Louisa fille du Nord , livre ebook

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Louisa est une amoureuse de la vie, des gens, des voyages. Quand elle rencontre Jacques, officier instructeur dans l’aviation, elle se laisse aller à ses désirs, à ses envies de romance. Doucement, pour commencer, puis avec la passion qui caractérise les âmes sauvages, elle emporte son amant dans les délices de l’amour. Ensemble, ils consumeront leur histoire, aussi douce et plaisante que les soirs de printemps à Marrakech.

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Date de parution

01 janvier 2011

Nombre de lectures

3

EAN13

9782748374124

Langue

Français

Louisa fille du Nord
Jacques Bachelard
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Louisa fille du Nord
 
 
 
À Louisa
 
 
 
 
 
 
Les deux Chasseurs évoluaient en subsonique dans la zone basse altitude de Montdidier. Après un dernier test pétrole, Jacques qui menait la patrouille trancha :
— On rentre !
Il plia sa carte plastifiée et la glissa dans l’étroit porte-cartes en regardant devant lui. Presque au même instant l’alarme retentit, doublée d’un voyant rouge au sommet du tableau. Il coupa le signal sonore, établissant inconsciemment un lien entre son dernier geste et l’extinction du réacteur :
— J’ai éteint, annonça-t-il brièvement au numéro deux qui avait déployé ses aérofreins et manœuvrait pour rester au contact.
 
Sur la confortable vitesse acquise il prit de la hauteur et vit l’interrupteur de commande du robinet carburant, rabattu sur fermé. Il le replaça sur ouvert, lançant dans la foulée la procédure rapide de rallumage en vol ; le réacteur gronda sourdement, jusqu’au plein rétablissement de la poussée. Jacques vit son équipier rentrer ses aérofreins et glisser en retrait, sur fond d’arbres proches :
— C’est rallumé dit-il, toujours laconique.
Il vira doucement à droite pour faciliter le rassemblement de l’autre appareil.
 
Un cache immobilisant l’interrupteur du robinet carburant en position ouvert, empêchait normalement sa fermeture accidentelle. Pour une raison inexpliquée, un avion avait échappé à la modification : tombé sur un ancien l’incident n’avait pas eu de conséquences et sa diffusion resta limitée à l’escadre
 
Dans cet univers masculin, l’arrivée de la jeune Alison fit sensation. Lors des premières manœuvres interalliées, une phraséologie simplifiée permettait les échanges radio. Les nouvelles générations maîtrisaient la langue internationale mais prudent, le 526th Fighter Squadron avait dépêché au Contrôle la jolie Écossaise. Elle fut l’invitée des pilotes au déjeuner :
— Comment pouvez-vous parler aussi bien français ?
— Ma sœur habite Nice ; j’y ai passé tous mes étés jusqu’à dix-huit ans. But I am with you to speak English !
— Cela ne va pas être triste, fit une voix au bout de la table. Jacques s’amusait de voir les jeunes exécuter leur numéro. Il n’avait pas connu les classes mixtes et son regard sur les filles était différent, plus réservé. Cela ne le desservait pas mais son escadron ne participait pas aux manœuvres, et il lui restait à boucler son sac pour partir en campagne de tir. Il se leva avec un petit geste à l’adresse de la jeune fille :
—  I’m sorry to leave you.
— Wait a moment, dit-elle en s’extrayant à son tour.
Ils échangèrent quelques phrases en marchant, puis Alison revint au français :
— Je monte à la tour. Vous volez tout à l’heure ?
— Je pars à Cazaux !
— Vous rentrez ce soir ?
— À la fin de la semaine prochaine !
La jeune fille sembla déçue. Au pied de la tour elle pressa gentiment son bras avant de grimper l’escalier en fer.
 
 
 
 
 
 
Les appareils resserrèrent la formation avant de descendre dans la mince couche de cirrus qui recouvrait l’Aquitaine. La côte rectiligne apparut bientôt, doublée d’un cordon de lacs, avec juste en dessous d’Arcachon la base de Cazaux. C’est là que venaient s’entraîner au tir réel, les pilotes de toutes les Escadres de Chasse.
 
À la chasse au canard, l’homme accompagne son vol en visant un peu au dessus et en avant de la trajectoire de l’oiseau. Sur un Intercepteur, un calculateur détermine la correction en reculant le réticule mobile du collimateur : un point, avec six diamants lumineux entourant la cible. Lorsque le point lumineux est stable sur le but, l’axe des canons – confondu avec celui de l’avion – recoupe ainsi en avant, la trajectoire de l’objectif.
 
