Les Forgerons des Oasis
378 pages
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Les Forgerons des Oasis , livre ebook

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Description

C'était un instant à forger en son âme. Il est des instants où la vie paraît plus pure que le verre, plus fragile peut-être, où le bonheur n'est pas un rêve mais une évidence. Tels étaient les jours, les années et les heures où Hachiko et Niji voyageaient ensemble au cœur du paradis illusoire de l'enfance. Leur refuge était l'Oasis de Miyajima, l'une des douze grandes îles flottantes sculptées dans l'océan du ciel de Jinsei, le monde de la Vie. Demain, le Forgeron et sa Musicienne devraient affronter les ombres qui menaçaient déjà d'emprisonner les amants, de transformer leurs instants en poussière et leurs rêves en cendres. Mais, face aux chaînes du Destin, au sable du Temps et à la faux de la Mort, existait-il seulement une Oasis pour les flammes de leurs âmes et les larmes de leurs cœurs ? Puisant son inspiration dans la culture manga – le nekketsu en particulier –, Simon Oeriu orchestre une fresque ambitieuse doublée d'un récit initiatique touché par la grâce. Autour du destin de deux adolescents et d'un monde entier bouleversé par la guerre, il donne vie, porté par une plume élégante, à un univers magique empreint de poésie qui saura captiver les amoureux du genre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342161250
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Forgerons des Oasis
Simon Oeriu
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Les Forgerons des Oasis
 
Partie I. Vie enchaînée. La Vie contre le Destin
 
Prologue. Forge ton âme
C’était un instant à forger en son âme.
 
Il est des instants où la vie paraît plus pure que le verre, plus fragile peut-être, où le bonheur n’est pas un rêve mais une évidence.
Tels étaient les jours, les années et les heures où une lame étincelante et un regard mélancolique voyageaient ensemble au cœur du paradis illusoire de l’enfance.
La lame s’appelait Hachiko. C’était un garçon de dix-sept ans à peine, aux yeux marron perdus dans les méandres de son étrange chevelure rose mêlant piques et éclairs. Une épée de bois à la ceinture, il semblait prêt à affronter tous les fléaux pour protéger un regard.
Ce regard mélancolique était celui de Niji, une fille du même âge, à la peau cristalline traversée de courants arc-en-ciel, aux cheveux faits de pétales de fleurs. Ses doigts légers comme des nuages tenaient un harmonica sculpté dans le bois.
Leur refuge était l’Oasis de Miyajima, l’une des douze grandes îles flottantes sculptées dans l’océan du ciel de Jinsei, le monde de la Vie.
Main dans la main, tous les matins, les deux amis d’enfance marchaient sur la plage, en riant. Le fin sable ocre caressait leurs pieds nus désireux de fouler les marches du présent. Leur horizon à cette époque était un univers infini.
Le destin n’avait pas encore tenté de tirer les fils de leurs existences naissantes. La mort n’était pour eux qu’un mot vide de sens et n’inspirant aucune crainte. Le temps lui-même n’avait pas commencé à couler dans leurs consciences. Les ombres planant sur les têtes des hommes n’étaient pas encore nées en eux. Ils arpentaient les chemins d’un présent simple, serein, et chaque pas esquissé sur la toile de ce monde qui restait pour eux à découvrir était empreint d’une douceur innocente.
 
