Isch2 ou l'homme qui voulait sauver l'humanité , livre ebook

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2012

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Un monde de brouillard où tout est gris... Et ses habitants qui semblent s'en satisfaire! Comment est-ce possible? Il faut reprendre l'histoire au tout début pour le savoir. Découvrir un magnifique jardin dont le propriétaire a dû interdire l'accès, parce que ses occupants ont prêté l'oreille aux mauvais discours. Découvrir le plan mis en oeuvre par ce propriétaire pour renouer la relation. Et si cette histoire était un peu la nôtre, celle d’une humanité en quête de sens?
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Date de parution

01 juillet 2012

Nombre de lectures

13

EAN13

9782889135202

Langue

Français

Extrait


On me l’avait dit. Mais le fait de m’y rendre m’a permis de le constater. Vingt kilomètres avant que je n’atteigne le but, le soleil brillait. Il y avait bien ici ou là quelques bancs de brume voilant la clarté du jour, mais rien qui annonce ce que j’ai rencontré par la suite. Entourée de murs épais, la ville se dressait fièrement sur un éperon rocheux. On y accédait par une série de lacets tous plus serrés les uns que les autres. Aujourd’hui, la ville est à la hauteur de sa réputation. Un épais brouillard cache tout. Je suis donc contraint, comme ceux qui me suivent et me précèdent, d’allumer les phares. Le changement d’éclat m’oblige à un changement de comportement. La décontraction ressentie durant les derniers kilomètres fait place à une certaine crispation. D’une part, je ne connais pas bien la route, de l’autre, la visibilité réduite pousse à une attention soutenue. Dans le brouillard, tous les repères s’estompent. Les lignes du panorama, agents de sécurité de la conduite, ont disparu. Toutes les nuances, toutes les couleurs ont viré au gris.


Une fois arrivé je fais connaissance avec le lieu… et les gens qui l’habitent. Je leur fais part de ma rencontre soudaine avec le brouillard et de la surprise qui a été la mienne. Rien d’étonnant pour eux. Le brouillard, disent-ils, c’est leur quotidien. Peut-être pas 24 heures sur 24 ou 365 jours par an, mais presque. Je ne sais pas s’ils le regrettent ou s’ils en ont pris leur parti. Ce qui paraît sûr, en tout cas, c’est que ce n’est plus la lumière mais le brouillard qui, chez eux, est devenu la norme. Marcher ici, c’est marcher à tâtons ou avec un champ de vision limité. Courir, n’en parlons pas! La vue des contours est trop aléatoire pour qu’on s’y risque. Arrivé tôt en début d’après-midi, je suis loin, cependant, d’avoir encore tout vu. Petit à petit, comme partout dans le pays (nous sommes en novembre), le jour décline. Mais, contrairement à ce qui s’observe ailleurs, il n’y a pas ici ce saint respect empreint de courtoisie entre le jour qui décline et la nuit qui survient. On ne passe pas ici du clair au clair-obscur, puis à la nuit. La nuit, déjà présente dans le jour, ne fait, comme une évidence, que le prolonger. Pour autant, le lugubre n’a pas disparu. Il y a, dans les villes au ciel dégagé, de belles nuits, presque aussi belles que le jour. Mais la nuit d’ici n’est pas belle. Elle porte encore sur elle les oripeaux du brouillard, un brouillard qui se moque des falots lumineux des réverbères disséminés le long des rues. «Au fond, me dis-je, ni la nuit ni le jour n’existent vraiment dans cette ville. L’élément véritable, celui qui conditionne tout, est, en fait, le brouillard.»


Je ne ferai qu’un bref séjour dans la cité, mais il me suffira. Ce court passage m’aura rappelé la chance que j’ai de vivre sous le soleil. Un détail, curieusement, m’a frappé. Bien que ce lieu soit remarquable par sa tristesse, ses habitants n’ont cessé de me redire: «C’est ici chez nous!» Ils se sont, semble-t-il, tant habitués au terne et au monochrome qu’ils s’en sont fait une raison. Plus que cela, ils se sont identifiés au lieu. J’ai beau leur parler de mon ici à moi, fait de chaleur, de soleil, de lumière, de contrastes, il a l’air de les laisser indifférents. Je leur précise que mon ici connaît aussi le brouillard, mais que celui-ci n’est pas envahissant comme chez eux, qu’il sait garder raison et se retirer lorsque plus grand que lui arrive. Pourtant, excepté quelques signes de curiosité, personne ne démontre une vraie envie de changer, de quitter son ici pour s’installer dans le mien. Je repartirai de la ville stupéfait, abasourdi! Se peut-il que le brouillard ait aussi éteint, avec la lumière du jour, la flamme qui brille dans les cœurs? La condition dans laquelle se trouve la ville n’est-elle que le reflet de celle, intérieure, de ses habitants? Et si cette cité isolée, autrefois si fière de sa hauteur, était l’image du monde dans lequel je vis? Si, moi aussi, comme beaucoup d’autres, je m’étais tant habitué au flou, au brouillard, que je n’avais plus la nostalgie du goût de la lumière? Et si c’était cela qui faisait que, chaque jour, on côtoie dans nos rues tant de visages si tristes, si désespérés? Si mon ici n’était pas le vrai, celui du bonheur?



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