154
pages
Français
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2012
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Ebook
2012
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Publié par
Date de parution
10 février 2012
Nombre de lectures
1
EAN13
9782748376913
Langue
Français
Pour élucider le meurtre de Joan Price, la fille d'un de ses patients qu'il a accompagné au Mexique, le Professeur Blanchard fait appel à son vieil ami, Kazimir Krakov, psychiatre réputé. Celui-ci va employer sa fameuse méthode dites de la " situation criminelle " pour résoudre ce crime. Pour cela il mettra à profit son expérience professionnelle en établissant le profil psychologique de toutes les personnes présentes. Mais arrivera-t-il à démasquer le criminel avant que celui-ci n'ait fait une autre victime ?
Publié par
Date de parution
10 février 2012
Nombre de lectures
1
EAN13
9782748376913
Langue
Français
Meurtre au Yucatan
François Cloutier
Publibook
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
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Meurtre au Yucatan
1
L’avion en provenance de Mexico venait de se poser sur l’étroite piste d’atterissage de Merida, capitale de Yucatan, au Mexique. Déjà, les employés de l’aéroport chargés de la maintenance se précipitaient vers l’appareil pour mettre en place l’escalier de débarquement et procéder aux vérifications d’usage. Les haut parleurs déversaient, dans le charabia habituel des arrivées et des départs, quelques indications incompréhensibles. Il était près de vingt heures.
Les passagers commençaient à s’extraire de la carlingue climatisée. Ils plongeaient dans une atmosphère de bain turc. La chaleur, une chaleur moite et implacable, l’éternelle chaleur de cette longue avancée de terres basses, royaume des anciens Mayas, prenait à la gorge.
Le Professeur René Blanchard trépignait d’impatience derrière les barrières qui contenaient les visiteurs. « Si Kazimir a pu s’arranger pour venir », se disait-il, « il doit être là. C’est le seul avion qu’il pouvait prendre. » Mais il n’arrivait pas à se rassurer. Qu’allait-il faire si son ami, Kazimir Krakov, le psychiatre bien connu, réputé pour ses excentricités, n’avait pas reçu son message ? La situation était assez dramatique comme cela !
Tout à coup, un homme de stature moyenne, légèrement obèse, habillé à la va-vite, lui fit signe de loin. Il transportait dans ses bras un énorme étui que Blanchard reconnut aussitôt. « Il ne changera jamais. Quel phénomène ! Il a apporté son violoncelle ! »
Le professeur connaissait les habitudes de son ami qui, mélomane aussi enthousiaste qu’original, ne se séparait jamais de son instrument. Il lui était déjà arrivé de participer à une expédition dans l’Atlas marocain et il avait exigé qu’on lui donnât deux mulets, un pour lui, un pour le violoncelle.
Les formalités furent expédiées rapidement. L’avion s’était à peine posé depuis dix minutes que les deux amis se serraient la main.
— Eh bien, mon vieux, veux-tu me dire ce qui se passe ? Un bourgeois comme toi ! Dans ce bled ! Avoue, voyons, c’est une femme ?
La voix de Krakov était empreinte de bonne humeur. Il roulait fortement les R, ayant conservé un léger accent de ses origines russes.
— Toi, au moins, tu ne changes pas, rétorqua Blanchard en souriant. Vas-y. engueule-moi. Quel plaisir de te retrouver !
Les deux hommes se connaissaient depuis la faculté, à Paris. Ils avaient sympathisé. Rapidement, ils étaient devenus inséparables. Et pourtant, le contraste était grand entre René Blanchard, fils d’un médecin aisé de Touraine, et Kazimir Krakov, né à Vladivostok, venu en France pour y faire ses études.
A la suite de quelles circonstances s’était-il exilé ? Blanchard n’avait jamais réussi à le savoir. Krakov était plutôt avare de confidences et il aimait manifestement s’entourer de mystère. Sans doute avait-il dû connaître des difficultés dans son pays natal. A son arrivée, il ne parlait pas français. Il lui avait fallu à peine deux mois pour maîtriser la langue et, par la suite, il s’était révélé être un élève brillant dans toutes les matières.
Le fait que les deux hommes aient choisi des spécialités différentes ne les avait pas empêchés de continuer à se voir après leur doctorat. Une véritable complicité d’humeur et de culture s’était tissée entre eux.
Blanchard prit le bras du nouveau venu et les deux amis se dirigèrent vers la sortie. Ils eurent quelque peine à se frayer un chemin parmi la foule bigarrée qui remplissait l’aérogare.
— Comment as-tu réussi à te libérer si rapidement ? A dire vrai, je n’avais pas beaucoup d’espoir de te voir arriver.
— Le hasard a bien fait les choses, répondit Krakov, j’allais justement partir en vacances. Mes malades étaient déjà en congé, mes rendez-vous reportés. Il m’a suffit de changer de destination. Maintenant, tu vas m’expliquer ce dont il s’agit. Tu avoueras que ton message était plutôt laconique. Tu m’as parlé de meurtre, de difficultés parmi lesquelles tu te débattais…
— Merci d’être venu. Je ne l’oublierai jamais, répliqua Blanchard avec émotion. En effet, il s’agit d’un meurtre. Le hasard m’a plongé dans une histoire invraisemblable. Comme je connais ton intérêt pour ces problèmes, j’ai pensé…
— Tu as bien fait
— Mettons-nous en route. Je te raconterai toute l’histoire. C’est insensé, insensé.
