Max Weber, penser le paradigme démocratique
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Description

Max Weber, sociologue de la domination, a compris très tôt que la politique est fondamentalement une entreprise de domination et que la démocratie contemporaine ne représente, au mieux, qu'une médiation de la domination... quand elle ne devient pas, purement et simplement, détournement voire confiscation de celle-ci. Mais Max Weber fut également le sociologue de la rationalité à l'œuvre. Comme tel, il a pressenti que la démocratie constituait une forme politique qui interrogeait et éprouvait, sur la base d'un questionnement inédit, la raison politique et son rapport au réel. Penser le paradigme démocratique avec Max Weber, aujourd'hui, c'est s'approprier les éléments d'intelligibilité permettant seuls de comprendre la trajectoire socio-historique de la démocratie, à l'époque contemporaine, et la physionomie particulière qu'elle a revêtue, au fil du temps. Il a d'abord été un penseur soucieux d'identifier le réel et ses contingences, d'intérioriser ses contraintes. À l'acuité du regard sociologique, il a ajouté la pertinence d'une vision politique d'ensemble, pour mieux appréhender la complexité et les paradoxes de notre modernité démocratique, à l'ère des masses. Par là, il reste pour nous un contemporain capital.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 janvier 2017
Nombre de lectures 5
EAN13 9782342059854
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Max Weber, penser le paradigme démocratique
Christian Savés
Publibook

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Max Weber, penser le paradigme démocratique
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://christian-saves.publibook.com
 
 
 
 
« Ce qui m’éblouissait chez Max Weber, c’était une vision de l’histoire universelle, la mise en lumière de l’originalité de la science moderne et une réflexion sur la condition historique ou politique de l’homme. […] en lisant Max Weber, j’entendais les rumeurs, les craquements de notre civilisation, la voix des prophètes juifs et, en écho dérisoire, les hurlements du Führer.
La bureaucratie d’un côté, l’autorité charismatique du démagogue de l’autre, l’alternative se retrouve de siècle en siècle. »
Raymond Aron : Mémoires. 50 ans de réflexion politique , Paris, Julliard, 1983, p. 70.
 
 
Avant-propos
Aux yeux des puristes, spécialistes de sa pensée, il peut apparaître a priori paradoxal de présenter le grand sociologue allemand Max Weber (1864-1920) comme un penseur de la démocratie. En soi, cela a quelque chose de surprenant, mais c’est ce paradoxe qui est intéressant, par les interrogations et les interprétations auxquelles il ne manque pas de renvoyer. De fait, la sociologie politique contemporaine a souvent présenté Max Weber comme le penseur du Machstaat (État de puissance) ou encore celui de la violence institutionnelle (n’a-t-il pas écrit, dans Le Savant et le politique , que l’État a le monopole de la violence physique légitime, en tout cas qu’il est le seul à pouvoir la revendiquer avec succès, pour son propre compte ?). Pour être parfaitement honnête, il faut aussi admettre que la démocratie qu’a connue Weber, à son époque, celle qu’il a pu observer de visu avec l’acuité de son regard sociologique, n’a peut-être plus grand-chose à voir avec la nôtre, aujourd’hui. Elle ne répond plus aux mêmes standards, ne poursuit plus les mêmes objectifs politiques, et n’a peut-être plus, exactement, les mêmes valeurs. Contexte sociohistorique oblige, au soir de sa vie, notre homme a pensé la démocratie sous la double contrainte de la guerre puis de la révolution. Ce faisant, il n’a pu manquer de s’interroger sur sa nature intrinsèque, sa faiblesse structurelle mais aussi sur ce qui tendait à la rendre universelle, malgré tout. C’est qu’il y a eu, manifestement, un mouvement irrésistible et irréversible de rationalisation politique qui a conduit la démocratie à présenter la physionomie qui était la sienne, dans les premières années du XX e  siècle, lorsque le grand sociologue s’intéressa à elle. Cela étant, avec cet essai, il ne s’agit pas tant d’appréhender Max Weber, penseur de la démocratie, mais bien davantage celui qui fut un penseur scrupuleux du paradigme démocratique, c’est-à-dire des problèmes de principe et des problèmes pratiques qu’elle pose, dans la sphère politique. Ce n’est donc pas tout à fait la même chose, ni la même optique. Observons que cette dernière tâche (penser le paradigme démocratique) est plus conforme à la personnalité de l’homme, à son être propre, à ses préoccupations universitaires, bref, à sa vocation de sociologue et d’historien.
 
