ensuîte, petît à petît, je me suîs couerte de lumîÈre, j’aî su înstînctîement que cette lumîÈre étaît une rontîÈre. Sî je la ranchîssaîs, je ne pourraîs pas reenîr à la îe. Or, je oulaîs reenîr à la îe, car je oulaîs encore
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goûter aux joîes matérîelles. J’aî commencé à prîer. Soudaîn, tout deînt noîr, maîs d’un noîr dîérent duquel j’étaîs plongé durant ma chute. Puîs j’aî sentî mon corps reenîr à la îe et j’aî commencé à le sen-tîr. J’aî ouert les yeux, j’aî u le cîel bleu, ce quî m’a procuré une grande joîe. Je réalîsaî alors que mon esprît enaît de réîntégrer mon corps. » Le docteur Long a créé, en 1998, la Fondatîon de re-cherche sur les expérîences de mort îmmînente. Son objectî : collecter un maxîmum de témoîgnages au-prÈs d’îndîîdus«enant des quatre coîns du monde, toutes croyances, tous âges et couleurs de peau conon-dues». À partîr d’un questîonnaîre standard extrême-ment ouîllé, plus de 1 300 témoîgnages ont été analy-sés, permettant de mettre en éîdence«neu preues constîtutîes d’une orme de îe aprÈs la mort». Ces «preues»sont les étapes quî apparaîssent întangîbles par-delà les hîstoîres personnelles et les cultures. Cela a de la même îe au bouleersement proond de l’exîstence aprÈs une telle expérîence, en passant par le ranchîssement du tunnel, les rencontres aec des êtres de lumîÈre, le« evéçû »d’épîsodes de sa îe, la lucîdîté décuplée… Les recherches portant sur ce sujet sont relatîement nouelles. Cependant, depuîs des sîÈcles le boud-dhîsme éoque ce phénomÈne. On troue des traîtés quî explîquent en détaîl que cela est la conséquence, îxée dans la mémoîre du temps, des actîons présentes ou des îes antérîeures que chacun a accumulées du-rant les dîérentes phases de ses îes. Pendant le bre et rapîde înstant quî précÈde la mort, on est transporté dans un « état întermédîaîre », juste aant que la îe ne recoure une exîstence matérîelle. On est alors répartî suîant les actîons que chacun a aîtes pendant sa îe
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pour aller dans une des sîx destînées duŝàŝàà, en ener ou dans le monde des esprîts aamés ou celuî des anîmaux éroces ou encore celuî desàŝûàŝ, maîs aussî celuî des hommes ou celuî des dîeux. Pour ceux quî ont pu atteîndre l’éeîl pendant leur îe matérîelle, îls peuent aller sur la Terre pure dîrec-tement. Cependant îl est bon de rappeler qu’îls reîen-dront dans le monde des hommes pour sauer les êtres sourant îcî-bas. C’est dans l’hîstoîre des saînts relatée dans la genÈse 1 japonaîse que l’on découre que le moîne Hônen , dans son journal, aaît déjà décrît le paysage de la Terre pure et ses dernîers jours. ïl aaît déjà ressentî à son époque l’exîstence de la mort et de la renaîssance.
1. Le moîne Hônen ou Genku (1133-1212) est le ondateur de l’école Jodo dans le bouddhîsme japonaîs. Quand îl aaît neu ans, îl ît son pÈre mourîr, assassîné par des ennemîs. Aant de décéder, son pÈre luî dît : « Ne te montre pas rancunîer eners ces gens. Ce quî m’est arrîé est le ruît des mauaîses actîons que j’aî commîses durant mes îes antérîeures. Quîtte donc la maîson et aîs-toî moîne, aIn de trouer l’éeîl. » Se conormant aux dernîÈres paroles de son pÈre, îl sortît de la maîson et alla au Mont Hîeî, où îl étudîa et pratîqua le bouddhîsme. ïl quîtta le Mont Hîeî pour aller à Kurodanî, à Kyoto. ïl y pratîqua les exercîces bouddhîques sous la dîrectîon du moîne Enku et lut tous les sutras plusîeurs oîs, maîs îl ne put trouer l’éeîl. EnIn Hônen, alors âgé de 43 ans, troua le commentaîre du sutraKàno, leKànoŝoécrît par le moîne chînoîs Zendo. ïl ut enIn conaîncu du salut que conÈre Amîda, quî enseîgne : « ïnoquer et récîter sans cesse le nom du bouddha Amîda, en désîrant sîncÈrement renatre en Terre pure, en manîestant une oî proonde et de la reconnaîssance eners Amîda, permet à tous les êtres de gagner la Terre pure. » ïl saît dorénaant qu’îl aut abandonner les pratîques mélangées et se Ier entîÈrement à une seule pratîque, à saoîr la récîtatîon du nom d’Amîda. ïl oure une nouelle école, le Jodoshu, à Hîgashîyama (Kyoto). Hônen étaît réputé pour être le moîne le plus sage du Japon. De nombreux nobles et roturîers enaîent trouer Hônen aIn de chercher auprÈs de luî le salut de leur îe à enîr.