Le parapluie
164 pages
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Le parapluie , livre ebook

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Description

« Soudain, on frappe à la porte. Anne sursaute. Elle a beau se coller à la vitre, elle ne voit aucun véhicule. Elle aperçoit cependant un morceau de manteau noir ainsi qu'un parapluie. Ce n'est donc pas son père, cette personne est venue à pied. » Anne, jeune orpheline, est confiée à sa grand-mère Maryse. Lors d'un jeu tout ce qu'il y a de plus innocent, Laure, l'une de ses amies, disparaît... Annie, elle, vit une relation passionnée avec son moniteur de ski, à tel point qu'elle quitte sa vie et sa famille pour vivre avec lui. Anne et Annie, deux destins qui résonnent, correspondent et s'entrelacent dans le premier roman envoûtant de Coline Plamber. L'auteure brosse les portraits de deux femmes fortes aux parcours intimes et bouleversants. Les parapluies sont des symboles de protection, contre le monde extérieur, mais également contre notre inconscient et nos émotions négatives. Un objet qui ne cesse de réapparaître au fil du récit de Coline Plamber. Nos héroïnes ont-elles besoin de protection ? Et si oui, contre quoi ? Ou qui ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342168198
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le parapluie
Coline Plamber
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le parapluie
 
Chapitre 1 – Annie   : mars   2017
Je venais de faire l’acquisition d’une petite Twingo framboise qui me donnait toute satisfaction. Lorsque je rentrais à pied de l’école, afin d’évacuer les tensions générées par l’exercice de mon métier, et que je l’apercevais, garée au pied de mon immeuble, cette tache rose au milieu d’un camaïeu de gris me mettait le cœur en joie.
L’architecture de mon quartier ne portait guère à l’allégresse. Des tours, un centre commercial vieillot, des immeubles grisâtres, des espaces verts brûlés par le soleil et le mistral entouraient un ancien mas provençal et quelques platanes. Celle de mon école n’était pas plus rutilante. Un bloc de béton, posé sur une cour goudronnée et entourée de grilles qui donnaient sur la rue, bruyante.
Dans cet univers monochrome résonnaient les rires des enfants et les accents de résidents chamarrés. La vie peignait ses couleurs sur cette toile sombre. De mon appartement, au deuxième étage, les fenêtres de mon salon avaient vue sur les arbres qui me cachaient les autres bâtiments et je m’y sentais comme dans une bulle.
Cette école était ma première affectation définitive de professeur des écoles. Avant de passer le concours, j’avais hésité… Élève, je n’étais pas très sage, j’aimais faire rire mes camarades par des traits d’humour que mes professeurs n’hésitaient pas à qualifier d’insolence. Saurais-je me montrer capable d’une autorité que j’avais si souvent bafouée ? Je ressentais pourtant le besoin de choisir une voie où je me sentirais utile.
Issue d’une famille de commerçants, je ne parvenais pas à me projeter dans une profession où il faut échanger des objets ou des services contre de l’argent. Je rêvais d’un monde plus juste où chacun pourrait trouver sa place et s’épanouir… Comment servir cette cause ?
J’avais réfléchi à un engagement politique, mais mon souci d’équité et de conciliation ne s’accommodait pas du cloisonnement des partis. Veiller à la sécurité de mes concitoyens en rejoignant la police m’avait un temps inspirée, mais ma mère en serait morte d’inquiétude. Par ailleurs, oserais-je user de mon arme de service si cela s’avérait nécessaire ? Assistante sociale… Juge pour enfants… Journaliste d’investigation… Psy ?
La rencontre inopinée d’une amie d’amis qui exerçait en école maternelle, la passion avec laquelle elle parlait de son métier, me firent réaliser que là était ma voie. Toutes mes aspirations étaient réunies dans ce sacerdoce ! Ce n’était pas un métier, c’était une mission, attribuée par la providence. Je décidai de l’accepter ! Cinq ans plus tard, l’injonction ne s’étant pas autodétruite, j’œuvrais à rendre le monde meilleur en formant les citoyens de demain.
Mon école était enrichie par une réelle mixité sociale. Accepter la différence n’y était pas la vaine formule d’un projet pédagogique. C’était la séance quotidienne de travaux pratiques ! La question de la tolérance ne s’y posait pas ; elle y était vitale… La diversité des origines, des milieux socioprofessionnels et des histoires familiales s’imposait à tous. Cela n’empêchait pas les conflits, leur cortège de bagarres et de langage fleuri. Mais personne ne songeait à les instrumentaliser, on s’attachait à les résoudre. Je découvris entre ces murs une solidarité plus concrète que celle qui consiste à envoyer un chèque à Médecins sans frontières pour se donner bonne conscience. La solidarité des premiers hommes, quand elle était une question de vie ou de mort. Parce que créer du lien nous rend plus fort.
J’apprenais ainsi mon métier en même temps que la vraie vie. J’avais grandi dans une famille aimante et si mes parents travaillaient beaucoup et prenaient peu de vacances, ils trouvaient toutefois le temps de longues discussions avec leurs enfants. Autour d’une table bien garnie, nous parlions en toute simplicité. De huit ans plus jeune que mes frères, des jumeaux, je ne perdais pas une miette des sujets abordés. Sans être totalement consensuels, les points de vue s’échangeaient sans éclats et sans divergences flagrantes. J’en vins à croire que c’était ainsi que pensaient les gens raisonnables, et j’en adoptai les idées.
