L Affaire Rey-Maupin
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L'Affaire Rey-Maupin , livre ebook

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Description

« Contrairement à tout ce qu'on a pu dire et lire, cette histoire, l'histoire de cette gamine, ne commence pas avec son coup de foudre pour Audry Maupin. Elle débute dès l'enfance. Car Florence Rey n'est pas seulement la petite fille bercée par le bonheur paisible d'une scolarité sans tache. » L'affaire Rey-Maupin est un fait divers qui avait sidéré la France entière. L'épopée meurtrière de Florence Rey et Audry Maupin se termina de façon tragique le 4 octobre 1994 par la mort de cinq personnes : trois policiers, un chauffeur de taxi mais également Audry Maupin. Le fait divers passionne immédiatement, notamment en raison de la violence, de la jeunesse et de la personnalité des protagonistes présentés comme des révolutionnaires anarchistes. Avant ce bain de sang, Florence Rey et Audry Maupin n'avaient jamais fait parler d'eux. Mais étaient-ils pour autant des jeunes gens ordinaires ? Pascal dague revient avec brio sur le parcours de celle qui fut surnommée par la presse la Tueuse née et la Tueuse de flics dans un récit endiablé, à couper le souffle, digne des plus grands thrillers.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342166477
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Affaire Rey-Maupin
Pascal Dague
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Affaire Rey-Maupin
 
 
Parce qu’il est illusoire de croire
Qu’un simple rêve peut remplacer le manque d’amour…
Avant-propos
L’affaire Rey-Maupin est un fait divers qui a eu lieu en région parisienne le mardi 4 octobre 1994, marquant les esprits par sa violence, la jeunesse des protagonistes, leurs personnalités (en particulier pour le silence de Florence Rey), le mystère qui l’entoure ainsi que par ses possibles motivations politiques. Florence Rey et Audry Maupin ont été présentés comme des révolutionnaires anarchistes ou du moins des militants proches de cette mouvance.
 
Florence Rey fut surnommée par la presse la Tueuse née et la Tueuse de flics. La fascination qu’elle exerça est surtout liée, pour une grande part, à sa photographie d’identité judiciaire qui la présente apparemment impassible, les bras croisés, le regard vide et défiant, avec une légère écorchure sur la joue droite. Ce fait divers a relancé le débat sur la peine de mort en France.
 
Florence Rey et Audry Maupin n’avaient jamais fait parler d’eux. Mais étaient-ils pour autant des jeunes gens ordinaires ? Ce qui est sûr, c’est que depuis bien longtemps, la capitale n’avait pas connu un tel bain de sang.
-   Chapitre 1 -
Avant de rencontrer Audry Maupin, Florence Rey, née le 27 août 1975, vivait sagement chez ses parents, dans un immeuble de la cité du Val d’Argent à Argenteuil. Son enfance est marquée par les hallucinations de Jean, son père, ancien plombier, atteint de schizophrénie et déclaré invalide depuis plus de quinze ans, victime de processus délirants, selon les spécialistes. Il souffre d’une maladie mentale grave et il entend des voix. Des voix qui le poursuivent, le persécutent à longueur de journée. Quelques séjours en établissement psychiatrique et un traitement de cheval aux neuroleptiques n’ont pas arrangé son cas. Les voix profèrent toujours de nouvelles menaces : Maudite soit ta race, maudit soit ton peuple, maudite soit ta famille, crève, salope !
 
Pour essayer de contrôler le phénomène, le père de Florence a sa technique, il reste vautré du matin au soir sur le canapé du salon.
— Il faut une vie stable, affirme-t-il, il ne faut pas bouger.
Quand sa fille lui parle d’indépendance, il la traite de traînée ! Plus tard, quand il apprendra son arrestation, il bondira du canapé :
— Ils sont contents ! Ils ne m’ont pas eu, moi… Ils ont eu Florence !
Ils  ? Les agents persécuteurs… Cette gamine a grandi entre un père dévoré par ses démons et Anne-Marie sa mère, institutrice. Obnubilée par le souci de la respectabilité et la sauvegarde des apparences. Tandis que son mari reste cloîtré à la maison, Anne-Marie donne le change et se bat, seule, sur le front du monde extérieur. Elle a pris le foyer en main à grand renfort d’éclats de voix. Ceux qui la connaissent bien parlent d’une mère protectrice, mais aussi d’une femme nerveuse, autoritaire et rigide. Une ancienne camarade de Florence brossera devant les policiers un tableau de famille bien différent du cocon presque douillet décrit ici et là :
 
— Pour Florence, c’était plutôt dur. Il y avait des scènes assez violentes avec son père et avec sa mère, on ne pouvait pas vraiment parler.
 
Florence ne s’est jamais attardée sur le sujet. Elle a toujours évoqué ses parents avec beaucoup de réticence. Anne-Marie interdit les sorties, emmène sa fille à l’église tous les dimanches, rêve pour Florence de belles fréquentations, de ceux qui croient en Dieu, évidemment. Ainsi va la vie chez les Rey.
 
Jusqu’à la terminale, au lycée Romain Rolland, Florence s’était montrée une élève brillante, douée (elle obtient même son bac D, en 1991). Selon ses camarades de classe, elle était douce, serviable et extrêmement timide. Intelligente, vive, travailleuse… Contrairement à tout ce qu’on a pu dire et lire, cette histoire, l’histoire de cette gamine, ne commence pas avec son coup de foudre pour Audry Maupin. Elle débute dès l’enfance. Car Florence Rey n’est pas seulement la petite fille bercée par le bonheur paisible d’une scolarité sans tache. À l’école, elle collectionne les récompenses. Chaque trimestre, une pluie d’appréciations élogieuses s’abat sur son carnet de notes.
— Une élève à qui l’on peut prédire, sans crainte de se tromper, un avenir clair et serein, ira jusqu’à préciser son professeur d’Anglais.
 
