La Question ukrainienne , livre ebook

icon

258

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2014

Écrit par

Publié par

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

258

pages

icon

Français

icon

Ebook

2014

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

C'est que la question de l'Ukraine est importante pour nous, la Pologne. Elle l'est aussi du reste, pour vous. Vous savez que c'est sous Présidence Française, fin 2008, que la volonté politique d'aller de l'avant avec l'Ukraine a été prise ? — Vous avez fait votre choix ? demanda le serveur, un brin obséquieux. Vodvinski prit le contrôle des opérations et se permit de conseiller Anna tout en jetant un œil sur les prix dont il avait seul connaissance. On ne se refaisait pas et ce n'était pas sa couverture de diplomate polonais qui lui ferait oublier ses habitudes de pingre moscovite ! Ce roman est le premier livre de F. B Isner. De nationalité française, elle a travaillé plusieurs années à Bruxelles dans les affaires européennes. Elle a choisi de révéler une certaine réalité au sein des institutions en imaginant une histoire d'espionnage, simple et réaliste, mettant en scène dans les couloirs feutrés de la diplomatie économique une jeune stagiaire française et un espion russe expérimenté. Si les protagonistes sont pris dans le même engrenage de la machine communautaire et subissent le même décor surréaliste « à la Belge », il y a ceux qui gagnent et ceux qui perdent... Depuis, l'histoire s'est chargée d'écrire la suite de son roman puisque l'Occident est entrée en guerre froide avec la Russie à cause de l'Ukraine et que l'opacité des institutions européennes a été dénoncée lors des élections du Parlement européens en mai 2014.

Voir icon arrow

Publié par

Date de parution

20 novembre 2014

Nombre de lectures

3

EAN13

9782342031270

Langue

Français

La Question ukrainienne
Florence B. Isner
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Question ukrainienne
 
 
 
 
 
 
Il est hors de question que Kiev s’arrime à l’Union européenne et que nous assistions à cela en spectateurs inquiets et impuissants !
 
Les fonctionnaires du Kremlin étaient furieux.
 
L’Ukraine formait, avec la Biélorussie, la frontière occidentale de la Russie. Depuis toujours zone de confort naturelle, l’Ukraine l’était encore plus depuis l’adhésion de la Pologne et des pays Baltes à l’UE en 2004, vécue comme une trahison dont la Russie ne se remettait pas.
 
Ca suffit comme cela, l’Ukraine ne va quand même pas devenir le vingt-huitième État membre de l’UE par-dessus le marché !
 
Le Conseiller aux Affaires étrangères du Kremlin était rouge écarlate de colère et ne donnait aucun signe d’une intention particulière de se calmer.
 
Moscou avait beau savoir que l’accord en négociation avec Bruxelles n’était pas un accord d’adhésion, la simple idée que Kiev s’amarre plus à l’Ouest qu’à l’Est n’était tout simplement pas supportable.
 
Vous comprenez, nous ne sommes pas dupes ! Nous savons très bien, au plus haut niveau de l’État, que l’accord en négociation à Bruxelles, « Deep and Comprehensive » 1 comme les Européens l’appellent, revient quasiment à un traité d’adhésion. L’objectif est d’aligner le cadre réglementaire de l’Ukraine sur celui de l’UE. Ce fameux concept d’« Approximation réglementaire ». Nous savons pertinemment que, sous ce langage technocratique, se cache bien la volonté de transformer progressivement et structurellement l’Ukraine en pays satellite de l’UE.
 
— Et en quoi le résultat sera-t-il différent d’un statut de membre de l’Union ? Je vous le demande, Piotr.
 
Piotr se ressaisit, ramené brutalement à la réalité alors qu’il rêvassait en attendant que l’orage passe.
 
— En rien, Monsieur le Conseiller, risqua-t-il en bon diplomate qu’il était.
 
