L Or d Angela Prescott
282 pages
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L'Or d'Angela Prescott , livre ebook

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Description

« Le juge s'était éclairci la voix avant d'énoncer son verdict : "Angela Prescott, les faits de vol à l'étalage d'un pain et d'une couverture qui vous sont reprochés étant établis, vous êtes condamnée à 10 ans de transportation. Vous resterez dans votre prison actuelle jusqu'à votre départ effectif vers le lieu de votre transportation." » 1787. Les prisons anglaises débordent. « Transporter » certains des nombreux condamnés jusqu'en Australie, terre lointaine nouvellement revendiquée par l'Empire britannique, apparaît à la Couronne comme le meilleur moyen de lutter contre le surpeuplement carcéral. C'est ainsi qu'Angela Prescott se voit emmenée de Portsmouth à Sydney Cove, à l'autre bout du monde. Le voyage d'Angela débute à bord du Lady Penrhyn. Elle y subit les assauts d'un officier sans foi ni loi mais y noue aussi de forts liens d'amitié avec une autre détenue, Fanny Doe. Peu après l'arrivée du navire à Sydney Cove, Angela se retrouve seule, abandonnée, dans les Montagnes Bleues où une nouvelle vie va commencer pour elle. L'Or d'Angela Prescott nous fait découvrir le destin hors du commun d'une héroïne charismatique dont on suit les dramatiques aventures australiennes sans en perdre une seule miette. Jean-François Mattei nous emporte avec délice et virtuosité dans un autre siècle. Découvertes, émotions et sensations fortes en perspective !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342166958
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Or d'Angela Prescott
Jean-François Mattei
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Or d'Angela Prescott
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet
jean-françois-mattei.publibook.com
-I- Portsmo uth, 1787
-1-
Devant Portsmouth, dans la lumière blafarde de l’aube, apparaît peu à peu chaque matin, bien souvent sur un fond gris de mer et de ciel, une sinistre tache noire. Elle est comme une tache d’encre incongrue et maladroite laissée sur l’horizon. Dans le jour qui monte, la forme et la nature de la tache se précisent : ses contours sont ceux de la coque d’un vaisseau fantôme enlisé dans la vase malodorante qu’à marée basse la mer découvre. Tous ceux qui, très tôt, viennent travailler sur le port pour y gagner à grand-peine de quoi survivre jusqu’au lendemain ne peuvent s’empêcher de porter chaque fois leur regard sur cette terrifiante tache noire que la lumière façonne ensuite en vaisseau du diable. Ils savent que des hommes sont prisonniers de cette épave noircie et connaissent en ses flancs un sort bien plus misérable encore que le leur. Les corps maltraités des prisonniers de la tache noire sont encore vivants. Ce sont leurs espoirs que l’on a condamnés à mort. Leurs âmes sont déjà mortes.
La coque noircie et délabrée est celle d’un ancien navire de guerre désarmé et démâté avant d’être transformé en prison flottante. D’autres taches noires existent à Plymouth ou à Chatham. On entasse dans ces coques réduites à l’état de pontons immobiles des condamnés devenus trop nombreux pour qu’on puisse les enfermer tous dans les prisons de pierre de la terre ferme.
Les conditions de vie dans les prisons de pierre sont terrifiantes mais bien loin toutefois dans l’horreur derrière la cruauté qui régit la misérable existence des prisonniers des pontons, entassés dans ces coques pourrissantes et exiguës. La longueur de la tache noire ne dépasse guère 50 mètres. Sa largeur est inférieure à 15 mètres. Selon les normes de l’architecture navale militaire de l’époque, cet ancien navire de guerre possède, en plus d’une cale et d’un faux-pont, deux batteries où étaient installés les canons maintenant retirés. Dans la première batterie vivent les gardiens. Le gaillard d’arrière est réservé au commandant du ponton et à sa famille. Les prisonniers sont confinés par centaines, dans la deuxième batterie et le faux-pont, dans une inhumaine promiscuité. Dans le faux-pont, la hauteur libre, entre les poutres, n’atteint pas le mètre et demi. Sous les poutres, la hauteur est encore plus réduite. La position debout est impossible et l’exiguïté du lieu rend la position couchée tout aussi difficile. Exiguïté et entassement sont tels que chacun dort, ou tente de dormir, la tête entre les pieds d’un autre et en laissant lui-même ses pieds écartés pour qu’un autre encore trouve là où poser sa tête. Respiré encore et encore par autant de poumons, l’air ici n’est plus qu’un immonde gaz vicié parfois incapable d’apporter aux chandelles la quantité d’oxygène qui leur permettrait d’éclairer un peu cet espace infernal. La seule façon d’aérer un peu est d’ouvrir les sabords mais le renouvellement est bien insuffisant pour que puisse être complètement évitée la mort par asphyxie de nombreux prisonniers. Il existe bien une « promenade » consistant à monter sur le pont – pour venir s’y entasser – par une échelle qu’on ne peut gravir qu’un par un. Bouger, marcher n’est pas possible mais il faut profiter de la « promenade » pour s’emplir les poumons d’un air plus pur.
Il ne faut pas croire que tous ces prisonniers ont commis les pires crimes. Ce ne sont presque tous que de petits voleurs lourdement condamnés à de longues peines d’emprisonnement… qui pourtant sont le résultat d’une certaine clémence des juges ! Pour certains délits tels que le vol à l’étalage ou, dans un tout autre domaine, l’abattage d’un arbre situé sur des terres appartenant à une famille qui a de la branche, la loi ne prévoit pas moins que la peine de mort. Elle a été, dans les années qui ont suivi sa promulgation, appliquée avec la plus grande rigueur et sans jamais vouloir retenir comme circonstances atténuantes le niveau d’extrême pauvreté et de dénuement dans lequel vivait le peuple qui, objectivement, n’avait très souvent d’autre moyen que le vol pour apaiser sa faim ou se couvrir de quelque vêtement. Avec le temps les juges se sont quelque peu lassés de ce pouvoir de vie ou de mort qu’on leur avait donné. Certains sont même allés jusqu’à s’émouvoir de l’hécatombe légale dont ils étaient les artisans et ont introduit dans leurs sentences quelques habiles nuances, prenant en considération non pas le seul vol mais également la valeur de ce qui avait été volé et sous-estimant souvent celle-ci pour justifier leur décision de condamner l’accusé non pas à mort mais seulement à une lourde peine de prison. Selon la jurisprudence ainsi établie, celui qui volait un œuf allait moisir en prison et celui qui volait un bœuf était pendu. La conséquence heureuse de cette approche économique des crimes de vol à l’étalage fut la forte diminution du nombre des pendus mais elle eut pour contrepartie une telle croissance du nombre de ceux à mettre en prison qu’il fallut se montrer imaginatif pour trouver où enfermer tout ce monde-là. Quand l’Anglais veut être imaginatif, il se tourne volontiers vers la mer. Ainsi naquit l’idée des pontons prisons où, faute de place à terre, on enfermerait prisonniers et prisonnières voleurs de pain ou de tissu.
 
