Éclats de voix
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Éclats de voix , livre ebook

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Description

« Voir le monde ! Quel monde ? Celui qu'on rencontre tout au long d'une vie. Directement en face-à-face, ou indirectement. Dans des activités bien différentes. Celui qui, à un moment, attire l'attention du sociologue. Ce sont des événements, des personnes, des gestes qui suscitent une réflexion, une méditation dont on veut se souvenir et garder trace. » Tout au long de sa vie, Luc Albarello a jeté sur le papier ses cris de joie et de haine. À seulement dix-sept ans, il se révolte face à la guerre du Vietnam alors que dans la trentaine, il se retrouvera confronté à la bureaucratie universitaire. Sans aucune compromission, l'auteur partage différents moments de sa vie : on le voit enseigner, voyager, chercher ou encore méditer. Tous ses textes sont à présent réunis dans ces surprenants Éclats de voix et nous entraînent dans un voyage impressionniste à travers le temps, l'histoire et dans des lieux bien différents les uns des autres. Un cheminement erratique, au cours duquel s'est construit, dans une sorte de grand puzzle critique et provocateur, le regard de sociologue de l'auteur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 novembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342164008
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Éclats de voix
Luc Albarello
Publibook

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Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Éclats de voix
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
luc-albarello.publibook.com
 
Remerciements
Ara, Elsa, Danielle, Lalie, Michel, Tom, Philippe ont eu la gentillesse de lire ces réflexions et de me nourrir de leurs avis, de leurs critiques.
Je les en remercie très chaleureusement.
 
