Saga Marindyane
144 pages
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Saga Marindyane , livre ebook

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Description

« Depuis deux jours déjà, les deux frères naviguaient ainsi. Ils avaient décidé de fuir la pauvreté des plateaux toujours secs, où la famine tuait chaque année son lot de pauvres gens. Ils étaient partis suivant leur instinct, grâce à ce sixième sens qui fait réagir face à l'adversité naturelle... » Devons-nous avoir honte de nos racines indiennes ? Face à cette interrogation, l'auteure a puisé dans l'histoire de ces deux derniers siècles, afin de montrer que les Indiens venus d'Inde et leurs descendants avaient, eux aussi, participé au développement économique de la Martinique. Et c'est à juste titre qu'ils doivent leur intégration, dans la communauté antillaise. Ce roman historique, où l'imagination se dispute à la réalité, est porteur de messages. Découvrez Payée-Sing et les autres héros qui vous guideront à travers les méandres palpitants de ce récit !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juillet 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342167207
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Saga Marindyane
Saras Ketra
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Saga Marindyane
 
 
Ami lecteur ,
 
Ce livre est un hommage :
- à nos aïeux, que nous n’avons pas connus,
- aux descendants d’hindous (surnommés « coolies »), qui représentent une fraction de la population martiniquaise, trop souvent méprisée et brimée…
- à tous les hindous anonymes ou célèbres qui ont contribué, largement, à écrire de belles pages de l’histoire de ce pays.
 
Que ceux issus de l’Inde lointaine, se sentent à leur juste place dans le concert antillais, notamment à la Martinique.
 
Je souhaite que l’ensemble plaise au lecteur.
 
 
Saras Ketra
 
Chapitre I
Un radeau grossier fait de troncs d’arbres attachés les uns aux autres descendait lentement au fil du courant. Le débit du fleuve était au plus bas. La mousson attendue depuis plus d’un mois tardait à déverser ses pluies bienfaisantes, et la sécheresse accablait une fois de plus le moyen Gange. Partout alentour, la détresse de la végétation était visible. Payée-Sing poussait sur sa perche côté tribord alors que son frère Apunhâ maniait la sienne de l’autre côté. Le radeau était maintenu dans un parcours parallèle à la berge.
Depuis deux jours déjà, les deux frères naviguaient ainsi. Ils avaient décidé de fuir la pauvreté des plateaux toujours secs, où la famine tuait chaque année son lot de pauvres gens. Ils étaient partis suivant leur instinct, grâce à ce sixième sens qui fait réagir face à l’adversité naturelle…
Leur village de Dehra avait subi durement les effets de cette sécheresse. Autour de la bourgade, les champs de maïs et de sorgho offraient le lamentable spectacle d’alignements de pousses desséchées, que les vents agitaient en les faisant gémir.
Chaque fois qu’une brise passait, on entendait ce froissement plaintif des maigres tiges desséchées, comme si celles-ci lançaient une protestation maladive et molle à la nature rigoureuse.
Côtoyer régulièrement la misère et le malheur finit par faire perdre la tête à certains. Payée-Sing avait vu mourir des enfants plats et désespérément osseux dans les bras de mères impuissantes et éplorées. La faim n’avait pas épargné les adultes. Et puis, comme si le ciel avait totalement oublié ce coin du pays, une épidémie de malaria avait fini de saper la résistance et le peu d’espoir de la malheureuse population… Payée-Sing avait donc décidé de s’éloigner de ces lieux peu cléments. Il n’avait pas de réelle attache. Son frère Apunhâ n’avait nullement hésité à le suivre. Les deux frères avaient donc fabriqué le radeau qui les conduirait, du moins le pensaient-ils, jusqu’à la grande ville de Patna. Ce ne serait qu’une étape. En réalité, Payée-Sing et son frère voulaient atteindre la côte. À Chandernagor dans la plaine du delta, ils trouveraient facilement du travail dans les rizières où on avait toujours besoin de bras vigoureux.
Le radeau bondit brusquement en un mouvement accéléré. Le fleuve passait maintenant entre des collines boisées et son lit étant moins large que dans la plaine, le courant se faisait plus rapide, sans toutefois devenir violent. De toute façon les deux frères manœuvraient pour garder toujours le radeau à une dizaine de mètres des roseaux qui peuplaient la berge.
De temps à autre, un vol d’aigrettes ou de flamants roses dérangés dans leur pêche s’égaillait en spirale sinueuse dans un ciel sans nuage. La mousson ne semblait décidément pas près de se manifester. Le soleil dardait ses flèches sans ménagement, et la surface miroitante du fleuve semblait un long ruban d’argent qui scintillait de mille feux.
Le radeau poursuivait ainsi sa navigation. Le premier soir, les deux frères avaient jeté l’ancre (ou du moins considérée comme telle, la pierre entourée de ficelle qui en tenait lieu). Le second soir ils avaient amarré leur radeau à une touffe de roseaux. La première partie de leur périple se passait sans aucun problème, et les deux hommes se félicitaient d’avoir pris la décision de partir. C’était compter sans les brigands qui pensent toujours à s’enrichir en volant les autres, surtout ceux qui voyagent. Vers le milieu de l’après-midi, les deux voyageurs retrouvèrent une région de basse plaine. De nouveau, le fleuve s’élargissait et à la végétation moyenne des collines, succéda l’immanquable file de roseaux, le long des berges. Soudain, alors qu’ils abordaient un large méandre du fleuve, ils furent attaqués par quelques cavaliers. Les agresseurs avaient de larges cimeterres qu’ils brandissaient sauvagement pour bien montrer leurs intentions belliqueuses. Celui qui semblait être le chef gesticulait en montrant un fusil qu’il pointait dans leur direction.
Payée-Sing et son frère comprirent très vite que leur salut dépendait de leur rapidité à s’éloigner de la berge. Manœuvrant leurs longues perches avec toute l’énergie du désespoir, ils se retrouvèrent bientôt au milieu du fleuve, hors de portée du fusil que le chef des brigands utilisait fort maladroitement d’ailleurs. À cet endroit, le courant était plus rapide et le radeau filait à vive allure. À la sortie de la courbe du fleuve, ils virent avec soulagement les brigands qui s’éloignaient, leurs proies étant hors d’atteinte. De toutes les façons, les malfaiteurs n’auraient pas tiré grande satisfaction d’une éventuelle réussite : les deux frères ne possédaient que quelques maigres affaires et très peu de roupies dans leurs bourses bien plates…
 
