La Passion d Emilie
214 pages
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La Passion d'Emilie , livre ebook

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Description

A 42 ans, Emilie Morvan est une femme mariée et respectable, qui, de son existence, n’a connu que l’environnement ouateux de la bourgeoisie bordelaise. Enfant docile avant de devenir épouse modèle, elle appartient à cette caste de gens lisses et scrupuleux qui, pour rien au monde, ne voudrait faire parler d’elle. Pourtant, lorsque sa route croise celle de Stanislas Damville, jeune homme impétueux et séducteur, ses certitudes vacillent en même temps que sa morale. Pour lui, elle jettera aux flammes mari et éducation, amis et réputation. Mais lorsqu’une âme trop longtemps endormie s’éveille aussi brusquement de sa torpeur le pire est à craindre. Car la passion peut détruire les êtres les plus tendres à la vitesse d’un cheval au galop...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748372939
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Passion d'Emilie
Médéric
Publibook

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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Passion d'Emilie
 
 
 
Le dessin de couverture évoque (ou représente) la petite fontaine de la place Charles Gruet à Bordeaux, vue de nuit
 
 
 
« Quand on juge d’une action particulière, il faut considérer plusieurs circonstances et l’homme tout entier qui l’a produite, avant de la baptiser. »
 
Michel de Montaigne, Essais, II, 11
 
 
 
« Nous sommes habitués à juger des autres d’après nous, et si nous les absolvons complaisamment de nos défauts, nous les condamnons sévèrement de ne pas avoir nos qualités. »
 
Honoré de Balzac, Le médecin de campagne.
 
 
 
« Le plus souvent, nous ne jugeons pas les autres, mais nous jugeons nos propres facultés dans les autres. »
 
C.-A. Sainte-Beuve, Les cahiers
 
 
 
« Ce qu’il y a de plus horrible au monde, c’est la justice séparée de la charité. »
 
François Mauriac, L’affaire Favre-Bulle
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Qu’une femme de quarante ans, de bonne famille et de bonne éducation, se laisse séduire par un jeune homme et se jette dans une liaison sans grand espoir, voilà qui ne sollicite pas beaucoup l’imagination du romancier, dût l’aventure s’abîmer même dans le sang. C’est l’un des thèmes récurrents de la littérature. Si dramatiques soient les suites qu’on imagine à pareille chute, elles ne peuvent dépasser la réalité, dont la rumeur se plait à dire qu’elle dépasse souvent la fiction…
 
Cette femme pourrait être Madame Favre-Bulle, dont François Mauriac a suivi le procès au tout début des années 30. Je ne me cache pas de m’être directement inspiré de cette affaire, y compris dans les éléments qui pourraient paraître les plus outrés ; j’ai d’ailleurs repris l’acte d’accusation réel, en ne lui faisant subir que des modifications restreintes, à commencer, bien entendu, par les identités ; et j’envisage enfin l’affaire imaginaire relatée dans les pages suivantes, placée dans le contexte judiciaire qui est le nôtre, dans un esprit proche des critiques que l’académicien exprimait lorsqu’il livrait ses impressions d’audience (V. François MAURIAC, L’affaire Favre-Bulle, in Les chefs d’œuvre de François Mauriac, Tome 8, Ed. Bernard Grasset, p. 410).
 
Comme toute grande institution – selon moi, plus que toute autre, tant elle est consubstantielle à l’existence même de la société civile, tant elle lui est indispensable – la Justice est exposée à la tentation inconsciente de se considérer comme une fin en soi, comme extérieure à la société dont elle a vocation à assurer la cohésion ; son mode de recrutement, son mode de fonctionnement, l’aura même – quasi statutaire, pourrait-on dire – dont sont parés ses divers serviteurs peuvent conduire à ce drame social que ses décisions ne sont pas comprises – comme on le constate trop souvent de nos jours – ou, pire même, qu’elles sont « décalées » par rapport aux réalités de la vie, ou prises sans conscience suffisante de leurs conséquences concrètes vécues par qui en subit l’application. C’est vrai des magistrats, bien entendu, c’est vrai aussi de ces « auxiliaires de la justice » que sont, notamment, les avocats, bien que ces derniers, mieux que les magistrats, soient effectivement immergés dans la vie des citoyens devenus justiciables.
 
Voilà sans doute des réflexions que ne désavouerait pas François Mauriac, tant elles paraissent impliquées dans les impressions que lui ont laissées les débats de l’affaire Favre Bulle, et qui restent d’actualité. Cette distance que l’homme de robe, à des degrés divers, est porté à mettre entre son savoir-faire et la conception qu’il a de sa mission, d’une part, et le justiciable ou le client, d’autre part, c’est ce qui a d’abord frappé François Mauriac et voilà ce qu’il en dit :
 
« Ceci m’a frappé d’abord à la Cour d’assises : la créature qui a mis en branle cet appareil terrible, l’accusée, ne compte guère : c’est dans ce drame le personnage sans importance, — indispensable au jeu, comme la balle que les joueurs se disputent, elle sert à chacun des brillants protagonistes pour manifester le génie qui leur est propre. Meurtrière, déshonorée, traquée, finie, il lui reste de servir à la gloire d’hommes jeunes, forts, heureux, pressés de rivaux qui les talonnent, débordants de talents et de puissance… »
 
