La Pièce rapportée
232 pages
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La Pièce rapportée , livre ebook

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Description

Après la Seconde guerre mondiale, les tabous ne disparurent pas. C’était l’époque où les filles mère étaient mises au ban de la société. Ces enfants nés de père considéré comme « inconnu » n’étaient reconnus par leur mère que longtemps après leur naissance, voire jamais. Philippe Duhamel fut l’un de ces enfants nés au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Il ne connut jamais son père et ne fut reconnu par sa mère qu’à l’âge de quatre ans au moment où celle-ci trouva un mari qui put donner un nom à son fils.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2004
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748372885
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Pièce rapportée
Philippe Duhamel
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Pièce rapportée
 
 
 
 
Éditions Publibook,
14, rue des Volontaires
75015 Paris – France
Tél : 33 (0)1 53 69 65 55
 
 
 
 
 
IDDN.FR.010.0103282.000.R.P.2004.035.40000
 
 
 
 
En mémoire de mon père,
que je n’ai jamais connu.
Pour ma chère belle-sœur
qui, comme moi, partagea
le triste privilège de n’avoir
jamais connu son père.
Pour Denis, mon frère, noir de peau,
qui partagea notre privilège de son lointain Bénin profond.
Pour tous ceux qui n’ont pas connu leur père.
 
 
 
« Mais de cet homme-là (son père), personne, dans
ma famille, n’a su me rendre curieux. »
 
« Je le connais par ouï-dire, comme le Masque de Fer
ou le Chevalier d’Eon. »
 
« Plutôt que le fils d’un mort, on m’a fait entendre que
j’étais l’enfant du miracle. »
 
Jean-Paul Sartre, Les mots, Ed. Gallimard, 1964
 
 
 
« L’important n’est pas ce qu’on a fait de moi,
Mais ce que je fais de ce qu’on a fait de moi. »
 
Jean-Paul Sartre
 
 
 
 
Préface
 
 
 
Larmes… Larmes de sang… Voilà ce que j’ai versé au fond de mon cœur tropical, après avoir lu ce texte venu des profondeurs de la neige : «  La pièce rapportée  ».
Mais en réalité, est-il raisonnable de verser des larmes après avoir lu un simple livre sans images ? Ma réponse est non. En revanche, je dis que l’œuvre de mon grand frère Philippe Duhamel (je vous dirai plus loin pourquoi je l’appelle grand frère) n’est pas un livre. C’est un film d’évènements presque en images qui se déroulent sous nos yeux grâce à la magie d’une plume experte qui parle avec son cœur.
C’est donc d’images qu’il s’agit et non de lettres alphabétiques alignées sur des pages.
 
Ainsi, j’ai vu un couple qui a fait un enfant dans le pays qui nous a enseigné que :
 
« Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l’enfant paraître
Innocent et joyeux »
 
Lorsque cet enfant est né, le cercle de famille n’a pas applaudi. Il s’est indigné, scandalisé. Alors, qu’a-t-on fait ? On a caché le père à l’enfant. On a caché l’enfant au père. On a chassé la mère « indigne » de sa famille.
Le trio « maudit » père-mère-enfant a donc porté longtemps sa galère au fond de son cœur, puis maintenant, le dernier survivant, Philippe Duhamel , l’enfant « maudit » qui est déjà plutôt un grand-père, décide d’ouvrir son cœur, que dis-je, d’ouvrir son livre, de porter son expérience à la connaissance de l’humanité afin qu’ensemble, nous puissions dire : «  plus jamais ça  ».
Pour cela, il n’a pas écrit un texte revanchard. Il a certes, raconté les faits dans leurs aspects les plus terribles, parfois avec force poésies et philosophie, mais en se ménageant toujours un espace pour comprendre et excuser les acteurs du crime qui n’étaient pas en fait de vrais coupables, mais plutôt des ouvriers d’une machine culturelle sévissant depuis la nuit des temps.
Mais il y a une autre raison à mes larmes dont j’ai parlé tout à l’heure. En effet, moi-même qui m’adresse à vous en cet instant, je ne connais pas mon père. Je ne l’ai jamais vu. Je ne le verrai jamais. Il servait dans l’armée coloniale française au Sénégal où il est décédé le 04 août 1960, au moment où je n’avais que deux ans et quelques mois. Jusqu’à ce jour et à l’âge de quarante six ans, je ne sais pas quel grade avait mon père dans l’armée, dans quelles circonstances il est décédé, etc. Tout cela est certainement archivé dans les tiroirs solides de l’armée française. Et ce n’est pas sur ma chère maman analphabète et d’ailleurs déjà décédée que je pourrai compter pour avoir les informations.
 
Vous comprenez donc que le récit de Philippe Duhamel , l’enfant sans père, était à peu près le mien, même si le mien est moins douloureux.
Raison pour laquelle je considère Philippe Duhamel comme mon grand frère. Lui-même me le rend bien par sa générosité et son honnêteté. Des choses plus ou moins étranges se passent même dans nos relations et j’ai du mal à croire qu’il s’agit d’un hasard.
Tenez, Monsieur Duhamel n’a pas connu son père, moi non plus. Il est écrivain, moi aussi. Il a perdu sa mère en 2003, moi aussi. Et pour couronner tout cela, l’actuel Représentant de l’UNICEF dans mon pays le Bénin, s’appelle Philippe Duhamel , une façon pour Dieu de mettre mon grand frère, ou en tout cas son nom, le plus près possible de ma maison. Voyez-vous ?
Quant à toi Philippe, mon grand frère, pose, pendant que tu en as encore la force, les actes qui permettront à ton cœur meurtri de se libérer et de se détendre. Mais après, fais tienne la pensée de cet auteur français que j’aime beaucoup, Alfred de VIGNY , qui disait ceci :
 
« Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t’appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler »
 
Amis lecteurs, bonne lecture. Surtout, ne suivez pas mon mauvais exemple : pas de larmes. Je vous aime tous. Merci.
 
