La Guerre des brebis
190 pages
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La Guerre des brebis , livre ebook

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Description

Rentrée des classes 2004 : la nouvelle loi interdisant le voile islamique dans les écoles entre en vigueur. Certaines jeunes filles musulmanes refusent de retirer leur foulard et se voient contraintes de rentrer chez elles. L’une d’entre elles, Ulma, écrit dans la soirée un court texte revendiquant la liberté pour les jeunes filles françaises de porter le vêtement qu'elles désirent et le lit le lendemain matin à un groupe d’adolescentes et de journalistes massés devant son collège. L’intelligence et la finesse du propos de la jeune Ulma stupéfient l’assistance. Tandis qu’un des journalistes récupère le texte pour le publier, les jeunes musulmanes présentes suivent sa rédactrice en scandant « Ulma, liberté ! » Un vaste mouvement s’ébranle alors...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748380897
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Guerre des brebis
Christian Borromée
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Guerre des brebis
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Paris, automne 2004.
Ulma était une jeune fille française de quatorze ans, dont les parents étaient installés en France depuis longtemps. La famille suivait les préceptes de l’Islam et le père d’Ulma se rendait régulièrement à la Mosquée.
 
Il demandait à sa fille de porter le voile, ou au moins un foulard, quand elle sortait.
 
« Tu suis des préceptes, plus actuels qu’ancestraux, qui ne doivent pas restreindre tes choix d’avenir. Je ne te contraindrai pas à prendre untel pour époux. Ce ne sera pas totalement réciproque. Tu ne dois pas épouser n’importe qui. Ce que nous surveillerons, ensemble, ce seront tes fréquentations.
 
Il y a une autre raison au port d’un foulard ou d’un voile. Le seul fait que tu le portes montre à tous que tu n’es pas une jeune fille avec qui l’on peut s’amuser. Tu me comprends ? »
 
Ulma l’avait compris et avait accepté la demande de son père. Elle sentait sur elle des regards interrogateurs, quelquefois moqueurs, jamais égrillards. Dans le quartier où ils vivaient, Ulma se rendait compte de cette protection. Elle se disait cependant qu’un simple morceau de tissus n’empêcherait rien si elle tombait sur des voyous décidés. Son foulard ou son voile tenait lieu de protection autant que ce serait admis par tous. Elle n’avait qu’un frère, un peu plus jeune qu’elle, ce qui ne représentait pas une éventuelle force de représailles.
 
Ulma n’avait guère eu de problèmes avec sa tenue. Elle riait souvent de l’importance que les hommes pouvaient donner à ce bout de tissus mis sur la tête. Elle comprenait que, pour les hommes, musulmans ou non, le petit bout de tissus était un chiffon politique qu’ils agitaient pour mieux enflammer leurs querelles.
 
Les religieuses catholiques, et même certaines laïques, portaient un voile ; quelques protestantes, rares, elle le savait ; l’Armée du Salut avait une casquette, les Magistrats des chapeaux de cuisiniers ! Il ne fallait pas oublier la mantille qui se portait toujours chez les catholiques.
 
Ulma riait encore plus en se demandant ce qui se passerait si, dans un endroit où ce serait bientôt interdit par la loi, un foulard d’Hermès quittait le cou d’une jeune fille pour se poser sur sa tête !
 
Ulma tirait comme conclusion qu’il fallait un symbole aux hommes pour continuer à se battre les uns contre les autres.
 
Ulma avait enlevé son foulard quand on le lui avait demandé poliment. Son jeune âge l’avait fait céder devant des demandes exprimées comme des ordres ou avec hargne et mépris.
 
Beaucoup de jeunes filles portaient des chaînes ou pendaient des médailles, des croix, des étoiles de David, une lettre hébraïque, des petits bijoux dont Ulma n’aurait pas su dire s’ils étaient la représentation d’un symbole religieux. Elle avait vu des jeunes garçons juifs avec des kipas.
 
Comment, se disait Ulma, pouvait-on occuper le devant de la scène, la télévision, les premières pages des journaux avec cette histoire de foulard ou de voile sur la tête ?
 
Elle remarquait, dans son for intérieur, que Musulmans ou non, il n’y avait que des hommes pour décider. Se sentirait-elle libérée si elle n’avait plus jamais à porter quelque chose sur la tête ? Oui et non.
 
En général elle aimait bien se montrer différente des autres. Qu’en penserait-elle à seize ans quand elle n’aurait pas la même liberté de sortie que les jeunes filles chrétiennes ?
 
Quand elle songeait au mariage en blanc de ces jeunes filles chrétiennes, c’était un fou rire ! Comme toutes ces coutumes étaient ridicules, sorties de leur contexte historiques, présentes en 2OO4 comme des survivances sans racines d’habitudes qui avaient perdu tout sens.
 
La pudeur n’avait plus sa signification d’origine. Beaucoup de chrétiens ne se mariaient plus dans leur Eglise et plus nombreux encore n’effectuaient pas le mariage laïque de la Mairie. Ulma ne comprenait plus du tout ce que pouvait signifier « laïcité » quand le mariage laïque était abandonné et ne représentait plus une obligation sociale.
 
Ulma ne pouvait ignorer le terrorisme, la Burkha des Afghanes et le lien qu’établissait le gouvernement français chrétien avec le bout de tissus mis sur la tête. Elle savait cela et se disait que leur tête devait tenir bien faiblement sur leurs épaules pour pratiquer une telle assimilation.
 
