À trop jouer les dieux, l humanité s éteignit
376 pages
Français

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À trop jouer les dieux, l'humanité s'éteignit , livre ebook

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Description

« La Bête émergeait. Une Bête face à une bête. Le surnom contre l'instinct. Le frisson partit du bout des doigts effilés, des pointes métalliques, comme si les griffes étaient devenues le prolongement naturel de son être. Il se délecta de ce tremblement ; jamais il n'avait ressenti pareille sensation. Une vague de bien-être, celle de l'individu s'accomplissant, l'inonda. Il était toujours mort de peur, mais soudain extrêmement lucide. Éveillé. Il détenait la certitude que ce qui s'apprêtait à se produire, ici même, peu en importait l'issue, marquerait son existence tout entière et le changerait à jamais. Il se savait à un tournant décisif de sa vie. Il regarda à travers son masque l'énigme face à lui, comme si celui qui n'était pourtant qu'un simple homme éclipsait toute foi, tout dieu, et était tout ce qui comptait. Il le révérait comme il aurait révéré une idole. Une clarté vespérale éclairait la serre, tamisée, filtrée par les carreaux jaunâtres et crasseux du plafond. Käal ne remuait pas. Il patientait, tous ses sens en alerte, sous sa face noire et lisse de tueur. À l'euphorie succéda bientôt le malaise. Il plissa les yeux ; le pied droit de Dante avait glissé vers lui de quelques millimètres. Comment avait-il pu le remarquer ? » Le troisième millénaire voit le monde à feu et à sang, ravagé par la guerre que livre ce qui reste de l'humanité à une horde de démons. Parmi ces guerriers, chair à canon surentraînée, Käal Jensen fait ses premiers pas. Devenu l'un de ces Rédempteurs, surnommé la Bête, la jeune recrue croise bientôt le chemin du vétéran Dante : psychopathe, machine de guerre, bombe à retardement... le personnage le fascine, au point de vouloir sauver son âme à tout prix. Mais dans cet enfer, chacun est maudit... Autour d'un univers apocalyptique d'une violence effrayante, Alexi Volkov signe une fresque SF pleine de bruit et de fureur, qui vaut avant tout par sa singularité, son style maîtrisé et ses portraits de damnés à l'ambiguïté troublante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 mai 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342161007
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À trop jouer les dieux, l'humanité s'éteignit
Alexi Volkov
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Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
À trop jouer les dieux, l'humanité s'éteignit
 
Préface
Impossible de savoir qui réellement remercier, encore moins dans quel ordre. Si ces remerciements devaient être exhaustifs, je me verrais dans l’obligation de mentionner jusqu’aux artistes ayant enregistré toutes les chansons que j’ai pu écouter en écrivant cette histoire. Je vais néanmoins essayer de sélectionner quelques personnes, celles à qui je dédie spécialement ce livre, parce que, sans leur intervention dans ma vie, je n’aurais assurément pas été la même personne.
 
Je souhaiterais d’abord remercier mes parents. Si notre environnement et notre entourage nous construisent, alors ce sont eux qui ont le plus influencé mon développement.
 
