La Liste
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Description

« Je vais, paradoxalement, raconter une histoire niçoise, celle de la banque Mater. Sa construction a duré longtemps, sept ans. Sept longues années pendant lesquelles les meurtres se sont succédé. Le pays est violent. » Le diktat de l'argent devient de plus en plus oppressant à notre époque et définit la place des individus dans la société. Dans la Bible, Salomon reçut l'autorisation de construire un temple qui porte son nom. Ici, c'est une banque qu'il faut construire. Une banque qui a pour but de faire disparaître l'argent des riches afin d'éviter le fisc. Entre détournement d'argent, meurtres en série et enquête, La Liste a tout d'un thriller palpitant qui nous entraîne dans les méandres de la route vers le Panama.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 octobre 2016
Nombre de lectures 3
EAN13 9782342057256
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Liste
Jean Vacant
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Liste
 
Tout ce qui est écrit est une invention pure.
Rien n’est vrai.
 
Je suis né et j’ai grandi en Auvergne, plus précisément dans les Combrailles. J’aime ce coin de pénéplaine montagneuse où ma famille a joué un rôle politique important et où nous avons tous été des bâtisseurs.
Je vais, paradoxalement, raconter une histoire niçoise, celle de la banque Mater. Sa construction a duré longtemps, sept ans. Sept longues années pendant lesquelles les meurtres se sont succédé. Le pays est violent.
Certes, on ne fait rien sans disputes, jalousies, secrets et stratégies sous la table. Mais rien ne vaut une table ronde où nous mangeons entre amis, réunis au hasard de la vie, à la fin de nos marches en montagne. On parle alors « d’argent », ce nouveau dieu qui nous dirige, surtout quand la fatigue calme le corps et apaise les esprits.
Chacun de nous a dirigé une entreprise, plus ou moins importante. On va discuter, se fâcher, se moquer, manger, boire et rechercher sans cesse la vérité. Celle-ci est souvent cachée dans un grand verre de vin ou dans une tasse de limoncello. Les Auvergnats, grands buveurs, l’ont toujours su.
Construire
Le repas se termine. Le grand plat de raviolis qui occupe le centre de notre table ronde est enfin vide. Nous déjeunons sur la terrasse de l’unique auberge ouverte à Gorbio pendant l’hiver, chauffée par un pâle soleil.
Ce matin, la marche a été dure. Le col de la Madone, atteint au prix d’un dénivelé de cinq cents mètres, a été gravi par un vieux sentier pavé, en escalier. La pente était raide et nos jambes sont lourdes. Rien ne presse et il nous reste tout l’après-midi pour rentrer à Nice.
La patronne a mis sur la table une bouteille de limoncello. Cette boisson sucrée et citronnée nous évite les alcools durs, les « grappas ». C’est une liqueur bien d’ici, amère et douce. Nous remplissons nos tasses à café encore chaudes.
Notre groupe est amical, soudé, composé de sept marcheurs, tous retraités. Nous nous sommes rencontrés il y a longtemps, au hasard de nos activités respectives, toutes plus ou moins médicales. L’alcool nous réchauffe et la conversation s’anime, liée aux rumeurs qui remplissent la ville : la grande banque qui se construit sur la route de Villefranche rencontre de sérieux ennuis. Son architecte a été assassiné alors que les travaux n’en finissent pas, depuis de nombreuses années. On recherche le corps du malheureux défunt. Grand 8 se pose des questions. C’est le plus vieux d’entre nous, celui qui organise et prépare toutes nos marches. Ancien patron d’un laboratoire connu de tous, il reste curieux et c’est un fin connaisseur de la ville. Il écrit souvent, en vieil amoureux de l’histoire locale, dans « L’Acadèmia Nissarda ».
— Les travaux s’éternisent. Dans la plus grande discrétion. On creuse la montagne. L’architecte a été tué et pas un article n’est paru dans “Nice-Matin”. Et tu trouves que je suis curieux ? Il y a de quoi !.
— Tu sais, Grand 8, construire est toujours une aventure compliquée. Qui n’a pas construit autour de cette table ? Manque d’argent, dépassement des budgets prévus, non-conformité du chantier, faillites des entrepreneurs, changement de promoteurs, conflits entre les élus et les écologistes. Nous avons tous connu de nombreuses difficultés, toutes entraînant arrêts et retards. De plus, un chantier est toujours dangereux. Les ouvriers tombent et meurent parfois, malgré les protections imposées et un droit du travail très strict.
— Oui, d’accord Jeannot, on connaît la musique. Mais là, ce n’est pas la chute d’un apprenti. C’est l’architecte qui est mort. C’est le début du chaos.
Tous ont l’habitude de m’appeler Jeannot et tous savent que je suis conseiller de l’équipe qui construit la banque. La parole se met alors à tourner à toute vitesse autour de notre table ronde. Dominique, ancien directeur d’hôpital, lance :
— Il en savait trop, ce monsieur. On a voulu connaître ses secrets, ses codes et les détails de construction du bâtiment.
Robert, ancien entrepreneur, est inquiet.
— Le travail n’est pas près de reprendre. Pour le moment, on recherche le cadavre. Qui va diriger maintenant ?
Bernard, avocat, se demande :
— Comment plaider sans cadavre ? Que devient notre société si l’on tue l’architecte ?