Mais voilà, tout n’est pas aussi rose qu’il n’y paraît. Florence aime tout ce qui l’isole et l’éloigne d’une vie de famille qui a viré dans la folie depuis bien longtemps. Elle aimait la nature et était passionnée par la littérature. Aucun des portraits hâtifs faits d’elle par la suite ne colle avec le parcours de cette étudiante malléable et réservée. De cette gamine vaguement rebelle et follement amoureuse…
 
Florence Rey a 18 ans lorsqu’elle fait la connaissance d’Audry Maupin, son premier amour. De sa rencontre avec Audry, Florence en parle comme d’une vision :
 
— Il était plus vieux, plus équilibré… Je ne pensais pas qu’il pouvait s’intéresser à moi.
 
Il est beau comme un dieu, romantique. Il est étudiant en deuxième année de philosophie à l’université de Nanterre. Ses lectures le portent vers Platon, Nietzsche ou Hegel, mais également vers les penseurs anarchistes et situationnistes. Les œuvres de Bakounine semblent avoir une grande influence sur lui, rêve d’absolu. La jeune fille modèle, qui étouffait dans son carcan familial, se découvre une nouvelle vie. Elle se découvre aussi un nouveau foyer. Les parents d’Audry, Chantal et Bernard, ouvriers syndicalistes, anciens soixante-huitards, l’ont tout de suite adoptée. Elle les trouve ouverts, joyeux, tolérants, tout ce que n’ont jamais été les siens. Ses parents ne rencontreront jamais son petit ami. Très vite, Florence ne repasse plus à Argenteuil que pour apporter son linge sale, une fois par semaine. Ceux qui ont connu Audry le décrivent comme un garçon timide et sage. Pas de drogue, ni d’alcool. C’est un fou de varappe et cette passion, il la fait partager à Florence. D’ailleurs, on peut les voir s’entraîner dans la forêt de Fontainebleau. Florence puise dans ses certitudes le remède à sa propre timidité. Avec lui, elle se sent forte. Quand il l’initie à l’escalade, elle s’encorde à lui avec une confiance aveugle et s’évade vers des sommets :
— C’est agréable de grimper dans une dépendance mutuelle, explique-t-elle. C’est une façon de se mettre, l’un et l’autre, à l’épreuve. On ne croit pas qu’on va y arriver, et puis on y arrive.
 
Audry n’a pas son pareil pour la pousser dans ses ultimes retranchements. Florence n’avait jamais chaussé de ski de sa vie. Qu’à cela ne tienne, lors d’un séjour à Val Thorens, il l’emmène directement sur les pistes noires. Décide-t-il que Florence est trop discrète, pas assez sûre d’elle en public ? Il la bombarde rapporteuse de l’assemblée générale du club d’escalade. Tout se passe comme s’il n’avait qu’une seule idée fixe ; la hisser sur le devant de la scène. Plus tard, une semaine avant leur équipée sauvage, c’est encore elle qui sera chargée de se procurer, sous une fausse identité, un fusil à pompe, de marque Mossberg, calibre 12, au rayon chasse de la Samaritaine. Ce jour-là, Audry Maupin se trouvait, lui aussi, dans le magasin. Un peu à l’écart. Afin de l’encourager du regard.

En 1993, Florence Rey interrompt ses études, qui étaient pourtant prometteuses. Elle laisse tomber la fac de médecine :
— C’est difficile, les malades… J’avais pas envie de penser à des choses tristes.
 
Elle s’essaie aux lettres modernes, à Jussieu, mais elle n’insiste pas. Son amour pour Audry lui brouille l’esprit. Elle n’a que lui en tête :
— Avant, j’avais déjà du mal à me concentrer. Mais là…
 
Les réflexions désabusées d’Audry Maupin sur la société, les questions existentielles qu’il se pose en permanence ont raison de ce qu’elle appelle ses principes petits-bourgeois . Elle décide de prendre une année sabbatique :
 
— J’ai pensé que je pouvais devenir autodidacte, dit-elle naïvement.
Puis le couple s’est installé dans la piaule d’Audry, à la cité universitaire de Nanterre. Nous sommes en janvier 1994. Audry commence à couper les ponts avec ses parents. En mars, il plaque lui aussi ses cours à la fac et décrète qu’il planchera désormais sur la philo à la bibliothèque. Quelques jours plus tard. Audry Maupin est renvoyé d’un petit job d’animateur sportif à la ville de Paris pour incitation de mineurs à la débauche, selon le rapport administratif. Aux mômes qui s’initiaient à l’escalade, il a matraqué d’étonnantes théories sur l’hypocrisie des rapports sexuels entre les grandes personnes et les enfants. Cette situation n’arrange pas les finances du couple. Mais Audry s’en balance. Il a toujours affirmé qu’il ne voulait pas travailler pour le système. Au début de l’été, ils s’approprient un pavillon voué aux bulldozers, en bordure de l’A86, à Nanterre. Les premières semaines défilent dans une ambiance bon enfant. Il fait beau, il fait chaud. Audry passe et repasse le CD des Rita Mitsouko, Les histoires d’amours finissent mal, en généraaal…
 
Ils passent l’essentiel de leur temps en interminables bavardages, avec des copains dont certains, comme Abdelhakim Dekhar (dit Toumi), appartiennent à la mouvance autonome. Audry adore, raffole de ces assauts dialectiques. Le soir, les squatteurs des environs se retrouvent chez Florence et Audry. Les soirées s’écoulent à refaire le monde jusqu’à l’a

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