Ombres et murmures : quand la scène devient un monde
214 pages
Français

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Description

« Prendre des risques, écrire à partir de la marge, être étranger chez soi. La maison de l'étranger est l'art, la littérature en particulier. Il y retrouve sa terre et son exil. Il y rencontre à la fois sa demeure et l'exclusion de cette demeure. L'aliénation, de ce merveilleux mot estrangement en anglais. Le processus qui transforme quelque chose de familier en quelque chose de non familier. D'étrange, même. Être artiste, c'est débusquer l'inquiétante étrangeté de l'être au sein du familier. C'est être défamiliarisé, par soi-même ou par les autres. Comme circuler en train dans un paysage que l'on connaît – on (y) est à la fois le même et un autre. » Un travail sur le temps, son épaisseur et sa densité, les sensations et impressions qu'il laisse en nous : voici ce qui semble être un moteur dans l'écriture de ces courts textes qui captent, avec cet outil imparfait qu'est la langue, tout ce qui peut se passer l'instant d'une rencontre, lors d'une confrontation à une œuvre d'art, durant un moment a priori anodin. De là, peut-être, ce style à l'infinitif, ces phrases averbales, qui tentent de retenir les émotions et pensées, de les figer sur la page pour en faire comme des trésors à revenir, plus tard, contempler et méditer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 octobre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342163926
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ombres et murmures : quand la scène devient un monde
Thomas Thérèse
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Ombres et murmures : quand la scène devient un monde
Biographie de l’auteur
L’auteur s’est toujours intéressé à l’écriture, et à l’univers qu’elle propose : la pratique de l’imaginaire, la mise en œuvre de l’imagination au cœur d’un monde qu’elle peut transformer. Dans les rêves partagés se dessine l’esquisse d’un avenir commun ; l’écriture et la littérature ouvrent l’espace d’un vivre ensemble ; dans la lecture commence la responsabilité de chacun. Thomas Thérèse joue sur les frontières et leur dépassement. Il explore l’acte de percevoir et faire percevoir. Il s’intéresse à l’altérité de l’autre qui est toujours un défi et un enrichissement. Sa devise : ne pas déroger à soi-même.
 
Chercher le lieu pour écrire. L’au-delà du familier pour sentir affleurer le nouveau en soi et creuser. Prospection du lieu pour l’introspection.
 
Libérer l’esprit de l’idée même d’un emploi du temps. Plage de temps comme la page blanche. Sans cadre. Étendue à l’infini. Ou presque.
 
Interpeller le geste et la saveur d’écrire. Choisir la confiance et le désir de vivre. Au moins pour aujourd’hui. Et demain, peut-être, aussi.
Prologue
Des mots. Des histoires. Des personnages pour dire le mouvement de l’existence. Et aussi son apathie, son inertie, ses balbutiements, ses aphasies même.
Une narration à deux vitesses. L’une retournant à elle-même, l’autre passant de décor en décor.
D’histoires en histoires
Une petite ville ou une ville de taille moyenne. Une enfance de taille moyenne, avec des joies, des souffrances et beaucoup d’imagination, au-delà des rêves, ou malgré eux parfois. Des échappées dans l’irréel et l’onirique avec toute leur foule d’amis à retrouver de rêverie en rêverie. Soulagement et bien-être après ces moments de création, comme après avoir ébauché une peinture et lui avoir laissé libre cours, carte blanche. Tout est à faire, tout est à voir. Tout est à faire voir.
Convoquer le lien entre la lecture et l’écriture, oser créer des personnages, risquer peut-être une histoire. Des évolutions sur une scène de vie – la scène de l’imaginaire.
 
Quand l’imaginaire se met en scène et devient un monde.
 
Mise en jeu(x), jeu(x) de mise.
Entreprendre une archéologie de la fiction. Juste une autre fiction, un autre endroit, là où une autre scène se joue pour s’écrire. Balbutiements, resurgissements. « Cris et chuchotements ». Ombres et murmures.
 
