Jean-Marie Leclair, le violon français assassiné
148 pages
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Jean-Marie Leclair, le violon français assassiné , livre ebook

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Description

« Il venait à peine d'apercevoir une cape noire déposée sur la chaise à sa gauche que brusquement, un homme portant catogan et une forte dague à la main droite bondit devant lui. Jean-Marie eut un geste d'effroi. » Le 23 octobre 1764, Jean-Marie Leclair, violoniste et compositeur au faîte de sa gloire, est retrouvé assassiné de trois coups de couteau dans sa maison. Un crime qui, de nos jours, n'est toujours pas élucidé... Après plus de deux siècles, Michel Lorge nous peint avec un talent inouï la dernière journée d'un artiste trop tôt disparu. Tel un chef d'orchestre, l'auteur dirige d'une main de maître son récit. S'agit-il d'un crime passionnel, d'une rivalité entre artistes ou d'un triste concours de circonstances ? L'auteur nous transporte avec minutie dans le Paris du XVIIIe siècle. Une reconstitution grandeur nature pour un roman digne des meilleures enquêtes policières. Le coupable sera-t-il enfin révélé ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 septembre 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342168020
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Marie Leclair, le violon français assassiné
Michel Lorge
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Jean-Marie Leclair, le violon français assassiné
 
 
À mon épouse, Fabienne, mes chers enfants, Marine, Roman et Coline, avec mes remerciements émus pour leur soutien attentif et leur patience.
Préface de Fabio Biondi 1
Je n’ai pas oublié, en tant que violoniste et interprète, ma première rencontre avec Jean-Marie Leclair. C’était par un après-midi neigeux à Parme durant mes années d’études.
 
Je lisais une anthologie de pièces françaises pour le violon et je cherchais, comme les Italiens le font, à comprendre et à me familiariser avec un style toujours aimé depuis, mais toujours source de discorde entre des langues considérées comme éloignées.
 
Le marché de la musique n’a jamais aidé ; aux Italiens la musique italienne, aux Français la musique française et aux Allemands la musique allemande. Peu d’opportunités ont été données à nous, Italiens, de profiter d’une belle œuvre de Rameau sans qu’une sonate de Corelli interprétée par « un étranger » ne soit critiquée pour son interprétation et son approche.
 
Entre un flocon de neige et une pensée apparut l’illumination… la beauté d’une musique unique, pleine et harmonieusement mélangée dans un style qui rassemble en une portée tant de sagesse dans le style et tant de tolérance. Depuis que Leclair est rentré dans mon cœur, je l’ai interprété et enseigné avec tout l’amour possible.
 
Ce livre nous accompagne dans des parcours différents : un premier parcours cinématographique et passionnant dans lequel les personnages vivent et parlent dans une France qui change constamment de style musical et qui oublie trop rapidement ses précieux enfants (un peu comme une mère fatiguée pour en avoir eu trop). Un second parcours, analytique et fondamental pour comprendre le mystère de la perte du grand maître, offrant l’occasion de délimiter et d’essayer d’expliquer les raisons insupportables de ce phénomène qui, en toutes circonstances, s’appelle la « mort ».
 
Le présent livre ouvre le chapitre délicat de la survivance des compositeurs dans l’histoire de la musique, ce qui passe inévitablement par la question romantique du tourment et de la malédiction. Ce qui nous fait suspecter que la mort prématurée et violente entretient le souvenir de compositeurs comme Pergolèse ou Stradella par exemple (compositeurs qui ont survécu au passage du XIX e  siècle)…
 
Se pose par conséquent, spontanément, la question suivante : « Si notre Jean-Marie Leclair n’avait pas été assassiné, son souvenir aurait-il perduré et avec lui ce livre ? » La réponse est oui… car son héritage reste. Sa musique tellement précieuse, mélancolique et fière, le rend perpétuellement vivant pour l’éternité.
 
 
Fabio Biondi, mars 2017
 
Avant-propos
Tous les personnages repris dans ce récit ont existé, sauf un personnage que vous découvrirez. Cependant, les rôles réellement joués ont parfois été adaptés à l’histoire. L’assassin me semble être la personne qui commit effectivement le crime, ou plutôt l’assassinat, car il s’agit ici d’un meurtre avec préméditation.
 
L’ouvrage comprend deux parties, une première qui constitue le récit historique romancé de la dernière journée de Jean-Marie Leclair et de la courte enquête qui fut menée ensuite.
Une seconde partie, qui vise l’enquête au sens juridique et judiciaire du terme, basée sur le dossier répressif de l’époque ainsi que sur certains documents notariés retrouvés aux Archives nationales de France et aux archives de l’Arsenal à Paris.
J’ai également pu compter sur les avis éclairés d’experts, comme le docteur Serge Goffinet, psychiatre, ainsi qu’un commissaire de police que la discrétion m’amènera à ne pas vous identifier. Ceci m’a permis de cerner mieux encore la personnalité de l’assassin.
 
Le présent ouvrage n’a pas de portée musicale ou musicologique comme d’autres ont, magnifiquement, analysé l’œuvre musicale et créatrice de Jean-Marie Leclair. Le présent ouvrage a une modeste portée romanesque dans un premier temps et d’analyse juridique et psychologique du crime dans un second temps.
 