Deux jours plus tard, sans aucune autre rencontre fortuite, Payée-Sing et Apunhâ arrivèrent dans les faubourgs de Patna. Ils abandonnèrent avec un pincement au cœur le frêle support de leur voyage, puis ayant récupéré leurs affaires, ils s’en furent dans la grande métropole où la population grouillait. Ils n’avaient jamais vu tant de monde : une population disparate, où les gueux loqueteux côtoyaient les individus moins pauvres. Les différences se sentaient, se voyaient à travers les guenilles que portaient certains et les vêtements décents des moins nombreux. Des soldats anglais à l’uniforme tricolore chatoyant déambulaient par groupes de quatre ou cinq. On sentait la mainmise de l’hégémonie anglaise qui se manifestait par son omniprésence matérielle, ainsi que par la publicité des nombreuses enseignes. Pour leur première nuit dans la ville, les deux frères ne voulant pas dépenser leurs maigres ressources dormirent contre la pile d’un pont à l’entrée du port fluvial. Le lendemain, ils se mirent en quête de travail. La chance semblait leur sourire. Ils furent tous deux embauchés dans les vastes entrepôts d’une compagnie import-export où l’on avait besoin de bras…
 
Plusieurs mois passèrent ainsi. Payée-Sing et son frère étaient toujours au travail. Ils gagnaient convenablement leur vie, car n’étant pas fainéants comme certains, en faisant des heures supplémentaires. Payée-Sing n’était quand même pas satisfait : une idée lui trottait dans la tête. Il voulait voir la mer, travailler sur la côte. C’était sa part de rêve qu’il entretenait journellement… Un matin, en arrivant aux entrepôts, les travailleurs furent rassemblés devant le bâtiment principal. Un contremaître hurla dans un porte-voix que les travailleurs qui le désiraient pourraient être transférés dans une grande succursale à ouvrir dans le grand comptoir français de Chandernagor. C’était inespéré. L’offre tombait à pic et les deux frères pourraient réaliser leur rêve. Payée-Sing et Apunhâ furent les deux premiers inscrits.
Chapitre II
Toutes les troupes anglaises stationnées aux Indes étaient en alerte depuis plus d’un mois.
 
Des menaces de troubles violents planaient dans l’air car du Bangladesh voisin, venaient les relents des dernières révoltes islamiques. Des Bengalis s’étaient réfugiés près des frontières, et tout le nord-est de l’Inde était sous pression. Pour parer à toute éventualité, le gouverneur général du royaume, Sir Charles Konolly, avait prévu un renforcement de toutes les garnisons dans les villes du grand delta 1 . Des troupes étaient ainsi déplacées, afin que les forces britanniques soient en mesure d’agir le cas échéant.
 
Sir William Astershav reçut ainsi une affectation soudaine. Il aurait pu refuser, puisqu’il disposait de faveurs dans les hautes instances militaires. Il n’en fit rien car de ce mouvement dépendait sa promotion au grade de colonel. La mutation était donc bien venue. Lady Mary Astershav était désolée. Depuis cinq années que son mari était en poste à Bombay, elle y avait ses habitudes. Les enfants fréquentaient le Charity Collège et rien ne prouvait qu’à Chandernagor où ils devaient s’établir prochainement, on trouverait un collège équivalent. Elle craignait également de perdre définitivement Mirvhinna sa servante, une fille propre et docile qui cuisinait à merveille les plats locaux dont son mari raffolait…
Mirvhinna, contre toute attente, accepta de suivre la famille de sa maîtresse. Elle n’avait pas d’attaches particulières qui auraient rendu son départ impossible.
 
Un mois plus tard, les 2 e , 5 e et 10 e  compagnies de Scottish Guards, commandées par le lieutenant-colonel William Astershav, prirent leurs quartiers dans un vaste camp à l’ouest de Chandernagor…
 
Payée-Sing et Apunhâ voyaient la mer pour la première fois. L’océan s’étendait devant eux. À perte de vue, on ne percevait que la teinte mordorée des eaux. Le Gange était en période d’étiage et ne charriait pas d’énormes quantités de boue. La teinte jaunâtre de l’eau était due à la présence des terres limoneuses que le Bramhapout

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