Océane Beuvary
214 pages
Français

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Océane Beuvary , livre ebook

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Description

Nous avons tous en tête les personnages si marquants que Flaubert a créés dans Madame Bovary : Emma, mélange d’orgueil et d’idéalisme naïf, Charles, homme malchanceux et amoureux maladroit, et enfin monsieur Homais, si admiré de tous pour ses phrases vides.


Ce roman fait ressusciter ces personnages à notre époque.


Ce retour imprévu de ces personnages de Flaubert que nous pensions si lointains nous offre un regard nouveau, sur certains aspects de notre monde, qu’à force d’habitude nous avons fini par trouver normaux : d’abord comme chez Flaubert la vie de province, les rapports de couple et la condition féminine, mais aussi nos rapports irrationnels avec le foot, la pub, le rap, les peoples, la téléréalité, la politique et l’Education Nationale.


Avec ce roman, l’auteur ne veut surtout épargner rien ni personne ; il reprend à sa manière le fameux programme de Coluche, à la fois joyeux et iconoclaste : « Y en aura pour tout le monde ! »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342361674
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été édité par les Éditions Publibook,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
http://www.publibook.com
 
Tous droits réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-342-36166-7
 
© Éditions Publibook, 2022
Prologue onirique
« Le rêve est une seconde vie »
Gérard de Nerval, Aurélia.
Toute cette histoire a commencé par une insomnie. On sait depuis Proust que les insomnies peuvent vous pousser à écrire des romans.
Il était exactement 2 h 23 minutes ; je le sais parce que j’ai regardé la pendule. J’avais repris deux pilules. Ça ne marchait pas. J’allais vraiment avoir bonne mine pour l’entretien prévu le lendemain matin avec d’importants clients chinois, aussi aimables en apparence qu’impitoyables dans les affaires.
Je me tournais et me retournais dans mon lit, et mes idées elles aussi se tournaient et se retournaient entre elles, en une valse de plus en plus rapide et tourbillonnante, donc de moins en moins soporifique. Les idées font parfois progresser les choses en ce monde, mais à l’inverse des moutons oniriques, leur accumulation n’a jamais fait dormir personne. Au contraire. Et alors, mes idées s’entassaient, comme des voyageurs entassés à Roissy derrière un portillon qui ne veut pas s’ouvrir.
Toutes les insomnies ne sont pas fructueuses ni génératrices de romans ; d’ailleurs tout le monde n’est pas Proust. À commencer par moi-même. Je ne vois rien d’intéressant à dire de ma vie : mon boulot actuel n’a qu’un intérêt alimentaire, et encore, il me procure moins de caviar à la louche que de jambon sous cellophane ; quant à mon passé, il est aussi bête qu’un portillon de Roissy ou est d’ailleurs, en prime, de l’espèce à rester le plus souvent fermé, et le portillon qui ne s’ouvre pas est encore plus massif et bête que le portillon de base, ce qui n’est pas peu dire.
Mon bras a d’abord placé ma main devant ma bouche pour étouffer un bâillement, politesse inutile, car je me trouvais seul dans ma chambre ; avant toutefois de se laisser reposer, ce bras s’est soudain trouvé une autonomie peu habituelle pour se tendre machinalement vers les quelques rayonnages qui surplombent mon lit.
J’avais sous la main un exemplaire aussi scolaire qu’usé de Madame Bovary . Je n’avais jamais relu ce classique aussi solennel qu’incontournable depuis mes lointaines années de lycée. Il m’en restait d’ailleurs un souvenir peu agréable : la stupidité bovine de Monsieur, les états d’âme de Madame et les discours manipulateurs du pharmacien n’avaient entraîné au temps de mon adolescence que la plus parfaite des indifférences. Indifférence polie, car à l’époque vous étiez forcé de rester poli à l’école, mais tout de même indifférence parfaite.
Et puis peu à peu les personnages du roman se sont mis à s’agiter devant mes yeux pourtant fermés pour tourner autour de moi, mais dotés à présent d’une apparence imprévue, inconnue et contemporaine : les redingotes faisaient place à des jeans délavés, les robes à corset se muaient en minirobes affriolantes. Les hauts-de-forme s’envolaient pour découvrir des crânes mal peignés. La solennité du XIX e siècle faisait place au débraillé contemporain. Les personnages métamorphosés ont même changé de prénom.
Échappant au rêveur, ils échappaient donc à leur époque originelle. Monsieur et madame Bovary, qui n’en étaient plus à un malheur près, se sont retrouvés au XXI e siècle, complètement déboussolés ; quant à monsieur Homais, son bagout, sa haute idée de lui-même et sa capacité d’adaptation lui permettent même dans une nouvelle époque de trouver de nouveaux triomphes.
Tout s’est mué, mêlé et emmêlé dans une sorte de rêve baroque d’un nouveau genre. Entre le délire des rêves et le désir d’un livre. L’auteur-rêveur avait d’abord cru qu’il pouvait trouver en refeuilletant Flaubert une nouvelle forme de tisane sucrée et soporifique. À tort. Il ignorait une vérité exigeante, tranchante et irréfutable comme toutes les vérités : nul ne sort indemne des classiques, plus précisément aucun humain digne de ce nom, de l’espèce à qui il est impossible de renier son humanité.
L’auteur est ainsi devenu un peu fou ; enfin, plus que d’habitude ; il s’est bien endormi, enfin, mais ses rêves lui ont échappé : il a retrouvé le roman, en même temps identique et déformé, à travers un curieux prisme aussi franchement onirique qu’un peu ironique, voire carrément délirant.
