113
pages
Français
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2021
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Ebook
2021
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Publié par
Date de parution
02 novembre 2021
Nombre de lectures
6
EAN13
9782728932092
Langue
Français
2020. De très nombreux Français découvrent le visage de Clémence Hittin dans le film De Gaulle où elle incarne Anne, la fille du Général.
Pour Clémence, il s’agit d’une parenthèse exceptionnelle dans un quotidien parfois compliqué. Avec une grande douceur, sa maman, Agnès, se livre au fil des pages sur la vie d’une famille nombreuse marquée et enrichie par le handicap. Elle ne cache rien des difficultés et des combats mais veut partager avec les lecteurs une conviction : oui, le bonheur est possible. Aux parents qui s’inquiètent pour l’avenir de leur enfant porteur de handicap, elle donne une réponse pleine d’espérance : le bonheur dans les yeux de leur enfant est la plus belle des réussites.
"Ta trisomie, je l’aime. Si elle n’était plus là, tu ne serais plus toi." La plus belle déclaration d’amour d’une maman à sa fille.
Préface d’Isabelle Carré
Publié par
Date de parution
02 novembre 2021
Nombre de lectures
6
EAN13
9782728932092
Langue
Français
Table des matières Préface Ta venue L’annonce Le choc Culpabilité Séjour à la maternité Retour à la maison L’amour arrive toujours à se frayer un chemin Laura L’amour Il était une fois Tes premières années Le bonheur Anniversaires Petits pas magiques Amniocentèse École Le petit frère Opération Cheveux au vent Ta petite main dans la mienne Petits papiers « Aime la vie » Départs et retours de Nicolas Sept à la maison Les vacances L’entourage Nicolas Là-bas Douces promenades Mongolien Blog À bras ouverts Noël en famille Ce lien qui t’unit à Lui Le film Maintenant l’adolescence ! Scènes du quotidien L’espérance En avant ! Épilogue Et après Page de copyright
Points de repère Cover Title Page Copyright Page Corps de texte
Ma Clémence, je te murmure tous ces « merci » et ces « je t’aime » qu’une maman ne dira jamais assez.
Le bonheur, c’est tout petit.
Si petit que, parfois, on ne le voit pas.
Alors on le cherche, on le cherche partout.
Il est là dans l’arbre qui chante dans le vent.
Dans le regard de l’enfant.
Le pain que l’on rompt et que l’on partage.
La main que l’on tend.
Le bonheur, c’est tout petit.
Si petit, parfois, qu’on ne le voit pas.
Il ne se cache pas, c’est là son secret.
Il est là, tout près de nous, et parfois en nous.
Le bonheur, c’est tout petit.
Petit comme nos yeux pleins de lumière.
Et comme nos cœurs pleins d’amour.
Sainte mère Teresa de Calcutta
Préface
Lorsque j’ai reçu le scénario du film De Gaulle dans lequel on m’avait proposé le rôle d’Yvonne, j’étais intimidée par le personnage et un peu sceptique. Notre ressemblance ne m’apparaissait pas évidente ! Et puis, en lisant les scènes avec Anne, la fille trisomique de Charles et Yvonne, j’ai été convaincue. Totalement certaine de vouloir entrer dans cette aventure. Je sentais, au fond de moi, que cette histoire m’offrait bien plus qu’un film. Elle m’offrait la possibilité d’une vraie rencontre. J’étais intimement persuadée que ce film serait l’occasion de découvrir un monde différent du mien, de contempler la vie à travers d’autres yeux. Les siens.
