Il était une fois Tanger...
200 pages
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Il était une fois Tanger... , livre ebook

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Description

Après une absence d’une quarantaine d’années, un tangérois retourne sur les lieux de son enfance marocaine. L’occasion pour lui de faire resurgir dans son journal, ici retranscrit, les images du Tanger des années 50 à la manière d’un vieil album photo jauni par le temps.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782748372908
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Il était une fois Tanger...
Jean Vega
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Il était une fois Tanger...
 
 
 
A Paquita, avec tout mon amour.
 
 
 
Avant-Propos
 
 
 
Voici deux ans j’ai écrit un roman en espagnol, “EL ÚLTIMO VERANO EN TÁNGER” (“Le dernier Eté à Tanger”). Après sa parution, l’ensemble de mon entourage et de mes amis francophones, ignorant ou maîtrisant mal la langue de Cervantès, m’ont reproché de les avoir privés de la lecture de mes souvenirs de jeunesse.
J’ai eu beau essayer de leur expliquer que mes racines et ma langue maternelle sont espagnoles. Que mon récit, basé sur des souvenirs d’enfance et de jeunesse, fait intervenir des personnages Juifs et Espagnols dialoguant en un espagnol émaillé de mots et d’expressions de “haquettia”. Que ce merveilleux sabir, propre au juif Sefarad, était intraduisible sous peine de lui faire perdre son essence, son esprit, son âme ou, pour employer un terme très andalou, son “duende”. Rien n’y fît.
Pour leur faire plaisir, je me suis enfin décidé à rédiger ces chroniques tangéroises. Dans cet ouvrage je reprends les descriptions des coins typiques du vieux Tanger et, à travers les activités culturelles et sportives qui se déroulèrent au cours des années cinquante, j’essaie de restituer l’ambiance et la vie de la ville pendant cette décade.
Par ailleurs, pour enrichir l’ensemble et surtout combler le vide laissé par l’histoire qui constituait le corps et en même temps le fil conducteur de mon premier roman, j’ai incorporé quelques courts récits et certaines anecdotes qui étaient restés tapis au fond de mon encrier.
Cette façon de procéder permettra également aux lecteurs bilingues ayant lu ma précédente publication de découvrir des histoires et des facettes nouvelles de cette ville à jamais ancrée dans notre cœur. Cette ville qui, telle une drogue, nous envahit pour s’emparer de notre âme et dont l’absence entraîne chez tous les Tangérois un état de manque semblable à celui provoqué par le sevrage chez les toxicomanes. A la longue, on est obligé d’y revenir, comme un assassin sur les lieux du crime, comme à un site de pèlerinage, comme à un ancien amour de jeunesse. C’est alors le bonheur des retrouvailles et la tristesse au moment de la nouvelle rupture.
Puisse la lecture de ces modestes chroniques, réveiller, chez ceux qui connaissent Tanger, les souvenirs d’une enfance ou d’une adolescence heureuse et chez ceux qui n’ont pas eu la chance d’y vivre ou de le fouler, l’envie d’aller lui rendre une visite.
“IN CH’ ALLAH”…
 
 
 
Le Rêve
 
 
 
Hier soir, j’ai rêvé que je revenais à Tanger.
J’ai traversé le Détroit de Gibraltar, survolé la baie et me suis engouffré dans le labyrinthe de la Médina, déguisé en rafale de ce furieux vent d’Est qui règne dans la région.
Sous mes yeux de revenant émerveillé, le dédale tortueux des ruelles, telle une odalisque consentante de Delacroix, s’est dévoilé, impudique. La silhouette d’un gracile minaret, guidant les fidèles vers la prière, comme un phare sur une mer houleuse, émerge de cette platitude grouillante. Le rythme lancinant d’un tambourin accompagne la mélopée monotone de femmes invisibles qui chantent leur ennui, à l’abri des regards indiscrets, dans un patio ombragé.
Le parfum envoûtant du thé à la menthe, mélangé à la fragrance des fleurs d’oranger et aux arômes de la coriandre, du cumin, du safran et du miel, m’a aussitôt assailli.
Agglutinées comme des grappes de fruits multicolores, les boutiques provocantes ont étalé à mes pieds leurs plus beaux atours. Les mille feux du cuivre et de l’argent sont venus m’éblouir, tandis que sous le soleil éclatant, les couleurs chatoyantes des tapis se sont mêlées à l’explosion féerique d’une myriade de caftans et de gandouras ondoyantes tout au long des murs.
Et j’ai refait ce chemin, et j’ai revu mon enfance, lorsque, sac au dos, je partais pour l’école, humant toutes ces senteurs et m’abreuvant de ces couleurs, qui reviennent, longtemps après, bercer mes longues nuits de vieil homme insomniaque.
 
