Cet homme était-il Dieu ? , livre ebook

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« S’agissant de l’existence de Dieu, la raison humaine, consciemment ou non, capitule et la réponse ne peut qu’être intuitive. » Renoncer à trancher la question de l’existence de Dieu n’interdisant pas de s’interroger sur la divinité réelle ou supposée de l’homme-Jésus, c’est à cette problématique aussi vaste que sensible – bien que la réponse, quelle qu’elle soit, ne remette pas en cause les apports du christianisme – que Lucien M. Martin consacre le présent essai.

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Date de parution

01 juin 2010

Nombre de lectures

0

EAN13

9782748372953

Langue

Français

Cet homme était-il Dieu ?
Lucien M. Martin
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Cet homme était-il Dieu ?
 
 
 
« En ce temps (325) Constantin assembla à Nicée en « Bithynie le premier concile général où trois cent « dix-huit évêques (…) condamnèrent le prêtre « Arius ennemi de la divinité du Fils de Dieu et « dressèrent le symbole où la consubstantialité du « Père et du Fils est établie.
Bossuet, Hist., i, 11, in  Littré.
 
 
 
« Les sociniens 1 […] ne reconnaissent point la « divinité de Jésus-Christ. Ils osent prétendre […] « que l’idée d’un Dieu homme est monstrueuse […]. »
Voltaire, Dictionnaire philosophique , « Divinité de Jésus ».
 
 
 
« […] l’homme dans l’état de la création ou dans « celui de la grâce est élevé au-dessus de toute la « nature, rendu comme semblable à Dieu, et « participant de sa divinité […]. »
Pascal, Pensées , VII, 434.
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
« Dieu est mort ! »
 
C’est ce qu’affirmait Friedrich Nietzsche  2 , dont le nom, curieusement, est une antistrophe 3 presque parfaite du mot allemand « Nichts », qui signifie « le néant ». Oui, curieuse rencontre car le philosophe, par cette phrase aussi catégorique qu’apparemment absurde, semblait annoncer le triomphe du néant, le nihilisme dans le monde.
 
En apparence absurde, cet aphorisme l’est car, sauf à se faire de Dieu une idée qui n’a rien de cohérent, rien de… divin, pour tout dire, Dieu, par essence, ne peut mourir, ne peut être mort. Mais ce n’est absurdité qu’apparente, car l’aphorisme ne doit évidemment pas être pris à la lettre. Ce qu’il veut dire c’est que, avec l’abandon de la foi chrétienne, les fondements mêmes des codes moraux disparaissent et que l’homme n’est plus capable par lui-même de croire en un ordre cosmique et des valeurs supérieures ; ainsi privée d’aucun repère, d’aucun appui, d’aucune transcendance, livrée à ses infirmités congénitales, l’humanité serait exposée aux périls du nihilisme, c’est-à-dire, voulait-il peut-être dire, à sa propre mort. Ici, caractéristique est le lien ainsi fait entre la foi en Dieu (justifiée ou non, ce n’est pas ici le problème, nul ne pourrait d’ailleurs le dire), d’une part, et l’appréhension de valeurs supérieures, et d’une éthique, d’autre part ; ce lien serait tel que l’une ne pourrait exister ni durer sans l’autre : la morale naîtrait de et serait si bien attachée à la foi en un être transcendant que la disparition de cette foi conduirait à la disparition de l’éthique. Plus précisément, c’est le déclin de la foi chrétienne – car c’est, plus précisément, d’elle que parle Nietzsche – qui « dépouille(rait) » l’humanité « du droit 4 à la morale chrétienne » , car « celle-ci ne va absolument pas de soi » 5 .
 
Ce lien, selon toute apparence, est faux ; faux quant à l’effacement de la morale chrétienne et au glissement dans l’amoralisme comme conséquence de l’ignorance d’un être transcendant ; faux encore au moins en ce qui concerne le déclin de la spiritualité.
 
Il est vrai que « la difficulté de faire apparaître l’originalité du christianisme en morale est que son message culturel est assimilé par beaucoup qui en vivent sans en soupçonner l’origine religieuse » 6 et nombre de nos semblables observent une morale d’inspiration clairement chrétienne comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Il est même vrai que, souvent, des athées sincères ont une morale particulièrement exigeante, qui peut étonner, mais qui est la morale de notre civilisation, et largement d’inspiration chrétienne. Un auteur aussi peu soucieux de morale que Proust 7 , écrivait :
« Tout se passe dans notre vie comme si nous y entrions avec le faix d’obligations contractées dans une vie antérieure ; il n’y a aucune raison dans nos conditions de vie sur cette terre pour que nous nous croyions obligés de faire le bien, à être délicat… Toutes ces obligations qui n’ont pas leur sanction dans la vie présente semblent appartenir à un monde différent, fondé sur la bonté, le scrupule, le sacrifice, un monde entièrement différent de celui-ci, et dont nous sortons pour naître à cette terre, avant peut-être d’y retourner revivre sous l’empire de ces lois inconnues auxquelles nous avons obéi parce que nous en portions l’enseignement en nous, sans savoir qui les avait tracées… »
Ainsi, la morale que nous connaissons peut bien être née du christianisme – il faudra voir dans quelle mesure – son existence n’est pas liée à celui-ci au point d’être entraînée au néant avec lui.
 