En me rendant à mon premier rendez-vous avec Clémence, j’étais pleine de confiance, vraiment heureuse. Elle m’attendait dans le hall de la production, avec sa maman. J’avais appris les deux scènes que nous devions interpréter, elle et moi ; j’étais impatiente, mais aussi fébrile. Elle n’avait jamais joué et j’imaginais aisément combien cela serait impressionnant pour une jeune fille de douze ans de se retrouver devant la caméra face à une équipe de cent personnes, pendant plusieurs semaines…
Durant cet essai, nous étions, toutes les deux, penchées sur un herbier et discutions de l’absence de Charles. Clémence ne connaissait pas son texte. On lui avait seulement expliqué certaines situations, sa préférée était celle où elle se révoltait, s’opposait à moi. En réalité, elle ne voulait interpréter que ce passage. « Les enfants trisomiques ne savent pas mentir ! » m’expliqua alors sa maman, Agnès. J’ai compris à cet instant qu’en réalité, c’était à nous d’aller vers elle. Cet essai filmé ne ressemblait décidément à aucun autre, je savais déjà que cette expérience allait changer beaucoup de choses en moi.
Sa présence solaire, sa joie de vivre, son sourire malicieux, l’inquiétude qui, parfois, passait comme un nuage sur son visage, la profondeur de son regard, empli tantôt de sagesse tantôt d’une tendresse infinie, tout cela nous offrait bien davantage qu’une simple récitation. Jour après jour, Clémence nous entraînait dans l’aventure et, à chaque fois, c’était tellement mieux que tout ce que nous avions imaginé ! Ce film doit à Clémence ses plus beaux instants de vérité. Elle lui a donné son rayonnement, son humanité si précieuse.
Il y a eu des embûches, des difficultés qui lui semblaient parfois insurmontables. Il y a eu du découragement aussi. Pourtant, à chaque instant, ma petite Clémence nous enchantait. Elle était la magicienne de ce tournage ! Grâce à elle, le monde bougeait autrement, vacillait, remuait et cette histoire prenait d’inégalables couleurs : même ses peines possédaient leurs arcs-en-ciel. Grâce à elle aussi, ces pages d’Histoire sont devenues vivantes. Peut-être est-ce justement cela accompagner un enfant différent ? Recevoir non pas un petit mais un colossal supplément d’âme ?
Isabelle Carré
Ta venue
En t’attendant
J’ai tricoté ta chambre de mes rêves,
Blotti ton prénom contre mes lèvres.
Isabelle Boulay, En t’attendant
Samedi 9 décembre 2006
Les arbres dénudés de toutes feuilles et l’air frais qui picote les joues marquent bientôt le début de l’hiver. Noël approche à grands pas ! Le sapin a été décoré, il y a quelques jours, par ta grande sœur Laura, de guirlandes lumineuses et de boules aux couleurs de fête. Bien vert, droit et tout beau comme un roi, il trône au milieu du salon, prêt à accueillir les cadeaux. La petite crèche traditionnelle a été installée à sa place habituelle, au pied de l’arbre. Dans quelques jours, les cloches sonneront la naissance joyeuse de l’Enfant Jésus, que nous déposerons délicatement sur la paille encore vide qui l’attend.
Comme nous l’attendons, ce 25 décembre ! Une joie toute particulière, une joie impatiente, s’est infiltrée doucement au fil de ces derniers mois dans notre maison et s’est nichée dans chacun de nos cœurs. Nous souhaitons tant que ce premier Noël à quatre soit le plus beau de tous !
C’est avec le plus grand soin que nous avons peaufiné les dernières touches de décoration de ta petite chambre, pour ta venue maintenant toute proche. Tout est prêt et joli, il ne manque plus que toi.
Il est presque une heure du matin, la maison est plongée dans un profond silence. Malgré l’heure tardive, impossible de trouver le sommeil. Aucune position ne me semble assez confortable. L’œil fixé sur l’aiguille de l’horloge qui ne cesse d’avancer et semble me narguer, je me tourne et me retourne, exaspérée.
Tu es bien trop à l’étroit, tes petits pieds tambourinent à la porte et tirent contre les parois de mon ventre énorme qui se déforme sous les coups, laissant apparaître de drôles de petites bosses qui roulent et que je m’amuse à suivre du doigt.