Le pourquoi du drame du chiffon sur la tête lui échappait. Elle riait aussi en pensant à la muleta des toreros qu’elle avait vue à la Télévision. Elle n’était qu’une jeune fille et non un torero, qui achèverait sa prestation par une mise à mort, et le gouvernement des chrétiens n’avait rien d’un taureau. Elle allait discrètement au bout de sa pensée en se demandant ce qui pouvait agiter le sang de ce bovidé à la vue de ces foulards de couleurs discrètes que l’on n’agitait même pas sous son nez !
 
Tout cela faisait partie du monde de la « politique » qui représentait pour Ulma tout ce qu’il y avait de mauvais dans la société où elle vivait. C’étaient des données abstraites, si loin de la réalité de la vie quotidienne, qu’elle n’en comprenait jamais les raisons, si elle en voyait souvent les conséquences nocives.
 
Ulma voyait mal quel avantage pourraient tirer les jeunes musulmanes des interdictions de port d’un voile ou d’un foulard, si c’était pour tomber sous la férule des ukases des chrétiens. Elle ne voyait ni l’Etat, ni les Etablissements scolaires comme des neutres. Ils appliquaient la loi des chrétiens et attaquaient les pratiques de la religion de l’Islam. C’était aussi simple que cela. Ulma rit encore en se disant que la neutralité des Français n’était qu’un voile sans consistance pour masquer leur opposition à l’Islam.
 
Cela paraissait à Ulma d’autant plus plausible que les Français n’avaient guère de pratique religieuse suivie. Il demeurait le cadre établi des anciens usages chrétiens, sans beaucoup de respect ni de foi dans leur religion, ce qui leur permettait de se prétendre neutres. A partir de cette hypocrisie, ils pouvaient attaquer l’Islam en prétendant ne mettre au jour que des lois universelles.
*
Lors de la rentrée, Ulma avait craint que son père ne lui pose des questions sur l’attitude qu’elle adopterait, ou, pire, qu’il ne lui demande d’essayer de pénétrer dans le Lycée la tête couverte.
 
Son père n’avait rien dit. Il n’avait pas posé de question, ni formulé de conseil. Ulma continuerait à avoir la tête couverte dans la rue, en s’apprêtant à ranger son foulard dans son sac si on le lui demandait.
 
Elle avait eu les oreilles rabattues, depuis des mois, par le problème du port du voile à l’Ecole et ailleurs où cela ne la concernait pas. Qu’est-ce que ces chrétiens pouvaient bien vouloir à la fin des fins pour accorder une telle importance à un usage qui était celui de leurs religieuses, de leurs mariées et même des femmes de leurs gouvernants devant le chef de la religion catholique ?
 
Il y avait eu des manifestations, des menaces, des ukases ! Comme c’était bien un voile qui ne servait qu’à couvrir le médiocre de la vie quotidienne, où le racisme et la discrimination s’exprimaient en tant d’occurrences. Son père traversait une période de chômage et sa mère avait été contrainte de reprendre des ménages. C’était autrement plus grave et important que le chiffon sur la tête ou sur le cou !
 
 
 
Premier jour
 
 
 
Le matin de la rentrée, Ulma remarqua une voiture de Police, là où il n’y en avait jamais. Elle voyait quelquefois les femmes chargées des amendes pour le stationnement impayé débarquer de voiture. Mais elles ne s’occupaient pas de la circulation, ni des traversées des jeunes aux abords du Lycée.
 
Elle n’avait pas songé au fait que ce fut l’argent qui dominait tout, y compris la sécurité des élèves. Elle y pensa en ce matin de rentrée, où les employées chargées des amendes paraissaient absentes.
 
Ulma ne remarqua pas quelques hommes à la tenue révélatrice qui semblaient s’intéresser à tout sauf à la rentrée et qui, en fait, n’étaient là que pour surveiller cette rentrée.
 
Ce que vit Ulma fut une sorte de mur de surveillantes et de professeurs postés à l’entrée du Lycée. Elle eut un peu peur et commença à détacher son foulard. Puis elle se ravisa, se trouva lâche d’avoir peur et s’avança vers l’entrée avec son foulard à moitié dénoué, mais encore présent sur sa tête.
 
Un professeur discutait avec une élève voilée en lui expliquant qu’il fallait obéir à la nouvelle loi qui était faite pour tout le monde.
 
« Personne ne t’en veut. S’il n’y avait pas eu de tels excès de violence, liés à l’esclavage des femmes habillées de noir de la tête aux pieds, la France n’eut pas décidé d’interdire le voile dans les établissements publics.
 
Notre Gouvernement a agi pour vous libérer, vous, les jeunes filles musulmanes.
 
-.Ah Oui ! Alors pourquoi critiquer les Américains qui ont libérés les Afghanes et les Irakiennes ? 
 
-.Nous ne sommes ni à Kaboul, ni à Bagdad. Nous sommes en France et il faut obéir à la loi. 
 
-.Vous recommencez à nous persécuter. » 
 
La jeune fille qui répondait au Professeur était plus âgée qu’Ulma.
 
« Vous en avez tant persécuté ! Il fut un temps où vous en forciez certaines à porter un bout de tissus, aujourd’hui il faut l’enlever. Faites-le vous-même.
 
-.Il n’en est pas question. Soyez raisonnable. Vous êt

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