Ensuite, mes « remerciements » vont à deux enfoirés, mes deux monstres personnels, toujours pas totalement apprivoisés, qui ne se reconnaîtront sûrement pas en ces termes. Quoi qu’il en soit, ce sont eux qui m’ont permis de monter cette histoire et ils en sont les intervenants, avançant toujours masqués.
Prologue. La loi du plus fort
Comment avons-nous pu en arriver là ? Non. Ça ne sonne pas juste. Comment ont-ILS pu en arriver là ? Oui, c’est mieux. Je n’aurais pas fait ça. Je n’aurais pas agi comme ça. Ils ont laissé le mal s’infiltrer. Le Mal, le vrai. Au lieu de rester pour défendre leur précieuse Terre, ils ont fui, devant ces armées démoniaques tout droit sorties des entrailles de la planète. Les uns l’appellent le châtiment divin infligé par Dieu pour condamner notre civilisation de pécheurs individualistes, hédonistes et sadiques ; les autres, l’Apocalypse. Quant aux scientifiques, comme d’habitude, ils refusent toute théorie liée à la théologie et évoquent une forme de vie qui aurait évolué dans son coin, à l’abri des regards, pendant que nous nous entre-tuions gaiement à la surface. Les humains se pensaient invincibles, s’étaient érigés en maîtres de la nature. Le plus drôle, c’est qu’ils n’ont pas abandonné la Terre suite à la Troisième Guerre mondiale. Non, non, non ! Ils se sont résignés aux nouvelles maladies répandues par les armes biochimiques. Ils se sont dit : « Nos si vénérés scientifiques trouveront une solution pour purifier l’air empoisonné ou pour adapter nos poumons à cette nouvelle atmosphère. » Par contre, aussitôt qu’ils ont été confrontés à ce mal différent, nouveau, à ces démons ou quoi qu’ils soient, ils ne se sont plus reposés sur la science. Ils ont découvert un autre type de miracle, du genre à les faire disparaître dans un claquement de doigts. Un miracle qui aurait leur peau. Tout aurait pu s’arrêter là. Et, peut-être, ç’aurait été mieux. Mais l’humain est comme ça. Coriace. Pugnace. À s’accrocher à la vie à tout prix. À lutter envers et contre tout. « Mieux vaut souffrir que mourir. » J’crois qu’un écrivain français avait dit un truc comme ça. Comme des fourmis, ils se sont mis au travail. Ils ont planché jour et nuit pour sauver ce qui ne méritait pas de l’être et voilà ce qui en a résulté : l’abandon de la Terre. L’abandon de ce monde qui était le nôtre et pour quoi ? Pour s’installer dans une réalité instable, factice. Notre univers a été séparé entre notre bonne vieille Terre, où règnent désormais les démons, et le nouveau monde, une Terre artificielle, une réalité alternative qui n’existerait pas sans son support réel. Ils ont tous applaudi cette invention, ce refuge où l’humanité pourrait continuer à vivre. Mais pas moi.
 