Précisément ! L’Ukraine n’aura pas accès au grand Marché Intérieur, ce sésame mythique qui ouvre à partir d’une seule entrée les portes d’un marché de cinq cents millions de personnes. Mais cela reviendra quasiment au même. Le texte en négociation reliera d’un coup d’un seul la mer Noire à l’océan Atlantique, à la mer du Nord, la mer Baltique et la Méditerranée. Les concessions commerciales envisagées étaient suffisamment étendues pour que cela constitue un accès quasi libre de l’Ukraine au marché de l’UE et vice-versa.
 
— Franchement, Piotr, qu’espérer de plus avec un pays voisin ?
 
— Rien, Monsieur le Conseiller, rien.
 
Piotr savait exactement quoi dire pour laisser le Conseiller écumer sa colère sans l’aggraver. Pas trop, pour ne pas risquer de le vexer, mais assez pour lui permettre de continuer.
— Moscou ne tolérera pas que le consumérisme moralisateur de l’Occident arrive à ses portes parce qu’il n’est pas certain que la population russe y reste insensible et ne revendique pas, elle aussi, le droit de goûter à la société de consommation de l’Ouest. Vous vous rendez compte, Piotr, si la population russe constatait que le libre-échangisme économique générait véritablement la croissance qui procurait le bien-être des populations, comme le clame l’Ouest ?
 
Inimaginable !
 
À l’évidence, les dirigeants russes en ressentaient une inquiétude mêlée à de la colère.
 
Mais quelle ambition démesurée tout de même ! Quelle arrogance insupportable de la part de l’Ouest que de vouloir transformer ce pays d’Europe centrale, à la culture résolument orientale et slave, sur le modèle latino-anglo-saxon-libéral-chrétien d’Occident.
 
De fait, on ne pouvait contester que l’Ukraine partageait la même culture que la Russie. Plus de trois cents ans d’histoire commune avaient forgé un profond creuset et scellé des liens puissants entre les gouvernements, entre les familles, les gens.
 
Ce projet d’accord d’association avec l’UE représentait un enjeu diplomatique majeur pour la Russie. L’affaire était suivie de près au sommet de l’État et elle avait déjà coûté leur carrière à plusieurs fonctionnaires qui avaient laissé les négociations avec Bruxelles trop avancer.
 
Moscou prédisait qu’un accord avec l’UE allait détruire des pans entiers de l’économie ukrainienne et qu’il lui faudrait des années pour retrouver son niveau actuel de croissance. Que le prix était trop élevé, le pari trop risqué alors que l’Union douanière que Moscou négociait avec le Kazakhstan et la Biélorussie allait au contraire renforcer l’économie locale, comme l’avait fait autrefois le puissant Comecon. Et qui plus est, l’Ukraine pourrait engranger dès la mise en place de l’Union douanière les milliards qu’elle n’aurait pas à payer en droits de douane, sans avoir besoin de changer son cadre réglementaire, qui était déjà aligné sur celui de la Russie.
 
Je me demande comment l’UE peut s’arroger le droit de dicter la norme en matière économique et politique. Nul est besoin de rappeler les nombreuses condamnations dont font l’objet plusieurs de ses membres par la Cour européenne des Droits de l’Homme ou le Conseil de l’Europe. Franchement, l’UE devrait rester à sa place et cesser de s’ériger en gendarme du monde. Mais quelle arrogance !
 
Aussi, Moscou avait décidé de faire échouer les négociations avec l’UE par tous les moyens. Pour cela, la décision fut prise de réactiver un réseau d’informateurs devenu obsolète depuis l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, qui renseignerait sur l’exact état d’avancement des négociations et permettrait à Moscou d’agir en conséquence.
 
L’un des agents, de père russe et de mère polonaise, avait grandi en partie à Varsovie et parlait un excellent français pour avoir fréquenté assidûment, sur insistance de sa mère très francophile, l’Institut français à Varsovie et à Moscou.
 
