Terre de seigneurs
142 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Terre de seigneurs , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
142 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le début de la Renaissance, dans la presqu'ile du Cotentin, voit l'enrichissement terrien, pécuniaire et intellectuel de la noblesse rurale. Jacques et Olivier, deux frères aussi différents que complémentaires, concourent à la succession de la seigneurie de Hercla. Entre droit et coutume normande, relations avec les domestiques, guerres de religion, sexualités contrariées, ils peinent à obtenir un mariage convenable. Compliqués par un secret de famille, leur héritage et leurs rêves les plus chers tardent à se réaliser. Et encore, seront-ils à la hauteur de leurs espérances dans une époque où le patriarcat et l'omniprésence du clergé laissent peu de places aux vrais sentiments amoureux et à l'initiative des femmes ? Et pourtant, le destin de la famille va subir fortement l'influence de ces dernières.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 janvier 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342366785
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par les Éditions Publibook,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
http://www.publibook.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-342-36678-5
 
© Éditions Publibook, 2023
Note de l’auteur
Avoir vécu sur ce lieu historique qu’est le manoir de Hercla à Néville, dans cette région du nord-est du Cotentin appelée Val de Saire, m’a amené à m’interroger sur le passé de ces vieilles pierres. Quelles personnes y ont vécu, de quelle façon, comment ont-elles traversé cette période des Guerres de Religion où la majorité des châteaux et manoirs de ce terroir ont été construits.
Souvent édifiés et habités par des seigneurs ruraux, ces monuments témoignent de la richesse du Cotentin à la Renaissance.
Nous avons des indications sur leur mode de vie grâce au célèbre journal de Gilles de Gouberville qui conte jour après jour la vie d’un gentilhomme du Cotentin de 1549 à 1562. Le reste est le fruit de mes connaissances et de mon imagination.
Je remercie Guillaume Roupsard pour les informations généalogiques sur les habitants de ces manoirs qu’il m’a transmises avec des commentaires précieux.
Je remercie Benjamin Gendron pour l’illustration de la couverture représentant Hercla à l’époque du roman.
Merci à Marianne mon épouse, pour ses relectures et conseils avisés.
La ressemblance ou similitude avec des lieux, faits et noms de personnages historiques est volontaire. La vie de ces personnes, leur caractère, leurs faits sont totalement fictifs. La ressemblance avec des gens vivants ou ayant existé n’est que pure coïncidence.
Première partie Robert Thomas et ses fils
Chapitre 1 Journée de Chasse à courre
Ce matin, c’est l’effervescence au manoir de Hercla. L’écuyer, et maître veneur, vient de rentrer avec son meilleur limier. Hier déjà, il a parcouru le domaine, afin de repérer des traces et de l’odeur. Son chien favori a fortement réagi en arrivant à l’orée des landes. Son maître a peiné à le garder auprès de lui. Il n’y a aucun doute, les traces sur le sol le confirment, il y a des bêtes là-dedans.
Dès en rentrant, il s’adresse à son maître, le seigneur Robert sieur de Hercla et de Courcy :
– Il y a une horde de sangliers au pied des landes, je crois même avoir vu les empreintes d’un chevreuil, pourtant d’habitude ils ne viennent pas ici !
– Ça tombe bien, j’ai envie d’impressionner mon voisin Jehan Leroux, le seigneur d’Ozeville. Il va arriver dans une heure, juste le temps de seller les chevaux et de conditionner les chiens.
Pendant que le maître des lieux hèle ses deux fils, Jacques âgé de seize ans et Olivier d’un an son cadet, Guillaume Chandeleur dit Toudoux, le maître veneur, avec l’aide du grand valet Nicolas Bazin déchargé de sa fonction pour cette occasion, accroche collier et laisse à la douzaine de chiens qui composent l’équipage de Hercla. Les mâtins ont compris ce qui les attend et c’est dans un concert d’aboiements que le seigneur et ses fils préparent leurs impétueuses montures inquiétées par le bruit des chiens.
Leurs habits d’apparat : un large feutre, un pourpoint décolleté recouvert d’un casaquin coloré à manches longues et sous la ceinture des hauts-de-chausses bouffants et des bottes de cuir, leur donnent fière allure.
À peine, les trois cavaliers et les deux veneurs avec chacun six courants ont-ils franchi la grande porte cochère, que le sieur d’Ozeville, monté sur un splendide alezan, arrive lui aussi accompagné de ses deux veneurs maîtrisant tant bien que mal une douzaine de chiens.
– Bienvenue mon ami ! crie Robert pour couvrir le brouhaha des deux meutes qui viennent de s’apercevoir.
– Salut à vous et à vos rejetons, mais ne perdons pas de temps, les dogues vont vouloir se battre.
