Eva , livre ebook

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« Une mission m'est alors apparue clairement ; je devais consacrer ma vie à aider tous ceux qui en avaient besoin ! Mais pour réaliser pleinement cet engagement, je devais aller au-delà des conformismes de la société, au-delà des principes religieux. Je devais faire fi de toute contrainte qui n'était pas essentielle. Je me voulais missionnaire dans tous les sens du mot, missionnaire en terre inconnue, là où nos morales chrétiennes et bourgeoises pouvaient être dépassées. » Dotée d'un caractère bien trempé, Evangélina Péan-Pagès, née Ellis, dite Eva, a fermé la porte à une vie toute tracée. Descendante d'une grande famille, éduquée comme il se doit, elle a choisi de passer outre les convenances de l'ordre moral établi à son époque pour réaliser son destin. Philippe Péan rend hommage à la vie étonnante de sa grand-mère, une femme de foi et d'engagement, véritable héroïne du XXe siècle. Il a été constructeur, navigateur, maire et écrivain. Lui aussi s'est trouvé plusieurs fois face à la mort, mais, comme Eva, son destin a préféré le laisser libre de poursuivre sa route.

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Date de parution

14 juin 2017

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342153927

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Eva
Philippe Péan
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Eva
 
 
 
Ce livre est dédié à la mémoire de tous ceux qui ont connu Eva, à sa descendance et à ceux qu’elle a soignés, accompagnés, aidés, secourus :
notamment à l’hôpital militaire de Bône, aux foyers du soldat d’Ay, d’Avenay, de Strasbourg, de Lille, aux femmes et aux enfants kabyles, touaregs et arabes d’Algérie, aux retraités de Montauban, aux jeunes filles, femmes, hommes et enfants recueillis et sauvés à « Brise des Neiges ».
 
Être femme, c’est d’abord se posséder soi-même pour être libre.
Evangélina Péan-Pagès
 
Avant-propos
Je me suis longtemps demandé pourquoi la vie d’Eva n’avait jamais été rapportée ?
Pourtant, c’était une légende vivante qui était connue bien au-delà de son entourage !
Il y a sans doute quelques raisons à cela : en premier lieu sa vie, aventureuse, débridée, engagée spirituellement comme protestante mais totalement libre amoureusement à une époque, la fin du xix e  siècle, qui réprouvait tout écart de conduite d’une jeune fille de très bonne famille, a-t-elle embarrassé tout prétendant biographe ? Ou peut-être sa modestie allant jusqu’à l’austérité typiquement protestante ? Mais aussi la renommée de son fils Charles qui lui fit de l’ombre ? Quelle que soit la raison de cette absence de biographie c’était un manque évident qu’il fallait combler.
Son petit-fils Edouard Parker, le fils de Maggie, elle-même fille d’Eva, entreprit de réunir les témoignages et la documentation nécessaire à ce qu’Eva soit reconnue «  Juste parmi les nations  » pour avoir sauvé 96 jeunes filles juives entre 1942 et 1945.
C’est ce magnifique travail d’Edouard qui m’a fait prendre conscience de la nécessité d’écrire la biographie de cette grande dame.
Je n’avais, à l’époque, que peu d’éléments pour cette rédaction. Mais il était temps, car presque plus personne ayant connu Eva de son vivant pouvait encore témoigner.
Je décidai donc de me lancer en ayant pleine conscience que cette biographie succincte comporterait de nombreuses erreurs et omissions.
En 2006, parut De deux vies l’une . Ce petit livre très approximatif fut pourtant bénéfique car il permit à plusieurs personnes proches de la famille, ou simplement amies ou historiens de prendre contact avec moi et de m’apporter de nombreuses archives et témoignages qui permirent la rédaction du présent ouvrage.
En particulier, Alan Leach, un cousin issu de germain me communiqua, plusieurs centaines de lettres que Marianne, la mère d’Eva, écrivit à Juliette, sa sœur et qui courent sur plus de vingt ans.
D’autre part, je décidai d’associer à ce travail Marie-Françoise, ma femme, historienne de formation, pour m’aider à reprendre cette biographie en repartant de zéro et avec la rigueur qui m’avait manqué.
Enfin nous fîmes appel à une généalogiste afin de nous aider, là où notre amateurisme se heurtait à la découverte de la vérité.
Je remercie tous ceux qui ont apporté une pierre à l’édifice de ce livre, qui font l’objet d’une citation en fin d’ouvrage.
Nous avons pu réunir de nombreux documents certifiés pour écrire cette biographie, même si quelques périodes restent encore floues.
Pour celles-ci, les faits tangibles et vérifiés ont été complétés par la légende familiale et les souvenirs des uns et des autres. Nous avons pu retrouver aussi quelques articles écrits par Eva dans les journaux de l’Armée du salut.
La question s’est alors posée de savoir si j’écrirais une biographie sèche, avec uniquement des dates, des lieux, des faits, ou si j’introduirais une dimension personnelle et plus intime afin « d’humaniser » un récit qui aurait pu paraître austère et n’aurait pas fait apparaître la personnalité exceptionnelle de cette grande dame.
C’est cette deuxième solution que j’ai choisie pour la raison suivante.
De 1946 à 1950, j’ai vécu les trois mois d’été avec Eva au « Bout du monde », une propriété qu’elle avait achetée aux Portes-en-Ré en 1938.
Mon père nous amenait ma mère, mon frère, mes sœurs et moi au début juillet en vacances, et revenait fin septembre nous rechercher. Eva, elle, arrivait à l’île de Ré à Pâques et repartait fin octobre.
Je pense donc l’avoir suffisamment côtoyée pour apporter à sa biographie une dimension personnelle et même en quelque sorte intime qui pourra peut-être expliquer, du moins en partie, les côtés plus obscurs de sa vie.
Plus de dix ans de travail sur cette biographie ont créé entre les archives de la vie d’Eva et moi une complémentarité qui ne pouvait que porter ses fruits.
J’ai aussi utilisé les souvenirs des uns et des autres afin de combler les quelques vides que les pièces écrites laissaient vacants. Ces souvenirs peuvent être erronés, incomplets ou simplement faux, mais en les recoupant et en les vérifiant, ils m’ont semblé indispensables à la compréhension de la personnalité de cette grande dame.
Enfin, j’ai pris le parti d’écrire à la première personne comme si Eva avait elle-même rédigé ce texte. On pourra me reprocher, à juste raison, d’avoir exprimé des sentiments, des pensées qui n’étaient pas forcément les siennes. Mais c’était la seule façon de faire apparaître la complexité du personnage et ses propres ambiguïtés entre sa vie de protestante, de chrétienne engagée, dont la foi ne peut être remise en question, et sa vie sociale en contradiction avec les dogmes de l’Église.
Eva n’était pas une mamie gâteau, elle ne nous embrassait que rarement, ni ne nous câlinait, pourtant nous l’aimions sans aucune réserve, elle était notre référence, tant par sa vie passée que par son approche quotidienne. Nous étions impressionnés par la femme de devoir, de foi, d’engagement vers les autres qu’elle racontait avec humour le jeudi soir au culte des enfants. Nous apprenions alors ses aventures au Sahara, à Bugeaud, au Luxembourg, en Angleterre, ou pendant les guerres de 14-18 et celle de 39-45. Nous comprenions alors que cette femme était bien plus que notre grand-mère, c’était une héroïne !
C’est donc dans cet esprit, à la fois de rigueur et bien documenté, mais aussi avec le souvenir de sa personnalité que j’ai rédigé ce livre qui retrace la vie étonnante et passionnante d’Eva Péan-Pagès.
Marie-Françoise, quant à elle, rapportera de façon historique et vérifiée, la vie d’Eva qui sera diffusée indépendamment du présent ouvrage.
Philippe Péan
 