Ah ! misérable tête… Tu ne peux donc pas t’empêcher de te livrer avec tes bavardages, comme n’importe quel gamin, comme un vulgaire petit rond-de-cuir, comme le dernier des subalternes, espèce de lavette, chiffon pourri, faiseur de ragots, vieille commère !
Dostoïevski, Le Double
Introduction
Sache voir le monde…
Voir le monde  ! Quel monde ? Celui qu’on rencontre tout au long d’une vie. Directement en face-à-face, ou indirectement. Dans des activités bien différentes. Celui qui, à un moment, attire l’attention du sociologue. Ce sont des événements, des personnes, des gestes qui suscitent une réflexion, une méditation dont on veut se souvenir et garder trace.
Le monde qu’il faut voir , ce ne sont pas des hommes et des femmes dans leur singularité, ce sont des événements, proches ou lointains, des situations politiques, sociales, professionnelles, des activités qui ont lieu, remarquables ou banales, comme des voyages qui nous ont marqués, des rencontres, des découvertes. Enfin, il peut s’agir aussi d’objets, d’artefacts ou d’incidents. Des feuilles qui tombent de leurs arbres, des chevaux qui s’abreuvent à l’eau d’une source, une mer déchaînée qui vous emporte au loin. Tout cela, c’est le monde . Et nos lignes rendent compte, dans une large mesure, de notre représentation du monde . On étale celle-ci sur un bout de papier ou sur son ordi, on note son sentiment, son amour ou sa crainte, son admiration ou sa répulsion, son étonnement ou son écœurement ; on retient une découverte, une rencontre, un échange. On tente de développer, d’y voir clair et de comprendre. Et de repérer, dans le grand cortège de la vie, dans cette sorte de carnaval bricolé, les événements qui provoquent une réaction et qui inspirent une réflexion.
L’important, c’est le regard que le sociologue porte sur l’action et sur l’attitude des uns et des autres, c’est l’oreille qu’il prête aux dires et aux écrits de ceux-ci, le souvenir qu’il accorde aux paroles de ceux-là. Il faut que nous ayons été sollicités, étonnés, scandalisés ou émerveillés.
Quels souvenirs ?
Pratiquer de la sorte suppose que le sociologue soit ouvert aux autres, attentif à ce qui se passe et intéressé par un environnement proche ou plus lointain. Et il faut qu’il choisisse l’un ou l’autre événement parmi les milliers qui lui arrivent quotidiennement. On ne choisit pas le plus important . Surtout pas ! Car les choses importantes , des millions d’autres personnes les auront évoquées et ces faits auront été analysés sous toutes leurs coutures et tout aura été dit, ou presque, à leur propos. Ce qui est déterminant dans notre choix, c’est l’impression que la situation, le fait, la pensée, l’écrit ou la rencontre a produite. Un sentiment particulier et rare a-t-il émergé dans sa propre conscience ? Et voudra-t-on s’en souvenir plus tard ? Une force mystérieuse et inconsciente agit et l’on se sent poussé à écrire quelque chose à partir de ce sentiment.
Il peut se passer plusieurs mois, une ou deux années parfois, avant qu’une telle situation ne se présente. Ou alors, peut-être l’esprit est-il plus sensible à certains moments, l’envie d’écrire est plus forte et il ne se passe plus une semaine sans que l’on soit titillé, touché, secoué par des événements qui se déroulent ou qui ont eu lieu bien avant mais qui reviennent soudain à la mémoire. De la sorte, on peut voir les hommes , même s’il y a aussi le risque de se transformer en faiseur de ragots et en vieille commère, comme l’écrit Dostoïevski dans mon exergue. Tant pis, on assume ! On tente alors d’induire, à partir d’un événement, parfois mineur, une conclusion plus large, une sorte de morale de l’histoire.
Traces de vie
J’ai donc voulu préserver, tout au long de ma vie, des pensées qui me semblaient dignes d’intérêt, un peu originales, celles que j’aurais certainement oubliées si je ne les avais pas conservées en les inscrivant immédiatement quelque part. Dans Belle du Seigneur , Albert Cohen fait dire à son héroïne une idée du même ordre lorsqu’elle conservait précieusement « Quelques autres souvenirs, en vrac et en peu de mots, simplement pour ne pas oublier. Je les développerai dans le roman »… Henri Miller décrivit une même attitude : « Pendant des années et des années, je n’avais cessé d’amasser comme un avare, d’emprunter ceci ou cela à mes maîtres bien-aimés, les cachant comme des trésors… »
Mais de quels souvenirs parlons-nous ? Ceux de nos propres actions et de nos démarches personnelles en tant qu’acteur au sein des systèmes traversés, à travers quelques tranches de vie successives. L’acte d’écrire, c’est de la réflexion, c’est la mise en forme d’une réflexion, une remise en ordre d’idées et la restructuration de celles-ci.
Écrire, c’était aussi la recherche de la cohérence d’une période, d’une histoire, d’une vie. La fonction du sociologue n’est pas seulement de parler ou d’écrire sur mais aussi de vivre des situations sociales et professionnelles diverses. Développer des idées à leur propos, laisser décanter tout cela durant un certain temps, plusieurs années, et ensuite voir ce qui subsiste de tout cela, ce qu’on en retient, ce qui a le plus marqué et qui pourrait présenter quelque intérêt pour un éventuel lecteur intéressé par la vie d’un sociologue. Plus tard, bien plus tard, on aurait produit de la sorte un livre de quelques chapitres que je dénommai les feuillets.
Notre approche
Il pensait ainsi accumuler quelques expériences qui lui avaient semblé intéressantes. Par l’effort d’écrire, il prendrait du recul sur certaines d’entre elles. Modestement, il construirait une sorte de sociologie vécue en retenant un point de vue essentiellement socioprofessionnel et certainement pas psychologique. Sous cet angle, psychologique, d’autres considérations auraient pu être écrites : comprendre ses enfants, aimer sa femme, faire des études, partager des grands moments de bonheur avec ses amis, voir ses propres parents disparaître… Il se sentait peu armé pour décrire ces événements et pas suffisamment outillé pour s’engager dans la périlleuse voie de l’autoanalyse. Les réflexions qui suivent concernent donc davantage les activités professionnelles et le rôle public du sociologue plutôt que les expériences privées de l’auteur même si à divers moments du texte des émotions très personnelles transparaissent.
Il aurait pu adopter un autre point de vue, plus philosophique. S’imaginant être porté par la musique profonde de Mahler et parcourant La Montagne magique de Thomas Mann, il aurait alors esquissé quelques mots et de trop rares réflexions sur le temps qui passe, sur la maladie, la mort, sur le rapport entre la beauté et la rigueur ou à propos de l’esthétisme, de l’utilité ou de la vanité des efforts… Mais sans une formation personnelle adéquate, ceux-ci auraient certainement été dépourvus du moindre intérêt.
Il adopta donc au début de son projet d’écriture l’angle qui lui convenait le mieux et commença à rédiger courageusement et prudemment les bribes d’une première partie. Vous verrez, cher lecteur, qu’il s’agissait de quelques réflexions sur l’action et la militance politiques. Un sociologue fait lui-même partie de la vie sociale et son propre engagement est même souvent le point de départ de son entrée en formation. Un de nos premiers feuillets sera donc consacré à notre expérience particulière dans l’engagement social qui, toujours, contient autant de désillusions que d’espérances .
D’autres paragraphes furent ensuite esquissés. Ils concernaient la recherche en sociologie, la formation des adultes et aussi la gestion d’une initiative privée. Tous évoquaient l’impérieuse nécessité pour le scientifique qu’il était devenu, de chercher toujours et de rechercher encore. Ce n’est que plus tard que lui vint l’idée de décrire quelques épisodes de sa propre vie, ceux que l’on communiquerait éventuellement à d’autres. Ce dernier objectif prit d’ailleurs, au fil des années, une importance de plus en plus grande.
L’auteur singulier ou pluriel ?
L’auteur fut généralement un « je ». Un « je » qui est seul face à lui-même. Qui exprime une joie, une colère, une peine. Ce sont sa joie, sa colère, sa peine à lui. Il les ressent de manière personnelle, singulière.
Mais il fut parfois un « il », ou même un « on », une troisième personne. Comme lorsqu’on parle de soi à la troisième personne. Cela n’est pas prétention, comme on le pense souvent. C’est que, parfois, l’envie de se dédoubler existe, une sorte d’envie de se voir fonctionner de l’extérieur et de se tenir un peu à l’écart de soi-même.
Il s’agira aussi d’un « nous » puisqu’au fond chacun n’existe que par la présence des autres. Ipséité, altérité. Le « nous » est de nature diverse : ce peut être un « nous » très général qui signifie l’ensemble d’une population humaine à laquelle l’auteur se sent appartenir (« nous étions atterrés par ces attentats »). De façon plus spécifique, il peut s’agir de l’organisation dans laquelle on investit une partie de son énergie (« dans notre entreprise, nous poursuivions plusieurs objectifs »). Plus spécifiquement encore, le « nous » est aussi ce groupe très restreint d’amis auxqu

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