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Description
Sujets
Informations
Publié par | Nouvelle Cité |
Date de parution | 14 février 2018 |
Nombre de lectures | 4 |
EAN13 | 9782375821787 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
COLLECTION PRIER 15 JOURS Des livres sources
pour passer quinze jours en compagnie d’un maître spirituel à la manière de ces temps de retraite qui ouvrent une brèche dans notre univers quotidien. Des livres pratiques un rappel biographique en début de volume un itinéraire balisé en introduction une entrée dans la prière répartie sur les quinze chapitres de l’ouvrage
pour aller plus loin, une bibliographie expliquée. Des livres accessibles un ressourcement qui va à l’essentiel pour des chrétiens actifs une information donnée de l’intérieur pour un public plus large.
Les textes cités du premier au cinquième jour et du neuvième au quatorzième jour ont été traduits de l’allemand par l’auteur.
INTRODUCTION
Le grand musicien de l’Allemagne classique, monument incontesté de l’histoire de la musique occidentale, et dont les compositeurs et interprètes de jazz se savent redevables, était un chrétien que sa foi en Jésus-Christ a porté durant toute son existence.
Il a été baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, le 23 mars 1685, dans l’église Saint-Georges (Georgekirche) d’Eisenach, sa ville natale. Il a grandi et a été catéchisé au sein de l’Église évangélique luthérienne. Excepté quelques conflits avec les autorités de l’Église pour des raisons administratives et de service salarié, relations difficiles qui l’ont sûrement affecté humainement, Jean-Sébastien Bach a eu un parcours spirituel apparemment sans histoire.
Sa piété ressort des actes de sa vie personnelle et familiale. Son adhésion à la confession de foi du luthéranisme est claire et constante. L’inventaire sommaire de ses livres, après son décès, comme les références constantes aux écrits de Luther, ou des poètes et théologiens du XVII e siècle et de son temps, confirment sa familiarité avec la pensée théologique du protestantisme. Ses œuvres mêmes attestent qu’il était chrétien en tout son art, et pas seulement à cause des commandes liées aux fonctions qu’il eut à exercer. Ses compositions profanes, pour qui veut bien en décrypter les subtilités d’écriture, ne sont pas éloignées, parfois, de la pensée religieuse puissante qui se dégage avec tant de netteté de ses œuvres sacrées. C’est que l’homme est entier, et qu’il n’y a pas deux Bach.
Le sens de l’honneur à rendre à Dieu, qui lui faisait signer certaines partitions du fameux SDG, « Soli Deo Gloria », « À Dieu seul soit la gloire », préside à son itinéraire de croyant s’acquittant de cette haute tâche « avec joie » (premier jour). Thème chéri des mystiques du Moyen-Âge et des piétistes luthériens du début du XVII e siècle, l’union à Christ est, pour lui, une attirance mutuelle qu’il faut expérimenter sans cesse (deuxième jour).
La réalisation aboutie d’une œuvre doit concerner Dieu tout autant que l’homme contemporain qui exécute ou entend sa musique (troisième jour). Jean-Sébastien Bach n’eut aucun problème de conscience à attester qu’il ne s’écarterait en rien de la doctrine de l’Église luthérienne, à laquelle il adhérait de cœur et d’intelligence (quatrième jour). Sa lecture assidue des textes du réformateur Martin Luther (cinquième jour), ou du mystique rhénan Johann Tauler (sixième jour), nourrissait sa foi et inspirait son travail de musicien d’Église.
Son rapport au Christ s’inscrivait prioritairement dans la théologie de la croix et de la résurrection, références constantes jusque dans l’ordinaire des bonheurs et des tristesses de l’existence (septième et huitième jours). Le constat de l’égarement moral de l’un de ses fils lui faisait espérer la miséricorde divine, en laquelle il gardait obstinément confiance (neuvième jour).
Lecteur de la Bible (dixième et onzième jours), il y puisait le témoignage que son ministère de musicien d’Église était voulu par Dieu, et qu’il lui plaisait quand l’Esprit saint en était reconnu l’inspirateur. Luthérien pratiquant, Jean-Sébastien Bach communiait au pain et au vin de l’Eucharistie, vrai corps et vrai sang de Jésus, selon l’enseignement et l’expérience de sa foi, partagée par ses coreligionnaires (douzième jour).
