Devenir infirmière en France, une histoire atlantique ? (1854-1938) , livre ebook

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Seconde moitié du XIXe siècle. Sous l'impulsion de l'Anglaise Florence Nightingale qui s'était distinguée lors de la guerre de Crimée, la profession d'infirmière connaît un formidable élan progressiste. Elle vit même une révolution essentielle : fondation d'une véritable formation, nouvelles méthodes de travail, encadrement accru permettent alors au métier de gagner en efficacité, en professionnalisme, en cohésion. Une mutation qui inspirera rapidement les États-Unis et des femmes américaines progressiste qui promouvront à leur manière ces idées et se feront un devoir et une mission de les transmettre. Ce sera le cas, mais plus timidement, en France, grâce à l'action de la Française Anna Hamilton. Hélas, loin de s'imposer dans l'Hexagone, notamment aux lendemains d'une Première Guerre mondiale qui a pourtant permis de prendre conscience des avancées anglo-américaines dans le domaine du soin, ce modèle ne sera pas entièrement repris. Pour quelles raisons ? Retour sur l'histoire de la profession d'infirmière de part et d'autre de l'océan à travers les liens transatlantiques, les débats d'idées, les idéologies sous-jacentes, le genre et les appartenances religieuses qui s'affrontent.

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Publié par

Date de parution

20 mars 2012

Nombre de lectures

0

EAN13

9782748380446

Langue

Français

Devenir infirmière en France, une histoire atlantique ? (1854-1938)
Évelyne Diebolt Nicole Fouché
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Devenir infirmière en France, une histoire atlantique ? (1854-1938)
 
 
En couverture (de gauche à droite et de haut en bas)  :
l’Américaine Evelyn T. Walker,
les Françaises Léonie Chaptal et la docteure Anna Hamilton,
l’Anglaise Catherine Elston.
 
 
 
Liste des sigles
ADAM : Association pour le développement de l’assistance aux malades
ADF : Association des dames françaises (Croix-Rouge française)
AEF : American Expeditionary Force
AHSA : Association d’hygiène sociale de l’Aisne
AIVF : Association des infirmières visiteuses de France
AJN : American Journal of Nursing
AMA : American Medical Association
ANA : American Nurses Association
ANIDEF : Association nationale des infirmières diplômées de l’État français
AP : Assistance publique (Ville de Paris)
ARC : American Red Cross
ASSTSN : American Society of Superintendents of Training School for Nurses
BA : Bachelor of Arts
BS : Bachelor of Sciences
BIDNA : Boston Instructive District Nursing Association
BJN : British Journal of Nursing
BNA : British Nurses Association
CAP : Certificat d’aptitude professionnelle
CARD : Comité américain pour les régions dévastées
CEP : Certificat d’études primaires
CGT : Confédération générale du travail
CICIAMS : Comité international catholique des infirmières et assistantes médico-sociales
CIF : Conseil international des femmes
CPTF : Commission for the Prevention of Tuberculosis in France
CSAP : Conseil supérieur de l’assistance publique
ERA : Equal Rights Amendment
FFNC : French Flag Nursing Corps
HSSH : Henry Street Settlement House
ICN : International Council of Nurses
IHB : International Health Board
JO : Journal officiel de la République française
LNE : League of Nursing Education
MSP : Maison de santé protestante (Bordeaux)
NANA : National Association of Nurses Alumnae
NNAS : Nurses National Alumnae Society
NOPHN : National Organization for Public Health Nursing
NSWS : National Society for Women Suffrage
NYCMS : New York City Mission Society
NYES : New York Ethical Society
NYSFWC : New York State Federation of Women’s Clubs
NYSNA : New York State Nurses Association
ONHS : Office national d’hygiène sociale
RN : Registered Nurse
SCAANYS : State Charities Aid Association of New York State
SSBM : Société française de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge française)
UCJF : Unions chrétiennes de jeunes filles
UCSS : Union catholique des services de santé (et des services sociaux)
UFF : Union des femmes de France (Croix-Rouge française)
USNY : University of the State of New York
WASP : White Anglo-Saxon Protestant
WMC : Women Medical College
YWCA : Youth Women Christian Association
 