Lespots, vieux pharmacien, tente de mieux cerner cet architecte :
— Ce n’était pas un de mes clients, il ne jouait pas aux cartes et jamais je ne l’ai croisé dans les bars du centre-ville. Un parfait inconnu.
Seul Louis, ancien chirurgien esthétique, reste muet. De toute façon, il n’aura pas besoin de lui refaire le portrait et de faire disparaître ses rides. Aucun intérêt d’épiloguer sur sa mort.
Je peux reprendre enfin la parole.
— Écoutez, patientez, demain on a une réunion sur le chantier à 11 heures. Bien sûr, les travaux sont arrêtés. On est en deuil. On cherche le cadavre. Juré, je vous tiens au courant et on en parle jeudi prochain. J’en saurai plus et vous savez que je ne vous cache rien.
Lespots se moque :
— Jeannot, tu sais, on connaît le plaisir que tu as de parler, de dévoiler les secrets, de tout raconter !
Tous rient.
— Arrêtez, c’est du sérieux. Une banque, c’est une cathédrale du monde moderne. C’est sûr, l’argent est roi et l’économie est notre nouvelle religion. Une banque, c’est la gestion des fortunes, le lieu de départ de notre argent vers les paradis fiscaux. C’est normal que celui qui dirige les travaux et détient tous les secrets soit en danger. Aujourd’hui, celui qui sait détient le pouvoir. Ne vous inquiétez pas, le secret bancaire ne va pas disparaître. La transparence en matière d’argent, c’est du pipeau, et la banque n’est pas prête à donner au pouvoir les listes de ceux qui envoient leur argent dans les Caraïbes. Rassurez-vous et digérez en paix. Rien à craindre pour vos comptes suisses.
Ils savent tous que j’aime les taquiner sur leurs magots respectifs.
— Chacun de vous est libre de croire au père Noël. Les listes sont bien gardées.
Il est temps. On paie et on rentre sur Nice. En Audi.
La banque Mater
Le lendemain matin, j’emmène mon petit-fils Lucas visiter la nouvelle banque avant la réunion qui va s’y tenir et à laquelle je dois assister.
— Tu viens, Lucas, promener avec Papy ? J’ai pris des barres chocolatées et des abricots secs.
— On va où, Papy ?
— On va suivre la mer et visiter la plus grande banque jamais construite. C’est un grand palais tout blanc.
— C’est loin ?
Il est inquiet, ce petit blondinet de sept ans qui vient juste d’arriver de Paris. Il est très beau avec de longs cheveux blonds bien peignés, une raie droite sur le côté et un gros blouson rouge à manches blanches en cuir, très américains.
— C’est quoi une banque, Papy ?
— C’est là où l’on garde l’argent. Mais pas que ça. J’ai le temps ce matin de tout t’expliquer. Tu verras comme elle est belle toute construite en marbre blanc.
— C’est quoi le marbre, Papy ?
— C’est une belle pierre qui brille. Elle vient du Piémont ligure, de Carrare. C’est de l’autre côté de la frontière, en Italie. Nos amis de là-bas nous ont fourni tous les matériaux pour construire la banque.
Le soleil chauffe peu à peu le bord de la mer. Je gare la voiture au parking non couvert de Rauba Capeu. Nous regardons la baie.
— Tu vois, Lucas, d’un côté c’est Nice avec la promenade des Anglais, la baie des Anges. De l’autre côté, c’est le port et on va grimper sur cette montagne verte. On va monter l’avenue Jean Lorrain et passer devant la maison de Mamie. La banque est là, devant la mer.
— Elle s’appelle comment ?
— Son nom est UGBB, Union des grosses bonnes banques, mais on l’appelle “Mater”, la mère.
Je lui prends la main.
— Viens, on va traverser le port.
La montée est un peu longue avec de grands virages. On fait une halte à la maison de mamie pour regarder la « parque dorée » qui tisse la laine. C’est une grande villa de trois étages, peinte en ocre et qui domine le promontoire rocheux. Une belle construction Art Déco, la villa « des Anges ».
On grignote les barres chocolatées. Lucas ne m’a pas demandé « qui c’est un ange ? ». J’ai de la chance, car il y a longtemps que je ne sais plus où sont passés les anges. Les temps sont devenus très durs et ils ne passent plus dans notre coin. Ces petits poupons ailés, suspendus dans les airs ont depuis longtemps laissé la place à des Calabrais armés de onze quarante-trois.
Nous sommes sur le plateau. La construction blanche s’étend sur près d’un kilomètre, jusqu’à la baie de Villefranche.
Lucas est enfin fatigué et je l’ai mis sur mes épaules. Je le porte jusqu’au parvis ouvert plein ouest. C’est une grande place dallée qui se termine sur deux colonnes de bronze. Il paraît, d’après ce que disent les artisans, qu’elles sont creuses et qu’à l’intérieur elles sont gravées : elles contiendraient toute notre connaissance relevant des finances. C’est beaucoup !
Ces colonnes, posées devant le bâtiment, ne soutiennent pas le toit mais sont couvertes d’un chapiteau décoré de grenades. Ces fruits, pleins de grains, représentent la fécondité de la connaissance. La colonne de gauche porte un grand B, pour Banque ; celle de droite un grand J, pour Joie.
— Dis Papy, pourquoi il y a des soldats ?
— Pour protéger la porte et garder ce qu’il y a à l’intérieur. Tu sais, la banque, c’est un palais qui conserve tout ce qui a de la valeur. Des centaines de kilos d’or. C’est avec cet or que l’on a fait la chaîne que tu as autour du cou. Des diamants, comme la bague de ta maman. Et

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