* * *
 
Quand les pontons furent pleins, l’Anglais regarda à nouveau vers la mer… mais plus loin ! L’idée d’envoyer les «  convicts  » jusque dans les colonies américaines germa, en prenant cependant quelques précautions : outre les gens du petit peuple, la population carcérale comptait des agitateurs politiques auxquels il était avisé de ne pas fournir en Amérique un terrain d’expression.
En 1783 cette « transportation » des prisonniers vers les colonies nord-américaines cessa du fait de la toute nouvelle indépendance de celles-ci. En quête d’une idée de substitution, l’Anglais se tourna derechef vers la mer qui, de ses flots les plus lointains, fit émerger une solution australe.
En avril 1770, le HMS Endeavour de James Cook était arrivé en vue de la façade est du continent australien. Après avoir longé la côte, du sud vers le nord, il avait décidé de débarquer dans une vaste baie – qu’il appela Botany Bay – située dans le périmètre de l’actuelle Sydney. Tout Anglais qui débarque sur une terre nouvelle a génétiquement tendance à croire que cette terre a été mise là par le Seigneur pour appartenir un jour à la Couronne. En débarquant, Cook avait bien remarqué quelques silhouettes humaines observant son arrivée à distance prudente mais quelques coups de mousquet tirés en l’air avaient suffi à les faire disparaître. Auparavant les silhouettes avaient jeté, sans atteindre personne, quelques lances vers ces êtres bizarres qui trouvaient opportun d’envoyer du feu vers le ciel. À ces êtres venus de la mer et au comportement si étrange, les silhouettes en fuite allaient très vite devoir leur rattachement à l’Empire britannique, événement dont, en ces instants, la portée leur échappait complètement. Cook décréta en effet sans perdre de temps que la terre sur laquelle il venait de mettre le pied était maintenant terre anglaise et prenait le nom de New South Wales.
 
* * *
 
Voyageait avec Cook en 1770 un éminent botaniste, Joseph Banks, qui fut absolument émerveillé par la flore et la faune de l’est australien. En 1784, après la perte des colonies d’Amérique, il proposa la « transportation » des prisonniers vers les terres australiennes. Son idée dépassait le simple objectif de vider les prisons. Elle était à la fois plus ambitieuse et plus généreuse. Il proposait de transformer des «  convicts  » désespérés en membres d’une colonie de peuplement. Sur cette terre australe, lointaine mais neuve et magnifique, ces pauvres gens auraient l’occasion de se construire une nouvelle vie après avoir purgé leur peine. L’hypothèse de Joseph Banks était qu’une fois en Australie les ex- convicts y resteraient jusqu’à leur mort. Le vol d’un pain valait sept années de « transportation » mais, une fois sa liberté retrouvée si loin de l’Angleterre, que pouvait faire le « transporté » ? Revenir en Grande-Bretagne ? Comment et pourquoi ? Pour y retrouver une vie misérable et risquer une nouvelle condamnation ? Non. Mieux valait pour lui rester en Australie et chercher à s’y reconstruire une vie !
New South Wales allait devenir une terre de peuplement et d’espoir nouveau, une terre d’avenir où chaque «  convict  » deviendrait un homme libre voyant s’ouvrir devant lui la perspective d’une vie dure mais décente.
-2-
Le gouvernement de sa majesté prit en août 1786 la décision de donner une suite favorable à la proposition de Joseph Banks. L’organisation de la première transportation fut confiée au ministre de l’Intérieur, Lord Sydney, et à son assistant Evan Nepean. Un courtier maritime, William Richards, obtint un contrat au titre duquel il rassemblerait pour l’expédition une flotte équipée pour ce très long voyage. 11 vaisseaux furent ainsi rassemblés. Le départ de cette flotte avait été initialement prévu dès octobre 1786 mais les 11 navires qui constituaient la First Fleet ne quittèrent réellement Portsmouth que le 13 mai 1787, en retard et pourtant dans un état de préparation encore très incomplet. Le capitaine Arthur Phillip était le chef de l’expédition. La nomination de ce pet

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