Denis AVIMADJESSI,
écrivain du Bénin
(avimadjessi@yahoo.fr)
 
 
 
Prologue
 
 
 
« Mon père allait revenir… ma mère me promettait qu’à son retour, tout irait mieux. Elle en faisait un fantôme merveilleux, c’était le plus gentil, le plus beau, le plus fort, le plus tendre, le meilleur des pères et il allait revenir. » 1
Ce n’était qu’un rêve inconscient de petit enfant. Ce père, je ne l’ai jamais connu, et ma mère, je l’ai connue seulement à l’âge de quatre ans. Mon père restera, toute ma vie durant, un fantôme. On me l’a caché et on lui a caché mon existence. On m’a donc amputé une partie de mon identité.
Aujourd’hui une nouvelle science humaine, la psychogénéalogie , montre que ces secrets de famille nous empoisonnent l’existence et qu’on résout les problèmes en en parlant. Nos parents, grands-parents et aïeux ne nous laissent pas en héritage que leurs biens, ils nous laissent aussi un patrimoine psychologique héréditaire, dont on se passerait bien. Ils n’allaient pas consulter les psys pour régler leurs problèmes. Il y avait surtout des psychiatres à l’époque, qui, croyait-on, soignaient les fous. La psychanalyse n’était pas répandue comme aujourd’hui. De nos jours, même les psychiatres prétendent qu’il n’y a plus de fous, mais seulement des malades. Les psychanalystes nous font prendre conscience que nos problèmes remontent souvent à notre enfance ou à notre éducation. Comme nos ancêtres n’ont pas pu profiter de l’aide des psychanalystes, ils n’ont pas pu « abréagir » (accepter, liquider), leurs problèmes et les ont intériorisés. Tout ce qui n’a pas pu être réglé en amont (deuils non faits, affects non libérés, traumatismes et secrets de famille bien (ou mal)) gardés, interdits religieux mal posés, incestes, avortements clandestins, problèmes d’immigration ou tous autres problèmes non digérés, la liste est longue…) a été retransmis à la génération suivante pendant la conception ou l’enfance. Nos parents n’ayant pu résoudre leurs problèmes au cours de leur vie nous demandent de le faire à leur place. Il ne faut pas les accabler pour les secrets plus ou moins honteux, non divulgués, qui nous sclérosent et oppressent, car ils ont bien essayé de s’en dépêtrer au milieu de difficultés que nous n’avons pas connues. Nous devons donc continuer à les respecter, mais nous devons leur rendre leurs problèmes non résolus, dont nous ne sommes pas responsables. L’ennui, c’est que leur transmission se passe dans l’inconscient. Nous ne nous en apercevons que lorsqu’ils viennent à nous. Mais il n’est jamais trop tard pour en prendre conscience et stopper leur progression, afin que la loyauté familiale ne soit pas sans arrêt retransmise de génération en génération au nom d’un inconscient transgénérationnel, mais rendue par une mise au clair des problématiques. « Le secret cesse d’être un fait normal et devient pathologique, lorsque nous cessons d’être son gardien pour devenir prisonnier » écrit le psychiatre Serge Tisseron. En fait, chaque famille a ses secrets et ses mystères. Quelle famille est-elle normale ou anormale ? Où trouver la norme ? Le problème est mal posé. Ce n’est pas une question de normalité, mais de responsabilité à assumer. Le choix, si c’est vous qui le faites, vous devez l’assumer vous-mêmes et non faire porter le chapeau aux autres. Si les choses ne sont pas dites, c’est le corps qui parle et somatise (voir le livre Ces enfants malades de leurs parents d’Anne Ancelin Schützenberger et Ghislain Devroede – 2003 Paris Payot)
Des personnes aussi connues que Louis Aragon, Jean-Marie Périer, Jack Nicholson, Daniel Prévost ou même Madeleine Albright, ex-ambassadrice des U.S.A. à l’O.N.U., n’ont appris leurs origines que tard dans leur vie et ont été elles-mêmes victimes de non-dits. Le général Weygand et Hergé n’ont peut-être jamais su qui avait été leur père. Encore une fois, il ne s’agit pas d’accabler nos ancêtres, mais au contraire de les excuser en expliquant que tels étaient leurs problèmes et que telles étaient leurs responsabilités ; donc on leur rend leur choix. Leurs descendants ne doivent pas s’en tenir responsables. Il faut d’abord savoir accepter et seulement ensuite assumer sa destinée. Celui qui ne l’accepte pas ne peut pas l’assumer correctement.
Même mon extrait d’acte de naissance n’est pas clair : il comporte la rature de trois mots nuls : « père et mère inconnus. » J’ai été reconn

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