— Piotr ? demanda le Conseiller du Kremlin, Comment s’appelle cet agent qui avait fait du très bon travail sur l’Ukraine ? C’était à propos de quoi, déjà ?
 
— Au moment de son adhésion à l’organisation Mondiale du Commerce, en 2001, Monsieur le Conseiller. Il s’appelle Vodvinski, Monsieur, Viktor Vodvinski.
* * *
Il faisait une chaleur étouffante à Paris, ce jour-là. Des températures inhabituelles pour un mois de juin. 26, 27 degrés… peut-être plus. Le ciel était légèrement voilé d’une brume de chaleur et l’air devenait franchement irrespirable avec la pollution générée par l’intense circulation.
 
Anna ne détestait pas avoir chaud mais la pollution, cela n’était pas acceptable ! Elle avait beau avoir grandi à Paris intra muros et être habituée à cette odeur permanente de gaz d’échappement dans l’air parisien, elle avait certains jours plus de mal que d’autres. Et puis, s’il n’y avait que la pollution ! Elle était aussi incommodée par le taux d’humidité dans l’air qui occasionnait de bon matin des auréoles de transpiration sous les bras. C’était très inconfortable.
 
Ou encore l’incivilité des gens. C’était quand même invraisemblable de se faire engueuler parce que l’on ne traversait pas assez vite sur le passage clouté…
 
En fait, tout l’énervait en ce moment et elle avait bien conscience d’être irascible. Elle avait sa petite idée quant à la raison.
 
Elle attendait depuis plusieurs jours un courrier de Bruxelles et prétendre qu’elle s’en fichait serait une entreprise d’avance vouée à l’échec, qu’elle ne tentait même pas. Ses parents et même son frère qui avait quitté la maison, marchaient sur des œufs en ce moment avec elle.
 
Elle avait fait acte de candidature deux mois auparavant pour un stage à la Commission européenne et la période indiquée pour les réponses arrivait à sa fin sans qu’elle n’ait encore été notifiée de quoique ce soit, de bon ou de mauvais. Bientôt, tous les étudiants de son année seraient fixés sur leur sort pour l’automne et elle n’avait toujours rien.
 
Son profil avait déjà été retenu dans le « Livre bleu » qui constituait un vivier dans lequel puisaient les Directions Générales de la Commission ou les services assimilés selon leurs besoins. C’était déjà une prouesse car beaucoup de candidats n’étaient même pas dans son cas.
 
Anna avait expliqué à ses parents qui commençaient à s’inquiéter de la tournure que prenait son projet, d’autant qu’il la conduirait pour la première fois loin du cocon familial, que les stages à la Commission européenne étaient prisés d’un nombre toujours plus grand d’étudiants et même de plus en plus de diplômés. Comment rivaliser avec eux ! La compétition n’était pas égale. Ce n’était pas l’incitation financière qui motivait les candidats, la rémunération s’apparentant plutôt à du défraiement qu’à un salaire. Mais ces stages représentaient surtout l’occasion rêvée d’entrer dans le monde mythique de Bruxelles pour de nombreux étudiants, qui avaient tant peiné sur cette matière ardue pendant leurs études et qui, à défaut de se souvenir des principales dates de la construction européenne ou de la hiérarchie des actes juridiques, gardaient en mémoire l’image d’un univers ésotérique et mystérieux.
 
Anna avait prévenu ses parents : « Vous savez, il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus qui peuvent approcher ce monde. Même ceux qui ont passé la première sélection et qui figurent donc sur le « Livre bleu » ne sont pas assurés d’avoir une proposition de stage au bout du compte. Mais ces derniers restaient inquiets à l’idée qu’elle ait envie de rejoindre ce qui leur semblait être une vraie jungle.
 
Anna avait postulé pour un stage de neuf mois, de début septembre à fin mai. C’était quasiment la

Voir icon more
Alternate Text