C’est par une histoire qu’il rentre dans sa vie. Une histoire de cinéma et d’images. Soudain, tout un monde s’ouvre. Et si le cinéma devenait réalité…
Il parle de projets et de financements, mais derrière ce langage s’entrouvre une autre dimension de son être. Elle l’entend déjà, elle en est sûre…
 
Longtemps, les mots résonneront, hanteront ses nuits. Pour le meilleur, et le pire qui finira aussi par advenir. Le détournement du bonheur et du possible, tout un piratage sans rançon et sans retour.
Du côté de chez Proust
Deux messieurs, assis sur un banc au soleil, échangent des photos. De vieilles photos.
Tu te rappelles où celle-ci a été prise ?
Elle n’entend pas la réponse. Le soleil les sortira de leur torpeur et fera resurgir les souvenirs, leur fera éprouver l’énergie de la jeunesse que la photo a gardée, et qu’eux aussi ont conservée, quelque part, dans leur mémoire sensorielle… la seule qui ne trahisse, comme le découvre le narrateur au crépuscule de La Recherche, dans l’extase du/d’un Temps (enfin/finalement) retrouvé .
 
Senteurs de l’automne. Celle du bois d’abord, puis d’autres. Et la lumière. Une certaine qualité de lumière, ni trop forte ni trop faible. Une chaleur certaine.
 
Et puis, le bruit des feuilles : des pas dans les feuilles – encore un pas de plus en arrière. Le ramassage des châtaignes, les automnes de l’enfance avant ceux (plus orageux) de l’adolescence. Au cœur de printemps précoces et fébriles. Avec des ombres et des murmures.
 
Et puis, la couleur des feuilles, les rouges et les jaunes surtout. Deux séquences temporelles se superposent. Le campus américain et ses teintes de fête sur les arbres du « vivace et bel aujourd’hui ». Et la collection de feuilles mortes glanées sur le chemin de l’école dans l’aujourd’hui d’un autre temps. Et lieu.
Une vraie symphonie ou synesthésie baudelairienne, rencontrée par les sens avant d’être appréhendée par l’intellect.
 
Alors seulement sourd la joie de vivre qui prend racine dans le sillage du détachement des premières années – et années premières. Ivresse de la plongée dans le moment sans mémoire d’un passé, sans souci d’un présent, sans préoccupation à venir.
Si le train m’était conté
— Accepteriez-vous de changer de place avec moi pour que…
— Où est la place ? C’est une fenêtre j’espère…
— Oui.
— Mais dans cette voiture n’est-ce pas ?
— Non. Dans la voiture 1, mais de cette façon vous serez plus près de la sortie à Waterloo.
— Impossible, mon sac est trop lourd, je ne bouge pas.
— On vous porte votre sac.
— Non, je reste ici.
 
Et de se renfoncer dans son siège.
 
Le train, lui, s’élancera sur ses rails.
Malgré l’immobilité et les immobilismes.
Qu’en sera-t-il des frontières à franchir, visibles et invisibles ?
D’un film à l’autre (Emily Dickinson)
La sœur, non pas de fiction, mais dans la fiction. Les résonances intérieures.
 
L’écriture comme échappée hors du quotidien, là où le rêve ne peut plus être contaminé par l’éveil.
 
Comme pour toi, une révolte autant qu’une rébellion. Des mots qui t’invitent à espérer en la vie, à croire que la beauté surgit même là où elle n’est plus attendue.
 
