De belles rencontres
146 pages
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De belles rencontres , livre ebook

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Description

— Quel moyen avons-nous pour lutter contre ces abus, dans nos quartiers ? Qu'en est-il de ce que l'on appelle le "social" ? Passé à la trappe par l'argent ? David a toujours apporté aux autres son savoir pédagogique, construit avec Célestin Freinet. De retour à Paris après avoir enseigné à La Réunion et Madagascar, il crée un centre de formation d'animateurs pour permettre aux jeunes en décrochage scolaire d'acquérir une formation et un travail. Bien que cela ne soit pas son milieu de prédilection, il s'est laissé emporter par le défi : aller à la rencontre de ces jeunes des banlieues, dont on a souvent des images très négatives et violentes. Il réussit ensuite à travailler avec les porteurs d'innovations et de nouvelles approches dans leur domaine : tels que Lainé, les frères Oury, Deligny, Augusto Boal, Jacquard, Debord et Vainegem... et d'autres encore, tous des personnalités qui ont apporté une respiration dans ce siècle, déjà perverti par l'argent. Et maintenant, pourquoi ne les connait-on pas ? Du moins, pourquoi leurs propositions sont-elles enfouies dans l'histoire ? Qui connaît ces personnages, dans le public et même dans des formations professionnelles ? Le travail, le soin, les handicaps, l'éducation populaire... n'ont pas résisté à la fougue capitaliste et à l'abandon de l'histoire ! De belles rencontres, le quatrième volume de la saga de David, évoque avec justesse les différentes méthodes de pédagogie pour les enfants en difficulté. Alain Gaba nous offre ici un témoignage essentiel de son temps, tout en nous transmettant son savoir et en luttant contre des idées reçues.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342166538
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De belles rencontres
Alain Gaba
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De belles rencontres
 
