Anna
240 pages
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Anna , livre ebook

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Description

« Mon banc est occupé par une jeune femme ne quittant pas des yeux une fillette qui joue avec une balle. D'habitude, lorsque je constate qu'il est réquisitionné, je choisis un autre endroit où m'asseoir afin de ne pas incommoder la personne qui s'est indûment installée à ma place. Mais aujourd'hui, oubliant ma réserve coutumière, je cède à une force intérieure qui tel un aimant, me pousse vers la squatteuse. » La vie de Yann Le Bihan, 30 ans et toujours célibataire, est tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Amateur de nature, notre héros se rend régulièrement dans un parc pour se ressourcer, toujours assis sur le même banc. C'est là qu'il fera un beau jour la rencontre d'une jeune femme, Anna, et de sa fille Louise. Alors qu'il aurait pu passer son chemin, une impulsion le pousse pourtant à franchir les quelques mètres qui le séparent de cette jeune femme et de son banc attitré. Le regrettera-t-il ? Ou serait-ce plutôt le début d'une grande histoire d'amour ? Un changement de ton radical pour le nouveau roman de Guy Borsoï ! L'auteur délaisse son personnage fétiche, le Vénérable, pour nous conter une histoire d'amour moderne qui nous fera vibrer. Un roman empreint de tendresse et d'amour qui réchauffera nos cœurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342167603
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anna
Guy Borsoï
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Anna
 