Mais est convoquée à nouveau au-delà des sécheresses et des aridités pour irriguer de nouvelles « passions » – qu’elles soient « silencieuses » ou « bruit(s) et fureur(s) ». Ou les deux ensemble. Comme le prénom et le nom s’articulent pour dire le poète. Emily Dickinson .
Qu’est-ce qu’il y a à voir ?
Il y a deux personnages sur une route blanche.
Puis comme une esquisse d’arbres sur le côté…
Le chapeau bleu et le chapeau rouge sur la tête de deux figures, dans le coin à droite, émergent à peine du néant de l’hors-toile, interpellent ton regard et le capturent : les personnages semblent pris en flagrant délit de fuite, juste à temps avant d’échapper à l’œil scrutateur. Mais ils s’avancent vers toi, donc peut-être les croiseras-tu, finalement…
 
Si tu ne dérobes pas. Si tu ne déroges pas à toi-même.
 
Qu’allez-vous vous dire ?
Parviendrez-vous, au-delà des années et de l’espace – le leur, pictural, et le tien, réel – à échanger quelques mots ?
 
Qu’est-ce qu’il y a à entendre ? Qu’est-ce qu’il y a à voir ?
 
Ne pas considérer le titre. Éviter son cadre et choisir plutôt de se perdre dans le labyrinthe du possible. Inventer l’histoire plutôt que de céder au programmatique du titre. Laisser la curiosité s’aiguiser – ou s’émousser. Telle est la nature du pari.
Jouer au jeu proposé par le cinéaste dans Shirley , lorsque les toiles de Hopper sont passées au crible du possible filmique.
 
Faut-il voir quelque chose plutôt que rien ?
 
S’attarder et laisser surgir une interprétation dans l’espace ouvert par l’absence du titre, loin du dire des autres, au-delà de tes propres préoccupations même.
 
Rester dans la quête, l’attente. Une certaine gratuité. Donner du temps au temps. Arrêter le mouvement de tes pensées. Comme ces petites figures sur la route, qui n’en finissent pas de quitter le tableau. Surpris, pris, conquis.
 
Laisser le regard s’attarder sur une forme, une tache, un trait.
Puis revenir à l’ensemble.
 
En exil peut-être. Le blanc de la route comme une page blanche à écrire.
Ou bien le blanc de leur amnésie. Le blanc du vide. De l’incompréhension.
 
Échapper à ce qui pourrait les rattraper et les tirer en arrière.
 
Braver enfin une certaine appréhension. Faire face au titre, comme à un diagnostic médical qui sera ensuite sans appel.
 
Neige fraîche sur l’avenue.
 
C’est donc ce qu’il fallait voir ? Ce qu’il aurait fallu discerner ?
Maintenant que tu connais la quête du peintre – comment peindre la neige, ses différentes postures et textures – tu te plies docilement à cette invitation, à cette suggestion, en évitant de la comprendre (recevoir) comme une injonction.
 
Quant à toi, tu t’es arrêtée non sur la texture de la route, mais sur la route même. Et sur ceux qui s’aventurent sur cette route. Bienheureux malentendu. Felix culpa . Ta fascination pour ce qui suggère une marche. Un voyage. Un exil même, peut-être.
Quelles circonstances, d’ailleurs, sépareront le chapeau rouge du chapeau bleu ? ou pas…
 
Fraîche. Tu goûtes la saveur craquante de ce mot, tu t’attardes sur son effet inattendu qui suscite un mouvement malgré l’immobilité. Qui redonne une nouvelle impulsion à la fixité de tes pensées et du matériau.
 
« L’art de la secousse », dit Roland Barthes.
D’un film à l’autre ( The Square )
Un film reste avec toi ; il t’habite.
En le regardant, tu ne savais pas s’il fallait rire ou pleurer.
Maintenant, tu es sûre qu’il fallait plutôt pleurer. Cette violence soudaine, qui fait irruption là où on l’attend le moins, en génère une autre, tout aussi inattendue et radicale. Cette violence, donc, sort de son cadre filmique pour dire l’au-delà du « carré » dessiné par et pour l’œuvre d’art, et envahit ton émotivité.
 
Le monde du musée et ses apories comme parabole de notre société contemporaine.
Le grotesque des prétentions hu

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