Le croyant, disait Luther, est « à la fois juste et pécheur, et toujours pénitent » : cette dualité traverse l’être intérieur (treizième jour), le ramène sans cesse à la grâce de Dieu (quatorzième jour) et le prépare à la mort, dans la confiance que la miséricorde l’attend pour lui donner place dans le royaume céleste (quinzième jour). Voilà la foi de Bach.
Bach a laissé très peu de correspondances et d’écrits personnels. Quelques documents de sa main le restituent cependant devant nous comme un être également passionné et raisonnable, et profondément chrétien. Sa musique, et les textes qui l’inspiraient, ou qu’il commentait par son art, le dévoilent autant que s’il avait laissé une œuvre littéraire. Seule La Petite chronique d’Anna Magdalena Bach, de laquelle nous avons tiré trois extraits, est postérieure à notre personnage (1925) et permet, en fidélité aux traditions orales, d’imaginer Jean-Sébastien Bach en son humaine fréquentation de Dieu.
BRÈVE BIOGRAPHIE
Lorsque Johann Sebastian Bach naquit à Eisenach, en Thuringe, le 21 mars 1685, il y avait déjà eu, depuis environ trois quarts de siècle, et il y avait en son temps, dans sa famille, un nombre impressionnant de musiciens d’Église. Sa généalogie, si on inclut ses descendants, en compte près de 80. Il semble que l’un des premiers ancêtres connus de cette prolifique tribu était un Hongrois, ou un habitant de la Slovaquie, poussé à l’émigration pour cause d’adhésion au luthéranisme, et qui vint s’installer en Thuringe. Il est curieux de remarquer que, au-delà de l’étymologie ordinaire du patronyme, qui signifie en allemand « rivière » ou « ruisseau », le nom de Bach désignait, dans les régions de l’ancienne Hongrie, les musiciens ambulants. Toute cette famille était de confession protestante et s’est illustrée dans le service de la musique des Églises évangéliques luthériennes, principalement en Allemagne.
Johann Sebastian – que, pour le confort du lecteur francophone, nous appellerons Jean-Sébastien dans la suite de ce livre – était le fils de Johann Ambrosius Bach, organiste de l’église principale d’Eisenach jusqu’à sa mort en 1703, et de Maria Elisabetha Lämmerhit, qui mourut en 1694, lorsque donc il venait seulement d’avoir 9 ans. Quoique le père se fût remarié sept mois plus tard, Jean-Sébastien fut placé, avec un autre de ses frères, Johann Jacob, auprès de leur frère aîné Johann Christoph, installé à Ohrdruf depuis 1690 comme organiste et maître d’école, et dont la femme accoucha d’un enfant à cette époque. Grâce à Johann Christoph, il reçut une solide éducation dans le métier commun à sa nombreuse parenté.
En 1700, on l’envoya à Lüneburg, un peu au sud de Hambourg, où il demeura deux années, particulièrement comme maître du chœur scolaire de matines (l’office liturgique du matin) de l’église Saint-Michel (Mikaelkirche). Alors que, jusque-là, Jean-Sébastien avait été élevé dans les références de la musique de l’Allemagne du Sud, dont l’un des meilleurs représentants était Pachelbel (1653-1706), il découvrait dans l’Allemagne du Nord des orgues et une tradition qui remontaient à Sweelinck (1562-1621), à Amsterdam, et à Scheidemann (vers 1595-1663), à Hambourg. Bientôt, après qu’il eut été nommé organiste de l’église-neuve (Neukirche) d’Arnstadt, il put parfaire sa formation auprès du grand Dietrich Buxtehude (vers 1637-1707), qu’il alla écouter et visiter à Lübeck durant l’hiver 1706, suscitant à ce sujet le mécontentement des autorités du Consistoire luthérien, ses employeurs (le Consistoire est l’organe de direction de l’Église), parce qu’il y était resté quatre mois, c’est-à-dire bien plus que le congé imparti de quatre semaines !
Les désagréments pour lui étant finalement assez nombreux, et un autre poste étant devenu vacant à la suite du décès de son titulaire, Jean-Sébastien, nouvellement marié (le 17 octobre 1707) à sa cousine Maria Barbara, se porta candidat à la tribune de l’orgue de l’église Saint-Blaise (Blasiuskirche) à Mühlhausen. Il s’y trouva confronté à la polémique entre les deux courants du luthéranisme de ces années-là, le piétisme et le confessionalisme orthodoxe. Il resta à Mühlhausen jusqu’en juin 1708. Il fut ensuite nommé à Weimar, où il bénéficia du titre de musicien de la Chambre du duc et organiste de la Cour, avec les traitements affé