Ce matin-là, alors qu’ils jouaient avec le vent près de l’eau, ils croisèrent des dizaines de daims errant en liberté. Les animaux, habitués à la présence humaine, vinrent manger dans leurs mains quelques galettes craquantes et dorées. Certains arboraient fièrement de grands bois plantés sur leurs têtes, d’autres, plus jeunes, avaient sur leurs pelucheuses peaux beiges des constellations de petites taches blanches.
Hachiko et Niji partagèrent avec les cervidés quelques caresses, jeux et éclats de rire, avant de poursuivre leur route jusqu’à apercevoir au large le grand Torii de Miyajima.
Flottant sur l’eau turquoise, le Torii était un immense portique en bois vermillon, constitué de deux montants verticaux, d’un linteau inférieur et d’un linteau supérieur, marquant la séparation des mondes profane et sacré.
Les reflets orange du soleil levant et du monument voguant sur l’écume blanche et bleutée se mêlaient en un tableau flamboyant.
Profitant de la marée basse, les deux adolescents avancèrent vers ce portail, sous le chant bienveillant de corbeaux et de mouettes nichant à son sommet.
« Tu veux toujours devenir un Forgeron, demanda Niji ?
— Oui, bien sûr, répondit Hachiko ! Pour te protéger ! »
Le jeune garçon, armé d’un sourire invincible et insouciant, agita son épée de bois frénétiquement, comme pour chasser une peur confuse charriée par le vent et impressionner son amie.
« Et moi, reprit Niji, je jouerai toujours pour toi et pour le peuple de Jinsei ! »
Les yeux perlés de vagues larmes, elle porta son harmonica de bois à ses lèvres et entama une mélodie empreinte d’une infinie nostalgie, comme si déjà elle regrettait les moments fugaces qui à peine vécus lui filaient entre les doigts comme des grains de sable.
« Je suis si heureuse, s’écria Niji ! Je voudrais que ce moment dure toujours !
— Mais tu pleures, rétorqua Hachiko !
— Oui, je sais que Miyajima est un paradis et je sais que je devrais tous les jours être heureuse. Mais, plus les heures passent, plus j’ai peur de perdre ce bonheur, de te perdre. Oui, parfois je pleure. Je pleure quand je pense que ce jour va s’éteindre… Quand je pense qu’un jour, nous serons séparés l’un de l’autre… Après tout, ce soir, au coucher du soleil, je deviendrai Musicienne, et toi Forgeron.
— Si un jour nous sommes séparés, tu n’auras qu’à jouer cette mélodie. Je viendrai vers toi. Mais au fait… Cette musique, je ne l’avais jamais entendue. D’où vient-elle ?
— De moi. Je l’ai composée en pensant à toi. Je l’ai appelée la mélodie d’Hachiko. »
Ce soir le destin, le temps et la mort, les trois fléaux menaçant la vie deviendraient réalité. Ce soir leur existence paisible sur l’île laisserait place à un avenir plus sombre. Leur bonheur de verre allait sans doute voler en éclats.
Mais qu’importe, il fallait vivre ! Ce n’était pas encore la fin de leurs rires. Ils avaient encore une journée à vivre, de l’aurore au couchant. Et ils venaient de partager un adieu au passé et une promesse de lien éternel.
 
