210
pages
Français
Ebooks
2017
210
pages
Français
Ebook
2017
Publié par
Date de parution
01 janvier 2017
Nombre de lectures
10
EAN13
9782140026836
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
Publié par
Date de parution
01 janvier 2017
Nombre de lectures
10
EAN13
9782140026836
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
Gaspard SALATKOLe dieu situé
Une enquête sur la fabrique de l’art sacré
dans le catholicisme contemporain
En recommandant le commun engagement des fidèles dans
les procès publics d’oraison, le concile Vatican II a introduit Le dieu situéune réorganisation majeure des lieux du culte catholique.
Ce livre entend rendre compte des implications esthétiques de
ce programme de restauration du Rituel romain.
Par l’adoption d’une démarche d’enquête d’orientation Une enquête sur la fabrique de l’art sacré
pragmatique portant sur le fonctionnement des laboratoires de
liturgie, Gaspard Salatko analyse la façon dont les praticiens dans le catholicisme contemporain
et les théoriciens du catholicisme organisent leurs églises étant
donné les spécificités du régime français de laïcité. Sous ce
rapport, l’observation de la façon dont sont réalisés les lieux
conçus pour l’exercice public du culte permet de mettre au
jour les modalités situées d’actualisation du dieu chrétien.
Anthropologue, Gaspard SALATKO est chercheur associé au Centre
Norbert Elias (CNRS/EHESS-Marseille). Il enseigne l’anthropologie
de l’art et du patrimoine à l’École Supérieure d’Art d’Avignon.
ISBN : 978-2-343-10064-7
21,50 €
nthropologie du onde ccidental
Le dieu situé
Gaspard SALATKO
Une enquête sur la fabrique de l’art sacré dans le catholicisme contemporain
nthropologie du onde ccidental
Le dieu situé
2 Le dieu situé
Le présent ouvrage vise à identifier les formes de convenance
esthétique à l’œuvre dans le christianisme catholique
contemporain. Ce projet trouve son origine dans le séminaire
Anthropologie des dispositifs cultuels, animé à l’École des Hautes
Études en Sciences Sociales par Jacques Cheyronnaud et Élisabeth
Claverie.
La réalisation de ce livre doit beaucoup à leurs conseils ainsi
qu’à l’attention de Denis Laborde qui a accepté de l’accueillir dans
sa collection. Elle doit encore au soutien de Sossie Andézian,
JeanPierre Cometti, Sarah Cordonnier, David Douyère, Marc Maire,
Pierre Lagrange et Emmanuel Pedler qui m’ont fait l’amitié de
discuter certaines des idées développées dans ces pages.
Que tous trouvent ici l’expression de mes remerciements.
© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-10064-7
EAN : 9782343100647
Gaspard SALATKO
Le dieu situé
Une enquête sur la fabrique de l’art sacré
dans le catholicisme contemporain
4 Le dieu situé
Je ne sépare plus l’idée d’un temple de celle de son édification.
Paul Valéry, Eupalinos ou l’architecte,
Paris, Gallimard, 1945, p. 15
ESTHÉTIQUE ET CONNAISSANCE DU CULTE
CATHOLIQUE CONTEMPORAIN
La question de la représentation du Christ s’est posée avec une
acuité particulière durant les périodes de requalification des normes
théologiques et esthétiques. Les querelles portant sur l’emploi ou la
vénération des images (iconoclasme byzantin, Réforme,
ContreRéforme…) font classiquement figure de controverses
paradigmatiques. Mais ces controverses, qui engagent la définition même du
divin et des compétences que lui attribuent les chrétiens, ne
sontelles relégables qu’à de lointains passés ? Pour penser l’actualité
même de ces disputes, l’enquête développée dans ces pages vise à
rendre compte de la façon dont l’institution chrétienne catholique
prend en charge les implications esthétiques du concile Vatican II.
Depuis ce concile, l’adresse aux artistes s’est affirmée comme une
épreuve caractéristique de l’exercice de la fonction pontificale. Dès
la clôture du concile, le 8 décembre 1965, le Pape Paul VI
prononçait son Message aux artistes, leur demandant d’aider
l’institution ecclésiale « à traduire son divin message dans le
langage des formes et des figures, à rendre saisissable le monde 8 Le dieu situé
1invisible » . Cette thématique fut reprise, le 4 avril 1999, dans la
Lettre du pape Jean-Paul II aux artistes qui réitérait l’invitation à
« redécouvrir la profondeur de la dimension spirituelle et religieuse
qui en tout temps a caractérisé l’art dans ses plus nobles
2expressions » . Plus récemment, le Pape Benoît XVI reformulait
cet appel dans son Discours aux artistes prononcé, le 21 novembre
32009, depuis la chapelle Sixtine . Sans doute, par cet exercice
périodique, l’autorité vaticane s’efforce-t-elle de préciser les
attentes institutionnelles liées à la conception d’une esthétique
cultuelle. Mais, plutôt que de revêtir une simple dimension
prescriptive, ces discours sont aussi à comprendre comme la
manifestation d’une crise de l’image chrétienne catholique.
Le présent ouvrage a pour projet d’identifier et de caractériser
la relation que le christianisme catholique contemporain instaure
entre l’« Art sacré » et le « Rituel romain ». Il résulte d’une
enquête menée afin de repérer la façon dont les praticiens et les
théoriciens de ce culte procèdent concrètement à l’aménagement de
leurs églises. Une simple observation des lieux du culte catholiques
contemporains permet de constater que ceux-ci tendent à s’équiper
4de copies d’icônes* orthodoxes. Mais, dans le même temps, les
acteurs du catholicisme, qui se disent informés des problématiques
relatives à la création artistique, semblent déplorer que leur propre
tradition religieuse ne dispose pas d’objets équivalents à ces
images chrétiennes orientales. C’est notamment le cas d’Auguste
Maurice Cocagnac, co-rédacteur de la revue dominicaine L’Art
sacré, qui en 1968 avançait « qu’à mieux saisir la tradition
iconographique orientale, […] on lui trouverait, plus que l’on ne
veut le dire, de profondes correspondances avec la tradition
5occidentale » .
1 « Message du Pape Paul VI aux artistes », 1965.
2 « Lettre du Pape Jean Paul II aux artistes », 1999.
3 « Discours du Pape Benoît XVI aux artistes », 2009.
4 Les termes et acronymes marqués d’un astérisque sont repris dans un
lexique en fin d’ouvrage.
5 Cocagnac, A.-M., « L’icône, miroir de l’invisible beauté », L’Art sacré,
premier trimestre 1968, p. 17.
Esthétique et connaissance du culte catholique contemporain 9
L’évocation de ces « correspondances » amène à envisager les
rapports sous lesquels ces images se distinguent des objets
ordinaires du culte catholique contemporain. L’une des propriétés
anthropologiquement repérables des icônes tient à la fonction
d’opérateur de contact qu’elles assument, supportant
l’établissement d’un accès au divin fondé sur une représentation
visuellement perceptible d’une occurrence actualisée du dieu
chrétien. Pour l’institution ecclésiale chrétienne orthodoxe, la
production de ces images relève de la seule responsabilité des
iconographes qui, face au clergé et aux fidèles, se posent comme
6garants de la bonne mise en acte d’une théologie picturale . Par
contraste, la gestion des formes esthétisées ordonnées au culte
catholique relève de l’appréciation de commissions d’experts
nommés par l’évêque : les commissions diocésaines d’art sacré.
Ces experts homologués par l’institution ecclésiale présentent des
profils variés : il s’agit d’ecclésiastiques, mais également de laïcs,
souvent retraités, anciens professionnels des métiers