Introduction
L’ouvrage que nous présentons ici est une synthèse dont la singularité est de ne pas se limiter à collecter, résumer et hiérarchiser les travaux antérieurs. Son ambition est de poser une nouvelle problé­matique, qui n’a guère été abordée précédemment sauf par petites touches ou par allusions, mais jamais avec autant d’esprit de suite. C’est aussi une étude de cas : nous traquons, au plus près, tous les processus et déséquilibres sociaux, culturels et politiques qui rendent possible (ou impossible) la circulation complexe de l’exemple anglo-américain des hôpitaux-écoles – structurellement lié aux problèmes de la formation et de la professionnalisation des infirmières – ainsi que les étapes de la greffe du modèle dans la culture française. Le principe de l’hôpital-école a été mis en place après la guerre de Crimée à Londres, par une réformatrice anglaise, puis il s’est diffusé en Angleterre ; on le trouve ensuite à Bordeaux en 1900, puis à Paris, où il se montre dans les toutes premières années du xx e  siècle, après s’être fermement consolidé et fortifié aux États-Unis, particulièrement dans les États de l’Est américain. Dans notre livre, ce suivi est accompagné d’une éva­lua­tion des conséquences de la circulation du modèle sur le change­ment social en France, autrement dit nous posons la question de la réception par la France d’un modèle étranger, en l’occurrence anglo-américain.
Le décret français du 27 juin 1922 – signe de ce changement – émane du ministère de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociales. Il institue en France des brevets de capacité professionnelle permettant de porter le titre d’infirmière diplômée de l’État français. Notre objectif est de mettre une décision aussi peu visible qu’un décret français, sorti un jour de juin 1922 de l’ombre obscure d’un cabinet ministériel, sous un éclairage historique qui mette en valeur sa dimension internationale. Pour cela, il faut s’éloigner de l’histoire écrite du seul point de vue français. Mettre au jour la dynamique anglo-américaine d’un décret français peut sembler un défi ou une façon de céder à une mode, celle de la « nouvelle histoire atlan­tique  1  ». Ce n’est, en fait, ni l’un ni l’autre. L’origine de ce livre remonte à la fin des années 1980. Elle est liée aux développements que connaissait alors l’histoire des femmes en France  2 . Au moment où Nicole Fouché commençait sa recherche sur l’histoire de l’Hôpital américain de Paris  3 dans le cadre d’une recherche plus générale sur les Américains de France, qui constituent un cas très particulier de l’histoire de l’immigration en France  4 , Évelyne Diebolt, historienne et spécialiste française de l’histoire des femmes, avait déjà – en fait dès le début des années 1980 – rencontré des Américaines dans les archives de la Maison de santé protestante de Bordeaux  5 et dans celles de l’Asso­ciation d’hygiène sociale de l’Aisne, dite Association Anne-Morgan  6 . Évelyne Diebolt avait pris contact avec Nicole Fouché pour savoir si l’école d’infirmières de l’Hôpital américain avait été un lieu spéci­fique de transmission des pratiques et des théories infirmières entre Anglaises, Américaines et Françaises ? La réponse fut d’abord hési­tante, mais la nécessité de faire des recherches plus poussées sur les contacts anglo-franco-américains et sur la présence avérée de réformatrices américaines dans les associations médico-sociales fran­çaises était apparue. Un deuxième rapprochement mutuel, sur les bancs du campus de l’uni­versité Stanford, en Cali­fornie, en 1994, scella l’avenir de cet ouvrage car, entre-temps, nous avions, chacune de notre côté, acquis la certi­tude de la pertinence d’une telle recherche.
Des historiennes des femmes se sont intéressées à la profes­sion­nalisation des infirmières françaises – avec peu d’effets historio­graphiques sur la communauté historienne  7 – et surtout sans considérer l’existence du processus atlantique. Or, il nous paraissait de plus en plus clair que les paramètres anglo-américains formaient une dimension importante de la question de la professionnalisation des femmes dans le champ infirmier français. Ils permettaient, par exemple, d’expliquer pourquoi et comment l’Institut de formation de service social de Montrouge, ou l’école de la Maison de santé protes­tante de Bordeaux, ou encore les différents centres de l’Association Anne-Morgan, disséminés dans les villages de l’Aisne, avaient pu se pérenniser et acquérir la visibilité qui est toujours la leur aujourd’hui, aussi bien dans les milieux professionnels que dans les paysages ruraux et urbains.
Mettre au jour l’histoire de la mobilité et du déplacement de modèles féminins nous paraissait essentiel pour l’histoire des femmes et pour l’histoire sociale et culturelle des relations internationales. En France, si l’on observe les processus de féminisation et de profes­sionnalisation des fonctions d’assistante sociale, de biblio­thécaire et de documentaliste, on constate les mêmes types de liens, les mêmes cir­cuits, les mêmes processus de cheminements atlantiques que pour les infirmières ; et, du côté français, des intérêts analogues pour les choix anglo-américains. Au point que, sur le papier, nous avions pensé traiter, sur un mode comparé, de ces quatre secteurs, sous le titre : Naissance de professions féminines en France : infirmières , assis­tantes sociales , bibliothécaires et documentalistes, la tentation anglo-américaine (1850-1969). Dans la pratique, ce projet s’est révélé telle­ment complexe que la clarté du traitement risquait d’en souffrir. Il aurait tourné autour de personnages centraux comme Anne Morgan, « L’ »Américaine de France qui a, entre autres choses, joué un rôle pivot pour importer en France le modèle américain de ces quatre professions féminines. Jusqu’à présent, dans la conscience historique française, les interventions d’Anne Morgan sont restées au niveau de la représentation d’une gentille Américaine riche qui a aimé le doux pays de France et qui a rendu bien des services à une petite minorité de sa population… : une vision désuète et totalement erronée. Quant aux historiens américains, ils sont aussi très discrets sur le sujet. En fait, Anne Morgan est une réformatrice très performante, mais qui n’a pas encore été identifiée comme une personnalité historique d’impor­tance : ni par ses contemporains, ni par les historiennes et historiens amé­ri­cains et français.
En ce qui concerne notre travail, nous sommes déjà dans des relations trilatérales : Angleterre, États-Unis et France. Faire entrer dans le sujet, comme nous en avons éprouvé un moment le désir, des pays francophones comme la Belgique

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