C’était un instant à forger en son âme.
Hachiko, le regard plongé dans celui de Niji, songea alors à la devise des Forgerons des Oasis : « forge ton âme comme ta lame ».
Chapitre 1. Les douze Oasis
À quelques mètres de là, au pied du Mont Misen, se trouvait le Sanctuaire d’Itsukushima, temple protecteur de l’Oasis de Miyajima.
Ce lieu sacré était constitué de plusieurs bâtiments orange et blancs construits sur pilotis, ancrés dans les eaux aux reflets turquoise, reliés entre eux par un pont voûté et deux galeries aériennes portées par des poteaux et poutres vermillon.
Hachiko et Niji passèrent devant la Forge, salle où le Maître Forgeron, l’air grave, s’affairait sur un morceau de métal ressemblant à du corail, posé sur une enclume, qu’il frappait à l’aide d’un marteau.
Ils marquèrent un temps d’arrêt devant la Cage d’Harmonie, pavillon empli d’une brume rosée au cœur de laquelle la Musicienne de l’île jouait de sa flûte enchantée une mélopée triste et douce.
« Alors voilà le destin qui nous attend, fit Niji…
— Il peut encore attendre un peu, répondit Hachiko. Tu veux monter une dernière fois sur le toit du monde ?
— Oui. »
Pour se rendre au sommet du Mont Misen, surnommé le toit du monde, les deux amis traversèrent le parc Momijidani, vallée d’érables aux feuilles rougeoyantes et vermeilles, tombant en ce matin d’automne comme des grains de sable semés par le temps, puis arpentèrent les chemins sinueux de terre et de pierre de la montagne.
Les minutes passaient, les heures aussi bientôt, permettant au destin de resserrer son étreinte sur les âmes jadis insouciantes.
Hachiko sentait, en voyant le sourire de Niji perdre un peu de son éclat, que leur paradis filait lentement entre leurs doigts.
Puis, au coucher du Soleil, les deux amis atteignirent enfin l’observatoire du toit du monde. De cette grande cabane de bois, ils observèrent un paysage unique.
Là, sculptées dans l’océan du ciel rose et violet, perdues dans les nuées nacrées, se dessinaient les onze autres Oasis, îles flottantes paraissant formées sur le modèle d’un animal.
Shibuya ressemblait à une sculpture de chien, Shinjuku à un lapin, Fushimi un renard, Nara avait l’aspect d’un daim, Osaka celui d’un âne… Certaines créatures semblaient courir parmi les nuages, d’autres voler vers l’infini.
Ces terres dérivant dans les courants célestes portaient en elles des milliers de vies, de merveilles, de secrets. Un parfum d’aventure, de liberté, un souffle d’oxygène s’exhalait de ces îles.
« Où irons-nous demain, demanda Niji ? Shibuya, Shinjuku, Akihabara, Tokyo, Hakone, Fushimi, Kyoto, Arashiyama, Daigo, Nara ou Osaka ?
— Je l’ignore, avoua Hachiko, mais, même si j’ai envie de découvrir le monde, Miyajima me manquera. Ce soir, nous allons plonger au cœur de cet océan de nuées, vers l’inconnu. C’est un saut dans le vide. Mais comment être inquiet en observant les îles danser au loin, dans un horizon sans limite ?
— Nous avions devant nous l’infini. Nous étions des enfants jouant avec les daims, semant nos rires invincibles dans l’écume et le sable, comptant les feuilles mortes tombées dans la vallée sans y voir notre reflet. Nous croyions en un avenir radieux. Nous étions deux lumières, deux sourires.
— Pourquoi parler ainsi, au passé ?
— L’avenir nous attend.
— L’avenir serait-il la fin de tout ?
— De tout ? Non, mais… Ne les sens-tu pas s’effacer peu à peu, comme des Oasis disparaissant dans les nuages ?
— Quoi ?
— Notre bonheur, notre liberté, notre enfance. »
Chapitre 2. Trop tard pour mourir
La nuit recouvrait peu à peu l’île, contraignant les deux amis à retourner au Sanctuaire d’Itsukushima. L’heure de la cérémonie approchait. Sur la plage reliant le temple au grand Torii les attendaient quelques visages familiers.
« Encore en retard, lança une voix masculine aiguë ? Décidément, vous ne changerez jamais ! »
Cette voix était celle de Kenshin, adolescent à la peau dorée, aux yeux marron étincelants, à la chevelure de hérisson mêlant mèches orange et bleues. De tous les apprentis Forgerons, il était le plus doué pour manier le sabre.
« Qu’as-tu fait de ton dernier jour, lui demanda Niji ?
— Tu ne devines pas ? Entraînement d’escrime et méditation, au son de la musique de Saya ! On ne peut pas rêver mieux comme souvenir de Miyajima ! »
Les mots de Kenshin dessinèrent un sourire sur le visage discret de Saya, légèrement masqué par quelques brins de cheveux offrant plusieurs nuances de vert. L’apprentie Musicienne paraissait avoir été sculptée par la nature elle-même.
« D’ailleurs, Hachiko, reprit Kenshin, que dirais

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