Ce récit a été entamé en juillet 2015 à la Casa da Cuqueira, bâtisse du XVII e  siècle à Veira do Minho dans le nord du Portugal 2 . Jean-Marie Leclair ne devait certainement pas connaître le maître des lieux ni même en soupçonner son existence…
 
De cette époque remontent et sonnent des airs espagnols, portugais et italiens de Folia, les entendez-vous ? Entendez-vous ce thème envoûtant, léger et tellement généreux à la fois ? Entendez-vous La Folia de notre monde ?
Première partie  L’assassinat de Jean-Marie Leclair l’aîné
Au soir du matin – Chez Guersan
« Enfin mon cher, vous voilà enfin décidé ! Vous n’aurez à vous occuper de rien, monsieur Colombier se chargera du tout et du transport de vos effets et de vos meubles. Vous me voyez ravi, oui ravi d’entendre votre décision, mon cher ami ! »
 
Quel soulagement, enfin !
 
Voici des années maintenant que le duc de Gramont tentait, en vain, de convaincre Jean-Marie Leclair, son premier violon et maître de musique, de s’installer chez lui à demeure. Jean-Marie Leclair, qui avait été musicien du roi Louis le quinzième, était malgré ses soixante-sept ans encore de nature à impressionner tout musicien même jeune, par son jeu, toujours vif et brillant, et par ses compositions qui alliaient le meilleur de l’italien et du français.
 
Un vrai caractère, ce Leclair, peu commode, quelque peu « entier », ses compositions et leurs croches formaient autant d’anicroches avec ses semblables… Ne disait-on pas de lui qu’il était un vrai loup solitaire perdu dans Paris !
 
Sa maison, acquise quelques années auparavant à la suite de son retour de la Cour de Hollande, rue Carême Prenant, constituait en soi une sorte de retraite certes, mais bien mal famée…
Étrange, bien étrange pour quelqu’un qui avait quelques années plus tôt passé un temps de sa vie à Amsterdam ou en divers endroits en Europe. En Hollande, il avait partagé la célébrité avec son ami violoniste, virtuose comme lui, Pietro Locatelli 3 .
Celui-ci avait quitté ce monde et celui de la musique quelques mois plus tôt.
 
En ce matin du lundi 22 octobre 1764, notre homme s’était levé de bonne heure sur les 6 heures quand un rouge-gorge, en mal d’été et de lumière, entra par la fenêtre du petit vestibule, près de la porte d’entrée. Comme à son habitude, Jean-Marie Leclair n’avait rien vu !
 
Il est vrai que pour ce qui était de voir… Jean-Marie Leclair l’aîné entendait mieux qu’il ne voyait…
 
Cela faisait maintenant quelques jours, quelques semaines, Jean-Marie ne savait plus lui-même, que ses côtes au côté gauche dans le haut le faisaient affreusement souffrir ! Un matin, en quittant sa chambre et en descendant l’escalier de très bonne heure, pourtant lentement, il s’était pris les pieds l’un devant l’autre et avait lourdement déboulé au bas de l’escalier, son torse ayant probablement dû heurter avec force la rampe gauche dans sa chute. Depuis, il souffrait d’un mal de gueux au niveau de ses côtes gauches, particulièrement quand il voulait respirer à fond. Un ami médecin, le docteur De Ergste, d’origine hollandaise, lui avait bien prescrit quelque pommade miracle, mais c’était surtout de repos dont Jean-Marie avait besoin, mais cela, c’était beaucoup lui demander. Voilà soixante-sept ans qu’il avait vu le jour et voilà soixante-sept ans qu’il bougeait tout le temps. Le lit, c’était pour les morts et les infirmes. Cent fois il avait repassé la chute dans sa tête et cent fois il ne s’en expliquait pas la cause, enfin… il ne voulait à aucun moment reconnaître et convenir qu’il en était le seul responsable. Il aimait oublier que pour faire l’économie d’un bout de chandelle, il était descendu sans lumière dans la noirceur de la nuit !
 
À son âge, n’était-ce ce petit handicap costal momentané, Jean-Marie avait encore belle allure, sans le moindre excès pondéral, il en assurait, malgré une taille modeste et des bobos aux dents, mais qui n’en avait pas ? Il ne semblait souffrir d’aucune pathologie létale et mangeait et buvait à souhait. Avec son teint souvent hâlé, ses yeux verts et ses cheveux gris, il paraissait, chose rare pour l’époque, plus jeune que son âge.
 
Depuis plusieurs jours maintenant, son violon « zinguait 4  ».
Ce qui le rendait nerveux et presque fou… Il irait voir Guersan, son luthier, après tout c’est Guersan 5 qui avait fabriqué ce violon voici une douzaine d’années.
À lui de trouver la solution « non mais… ! » Dans son style bien à lui, Jean-Marie Leclair ne pouvait imaginer, ne fût-ce qu’un instant, qu’il puisse être responsable de ce petit bruit insupportable et persistant !
 
L’oiseau n’était toujours pas ressorti ; Leclair n’y faisait d’ailleurs aucunement attention.
 
Il prit son violon, afin, encore une fois, de tenter de comprendre pourquoi il « zinguait » ? Ce bruit n’apparaissait qu’en première et seconde position, pas au-delà ? Un appel venu du dehors le rappela au monde des vivants. « Oh, Oh ! monsieur Leclair… Jean-Marie… vous êtes là… ? »
 
Dame Nigotte était sur le pas de la porte, elle apportait du lait frais du matin et un quart de miche de pain.
 
L’oiseau en profita pour s’échapper, enfin… Leclair, lui, n’avait, encore une fois, rien vu.
 
« Alors, monsieur Leclair, ces clefs, vous les avez retrouvées ?
 
— Non pardi, cela fait huit jours maintenant, je pensais les av

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