Notre troisième millénaire ne s’achèvera pas sur la terre où notre espèce a vu le jour. Je déteste aujourd’hui écrire « notre » ; j’ai du mal à croire qu’eux et moi, on ait la même constitution biologique. Je n’ai jamais été du genre humaniste, mais ma misanthropie n’a fait que s’aggraver ces derniers temps. Le monde tel que nous le connaissions à l’aube du troisième millénaire a été si pollué, si ravagé par la dernière guerre nucléaire, si malmené par les humains, qu’il nous a rejetés et nous voilà piégés ici, dans un univers parallèle, une pathétique réalité virtuelle, qui parasite la Terre originelle comme un vampire pour subsister, absorbe sa réalité. Il ne s’agit que d’une copie ridicule. Une ombre. Faites disparaître l’objet et l’ombre s’évanouit.
Bien sûr, nous sommes vivants. Certains, tous hormis moi peut-être, s’en contentent. Chaque matin, je me lève. Je me nourris. Je chie. Je vis. Je me bats, comme dans ma vie d’avant. Sauf que mes ennemis ne font plus partie de mes semblables. Pour que notre monde artificiel perdure, le monde originaire doit aussi exister. Il est le socle, la base de tout. Les chercheurs ont vite compris cet inconvénient de leur système. Pour que notre Terre ne meure pas, il faut régulièrement la purger des créatures, nées des péchés des mortels, qui l’arpentent à présent. Encore une fois… Bien sûr… ils ont trouvé une solution. Pire que la première. Ils avaient un moyen de préserver la Terre, mais à quel prix ? Pour maintenir l’équilibre, il faut réduire le nombre de démons et, pour ça, ils n’ont rien trouvé de mieux que de lancer une nouvelle guerre. Entre les hommes et le Mal. Une guerre perdue d’avance si vous voulez mon avis. Ils ont monté une organisation, mondiale carrément. C’est bien la première fois que tous les pays s’unissent… L’organisation est chargée de former des hommes et des femmes, qui sont spécialement entraînés pour se rendre régulièrement dans l’ancien vrai monde et décapiter du démon à la pelle. La plupart de ces gens me font marrer. Ils se prennent pour des héros ; ils se voient comme des martyrs. Même leur nom nourrit la légende. On les appelle les « rédempteurs », des gens prêts à tout endurer, de la plus terrible souffrance physique à celle mentale, car les démons les plus dangereux sont ceux qui s’insinuent dans votre esprit ou tentent de vous corrompre par tous les moyens possibles. Ils lisent dans votre âme comme dans un livre ouvert ; ils la sondent et taquinent vos points faibles.
Beaucoup de rédempteurs ont perdu leur famille, durant le changement de monde, et certains ont eu la malchance de retrouver leurs proches lors d’une mission dans le monde réel. De rares humains y sont en effet demeurés, oubliés dans le processus d’urgence. Perdus, ils errent sans fin, leurs chances de survie dans ce cadre hostile extrêmement minces. Généralement, on découvre leur cadavre et rien d’autre… Mais, parfois… c’est pire.
L’humanité, aujourd’hui, telle que je la vois depuis ma fenêtre, n’est plus qu’un ramassis d’incapables, vivant dans un rêve de sécurité et de paix aussi illusoires l’une que l’autre… Une prison dorée… Alors qu’elle ne devrait qu’aspirer à retourner dans l’ancien monde, à récupérer cette terre qui lui revient de droit. Voilà ce qui restaurerait la véritable humanité, le seul moyen de réveiller ce peuple de consciences endormies. Je ne suis pas comme eux ; je ne me satisferai pas de cette humanité à l’état larvaire.
Je sais pourquoi ils préfèrent tous se terrer ici, pourquoi ils se complaisent dans cette mollesse au lieu de penser en conquérants. Dans l’hypothèse d’une tentative de recolonisation du monde réel, beaucoup périraient. Les morts se dénombreraient par millions, peut-être même par milliards. J’en ai pleinement conscience. Mais tout choix, tout pas en avant, réclame son lot de sacrifices. Moi, je suis prêt à les assumer. Ils ne regretteront sans doute pas leur décision, en dépit de ses désastreuses conséquences, lorsque leurs descendants les remercieront, lorsqu’ils pourront contempler le lever du soleil rouge à l’horizon de notre vieille planète originelle. Les plus robustes, les plus braves, survivront et ils l’auront mérité. Ce sera amplement suffisant ; je me moque bien de ce qu’il adviendra des autres. Après tout, ne sommes-nous pas, depuis la nuit des temps, gouvernés par la loi du plus fort ? Pour progresser, notre race doit abandonner les inutiles, se délester des faibles, se débarrasser des maillons rouillés de la chaîne.
Pour l’heure, ils se sont tous endormis, même les forts. Il en faudra un pour les sortir de leur torpeur. Un homme qui ose agir, un qui aura la force d’accomplir ce qui doit l’être. Et je saurai être celui-là. Peu importe ce qu’il en coûtera à autrui, à moi-même ; peu importe qu’une fois mort, je sois raillé, conspué, méprisé ou haï ; je sais ce qui est bon pour le genre humain et j’irai jusqu’au bout. Parce que j’ai une confiance aveugle en l’humanité. Et en moi-même.
Chapitre 1. La naissance de la Bête
La salle, en dépit du nombre d’énergumènes, d’une diversité remarquable, qu’elle voyait passer, demeurait impeccable, telle la devanture d’un magasin luxueux et propret. Une boutique spécialisée dans des gladiateurs des temps modernes, des tueurs dernière génération. Käal bâilla et jeta un énième coup d’œil impatient sur son ticket. Il ne venait pas d’arriver ; il lui avait déjà fallu passer les multiples inspections de la sécurité, renforcée en ces lieux. Pénétrer ici s’avérait plus ardu que dans la chambre forte de la banque mondiale. À l’instar de tous les pauvres hères le précédant et lui succédant dans la file d’attente, il s’était ensuite vu attribuer un numéro de passage aussitôt le dernier portique de sécurité franchi. Il soupira à s’en fendre l’âme. Numéro 1281…
— Numéro 900 ! appela dans les haut-parleurs la voix fluette et fatiguée d’une des femmes de l’accueil, toutes cachées derrière les baies vitrées teintées.
Il incombait à ces malheure

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