C’est au lycée que je pris conscience de ma singularité. La mode des débats s’invitait en pédagogie. Je prenais volontiers la parole pour donner ce que je pensais être mon avis. Je ne faisais en réalité que répéter les arguments entendus chez moi, sans avoir même imaginé les remettre en cause… Les sourires entendus de mes professeurs et des quolibets lâchés par quelques-uns de mes camarades firent s’écrouler les convictions acquises dans le monde des « Bisounours » :
— Quelle petite bourgeoise !
— C’est sûr ! Son père est patron…
— Comme elle se la pète !
Ma prof de sciences-éco, une femme intelligente et progressiste, me conseilla quelques lectures qui élargirent mon champ visuel. C’est ainsi que « Le Nouvel Observateur » vint côtoyer le « Valeurs actuelles » de mon père, sur la table basse du salon ! Ce fut aussi l’occasion d’échanges plus animés au sein de la fratrie !
— Franchement, vous devriez surveiller un peu mieux ses fréquentations… lançait Jacques à mes parents.
— Elle doit traîner avec des gauchistes, renchérissait Paul.
Tous deux portaient une petite moustache sous leur coupe au bol. À vingt-cinq ans, ils étaient rentrés dans la vie active après leurs études de commerce. L’arrogance seyait à leurs jolis costumes de jeunes cadres dynamiques.
— OK, les Dupont-Dupond ! Vous avez bien travaillé à l’école… C’est vrai que vous habitez toujours chez papa-maman, mais vous avez le droit de penser par vous-mêmes !
— En ce qui nous concerne, nous n’avons jamais eu : « l’insolence d’Annie nuit à son travail » sur notre bulletin de seconde !
— C’est d’entendre les sirènes de la presse de gauche qui te fait croire que tu penses par toi-même ?
Je les avais énervés. J’en étais fière !
— L’appartenance ne devrait pas dicter nos convictions, fanfaronnais-je, paraphrasant BHL de mémoire.
Les jumeaux se regardaient. Leur air consterné faisant alors place à un sourire complice, ils se jetaient sur moi pour me réduire au silence. Me débattant, je lançais encore :
— C’est la lutte de l’intelligence contre la force bornée de la tyrannie ! Vous n’aurez pas ma liberté de penser, ajoutais-je en hoquetant.
Ils me lâchaient alors en riant :
— J’adore tes arguments de karaoké, petite sœur !
— Ignorant, sot, béotien !
— On verra, quand tu commenceras vraiment à gagner de l’argent, si tu le dépenses ou si tu le partages avec les pauvres !
Mon père venait généralement clore le débat en ménageant la chèvre et le chou pendant que Maman s’activait en cuisine.
— Ce n’est pas inintéressant d’envisager une société plus égalitaire… Mais c’est tellement utopique ! Nos entreprises ne se portent d’ailleurs pas si bien. Nous sommes déjà satisfaits de pouvoir garder nos employés, mais nous ne sommes en capacité ni de créer des emplois, ni de verser nos bénéfices aux bonnes œuvres… Il faut être réaliste ! Sur ce… à table !
À présent, je gagnais ma vie. Je n’avais pas voulu rester habiter chez mes parents. Il me semblait que je n’aurais pu continuer à revendiquer mes positions dans la riche demeure familiale. Un petit appartement dans les quartiers nord serait plus conforme à mes principes. J’y vivais seule. Mais libre ! Pas de petit ami attitré, qui soit à la fois présentable pour ma famille et en adéquation avec mes idées. Je regrettais souvent ces moments de rigolade avec mes frères. Comme ils se plaisaient à me le rappeler, j’avais désormais un salaire… modeste… et beaucoup de vacances… Je n’avais pas fait le choix de partager le premier avec de moins chanceux que moi. Il s’avérait même insuffisant pour continuer à m’adonner aux loisirs dispendieux auxquels mon éducation m’avait habituée. Je n’étais pourtant pas prête à renoncer à tout ! Si la peinture remplissait agréablement mon temps libre, j’avais aussi besoin de grand air. Je randonnais régulièrement avec une association sportive, et j’allais courir trois fois par semaine, en rentrant du travail. Mais ma passion, c’était la montagne, et le ski en particulier. Toute l’année, je mettais de l’argent de côté pour pouvoir m’offrir quatre semaines de ski. Une, entre Noël et le jour de l’An, deux, pendant les vacances de février, et encore une, aux vacances de printemps ! J’allais aussi y passer un mois en été, suivant un GR de gîte en gîte, ou en faisant du camping.
La montagne m’offrait le dépaysement, la beauté et la fête… C’est à l’occasion d’un de ces nombreux séjours que j’avais fait la connaissance de Clément. Je maîtrisais le ski alpin que j’avais pratiqué depuis l’enfance avec mes frères. Pour mon groupe d’amis, tous adeptes de snowboard, je faisais figure de réactionnaire… J’avais donc décidé de changer de glisse, mais pas question de me couvrir de ridicule en essayant de les suivre, alors que je les avais toujours précédés ! Je profitai donc d’un séjour en solo pour m’inscrire à un cours débutant… En attendant l’arrivée du moniteur, je constatai que j’étais la seule adulte du groupe, principalement constitué de jeunes garçons qui se tapaient dans la moufle, puis se touchaient du poing pour se saluer. J’avais l’impression d’être avec mes élèves en classe de neige…
Un jeune homme vêtu de rouge vint alors s’arrêter devant nous en déplaçant une gerbe de poudre blanche :
— Bonjour ! Je m’appelle Clément… Je vais être avec vous toute

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