Parallèles à la côte, au-dessus de l’océan, les zones de tir étaient autant d’axes nord-sud portant les noms des villes proches : Lacanau, Biscarosse, Mimizan. La cible était un long filet lesté, tiré par un avion, sur lequel les patrouilles tiraient en noria. Chaque appareil commençait la poursuite perpendiculairement au filet, cessant le tir lorsque l’angle devenait inférieur à quinze degrés pour ne pas toucher le remorqueur.
L’ogive des obus, inertes mais bien réels, était recouverte d’une encre grasse d’imprimerie dont la couleur permettait après le largage du filet, d’analyser les scores de chacun. À part les pêcheurs relégués au-delà des zones, personne ne semblait se soucier de la quantité d’obus envoyée par le fond.
— Lacanau de Bleu 1 ?
— Je suis au nord de l’axe, je vais faire demi-tour dans 30 secondes.
Le remorqueur brilla dans le soleil, et Jacques calqua son virage sur le sien pour ressortir de front, un peu au-dessus côté terre :
— Bleu 1, in.
Il plongea vers la cible, attendant d’être à 400 mètres pour ajuster une courte rafale et dégager en remontant, pour se repositionner :
— Bleu 1, out.
— Bleu 2, in.
Le tir se poursuivait ainsi, chaque appareil attendant pour basculer que le précédent se soit annoncé out.
Les patrouilles de quatre se succédaient, jusqu’à ce que l’avion remorqueur rentre et largue son filet. Au sol c’était alors un moment de joyeuse excitation avec le comptage des couleurs : les impacts longs étaient impitoyablement rejetés, indice d’un tir dans un secteur trop arrière.
 
Cazaux c’était aussi, en bordure de l’étang, une immense base sous les pins. Les anciens se souvenaient du chemin de fer à voie étroite qui desservait La Teste. Les nouveaux – peut-être encore sous le charme de la lumineuse Alison – s’évertuaient à mettre un nom anglais sur ce qui subsistait du narrow gauge railways .
C’était enfin, en même temps qu’un superbe plan d’eau, un village où l’on aimait faire la fête le dernier jour de la campagne. Pour l’instant un des jeunes évoquait sa soirée du dimanche, avec une fille rencontrée sur une plage du Sanguinet.
— Est-elle jolie au moins ? demanda Jacques.
— Merveilleuse !
Il eut un rire bref :
— Pendant que tu es coincé ici la concurrence va être rude !
 
 
 
 
 
 
Le brouillard recouvrait tout Paris et seules les pointes de la Tour Eiffel et du Sacré Chœur, émergeaient de la nappe blanche. Jacques obliqua vers l’ouest pour éviter un survol générateur d’ennuis.
Le 2 e escadron avait regagné sa base et l’entraînement se poursuivait maintenant entre chasseurs. Calée selon l’axe de l’appareil, la cinémitrailleuse ne permettait pas de juger de la valeur des corrections. Aussi était-elle complétée par un enregistreur de visée, monté sur le collimateur, captant simultanément l’image du but et celle du réticule mobile. La difficulté était de garder souplement le point sur une cible continuellement en évolutions, sans à-coups pour ne pas fausser les informations transmises au calculateur. Le must était l’image du point centré sur la tuyère d’un avion débordant de la glace frontale.
 
On ne peut rendre la magie de ces vols, sans parler de la formidable vitesse ascensionnelle avec la post allumée. En hiver, trois ou quatre minutes après un décollage sous la pluie, le soleil explosait au-dessus d’une mer de nuages. En été, des pans de vastes régions étaient reconnaissables, pointe de Bretagne ou Cotentin. Ce soir ils se jouaient des protubérances de gigantesques cumulonimbus, minuscules silhouettes noires courant sur le blanc brillant des nuages à développement vertical.
Tous ces garçons avaient entre vingt-cinq et trente-cinq ans et étaient mariés pour la plupart. Jacques disposait d’une chambre sur la base, laissant supposer une cassure, mais il restait extrêmement discret sur sa vie privée. Des appels de l’extérieur – voix féminines sans visages – entretenaient le mystère.
 
 
 
 
 
 
Claire avait perdu son mari il y avait tout juste un an – tué en service aérien commandé, pour reprendre les termes de l’État-major. Veuve à un âge où la plupart des filles n’ont pas encore trouvé leur compagnon, elle occupait une place à part dans le cœur comme dans l’imaginaire de ses amis. La nouvelle de son remariage déchaîna les passions.
— Vous ne saviez pas comment marchait son couple, plaida Jacques.
— Tout de même, ça ne fait pas un an.
— Si, justement ! Vous la vouliez en noir pour les vingt ans qui viennent ?
Le camp adverse contre-attaqua :
— Tu ne la défendrais pas autant si elle était quelconque !
La remarque n’était pas entièrement dénuée d’intention. Il lança, un brin ironique :
— Même un jury d’assises a parfois de ces indulgences.
 
Des réductions draconiennes d’heures de vol – imposées par l’État-major pour des raisons budgétaires – douchèrent le moral des pilotes. Les longs déplacements comme ceux d’Afrique ou de Thaïlande furent abandonnés, et une offre d’affectation pour une mission de coopération au Maroc, passa presque inaperçue. Sans véritable attache, Jacques se sentait à l’étroit dans l’hexagone. Il avait trente-deux ans, déjà quatorze ans de services, et le désir d’enchaîner une carrière civile dans ce pays qui l’avait marqué. Il se porta volontaire mais du quelque peu forcer le sort, pour que sa demande quitte l’Escadre.
 
 
 
 
 
 
La douceur parfumée qui enveloppait Marrakech, ramena Jacques quelques années en arrière. Il s’en fut sans hâte, récupérer son bagage.
Un chauffeur venu l’attendre, le déposa bientôt devant les chambres des hôtes de passage. Il se changea, et se dirigea à pied vers la Division d’Instruction en Vol.
 
Le milieu navigant associe la rigueur dans le travail, et une certaine décontraction dans les relations. Le Commandant de la DIV présenta l

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