I. Éveil à la vie
Je regarde avec intérêt et amusement la partie d’échec, et suis fascinée par l’air concentré de mes fils et petit-fils dont les ombres s’allongent dans le soir naissant. Brusquement, le passé ressurgit comme si la compétition entre ces deux générations issues de mes entrailles avait éclairé l’ensemble de tout ce que j’ai vécu et mon regard se voile.
Qu’ai-je fait de ma vie ?
Mes yeux se tournent vers un passé si rempli, si dense, qu’ils ne peuvent rien embrasser d’immédiat. Ils doivent scruter, chercher, creuser et faire la part entre les ombres et la lumière, entre ce qui doit être tu et enterré et ma présence, mon visage ridé, ma surdité objet de quiproquos qui font rire les enfants.
Je suis une vieille dame qui a gardé son allure altière, et affiche sa sérénité en toutes circonstances. Je porte en bandoulière ma vie ponctuée de «  faits d’armes  » qui ont forgé ma réputation. Les ombres, elles, sont enfouies sous ma carapace. Elles ne hantent que moi.
Philippe, mon petit-fils, se bat vaillamment contre plus fort que lui, il va perdre une fois de plus contre son père et encore de nombreuses parties, mais un jour, c’est lui qui gagnera. La vie n’a aucune considération pour l’âge, les jeunes finissent toujours par gagner. Contre moi, il gagne déjà une fois sur deux. Comme toujours à son âge, il fait trop confiance à sa dame et pas assez à la stratégie d’ensemble. Les fous, les chevaux, les tours et les pions sont son armée, mais à dix ans il ne peut déjà être un général !

Je joue contre mon neveu belge sous le regard de Philippe, mon petit-fils.
C’est l’été, comme chaque année, je réunis autour de moi une famille qui grandit vite. Elle peuple le « Bout du monde », une grande maison achetée pour être un havre de paix. Notre famille cosmopolite, éclatée en Europe et ailleurs, a trouvé ici un lieu où se réunir quelques jours par an, dans un cadre qui donne envie de venir et de rester. Le village des Portes-en-Ré est devenu pour tous la retraite estivale tant attendue. Ce village qui accueille cette grande maison a pris, peu à peu, l’importance de la continuité, de la mémoire familiale, du plaisir de se retrouver chaque été. Chacun repartira mais reviendra, et retrouvera encore et encore cette famille attachée maintenant à un havre de paix nécessaire au tourbillon de l’existence.

La cour intérieure du « Bout du monde » peint en 1949 par Joël Thésard.
Depuis que Charles, mon fils, a assisté à un départ de bagnards de Saint-Martin-de-Ré vers le Guyane en 1929, cette île est entrée dans notre vie familiale et n’en est plus sortie.
La douceur du climat océanique est comme une caresse que j’apprécie, moi qui suis née dans les brumes du Nord.
Le 7 mars 1877, j’ai vu le jour au Luxembourg, au château de Heuhenhoff à Mersch que mon père utilisait comme pavillon de chasse. C’était un endroit merveilleux entouré de forêts profondes. Mais le froid des hivers rigoureux nous obligeait à rester collés aux poêles de faïence allumés dans chaque pièce.
Le climat tempéré de l’île de Ré fait remonter des réminiscences qui ne peuvent quitter mon esprit et me poussent à comparer c

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