Je retrouvais le triste collège XIX e siècle où Charles fait son apparition au début du roman ; mais sous la forme d’un de ces affreux collèges contemporains, fourmillant de branleurs de banlieue ; de ces banlieues célébrées par le rap et minées par le chômage de masse et les sectarismes communautaristes, faits entièrement de ces préfabriqués où on essaie de préfabriquer ces tendres esprits juvéniles en les formatant à la morale de notre société, mais en général sans succès.
Et alors, miracle du rêve, je me suis rajeuni de deux décennies pour me revoir en élève ; heureusement, pas sous les traits de ces laissés-pour-compte du système, dédaignés, voire violentés par leurs camarades, ces malheureux collégiens passés de l’état anodin de potaches au statut dangereux de bolosses : j’étais un dur, un révolté, une brute antiscolaire, et alors, au milieu de ce rêve, que mon statut de collégien privilégié m’évitait de transformer en cauchemar, m’est venu le début d’un roman qui dans ma tête s’esquissait.
J’ai ainsi pu reprendre sous une forme romanesque « toute cette histoire ».
Prologue romanesque
Toute cette histoire a commencé en plein milieu d’un cours, ou plus exactement dans la salle où prétendument se tenait un cours : le prof de maths titulaire ayant été mis en déprime pour la quatrième fois, son cinquième remplaçant, collé au tableau, alignait joyeusement des séries d’équations pleines de x et de y ; collé au premier, rang le trio de bolosses recopiait le tout avec attention, en tirant presque la langue à force de concentration.
Pendant ce temps, nous discutions à voix haute d’un tas de choses bien plus intéressantes que les maths : le petit baiser de Kevin et Alicia mardi dernier derrière le mur des W.-C., et surtout le but triomphalement marqué à la 42 e minute par un Mbappé de légende , comme le dit si joliment le titre de L’Équipe , à la fois si percutant et si original. Et je sais de quoi je parle : je sais ce qu’écrire veut dire, moi l’adjoint de Renaud, en même temps chef de la caillera du bahut et poète titulaire et attitré du collège ; mon pote Renaud si vraiment et si résolument poète qu’au milieu de tout ce brouhaha scolaire et de ces intéressantes conversations, il avait tout de même gardé un œil sur son nouveau rap ; il m’avait en prime fait l’honneur de me demander ma petite idée sur la rime qu’il lui fallait trouver à keuf et meuf . Il trouvait que veuf, ça faisait tout de même trop sinistre : un rap, enfin tout de même, faut pas que ça ronronne ni que ça déconne ; faut que ça pète en une vraie fête ! Faut toujours y trouver du neuf !
Alors, reprenons le tableau : au tableau, un homme avec un bout de craie, qui parle et écrit le dos tourné pendant que presque personne n’écoute ; tout juste devant, un petit groupe de bolosses qui gratte, et enfin au fond de la salle les ados révoltés qui affirment ensemble leur personnalité et leur originalité en refusant et en combattant le système bourgeois qui cherche à les aliéner ; enfin quoi, l’ambiance normale d’un collège normal de banlieue. Joyeuse, vivante, mais à force un peu répétitive, forcément.
C’est alors qu’un événement imprévu est venu interrompre brutalement notre bruyante routine : le principal s’était dérangé en personne ; et alors, toute la classe a levé un œil. Par respect ; peut-être, mais surtout par curiosité : vous pensez, dès qu’apparaît une nouveauté capable de rompre la routine d’un collège de banlieue, tout le monde a envie de regarder. Et puis enfin, le but de légende de Mbappé, au bout de dix minutes, même les meilleurs connaisseurs en matière de foot en avaient fait le tour. Même Renaud a consenti à lever un œil au-dessus de son rap ; alors j’en ai fait autant.
En fait, ici la nouveauté était le nouvel élève de notre collège que le principal venait nous présenter. En fait, ce garçon n’avait pas l’air de grand-chose. Une allure un peu bizarre cependant : bien baraqué, mais avec un air bête. Même pour un collège de cité. Tout le portrait d’un menhir, dont il avait apparemment à la fois l’allure, la masse et le QI. Mais un triste menhir liquéfié qui aurait perdu son Obélix. La tête de Jean Lefebvre sur la carcasse de Lino Ventura.
Le principal nous a fait un petit discours pour nous présenter ce nouveau « camarade » comme on dit en langage officiel : le dénommé Gustave Beuvary.
Gustave… Pouvait pas s’appeler Kevin ou Killian, comme tout le monde ! En tant que poète titulaire de la classe, car spécialiste de rap, Renaud m’a fissa glissé à l’oreille les quelques surnoms bizarres et bien sûr vexatoires que pouvait mériter et attirer un tel patronyme. Beuvary. Alors voyons, Beuvary…
Déjà, beuverie était très facile, tout à fait élémentaire, mais d’autant plus tentant ; à toute entreprise il faut toujours trouver un début ; et de toute façon, les collégiens normaux – enfin, les pas -bolosses – ont, depuis déjà plusieurs décennies, perdu toute aspiration à l’effort, où qu’il soit, quel qu’il soit. « Le bovin rit » n’était pas mal non plus. On avait déjà la vache qui rit ; alors… C’est tellement idiot, un bovin qui rit ; il ne faut pas en faire un fromage : on ne peut donc en faire que du fromage.
Mais je sentais en fait que ce nom Beuvary me disait quelque chose : j’avais dû l’entendre, ou alors peut-être un nom du même genre, dans un cours. Mais lequel ? À force de ne pas écouter, on en arrive naturellement à confondre. Beuvary… Un peintre ou un sculpteur ? Ou alors peut-être un homme politique ? Ce nom fait trè

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