Je fredonne un air les yeux fermés. Mes mains posées au plus près de toi te bercent, espérant ainsi calmer le rythme effréné de toutes tes galipettes. Nous sommes à quelques jours du terme. La grossesse s’est bien déroulée, aucune complication, et les quelques nausées des premières semaines n’ont pas duré. Même si j’apprécie de porter la vie, même si je suis de celles qui mettent leur gros ventre en avant, depuis quelques jours, je suis lasse et fatiguée. Le temps me semble si long ! Mon ventre extrêmement tendu subit de nombreuses contractions douloureuses, signes évidents que la naissance approche. Ce soir, elles me paraissent plus fortes, plus rythmées. Comme de nombreuses mamans à l’approche de leur accouchement, je suis à l’affût du moindre signe qui pourrait donner l’alerte. Un peu inquiète, je m’interroge : Vas-tu naître cette nuit ? Ta naissance est pourtant prévue aux alentours du 23 décembre. Dois-je appeler Nicolas ? Et si c’était une fausse alerte ? Il ne faudrait pas le déranger inutilement sur son lieu de travail. Faut-il que je réveille Laura ? Que je prévienne mon beau-frère ? Que je vérifie une dernière fois ma valise ? Que je prenne une douche ?
Toutes ces questions, aussi naturelles qu’anxiogènes, intoxiquent davantage mon cerveau. Finalement je me décide et attrape mon téléphone posé « au cas où » à côté du lit pour prévenir Nicolas, mon gendarme de mari d’astreinte cette nuit, au poste de sécurité de la petite caserne où nous habitons. J’essaie de garder mon calme pour ne pas l’affoler en lui disant que je crois la naissance toute proche. Il me répond qu’il arrive.
À peine le temps de passer aux toilettes, d’enfiler un pantalon et un pull chaud et confortable, que le voilà déjà ! Je devine sa joie et son impatience. Sourire aux lèvres, le regard pétillant, il m’embrasse et attrape le sac qui attend depuis déjà plusieurs jours dans l’entrée. Dedans se trouvent les affaires nécessaires pour notre séjour à la maternité, et le premier pyjama que tu vas porter, je l’ai choisi avec beaucoup d’amour. Il est tout rose, accompagné de son bonnet et de ses mini-chaussettes assortis. Tu es une fille. Nous le savons depuis la deuxième échographie. Tu t’appelleras Clémence. Un prénom doux et chantant. Ce choix s’est fait rapidement, facilement, sans aucune négociation ! Pour Nicolas comme pour moi, c’était une évidence. Quelle intuition nous a permis de donner à notre fille un prénom si riche de sens ?
Je réveille doucement avec bien du mal la petite Laura qui, encore tout endormie et sans vraiment comprendre ce qui se passe, descend l’escalier. Je lui enfile rapidement un manteau par-dessus son pyjama au dessin de princesse en lui soufflant :
– Ta petite sœur va naître.
La porte de notre maison se referme dans un grincement sourd, la rue est totalement déserte. On n'entend que le bruit du vent qui fait remuer les grandes tiges de blé du champ d’en face. Des étoiles scintillent dans le ciel noir. Nous nous engouffrons dans notre voiture, habités par une joie mystérieuse. Celle d’une naissance tant attendue.
Tout a été prévu bien à l’avance et notre organisation est sans faille. En peu de temps, nous déposons Laura quelques maisons plus loin, chez mon beau-frère et ma belle-sœur. Pratique et rassurant !
Nous quittons la caserne dans un silence inhabituel, il fait froid, mon cœur bat la chamade, je tremble. Sûrement un mélange d’impatience et de crainte. La naissance de Laura remonte déjà à six années. Les contractions sont régulières et ne me quittent plus. Je me concentre sur ma respiration et essaye d’appliquer au mieux les quelques conseils donnés aux cours de préparation à l’accouchement que j’ai suivis assidûment.
Le panneau Urgences se dresse devant nous, je suis soulagée d’arriver. Je sors péniblement de la voiture et tiens mon ventre rond et lourd. Je sais qu