Quelques considérations sur l attente
136 pages
Français

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Quelques considérations sur l'attente , livre ebook

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Description

Notre quotidien est criblé de fragments d'heure et d'instants infinis pendant lesquels toute notre énergie s'épuise ou s'attarde à attendre. Si l'attente est question, alors nous pouvons avec souci du détail et de l'observation nous en approprier quelques-unes. Pourrions-nous vivre sans l'attente ? Pourrions-nous faire abstraction de sa présence ou de son utilité ? Pourrions-nous seulement l'ignorer ou nous en défaire ? L'auteur propose une réflexion sur la notion d'"attente".

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 233
EAN13 9782296932388
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Quelques considérations
sur l’attente
Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud,
B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Derniers ouvrages parus
Philippe POITOU, La misère . Analyse sociologique , philosophique et politique , 2010.
Claude CEBULA, Discours sur la guerre ou la fatalité nécessaire , 2010.
Alain PENVEN, Ville et coopération sociale , 2010.
Jean-Pierre GIRAN, La République impudique, 2010.
Santiago LOPEZ PETIT, Aimer et penser. La haine du vouloir vivre , 2009.
Santiago LOPEZ PETIT, Horror vacui. La traversée de la Nuit du Siècle , 2009.
Robert DE ROSA, Utopie et Franc-Maçonnerie , 2009.
Éric FERRAND (dir.), Quelle République pour le XXI e siècle ?, 2009.
Fred DERVIN et Yasmine ABBAS (dir.), Technologies numériques du Soi et (co-) constructions identitaires , 2009. Henri DE FRANCE, Peut-on penser l’économie après Marx et Keynes ? Sous la crise économique , une crise des fondements , 2009.
Claude MEYER, Le blues du prof de fac , 2009.
Arno MÜNSTER, Réflexions sur la crise : éco-socialisme ou barbarie ? , 2009.
Benoît VIROLE, Surdité et sciences humaines , 2009.
Xavier CAUQUIL, Phénoménologie politique de l’Europe , 2009.
Florence SAMSON, L’ombre de 1929 plane en cette année 2009, 2009.
Gérard LEFEBVRE


Quelques considérations
sur l’attente
Du même auteur

Reconstruction identitaire et insertion,
L’Harmattan, coll. "Technologies de l’action sociale", 1998.

Récit d’adoption – du désert à la source,
L’Harmattan, coll. "Histoires de vie et formation", 2008.


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11105-9
EAN : 9782296111059

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Rêver c’est le bonheur, attendre c’est la vie.
Victor Hugo
INTRODUCTION
Qu’attendre d’un ouvrage qui traite précisément de cet art subtil et délicat de l’attente ?
En effet, notre quotidien est criblé de fragments d’heure et d’instants infinis pendant lesquels toute notre énergie s’épuise ou s’attarde à attendre.
Si l’attente est question, alors nous pouvons ici ouvrir patiemment le chemin conduisant à bon nombre d’entre elles.
Si l’attente est posture, nous pouvons avec souci du détail et de l’observation nous en approprier quelques-unes.
Si l’attente est leçon, nous pouvons avec soin et attention oser entreprendre quelques apprentissages.
Si l’attente est de notre quotidien, nous pouvons avec sourire et légèreté emprunter quelques exemples choisis et patiemment cueillis parmi l’ordinaire de la vie.
Chemin faisant, imperceptiblement, nous pouvons également interroger les fonctions de l’attente. Tenter d’approcher le bien-fondé, l’utilité de cette infatigable compagne.
Se demander par exemple si nous pourrions vivre sans elle ? Pourrions-nous faire abstraction de sa présence ou de son utilité ? Pourrions-nous seulement l’ignorer ou nous en défaire ?
Mais également, sachons identifier le bonheur qu’elle exhale et retenir tous les agréments qui entourent l’art délicat de l’attente. Tentons de les découvrir, ou plutôt de les redécouvrir, en laissant notre mémoire vagabonde remonter les courants dissipés du torrent de notre quotidien pour enfin prendre le temps d’être.
Magie ou sorcellerie, défiance ou alliance, qu’importe : l’attente est là, invariablement présente, pesante et attirante, au point de nous contraindre à composer avec elle. D’ailleurs, peut-on seulement s’opposer à elle, guider et dérouler le cours de sa vie sans y faire référence, sans un seul instant se plier à ses exigences ?
Sa fidélité nous est-elle nécessaire, en avons-nous besoin pour attester notre présence ou pour vérifier notre utilité ? Fait-elle partie de la vie, ou bien l’histoire des hommes l’a-t-elle fabriquée, inventée de toutes pièces, pour nous proposer des temps de repos ou de recul, à l’écart du monde, abrités et protégés de nous-mêmes et de ceux qui nous entourent ?
A l’image du soleil et de la lune, voisins inséparables aux destinées croisées, à cheval entre ombre et clarté, l’attente est peut-être cette saison indéfinie qui inquiète et questionne le fond de l’âme, sans solliciter la moindre autorisation ni la moindre excuse.
Enfin, l’attente est aussi stratégie, pièce maîtresse du combat de chacune de nos vies, élément secret capable d’affronter la moindre des forteresses érigées en bordure de nos chemins fugaces et fragiles. Elle est ce trait d’union invisible entre l’éternel et l’éphémère, ce temps d’exception durant lequel un étrange équilibre nous porte.

