Tempus ou Le Temps

Eliza Von Todd

Description

« Raymond Montpetit a parfaitement saisi toute l’importance du processus de l’écriture dans laquelle l’idée du temps s’inscrit. Nous revenons à la recherche de cette vapeur de la durée dont j’ai parlé plus haut, d’un développement progressif, d’une marche temporelle ou d’une suite qui flâne, vagabonde et chemine avec le temps. L’écriture est une sorte de déambulage en errance, à grandes enjambées, dont les flâneries parfois mettent la dernière main aux cadences. C’est ce qui me fait avancer. Tous travaux d’écriture apportent un merveilleux équilibre. »

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Informations

• Publié par: Société des écrivains
• Date de parution: 12 avril 2013
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782342005264
• Langue: Français

Extrait

Tempus ou Le Temps
Eliza von Todd
Société des écrivains

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Tempus ou Le Temps
 
 
 
À Marjorie,
 
 
 
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Le Temps est basé sur la fraction glorifiée de la durée, d’un moment voulu ou choisi, de portions de notre vie, de saisons animées ou éteintes qui défilent à toute vitesse. Le Temps n’est pas une chose qu’on possède, mais c’est ce qui défile. Chacun se flatte avec la vapeur de la durée, une vague qui se déroule éternellement selon les évènements et nos occupations. La jeunesse, l’enfance, l’expérience, la maturité et la vieillesse, qu’elles soient solaires ou sidérales, ou bien dans l’histoire, s’éveillent toujours dans l’âge de la vie. Les moments heureux émiettent des périodes harmonieuses plutôt furtives, éparpillées au beau milieu de tournants malheureux qu’on voudrait farder mais qui traînent en longueur.
Tempus désigne aussi les moments du jour, les époques, les cycles saisonniers, les moments favorables et les circonstances ou tempora au pluriel. En poésie ou dans la rhétorique, on parle du temps métrique et de chronologie. La chose, l’extravagance, la bizarrerie, la poétique, concrète ou abstraite, la liste est ouverte, car cela me plaît infiniment : les artisans des ouvrages en prose, des œuvres en vers, des discours et de la musique comme si le mot « rêveur », éperdu d’une grande force parvenait à me combler à force de pureté et d’émotion, dont le mot Poétastre 1 issu de la Renaissance est relevé chez Verlaine, et pour la première fois, Baudelaire évoque la « poésie pure » à propos d’Edgar Poe 2 . La poésie est vraiment une esthétique créatrice, un genre artistique particulier au point que Diderot, parlait de poétique des ruines  !
 
 
 
Paisible exclamation
 
 
 
« C’était le bon temps ! ». Cette exclamation, on la jette comme s’il fallait la faire couler paisiblement. Il n’en est rien. On reformule un passé, meilleur à nos yeux, puis, enjolivé dans ses atours davantage rafraîchis comme une recette élue, dont la quintessence est supérieure au navire amiral du jour d’aujourd’hui. L’hégémonie de ce vaisseau, nous paraît à nulle autre pareille. Le « passe-temps » et le « contre-temps » s’entrechoquent même si le « gros temps » et le « beau temps » parlaient ensemble dans la contradiction. La prééminence de la pluie orageuse et la préexcellence des éclaircies où brille un soleil ardent, ressemblent à un équilibriste. Il temporise en dansant sur la corde tendue d’un point à l’autre. L’acrobate s’agite. Sa boulimie, partagée entre plaisirs joyeux et ennuis chagrinés, son coeur passe son temps à osciller entre plénitude et tempête. La cadence...