Cilette et Vigiù Tome 1
328 pages
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Cilette et Vigiù Tome 1 , livre ebook

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Description

Cilette est fille de négociants en pianos et a reçu la meilleure éducation de la grande bourgeoisie commerçante de la ville. Vigiù est ouvrier accordeur, de condition plus modeste et de dix ans son aîné. Le 30 avril 1924, leur mariage est célébré devant une imposante foule de proches. Leur union durera plus de 40 ans... De l'union de Cilette et Vigiù, curieuse alliance de la Bourgogne et du Piémont, naîtront onze enfants, trente et un petits-enfants et cinquante-six arrière-petits-enfants. Les chroniques de cette étonnante famille, écrites par l'un d'entre eux, retracent l' émouvant témoignage d'une longue lignée et de son époque. Car « il est bon de refaire le chemin du passé, de se remémorer les destins oubliés ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2003
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342166231
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cilette et Vigiù Tome 1
A. M. A. RAIMONDI
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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Cilette et Vigiù Tome 1
 
 
 
 
Publibook,
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IDDN.FR.010.0101680.000.R.P.2003.035.40000
 
 
 
 
 
Prélude
 
 
 
Il faut, sans cesse, corriger la mémoire humaine.
 
Billie Holladay 1
 
 
 
Notre vie a croisé tellement de parents !
Certains ont éclairé notre voie tourmentée
guidé avec amour notre progrès si lent
d’enfants qui ne savaient profondément aimer.
 
D’autres ne vivaient plus que dans une mémoire
qui avait embelli ou détruit d’un caprice
la fraîcheur oubliée comme une perle rare
ou l’excès de rigueur pour de faibles malices.
 
Il est bon de refaire le chemin du passé
de se remémorer les destins oubliés
de tant de nos aïeux pour qu’ils ne s’évanouissent
dans une paresseuse ou trop lointaine esquisse.
 
 
 
 
 
Mariage à Dijon
 
30 avril 1924
 
 
 
En ce frileux mercredi de printemps, un bien joyeux cortège de parents et d’amis accompagnait Cilette et Vigiù dans leur engagement décisif d’amour et de fidélité.
 
L’imposante Salle des Etats de Bourgogne , devenue salle des mariages, puis l’église cathédrale Saint-Bénigne, célébraient, avec faste, l’union de ce couple ravi, tout ébloui par tant de cérémonie.
 
Les jeunes époux avaient réussi, non sans peine, à franchir toutes les barrières pour achever ce qu’ils avaient engagé depuis trois années. Les tractations avaient été animées, les repas aux discussions infinies avaient vu s’affronter partisans et adversaires de cette union, les deux fiancés n’ayant pas l’entier pouvoir de la décision finale. Et puis il avait bien fallu arrêter le choix pour ce dernier jour du mois d’avril, le mois de mai étant néfaste aux mariages en Italie, depuis l’époque romaine jusqu’à nos jours, et surtout les catholiques l’avaient récemment dédié à la Vierge Marie.
 
Cilette était Cécile Marie Eugénie Mancel, la seconde fille, encore mineure, de Marie Bauchot et Fernand Mancel, négociants en pianos sur la place Bossuet toute proche. Agée de vingt ans, elle avait reçu la meilleure éducation de la grande bourgeoisie commerçante de la ville.
 
Vigiù était Luigi Federico Felice Antonio Raimondi, Italien du Piémont, ouvrier accordeur chez Fernand Mancel, son beau-père. Agé de trente ans, de condition plus modeste, il était le fils de Francesca Bottino, veuve d’Annibale Raimondi.
 
Enfin le bonheur de ce jour effaçait tous les tracas passés, la voie s’ouvrait à eux pour un commun voyage qui devait durer plus de quarante années.
 
 
 
 
 
Bourgogne et Piémont
 
 
 
En ce premier quart du XX e siècle le mariage d’une Bourguignonne et d’un Piémontais, sans être exceptionnel, était assez inhabituel. Pourtant les échanges entre les deux provinces avaient toujours été particulièrement fréquents et les frontières, souvent mal définies ou fluctuantes, n’avaient jamais empêché les rapprochements des affaires ou des cœurs.
 
Sans remonter à l’homme de Neanderthal qui peuplait ces contrées sans frontières 2 , les peuplades anciennes passaient facilement d’une région à l’autre avec la détestable habitude d’annexer les terres que d’autres avaient pris soin de fertiliser. Ainsi des barbares plus féroces que les autres, les Lombards, avaient envahi le Nord de l’Italie, et les Romains, bien embarrassés, firent appel à leurs alliés burgondes, vandales venus de la Baltique, pour les protéger et assurer les liaisons entre ces provinces que séparaient les Alpes. Le royaume burgonde fut, au V e siècle, très prospère. La force tranquille de ses sujets, grands (deux mètres), blonds, belliqueux mais assez tolérants pour l’époque, fit merveille. Après un séjour à Rome, où il acquit un grand pouvoir, leur roi Gondebaud organisa une expédition en Emilie et Ligurie, qu’il pilla de fond en comble et dont il ramena une foule de jeunes gens pour aider ses sujets à cultiver le sol.
 
Puis il donna son nom à une législation très avancée, la loi gombette , qui conciliait les droits des Burgondes et ceux des Gallo-romains. Pour la première fois, les femmes et les esclaves étaient l’objet de soins particuliers. La femme était placée sous la protection du mari mais si elle l’abandonnait, elle devait, tout de même, être jetée dans un bourbier ! Quant à l’esclave, le maître ne pouvait le tuer impunément mais devait payer une amende 3 . Gondebaud, à la chevelure de lion, passionné de vénerie, se montra plus sévère pour tous les délits de chasse.
 