 
 
Le Retour
 
 
 
J’aurais pu choisir un vol Paris/Tanger avec escale à Madrid, mais cela m’aurait privé de l’arrivée par mer et du spectacle de la ville se dévoilant indécente dans la brume lointaine. J’avais quitté Tanger en 1960, à l’âge de trente-huit ans, embarqué sur le bateau d’Algésiras et je gardais encore en mémoire son image splendide, telle que je l’avais admirée pour la dernière fois. La cité, couronnée par le minaret de la mosquée du Grand Zocco et la flèche de la cathédrale espagnole de la rue de Josaphat, s’étalait en pente douce, dégringolait vers la mer, exhibant en même temps la Kasbah et la ville moderne.
J’ai donc opté pour un vol jusqu’à Xérès et profité de ma courte étape pour rendre visite aux Bodegas de Domecq et déguster quelques-uns des meilleurs vins de la région.
Après une journée de repos, un taxi me conduit jusqu’à Algésiras, roulant tout au long de la côte Atlantique. Je demande au chauffeur de faire une courte halte à Tarifa pour admirer quelques instants, au-delà d’un Détroit exceptionnellement calme, la fine ligne grise que les terres marocaines dessinent à l’horizon.
En ce mois de juillet, le port d’Algésiras grouille de monde et de voitures. La masse de Marocains travaillant en Europe vient d’initier l’exode vers son pays d’origine pour y passer ses vacances. Les voitures surchargées, les galeries pliant sous le poids des bagages, s’engouffrent en une marche lente et fumante dans le ventre du ferry.
Je règle mon taxi et, ma petite valise à la main, gravis rapidement la passerelle. Je voyage avec un minimum d’affaires quitte à faire les emplettes nécessaires à Tanger. Je m’installe dans un confortable fauteuil pas loin du bar, commande un whisky et m’apprête à parcourir le journal pendant la première partie de la traversée.
Le bateau part avec une demi-heure de retard. A travers les hublots je repère la masse sombre du rocher de Gibraltar, toujours Anglais malgré les éternelles protestations espagnoles. Le fanion de poupe ondoie sous une légère brise d’ouest et le bateau trace sa route, presque immobile sur une mer miraculeusement plate. A mi-chemin, je plie mon journal et grimpe sur le pont. Accoudé au bastingage de bâbord je peux diviser la pointe du Cap de Malabata et l’ouverture qui mène vers Ceuta.
Je relève l’absence de dauphins qui, comme dans un jeu, avaient l’habitude de nager près des flancs du bateau, faisant la joie des voyageurs et surtout des enfants. En ces temps de pollution ces gais compagnons semblent avoir déserté las parages.
Mes yeux, fatigués par la vaine recherche, se ferment. Sur l’écran noir de mes pupilles voilées, comme dans un vieux film en noir et blanc, les images de ma vie à Tanger commencent à défiler. Les rues, les coins typiques oubliés, les gens peut-être disparus, les anecdotes, les odeurs, les bruits de ma ville se bousculent dans ma mémoire, tentant une sortie groupée à travers un goulot trop étroit. Je rouvre les yeux et tâche de mettre un peu d’ordre dans ce capharnaüm.
 
 
 
Mes Parents Partent vers Tanger
 
 
 
J’avais quatre ans, lorsqu’en 1936 mes parents arrivèrent à Tanger. Ma mère était de Lille et mon père du Havre. Ils s’étaient connus à Paris, à la Faculté de Pharmacie où ils obtinrent ensemble leur diplôme. Ils se marièrent aussitôt et ne disposant pas des fonds nécessaires pour acquérir un fonds de commerce et s’établir à leur compte, débutèrent leur vie professionnelle comme salariés. Mon père dans une importante officine dans le dix-huitième et ma mère dans une coopérative pharmaceutique en banlieue.
Trois ans plus tard, ils réalisèrent que leurs origines modestes et le manque de fonds suffisants leur interdiraient de réaliser le rêve de s’installer à leur compte. Après une courte période de réflexion, ils décidèrent de bénéficier des aides offertes par l’Etat aux professions libérales souhaitant s’installer dans les colonies.
Leur choix se porta sur le Protectorat Français du Maroc. Le climat y était agréable, l’éloignement de la Métropole n’était pas excessif, la langue ne constituait pas un obstacle et les perspectives pour leur profession étaient des plus encourageantes.
Une fois leur décision prise, ils ne traînèrent pas. Leur dossier fut rapidement monté et leurs démarches ne tardèrent pas à être couronnées de succès. Un prêt d’une durée de quinze ans, couvrant leurs frais de voyage, leur installation et l’ouverture d’une officine, leur fut accordé à des conditions très avantageuses. Deux clauses incontournables assortissaient cette aide : l’interdiction d’un remboursement anticipé et l’obligation d’exploiter personnellement le fonds de commerce jusqu’à l’échéance du prêt.
Mes parents s’accommodèrent très facilement de ces deux conditions. Avec moi dans les bras, munis du strict minimum et de leurs maigres économies, ils partirent vers l’aventure après avoir démissionné de leurs emplois respectifs.
En raison de mon jeune âge, je ne garde aucun souvenir de la fabuleuse odyssée que devait constituer, à l’époque, le périple de Paris à Algésiras à travers la France et l’Espagne. Arrivés à ce port espagnol, dernière étape avant le continent africain, le voyageur disposait de deux options. La traversée du Détroit de Gibraltar vers l’enclave espagnole de Ceuta ou vers Tanger, ville internationale régie par un statut spécial. Etant donné que la route reliant le Protectorat Français à Tanger était plus directe et en meilleur état, mon père n’hésita pas sur le choix.
La

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