Sans doute, ces « protagonistes » ne sentent-ils pas cela comme cela, sans doute ne méprisent-ils pas à ce point la « créature » où l’académicien voit leur « balle » de tennis ; assurément, celui d’entre eux qui se servirait ainsi sciemment de cette « créature » mériterait-il d’être honni comme dénué de tout sens humain. Assurément, le juge s’efforce-t-il d’appliquer la loi en conscience, après avoir, peut-être, cherché à comprendre le malheureux qu’on amène devant lui, plus peut-être que d’en être ensuite lui-même compris quand il rend sa décision ; non qu’il néglige de s’exprimer dans une forme claire, mais parce qu’il ne pense pas toujours à rendre intelligible le pourquoi profond de sa décision ; assurément, l’avocat qui défend ce malheureux s’applique-t-il à la recherche de tout ce qui peut expliquer – ce qui n’est pas nécessairement justifier – le crime, mais dans un souci, dans une logique tactique trop aisément imprégnée de clichés : en Cour d’assises, il y aurait des choses que l’on peut plaider, d’autres qu’il vaudrait mieux éviter, parce qu’elles ne conviendraient pas à l’esprit qui règne dans ses audiences, parce que le jury ne les comprendrait pas, ou les comprendrait de travers, ce qui revient au même.
 
Bien sûr, quand comparaît un prévenu qui s’est lui-même mis au ban de la société, un Mesrine, un Pierrot le Fou, ou un Carlos, il serait vain d’attendre qu’il « comprît » la Justice, cela ne l’intéresse pas. Mais tant de prévenus n’en sont pas vraiment là qu’on ambitionne toujours leur rédemption par la punition, leur « réinsertion » et c’est alors qu’il est essentiel que la Justice soit « comprise » de tels prévenus. Et, si la Justice veut être comprise du prévenu il faut qu’elle commence par le comprendre elle-même. C’est là, souvent, qu’elle échoue. C’est là, si l’on en croit François Mauriac, qu’a échoué la Justice dans l’affaire Favre Bulle.
 
Tout au long de son commentaire du procès dramatique de cette pauvre femme déchue, l’académicien détaille les insuffisances et les errances des juges, celles des avocats, en un mot la superficialité qui a marqué les débats et la pauvreté humaine, la carence même de ceux qui, ce jour-là, pensaient servir la Justice. Ses propos me donnent à croire que le démangeait peut-être le désir, non d’absoudre un crime horrible, mais d’ouvrir son cœur aux égarements de cette malheureuse, de donner chair et consistance à ce qui n’a été qu’un très imparfait, parce que abstrait, examen d’une tranche de vie, bien concrète, elle. Et l’on comprend bien alors ce qu’il veut dire quand il conclut, d’une plume sévère, terrible :
 
« Ce qu’il y a de plus horrible au monde, c’est la justice séparée de la charité. »
 
« Charité », par ce mot qui, accolé au mot « justice », surprend de prime abord, il n’entend évidemment pas que la Justice devrait « faire la charité » ; il le prend en son sens second : le latin « carus », d’où procède « charité » via « caritas » signifie, certes, « cher » au sens de « onéreux », mais aussi « cher au cœur », objet d’amour et de tendresse. Plus sûrement, il traduit l’« agapè » grecque – cela ne surprend pas chez cet auteur catholique – c’est-à-dire l’amour de Dieu et du prochain, cette éminente vertu théologale enseignée par l’Eglise. Or, en ce sens, aimer qu’est-ce, si ce n’est d’abord partager et comprendre, si ce n’est pratiquer ce que les psychologues de nos jours désignent, non sans une plaisante pédanterie, sous le non d’« empathie ». Aimer, comprendre n’exclut pas nécessairement la sanction de la faute. Cela peut même la commander ; un trop facile pardon n’est pas nécessairement le meilleur service à rendre à qui a commis la faute. Mais une saine, une belle Justice, une Justice que l’on aimerait servir, suppose que celui qui est condamné, du moins, se reconnaisse dans le personnage que ses juges se représentaient quand ils l’ont condamné, se sache « compris ». et « comprenne » lui-même enfin la sentence qui le frappe, Et cela, aucune recette, aucune école, surtout si elle fonctionne en milieu aseptisé, ne saurait l’enseigner, aucune.
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
Le soleil printanier joue dans le vert tendre des jeunes feuilles dont commencent à se vêtir les arbres du Jardin Public ; le Jardin Public est une sorte de parc, comme le Parc Bordelais ; pas exactement, en réalité : le premier est beaucoup plus petit que le second, il est peigné, civilisé, je m’y sais, je m’y sens encore en ville, tandis que l’autre semble livré à la libre nature, je m’y sens comme à la campagne et j’oublie un peu que je suis encore en ville.
 
J’offre mon visage à l’air frais, presque froid encore, qui entre par la fenêtre du salon que j’ai largement ouverte quelques minutes plus tôt ; c’est la première fois que j’ose paraître à la fenêtre, sur la rue Daviau. Un instant, le temps m’a semblé s’évanouir dans la paix qui pénètre mon âme, une paix que je ne connaissais plus depuis… au fait, depuis combien d’années ? Mais, sans doute, depuis cette si douce journée passée à Hautecour, près de maman, ou, plutôt, depuis la veille de ce retour à mon adolescence, irréfléchi, spontané, que j’y avais alors fait. Depuis… mais, depuis six ans, presque jour pour jour.
 

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