Chapitre 1
Comme tous les jours dès le lever, j’ouvre les persiennes de ma fenêtre de chambre et m’accoude à la rambarde. Je ne sais pour quelle raison j’agis de la sorte mais je me dis que comme tout célibataire, j’obéis certainement à des rituels qui m’échappent et qui pourtant me sont nécessaires ou me rassurent. Je demeure dans cette position, le temps d’évacuer le reliquat de somnolence qui m’habite et m’empêche de commencer la journée dans les meilleures conditions qui soient. Ce matin plus que les jours précédents après une nuit d’un sommeil profond, j’éprouve la nécessité de reprendre progressivement goût à la vie. Tout d’abord je bâille deux ou trois fois à m’en décrocher la mâchoire, cligne des yeux à cause de la luminosité qui m’agresse puis lorsque je me suis enfin habitué à la clarté, je scrute le ciel savoyard.
Il est d’un bleu quasiment méditerranéen. Une légère bise soufflant du nord chasse les nuages épars qui se sont hasardés au-dessus de l’agglomération. En ce mois d’avril et malgré l’heure matinale – il n’est pas encore 8 heures – le soleil réchauffe déjà l’atmosphère. Comme les jours précédents, le thermomètre affichera probablement plus de vingt-cinq degrés sur les coups de midi. J’utilise le mot « probablement » à bon escient, car je ne suis pas un spécialiste de la science météorologique. J’ai tendance comme beaucoup de mes semblables, à me fier aux prévisions établies même si elles ne sont pas toujours d’une fiabilité pertinente. Certes, j’ai une préférence avouée pour le beau temps mais je supporte sans la moindre contrariété la pluie, la chaleur excessive, la neige ou le froid hivernal… Je respire l’air légèrement chargé de l’odeur des gaz d’échappement des voitures qui sillonnent l’agglomération, ce qui me provoque quelques éternuements. Pour me consoler, je me dis qu’il ne doit plus exister un seul endroit sur la planète où l’on peut vivre sans être agressé par la pollution.
Mon attention est accaparée par un avion qui vient de décoller de l’aéroport distant de quelques kilomètres. Il se lance dans une ascension prononcée, qui lui permettra d’atteindre dix ou douze mille mètres d’altitude en quelques minutes seulement. Je ne peux m’empêcher de penser aux passagers qu’il emporte avec lui. Parmi eux se trouvent forcément des vacanciers qui profitant du week-end prolongé ou de congés, veulent s’offrir un dépaysement susceptible de leur faire oublier la routine quotidienne. Qui sait ? Ils mettent peut-être le cap sur des îles lointaines qui proposent à longueur d’années leurs immenses plages de sable, la beauté de leurs sites touristiques et l’insouciance des indigènes. Certes, ces conquérants de l’inutile passeront une grande partie de leurs journées à farnienter – j’allais dire à rôtir au soleil – sans jamais se lasser. Ils profiteront d’un repos chèrement acquis auprès d’agences de voyages qui s’y entendent pour vendre du bonheur à foison et se réjouissent d’avoir appâté leurs clients à la recherche de l’Éden. Pourtant, elles se gardent de communiquer sur le quotidien des autochtones qui croupissent souvent dans des habitations faites de bric et de broc ou vivent dans des conditions d’hygiène abominables… À leur retour, ces conquistadors des temps modernes, photos ou vidéos à l’appui, pourront affirmer à leurs proches et à leurs amis qu’ils ont connu un séjour en tout point remarquable. Ils n’hésiteront pas à expliquer en long, en large et en travers, qu’ils ont eu bougrement raison de choisir la destination qui fut la leur. Pour convaincre définitivement leurs auditeurs, ils ajouteront que si pareille occasion se représente, ils n’hésiteront pas à la saisir.
Personnellement, je considère qu’il n’est pas nécessaire de parcourir des milliers de kilomètres pour se ressourcer. Je préfère sillonner la France profonde où chaque région se distingue des autres par son charme propre et ses particularismes. À chaque incursion dans une province que je ne connais pas, je pars à la découverte de ses terroirs, de son patrimoine, de sa culture et de sa gastronomie. Lorsque cela est possible, je délaisse les hôtels et les restaurants pour les gîtes ruraux et les tables d’hôtes. Dès que j’en ai l’occasion, je me mêle à la population et tente de vivre à son rythme. Je m’informe de son mode d’existence, des avantages ou des inconvénients liés à la vie provinciale… Venant d’une contrée longtemps ignorée par Paris, il me semble retrouver mes racines.
J’ai vu le jour voici trois décennies, dans le département breton du Finistère. Jusqu’à l’âge de dix-huit ans, j’ai vécu dans un hameau peuplé de quelques centaines d’âmes. La vie y était rude et le climat rarement accommodant. Déjà, la désertification avait fait son œuvre. L’école primaire cessa de fonctionner bien avant que je sois en âge de la fréquenter. Faute de clients, le bureau de poste ferma ses portes quelques années plus tard. L’épicerie, la boucherie, la boulangerie et la quincaillerie subirent le même sort. Le médecin et le notaire, ne pouvant plus vivre de leurs maigres revenus, abandonnèrent également le village… Puis vint l’exode des jeunes ménages attirés par les lumières de la ville et l’attrait d’une existence meilleure. Ils découvrirent le confort parfois inutile ou illusoire qui leur faisait défaut, mais à quel prix. Ils durent s’adapter à la frénésie qui s’empare des citadins lorsqu’ils ont l’obligation de se déplacer d’un point à un autre d’une agglomération de plus de vingt mille habitants. Ils ont dû se résoudre à emprunter les transports en commun surchargés aux heures de pointe ou à faire preuve de constance au volant de leur véhicule, en attendant que les embouteillages se résorbent. Pourtant par conviction ou par fierté et à quelques exceptions près, rares sont ceux qui éprouvèrent l’envie ou le courage de revenir au pays.
À la suite de ces désertions, le patelin, rongé par un modernisme effréné que rien ni personne ne pouvait enrayer ou maîtriser, se mit à dépérir lentement et inexorablement. Il s’enfonça peu à peu dans une langueur maladive et une espèce de torpeur désespérée. En moins d’une décennie, il se réduisit comme peau de chagrin. Dans l’année qui suivit, il perdit son statut de commune et devint un lieu-dit car il fut colonisé par un bourg voisin de plus grande importance, qui avait su se reconvertir avant qu’il ne soit trop tard.
Le déclin inéluctable de ma commune impacta profondément mon enfance, qui ne fut guère joyeuse tant elle se montra ennuyeuse et sans saveur. Les jours et les heures s’écoulaient sans qu’aucun événement marquant ne les distingue les uns des autres. Les mois, les années, semblaient durer une éternité. Contrairement aux autres écoliers de France, j’éprouvais de l’aversion pour les vacances scolaires. Pendant ces périodes de désœuvrement imposé par le ministère de l’Éducation nationale, il fallait tout de même trouver à me distraire. Régulièrement, avec les quelques mômes qui habitaient encore le hameau, nous battions la campagne à la recherche d’un hypothétique trésor – le Graal – qui nous permettrait de rêver. Des après-midis entiers et par tous les temps, nous chassions le trésor. Et lorsque nous dégotions un objet insolite qui pouvait convenir, nous le ramenions dans une cabane faite de branchages que nous avions érigée dans le bois voisin. Là, après l’avoir examiné sous toutes les coutures, nous tentions de comprendre à quoi il était destiné… D’autres fois, nous poussions jusque vers la nationale qui conduisait à Paris et quillés sur un pont qui l’enjambait, nous choisissions un modèle de voiture – de préférence française – et l’une des couleurs blanche ou noire. Pendant de longues minutes, chacun comptabilisait les automobiles conformes au choix qu’il avait effectué. Celui qui obtenait le score le plus élevé, était déclaré vainqueur. Il ne se voyait attribué aucun trophée ni aucune récompense, mais il pouvait s’enorgueillir d’avoir terrassé ses adversaires du moment.
À cette même époque, le hameau ne comptait plus qu’un seul commerce qui faisait office de dépôt de pains, de bureau de tabac et de bistrot. Résignée, la population s’organisait de son mieux pour faire face à l’adversité. Elle avait réinventé le troc, en usage chez nos aïeux. Des fermiers spécialisés dans l’élevage de cochons ou de volailles fournissaient la viande en échange de marchandises de première nécessité tels que les produits laitiers, les œufs, les légumes ou les fruits. Une sorte de barème avait été institué, qui évoluait en fonction des saisons. À titre d’exemple, un rôti de porc d’un kilo équivalait à six œufs et deux ou trois cents grammes de beurre. Chacune et chacun pouvaient ainsi se sustenter et vivre décemment, à la condition de respecter les règles imposées par ce commerce particulier… Dès l’adolescence, moi qui ne possédais pas grand-chose, je louais mes services en échange de quelques victuailles. Je participais aux travaux des champs ou je me transformais en berger qui conduit le bétail dans les prés ou le ramène à la ferme pour la traite. Au gré des opportunités et partant du principe qu’il n’y a pas de sot métier, je n’hésitais pas à me transformer en manœuvre pour le compte d’une entreprise de maçonnerie ou à jouer les arpètes dans des corps de métier dont j’ignorais tout.
Durant toute ma jeunesse, j’ai côtoyé des fermiers qui s’entêtaient à défricher et labourer des lopins d’une terre aride à souhait qui ne se laissait pas dompter sans résist

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