Pour conserver ou agrandir leurs possessions, les comtes, ducs et autres princes, rois ou empereurs, eurent aussi recours à un procédé moins barbare, et parfois bien agréable, le mariage. Les Maisons de Savoie-Piémont et de Bourgogne conclurent, au fil des siècles, nombre d’alliances matrimoniales. Parmi les plus illustres, au X e siècle, le roi d’Italie, Adalberto II, avait épousé Gersinde, comtesse de Dijon ; un de leurs fils, Otton Guillaume, deviendra duc de Bourgogne. Le neveu d’Adalberto, Arduino, roi à son tour, eut pour première fille, Perinzia, comtesse de Volpiano, mère de Guillaume de Volpiano, abbé de Saint Bénigne, et, pour cette raison, appelé par les Italiens Guillaume de Dijon.
 
A la fin du XI e siècle, Humbert II, Comte de Maurienne, épousa Gisèle de Bourgogne.
Vers 1250 Philippe, Comte de Savoie, épousa Alice de Bourgogne. En 1274 Thomas III, fils de Thomas II, Comte de Piémont, épousa Guia de Bourgogne. En 1307 Edouard, fils d’Amédée V, Duc de Savoie, épousa Blanche de Bourgogne et sa sœur, Bonne, épousa Hugues de Bourgogne. En 1403 Amédée VII , le Comte rouge , fils du Comte Vert , Amédée VI, profita d’un séjour en Flandre pour négocier le mariage de son fils âgé de trois ans, le futur Amédée VIII, avec Marie de Bourgogne, âgée de… trois mois, fille de Philippe le Hardi, Duc de Bourgogne. Le mariage ne fut célébré que sept ans plus tard mais les époux étaient encore bien jeunes et purent demeurer encore quelques années chez leurs parents 4 .
 
Un personnage encore plus connu des Dijonnais, aimé ou détesté selon les cas, fut Giuseppe Garibaldi, qui délivra Dijon des troupes allemandes en 1871.
 
Mais bien d’autres liens plus obscurs se sont tissés entre Bourgogne et Savoie-Piémont, jusqu’aux migrations du XIX e siècle. Entre 1896 et 1902, le Piémont, et spécialement la région de Cuneo, a fourni le plus fort contingent d’émigrés italiens vers la France, soit 28 %. Mais la Bourgogne ne fut pas leur destination préférée, à la différence de la Savoie, de la Côte d’azur et de la région parisienne, car l’industrie y était peu développée, la construction l’était davantage, qui recherchait le savoir-faire des maçons italiens 5 .
 
 
 
 
Guillaume de Volpiano, Guillaume de Dijon
 
 
 
Volpiano est situé à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Turin ; c’est un village de la plaine du Pô, étendu au pied d’une butte sur laquelle subsistent quelques vestiges de l’ancien château-fort.
 
Au milieu du X e siècle, Roberto, fils de Vibon, prince de Souabe, était capitaine au service de Berengario II, marquis d’Ivrea et roi d’Italie. En 959 Roberto épousa Perinzia, fille aînée du roi Arduino, qui lui donna un fils, Guglielmo, né en 962 à San Giulio di Orta. Roberto acquit bientôt, avec le titre de comte, le château de Volpiano, où Perinzia donna le jour à trois autres garçons, Goffredo, Nitardo et Roberto.
 
Dès avant sa naissance, Guglielmo fut voué à la vie monastique et, à l’âge de sept ans, orienté vers un monastère ; son père le fit entrer chez les moines de Lucedio et jura devant l’abbé que : «  Guglielmo serait soumis, jusqu’à sa mort, à la règle de saint Benoît » C’était pour s’assurer le salut de leurs âmes, autant que la puissance et le renom de la famille, car les monastères bénédictins, peuplés de nobles, avaient acquis un grand pouvoir sur la société civile. Après des études à Pavie, Guglielmo revint à Lucedio, gravit les échelons de préchantre, écolâtre, gardien du trésor de l’abbaye et prévôt. L’évêque de Vercelli voulut lui conférer le diaconat mais Guglielmo refusa pour ne pas se soumettre à l’autorité du clergé séculier et perdre ainsi les privilèges récemment accordés par le Saint-Siège aux ordres monastiques. Après une brève retraite à la Sagra di San Michele, sœur de l’abbaye du Mont-Saint-Michel, il fit un séjour à Cluny, dont la renommée était déjà grande en Italie et qui jouissait d’une totale autonomie vis-à-vis des pouvoirs temporel et spirituel.
 
Quelques mois plus tard, Mayeul, abbé de Cluny, surnommé «  l’arbitre des rois » , passa par Lucedio à l’occasion d’un voyage à Rome et rencontra Guglielmo, sans doute aussi sur l’insistance de Roberto, le père, parent du roi et attentif aux alliances utiles, la puissance de Cluny étant considérable. Les deux religieux se reconnurent le même idéal monastique si bien qu’à son retour de Rome en 967, Mayeul emmena Guglielmo à Cluny. L’année suivante, il voulut l’ordonner prêtre mais Guillaume s’en jugeait indigne. Mayeul l’envoya dans le Rhône, à Saint Saturnin, pour réformer le couvent, puis en 990 à Saint-Bénigne de Dijon, où il fit son entrée avec douze moines, comme c’était la coutume, en souvenir de Jésus et de ses apôtres. Il fut ordonné prêtre et devint un réformateur intrépide et un bâtisseur infatigable.
 
En 998 il entreprit un voyage à Rome, Mont Cassin, Ravenne et Venise. Sur les terres de sa famille, il fonda l’abbaye de Fruttuaria, sœur de Saint

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