Par ailleurs, s’il est vrai que la foi chrétienne, depuis plus d’un siècle, s’est singulièrement affadie – et que les tentatives de l’église catholique pour l’actualiser, l’adapter à l’évolution de la société ont été assez maladroites pour en éloigner nombre de croyants –, il serait plus juste de dire que, dans l’espace laissé libre par une foi chrétienne orthodoxe, se développe une aspiration, peut-être désordonnée, à la spiritualité, ce qui me semble aux antipodes de la « mort de Dieu ». On se souvient du célèbre aphorisme d’André Malraux : «  Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas  » . Peu importe qu’il l’ait exactement dit dans ces termes 8 , sa pensée était bien celle-là et, avec le pire comme le meilleur, le XXIe siècle semble bien marqué par une aspiration spirituelle, qui n’a pas grand-chose à voir avec les « humanismes » dont se parent les mouvements politiques. Au christianisme de faire sa mutation autrement qu’en habillant de théologies aventureuses des thèmes avant tout politiques et, pour tout dire, purement matérialistes, quelque séduction qu’ils aient, comme cette fumeuse « théologie de la libération ».
 
Ce qui est vrai et remarquable, je pense, est que, malgré des apparences souvent contraires, cette aspiration spirituelle n’est guère affamée de mythes ; les exemples qui pourraient en faire douter, comme celui des « Raëliens » sont évidemment à écarter, car ils font partie du « pire » – inévitable – de cette aspiration trop souvent fantaisiste, et certainement pas du « meilleur » évoqué ci-dessus.
 
Dans cette ligne, en vertu de quoi réprimer la tendance naturelle à repenser tout ce qui peut n’être – je ne sais si l’on peut dire « ce qui n’est » – ce qui peut n’être que mythe, sans pour autant « tuer » Dieu. Dieu est ; on le croit ou l’on ne le croit pas, mais c’est mieux qu’un mythe, car c’est une réponse à une question fondamentale, qu’il serait absurde de ne pas se poser, que tant de gens se posent, si rationalistes soient-ils, sans que personne puisse prétendre détenir LA réponse. On croit ou on ne croit pas en Dieu, selon que l’on est enclin à douter que l’esprit humain, ici-bas, puisse voir au-delà de l’horizon ou que, au contraire, on imagine que la quête scientifique, qui a tant découvert des lois de la nature, ne peut manquer, demain ou dans cent ans, de trouver la loi unique – on parle aujourd’hui de la « M-théorie » – qui dissiperait les ombres qui nous cachent encore une (si grande, en réalité, il me semble, une toujours plus grande) partie de la réalité.
 
Au-delà de la réponse, si elle est positive, à cette question première – qui, selon moi, ne relèvera jamais que d’un acte de foi, en quelque sens qu’on y réponde – tout ce qui illustre, humanise, détaille – j’allais écrire : anecdotise – l’inexprimable, peut n’être que mythe ; peut n’être que mythe, peut-être, ne l’est-ce pas toujours.
 
Je suis donc convaincu que, si l’on croit en Dieu, on peut, sans le « tuer », se demander si Jésus, si l’homme-Jésus – l’homme-Jésus est, historiquement, à peu près une certitude, même si l’on connaît peu de choses fiables sur son compte – était vraiment Dieu et a pu cumuler en lui deux êtres aussi différents, l’un étroitement fini, l’autre infini, l’un misérablement impotent, l’autre tout-puissant.
 
S’agissant de l’existence de Dieu, la raison humaine, consciemment ou non, capitule et la réponse ne peut qu’être intuitive ; par nature, elle est, à la fois, vraisemblable et invraisemblable et le choix, s’il s’appuie sur des raisons, n’a de raison qu’irrationnelle, dans un cas, comme dans l’autre ; en raison, l’athée ne peut pas plus affirmer que la foi en Dieu ne « tient » pas que le croyant ne peut le dire de l’athéisme, mais, à moins de se désintéresser de cette question essentielle de notre existence, une réponse est nécessaire.
 
Supposée retenue la réponse affirmative, tout le reste sollicite en revanche nécessairement la raison, mais la question à laquelle ce « reste » veut répondre ne s’impose pas : on peut, sans incohérence, croire en Dieu sans autre habillage, si difficile que ce puisse être à notre raison limitée et attachée au sol. Aussi, devant les réponses proposées à ces questions non nécessaires, notre faible raison reprend ses droits et alors, en raison, la réponse ne cumule pas, à la manière quantique, deux réponses contradictoires : on est rationnellement convaincu, ou on ne l’est pas. Il n’y a aucun moyen d’échapper à cette conclusion, sauf à tomber dans la pétition de principe : ainsi, par exemple, prétendre justifier la divinité de Jésus par le recours aux propos que les Écritures lui prêtent, ce serait bien une pétition de principe, on le verra, au besoin.
 
C’est cela qui, depuis longtemps, me fait douter de la divinité de Jésus. Toutefois, pour les besoins de cette réflexion, j’ai cherché à me faire une opinion plus argumentée sur ce point à partir, précisément, des textes du « Livre », car je peux comprendre, devant l’extraordinaire succès – d

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