Lignes floues posées sur un horizon mouvant, ou temps suspendu coupable d’illusion, l’attente s’entoure de compagnons inséparables qui nous accompagnent et nous rassurent du fond de leurs échos vivaces.

Alors, sans plus attendre… saisissons-nous de ce mot, de son charme et de ses mystères.
Chapitre 1 Les âges de l’attente
S’il existe une constante qui se moque des âges et du temps qui passe, c’est bien l’attente. Aussi ancienne que le monde, elle habite chaque destinée humaine et s’impose à tous, pareille à un élément d’une fiabilité absolue.
Avant d’entrer plus avant dans la compréhension de ce curieux phénomène, il me semble intéressant d’identifier comment, et surtout par quel processus, l’attente nous séquestre et nous domine.
Et si finalement elle faisait partie de la livraison du produit initial ? Si, semblable à nos gênes et à nos chromosomes, elle prenait place en nous-mêmes à l’instant précis de la création ? Semblable à un compagnon envahissant, elle est de notre vie et ceci bien avant notre naissance.
En effet, à y regarder d’un peu plus près, nous pouvons observer que chacun de nous est le fruit d’une attente, d’une très longue attente, d’une attente pour lui seul dans laquelle il va fonder le creuset inconscient de sa vie : neuf mois d’un patient et fantastique exercice de création. C’est dire si nous portons cette attente en nous comme un véritable symbole, une référence absolue et inoubliable. En compressant la formule, nous obtenons le constat suivant : vivre, c’est attendre. Et cette merveilleuse réciproque nous a conduits à être à la fois le centre de cette attente et le tributaire de cette même attente. Car l’enfant qui se construit, bien abrité dans le ventre de sa mère, génère à lui seul des quantités d’attentes. Attentes qui se déclinent sous forme d’inquiétudes ou d’angoisses, de craintes et d’espoirs, de rêves un peu fous ou de discrètes soumissions. Imaginez donc, les pères, les grands-parents, les frères et sœurs. Imaginez toutes ces projections et ces perspectives s’extraire du bouillonnement infini de l’attente. Sans oublier les amis, les voisins ou bien encore les collègues de travail. Tous sont à la fois concernés et piégés dans ce processus imposé dans lequel l’attente règne en maître absolu. Partant de ce constat, il faudra bien que chacun occupe « son » attente. Sans oublier bien entendu la maman elle-même qui va devoir vivre les affres de l’impatience, préoccupée à guetter le moindre signal de vie en provenance de cet inconnu si proche et si lointain. Autrement dit, la naissance peut être considérée comme le creuset autour duquel se fondent toutes les attentes. Dans son ouvrage Noyau d’olive , Erri de Luca écrit : « seules les femmes, les mères, savent ce qu’est le verbe attendre. »
L’expression populaire parle bien d’« attendre un enfant » ; attendre qu’il se construise, attendre qu’il arrive. Dans le plus profond de sa mémoire, l’enfant va fixer le cap de son extraordinaire aventure pour finalement s’extraire, s’échapper de l’attente créatrice et s’aventurer au dehors de sa caverne protectrice. C’est alors qu’il va s’ouvrir à la vie et dès la première seconde s’acharner à la consommer jusqu’au bout, jusqu’à son dernier souffle. Le croisement de ces deux attentes, celle de la mère et celle de l’enfant, c’est un peu le signal bouillonnant de la vie, qu’elle soit offerte ou imposée, c’est selon.
La suite se compose d’instants magiques pendan

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