 
Pour David, la vie a toujours été un grand voyage depuis la mort de sa mère survenue bien trop tôt ! Sans doute né sous une mauvaise étoile, la domination du nazisme, il aura inventé toute une vie errante, persuadé qu’il peut agir ainsi à l’un et l’autre bout du monde. Est-ce qu’il faut se battre, petit, dans un coin de son pays ou bien doit-on aller au plus vaste, au plus loin, pour répandre des conceptions de l’éducation qu’il a eu la joie de découvrir ? Vous êtes en train de penser à « racines », on dit que tout être a besoin de ses racines… Il n’a pas de racines, il a dû se construire tout seul et n’a pu participer aux nombreux combats de clochers ! Ses racines sont en lui ; peut-être la ferme de son enfance, mais il n’était pas chez lui, d’ailleurs il en est parti sans rien dire et sans se retourner, puis son métier d’instituteur et son petit village, puis ses luttes à La Réunion, enfin cet enjeu dans les banlieues parisiennes, c’est l’ensemble de ces lieux qui constitue ce qui le rattache à la terre, ses racines.
Son parcours avec Célestin Freinet a déclenché une envie de manier la pédagogie sous toutes ses formes et, en définitive, l’a ouvert à la philosophie et au champ des réflexions. D’ailleurs, il pourrait y avoir, comme le service militaire, des rendez-vous obligatoires pour la jeunesse, sur la philosophie et les grands moments de la vie. La philosophie est certainement ce qui manque à la population, et surtout aux jeunes, pour comprendre et poser des valeurs dans les situations de vie. Il se souvient qu’à Madagascar, pour les jeunes qui venaient de passer le bac, avant leur inscription à la fac, ils avaient l’obligation de servir civilement pendant six mois : alphabétisation, santé, soutien à des initiatives locales… et ceci dans le milieu rural du pays. C’était très formateur et leur inscription en fac plus lucide.
Dans ces années passées, à La Réunion puis à Madagascar, il avait compris qu’il ne pouvait rien faire face au colonialisme qui maîtrisait les situations et les gens. Bien sûr, il y avait des résistances posées par des hommes et des femmes engagés, mais la masse de la population était asservie. Difficile d’accepter ça pour un David libre de ses mouvements et dont l’ambition était sans mesure. Lorsqu’on lui proposa cet enjeu pédagogique, à destination de jeunes exclus de l’école dans la banlieue parisienne, dans ce monde montré du doigt comme un milieu intellectuellement pauvre, il décida qu’on avait sans doute besoin de lui.
Ces dernières années, c’est sur le terrain des villes, des quartiers que se sont développés et sont apparus le plus nettement les contradictions et les conflits de la société française. Aujourd’hui, on dénonce l’exclusion, les handicaps, l’échec scolaire et le chômage, la ségrégation et le racisme. Il revoit le colonialisme et ses conséquences ; on peut s’imaginer que la ville exploite les banlieues comme ses colonies ! L’argent, les riches ont besoin de pauvres, c’est ce que David a appelé l’appétit, toujours plus d’appétit pour les riches. Face à cela, il y a sans doute plusieurs pistes pour traiter cette pauvreté, il pense qu’il faut mettre en place une pédagogie populaire, une pédagogie qui révolutionne les idées toutes faites et c’est justement ce qu’il a envie de faire.
On lui a confié l’installation d’un centre de formation, dans une banlieue de Paris, et la conception, un peu comme l’École nationale à Madagascar, d’un lieu d’alternance entre les situations de travail social et la formation. Cet aller-retour entre les théories et les pratiques, c’est sa valeur principale et, depuis l’école normale, il ne l’a pas quittée. Il ne s’agit pas de créer une école mais un lieu de formation en prise directe avec le milieu. La valeur « travail » comme structurant la société française est remise en cause et fait une place belle à la formation. Il s’agit, avec ce projet, de permettre à des jeunes qui ont échoué à l’école traditionnelle de reprendre une place dans leur milieu social. Le besoin d’acteurs capables d’appréhender et décrypter les réalités se fait sentir. Qui mieux que ceux qui ont connu l’exclusion pour un tel accompagnement ? Au cœur des préoccupations de formation, on retrouvera le souci de la personne et le choix de leur place dans la collectivité. Pour cela, nous avons dans notre histoire un formidable levier qui a mis de l’enthousiasme au cœur de la population, il faut parler de l’éducation populaire ! Nous voilà avec les deux aspects sur lesquels David pourra compter : la pédagogie et l’éducation populaire. En recrutant auprès des différents services des municipalités des jeunes qui ont besoin d’un statut, il faudra leur donner l’envie d’une formation complète qui rejoindra la préparation d’un diplôme, mais une avancée dans la philosophie et les personnes qui ont apporté leur pierre à la compréhension du monde. Le centre de formation formera des animateurs qui passeront un nouveau diplôme, le diplôme d’État relatif aux fonctions d’animation. Il va falloir s’équiper pour permettre à des jeunes de passer un diplôme de niveau licence, soit bac plus deux.
— Est-ce qu’on peut se mettre d’accord sur l’essentiel des objectifs ? demande David aux deux formateurs qui ont choisi de venir avec lui.
Il y a là un gars, Mehdi, qu’il a bien connu comme formateur à Orléans, et une fille, Julie, qu’il ne connaît pas encore, elle a répondu favorablement à la proposition que lui avait faite un ami.
— Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce « guêpier », ironise David. Il va falloir vous livrer tout entiers dans une aventure, disons pédagogique, qui va être une réponse à des situations d’exclusion. Vous êtes prêts ? Il faut que vous oubliiez votre école, car nous en avons une autre à construire, plus adaptée aux réalités sociales et culturelles des jeunes. Chaque personne qui s’engage ici doit avoir une réponse personnelle à ses préoccupations et en plus, nous devons la préparer à passer un diplôme. Ils seront tous en cours d’emploi et nous allons répondre à ce bel enjeu !
Chapitre 1 L’éducation populaire
— J’ai lu quelque part, je ne me souviens plus du rédacteur, quelque chose qui aurait bien sa place ici, dans notre situation. Écoutez : « Créer un lieu avec d’autres, qui rende possible la formation ; l’apprentissage à l’école… nécessite un savoir-faire, un pouvoir en définitive, un pouvoir sur soi-même… Projet utopique, tant sont pesantes les réalités sociales qui nous entourent… Projet utopique aussi : travail acharné de taupe, cheminements à tâtons où rien n’est jamais acquis définitivement, où les repères sont à inventer, les jalons à poser les uns après les autres dans une pratique qui témoigne d’une résistance à l’idéologie et aux modes de production dominants… »
— Ce que j’aime dans ce que tu viens de dire, c’est de t’entendre parler de résistance. Pour avoir une direction à prendre, il faut avoir une utopie à poursuivre, et notre utopie sera la résistance ! Tu ne crois pas ? demande Mehdi.
— J’ai beaucoup hésité avant de placer notre projet dans un mouvement de résistance. Nous allons manœuvrer dans l’économie sociale, côtoyant de fait les associations, les coopératives et les mutuelles. Nous aurons à voyager dans nos contradictions en faisant la part non de les réduire mais bien au contraire de les rendre dynamiques, réassurant un mouvement qui a une longue histoire.
— Tu veux dire de l’Éducation populaire ?
— C’est cela, mais pas uniquement, il faut y ajouter l’Éducation nouvelle et une pédagogie innovante, je pense bien sûr à la démarche de Célestin Freinet. Nous y reviendrons longuement dans notre préparation et j’aimerais que ce soit en présence de Julie. Ce sera nos deux forces, notre avenir, pour poursuivre nos « rêves » ! La voie est étroite entre l’économie de profit maximum et l’économie sociale, au profit de ceux qui travaillent. C’est vrai que le travail a perdu sa place dans notre société, remplacé par l’argent… Ce n’est plus la qualité du produit qu’on achète, mais son prix, même si l’on sait qu’on aura un produit qui vient par exemple de Chine et qui ne tiendra pas longtemps. Il en est de même à l’école, c’est le classement qui donne la valeur à l’élève et non son progrès personnel, y compris la façon dont il partage avec les autres élèves. Dans le fond, l’école est organisée suivant les valeurs dominantes de la société : la concurrence et la compétition, avec le travail individuel y font bonne place alors que l’émulation, le partage et le travail collectif n’en font plus partie. Il va nous falloir faire l’école à l’envers ! Tiens justement, les amis, je me demandais comment nous allions organiser notre centre pour que l’on sorte de ces valeurs dominantes et qu’il fasse envie à des jeunes du milieu.
— Moi, dit Julie, je n’ai pas beaucoup d’expérience et si je suis venue ici, c’est pour t’entendre et travailler avec toi, car je sais que tu as conduit de nombreux projets. J’ai cette envie, il me faut maintenant faire face !
— Nous avons déjà travaillé ensemble, confie Mehdi, avant mai 68. Tu te souviens, je n’ai pas apprécié la situation que tu as subie et j’aime être ton compagnon.
— Il y a une chose qu’il faudra intégrer, c’est l’histoire ! Je sais, aujourd’hui tout le monde méprise son histoire et pourtant rien ne se ferait sans elle. Nous sommes aujourd’hui les héritiers de trois courants qui ont animé notre société : le courant démocr

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