Krakov regarda Blanchard avec attention. Celui-ci était manifestement anxieux. Il arrivait mal à cacher sa fatigue et son inquiétude. Un homme s’approcha et salua le nouveau venu d’un retentissant « Buenas tardes, señor ». Blanchard l’apostropha :
— Ramon, c’est le professeur dont je vous ai parlé.
Et, se tournant vers Krakov :
— Ramon Perez est le chauffeur de l’hôtel où je suis descendu.
Krakov lui adressa la parole en espagnol ce qui parut l’étonner. Après quelques mots de bienvenue, il dit :
— Si vous voulez monter, señores, la voiture est avancée.
Il fit un geste pour débarrasser Krakov de son violoncelle. Mais celui-ci protesta énergiquement. Il ne confiait à personne son précieux fardeau.
Blanchard et son invité s’installèrent sur la banquette arrière de la vieille Dodge de location. Ce ne fut pas sans difficultés. Il avait fallu commencer par caser les bagages et surtout le fameux violoncelle lequel trouva place près du chauffeur. La voiture démarra enfin dans un bruit de pétarade. C’est alors seulement que Krakov manifesta une certaine curiosité :
— Où allons-nous ?
— A Chichen-Itza, répondit Blanchard
— L’ancienne ville Maya ?
— Oui. Tu connais le Yucatan ?
— C’est mon premier voyage.
— C’est donc un sédentaire comme moi qui va servir de guide au grand voyageur que tu es, ajouta Blanchard avec un rien d’ironie.
— Je te réservais ce plaisir, lança l’autre sur le même ton.
— Nous allons donc à Chichen-Itza. Tu n’ignores pas que c’est un lieu touristique de plus en plus fréquenté. Il y a plusieurs hôtels près des ruines. Nous nous rendons au « Las Ruinas ». Le drame s’est déroulé aux environs et nous allons y rencontrer tous ceux qui y furent mêlés. Nous avons à peu près une heure et demie de route.
La voiture s’engageait dans les rues étroites de la ville. Le chauffeur se faufilait adroitement parmi les files de voitures, provoquant, l’air de rien, de nombreux embouteillages.
On apercevait, en passant, des terrasses de café où des groupes d’hommes discutaient avec entrain. Le bruit était assourdissant. Les rues débordaient d’une foule exubérante comme on n’en voit qu’en Amérique latine.
— Une ville agréable, remarqua Krakov.
— Regarde bien, rétorqua Blanchard, c’est ton dernier contact avec la civilisation. Chichen-Itza est très isolé.
On sortait déjà de la capitale. Il n y avait pas de banlieue. Presqu’aussitôt, c’était la jungle. La voiture commençait à prendre de la vitesse. Les phares balayaient d’un pinceau lumineux la route d’asphalte que bordait une végétation courte et dense.
De temps en temps, on découvrait de grands champs où poussaient des espèces de cactus. C’était des plantations de hennequens, plantes qui produisent des fibres végétales recherchées et qui constituent la culture la plus importante du pays.
Il n y avait pas un souffle d’air et il semblait faire de plus en plus chaud. Krakov avait enlevé sa cravate et son veston pourtant léger. Il avait allumé un cigare – son vice favori – et contemplait le paysage.
Blanchard ne disait mot. Sans doute, ne trouvait-il pas le courage nécessaire pour commencer son récit. Comment aurait-il pu rester insensible à l’horreur qu’il venait de vivre ? Et il y avait l’atmosphère de ce pays étrange qui lui pesait de plus en plus.
2
Dans la voiture le silence se prolongeait. Krakov ne faisait aucun effort pour l’interrompre. Il n’était pas homme à forcer les confidences. Enfin, Blanchard soupira. Il dit d’une voix lointaine comme s’il se parlait à lui-même :
— Je croyais pourtant avoir l’habitude de la mort !
— Il y a plusieurs sortes de mort, remarqua doucement celui-ci. Lorsqu’un de tes malades meurt, tu as tout fait pour l’assister. Tu as lutté. Tu as tenté de reculer l’échéance. Ta conscience est en repos. Un crime, c’est différent. Il y a quelque chose de brutal, d’inutile qu’il n’est pas facile d’admettre.
— Oui, bien sûr, soupira Blanchard.
La voiture roulait maintenant sur des pavés inégaux. On traversait la place principale d’un petit village. A vrai dire, il n’y avait que quelques huttes de terre battue autour d’une église immense, disproportionnée. Le chauffeur, sans quitter la route des yeux, signala :
— C’est le village de Hoctun. Nous sommes à peu près à mi-chemin.
— Parfait ! dit Blanchard. Nous avons le temps. Je vais essayer de t’exposer le plus clairement possible ce qui est arrivé.
Il était redevenu lui-même. Dominant son anxiété, il était prêt à faire face. C’est d’une voix précise et comme détachée, une voix de clinicien, qu’il se mit à parler.
— Voici pourquoi je suis ici. Je soigne depuis plusieurs années un riche industriel américain qui partage son temps entre Paris et New-York. C’est un « self-made man ». Il s’est enrichi, grâce au textile, et il possède une très grosse fortune.
J’ajoute que, malgré des allures un peu frustes, il est plutôt cultivé. Il a amassé, par exemple, une magnifique collection de peintures. Il s’intéresse à tout et ne dédaigne pas de jouer au mécène.
Henry C. Price, c’est son nom, a présenté un infarctus il y a quatre ans alors qu’i