Que convient-il d’entendre, par l’expression de « paradigme démocratique » ? Il faut, au préalable, avoir tiré au clair ce qui constitue l’objet même de l’étude. Le terme « paradigme » était employé, au XIX e  siècle, en épistémologie des sciences, pour désigner un modèle de pensée dans les disciplines scientifiques. Il semblerait que le philosophe et sociologue des sciences, Thomas Kuhn, soit l’un des pères de l’expression, en tout cas celui qui l’a le plus vulgarisée. Dans son ouvrage le plus connu, il a tenté de définir un paradigme scientifique comme une construction reposant sur un ensemble d’affirmations et de faits avérés, un ensemble de questions en relation avec le sujet (s’agissant des questions qui se posent et qui doivent être résolues), des indications méthodologiques (sur la façon dont ces questions doivent être posées) et l’interprétation scientifique des résultats de la recherche 1 . À sa suite, et par extension, le paradigme a fini par désigner une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde, reposant sur une base clairement définie. Aujourd’hui, le terme est devenu courant dans le domaine des sciences sociales. Il est employé, la plupart du temps, pour décrire l’ensemble des expériences, des croyances et des valeurs qui influencent la façon dont un individu perçoit la réalité et agit ou réagit par rapport à cette perception qu’il a d’elle. Ce système de représentation lui permet de définir l’environnement, de communiquer à propos de cet environnement qu’il perçoit, de tenter de le comprendre et même, si possible, de l’anticiper. Si, par conséquent, le paradigme constitue un modèle cohérent de représentation du monde, d’interprétation de la réalité, il conviendra de voir dans le paradigme démocratique l’ensemble des différentes formes que peut revêtir la démocratie, une tentative d’analyse et d’interprétation de la réalité démocratique, une manière de voir les choses, c’est-à-dire une vision du monde propre à cette forme politique et qui la distingue des autres, qui en est même la marque distinctive, à nulle autre pareille. Sur ce terrain-là, Max Weber a d’ailleurs eu un prédécesseur, en la personne d’Alexis de Tocqueville, puisque celui-ci a formulé à sa manière et dans son style propre, le paradigme de la démocratie, dans son œuvre la plus célèbre : De la démocratie en Amérique 2 .
 
Parler ici de paradigme paraît tout à fait approprié, pour évoquer l’approche du phénomène, du fait démocratique par Max Weber. Sa vision de la chose renvoie bien à un mode cohérent de représentation du monde, d’interprétation de la réalité largement inspiré par sa sociologie politique. Étymologiquement, il s’agit d’une représentation du monde, de l’univers démocratique, puisque notre homme est un sociologue et qu’il s’intéresse donc à la société. Du reste, c’est par elle qu’il en vient à s’intéresser à la démocratie, à la forme particulière d’organisation sociale et politique qu’elle représente, avec ses règles propres, ses principes. La démocratie est pour lui un phénomène social, au sens premier de l’expression : c’est par son approche sociologique et les exigences qu’elle lui impose, d’un point de vue scientifique, qu’il en vient à s’intéresser à elle. Il n’ignore pas, en effet, que la démocratie est la forme politique revêtue par un nombre de plus en plus important de sociétés occidentales, à l’orée du XX e  siècle, et que cette évolution vient bien de quelque part, qu’elle doit obéir à un impératif de rationalité politique. C’est donc, pour l’essentiel, sous l’angle sociohistorique et sociopolitique qu’il est conduit à s’intéresser à la démocratie et à son devenir. Aussi n’est-ce pas le seul fait du hasard si sa sociologie générale fut, dans ses aspects les plus probants, une sociologie historique et politique. En ce qui concerne son approche, c’est bien les contours sociologiques de la démocratie qu’il avait commencé à esquisser, qu’il aurait pu formaliser davantage et préciser, compte tenu de l’intérêt croissant qu’il portait à la chose politique, dans les dernières années de sa vie, si les événements lui en avaient laissé le temps. C’est que Max Weber nous a quittés subitement, à l’âge de cinquante-six ans, des suites d’une pneumonie mal soignée. À sa mort, il laisse donc une œuvre inachevée, forcément inachevée. Ses disciples, ses admirateurs, se plaisent à juste titre à imaginer ce qu’aurait pu être l’œuvre de ce grand penseur s’il avait disposé de beaucoup plus de temps pour la mener à une plus grande maturité, voire à son terme. Qu’il soit ici permis à l’auteur de ces lignes de songer deux secondes à l’immense œuvre politique, aux écrits sur la démocratie et à l’étude des rapports qu’elle entretient avec le phénomène totalitaire, que le grand sociologue aurait vraisemblablement laissé, s’il avait pu vivre ne serait-ce que jusqu’en 1946, soit jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Après tout, cette année-là, il n’aurait eu « que » quatre-vingt-deux ans et son épouse, Marianne Weber (née Schnittger), vécut jusqu’en 1954 ; elle fut également l’une des grandes figures intellectuelles allemandes, se dévouant sans compter et ne ménageant ni sa peine, ni ses efforts pour assurer la publication et la promotion des œuvres de son défunt mari. Seulement voilà, Weber nous a quittés à l’âge mûr. Les regrets, en la matière, ne peuvent être qu’éternels. C’est donc, quelque part, une entreprise qui peut être jugée vaine, stérile et vouée à l’échec. Mieux vaut partir d’une démarche plus constructive et positive consistant à retracer, à évoquer les lignes de force, à partir des seuls matériaux existants de l’œuvre et que l’auteur nous a légués, au moment de disparaître, de cette sociologie de la démocratie qui était en gestation, en germe dans sa pensée, au tournant des années 1920, juste avant qu’il ne tire sa révérence. Au moins est-il permis de penser que ce travail de réflexion et de mise en perspective intellectuelle et historique nous laissera entrevoir ce qu’aurait pu être la pensée politique de Max Weber sur la démocratie, si son œuvre sociologique avait pu connaître son achèvement, s’il avait eu le loisir de la porter à son plus haut point de formalisation théorique et critique. En tous les cas, une conviction intime sert de trame et de fil conducteur

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