La caravane se met en ordre de marche derrière Toudoux chevauchant sa haquenée 1 Cocotte et tenant la moitié des courants, suivi de Nicolas avec l’autre moitié. Puis viennent les nobles cavaliers : Robert de Hercla sur un étalon bai brun, Jehan d’Ozeville sur son destrier alezan, Jacques sur sa jument grise, Olivier sur sa jument baie, puis les hommes d’Ozeville emmenant leur équipage. Au début, ils empruntent le chemin puis ils se déploient sur les chaumes, nombreux en ce début septembre. À Hercla, tous les grains de froment, d’orge, d’avoine ou de pois sont au sec dans les granges, de même que sur les autres fermes du Tourps. Lorsqu’ils arrivent au pied de la colline recouverte d’aubépines, d’ajoncs et de fougères, la meute, qui a repéré du fret, s’affole. Les veneurs n’ont d’autre solution que de la lâcher et à partir de ce moment, les chiens s’ébrouent en donnant de la voix, attirés par l’odeur du gros gibier. Les cavaliers au trot se répartissant dans l’espace encadrent les chiens. Vu l’ardeur de ceux-ci, les chasseurs s’attendent à voir partir un ou deux sangliers.
Tout à coup, au fond du champ, à la lisière des landes, surgit la tête haute, un magnifique cerf. Il marque un court temps d’arrêt et s’élance vers l’espace dégagé avant que les chiens ne s’en approchent. Toudoux sonne avec sa corne, la chasse est lancée, les chiens sont sur la trace avec au moins deux cents mètres de retard. La cavalerie suit, les chevaux sont maintenant au galop, les deux frères se disputant la tête et spéculant sur le chien qui rejoindra la bête.
– C’est ma saint-Hubert « Nénette » qui est devant, crie Jacques.
– C’est mon anglo-normand « Milord » qui va le rattraper réplique Olivier.
Mais le gibier ne faiblit pas, il exprime un mélange de panique et de fierté et maintient les poursuivants à distance. La meute s’étire en aboyant, les chevaux aussi s’éparpillent, les deux frères menant la course et sautant parfois les haies et talus. Toudoux ferme la marche, il sait que la bête traquée ne va pas tenir à ce rythme.
Il a bien anticipé ; le cerf qui jusqu’à maintenant a suivi le ruisseau qui sépare Néville de Gouberville change brusquement de direction, reprenant le large par rapport aux chiens qui courent le nez sur sa trace. Toudoux se retrouve le mieux placé et il sonne de sa corne pour appeler les chiens. Le fugitif a viré large et retourne vers son point de départ.
Il semble toujours aussi alerte, et c’est ventre à terre qu’il parcourt à nouveau les chaumes, poursuivi par les deux équipages de chiens et les veneurs. Ceux-ci s’interrogent sur sa stratégie.
– S’il retourne dans la lande, c’est tellement dense qu’on ne pourra pas le suivre avec les chevaux.
– Oui, mais les chiens y seront plus à l’aise que lui, réplique Toudoux en chasseur avisé.
L’animal ne leur donnera pas l’occasion de confirmer leurs dires, car à la lisière des taillis, il effectue une nouvelle volte-face. Mais cette fois, il vire plus court et cela donne aux chiens l’occasion de se rapprocher. Ceux-ci n’ont cessé d’aboyer et se relaient régulièrement à la tête de la chasse, réduisant l’écart avec celui qu’ils considèrent comme une proie certaine. Ce dernier n’a pourtant pas dit son dernier mot, et sur la plaine devant Hercla, il allonge de nouveau ses foulées, étirant le groupe de ses poursuivants en créant un défilé féerique.
– Robert, vous me faites passer un bon moment, ce spectacle est magnifique, vos fils sont de remarquables écuyers.
– Je les élève comme de futurs seigneurs, dommage que vous n’ayez pas une fille à marier Jehan.
– Ils auraient assurément fait de bons gendres.
La bête a cette fois pris la direction du nord, elle se dirige dans l’axe du clocher, avec des poursuivants de plus en plus confiants.
En approchant de l’église, elle oblique au nord et entre dans un champ d’épeautre pas encore fauché, appartenant au manoir de l’église, fief de l’abbaye de Montebourg. Cette fois, la course du ruminant est entravée par la paille longue et emmêlée, il doit faire de grands bonds qui l’épuisent et, parvenu au bout du champ, en franchissant la haie, il chute.
Il se retrouve sur le dos un instant et l’un des poursuivants en profite pour lui saisir une patte, dans sa gueule. Il est immédiatement éjecté par un geste rageur, le cerf est à nouveau debout, mais cette fois face à la meute qui lui fonce dessus. Il prend l’initiative de charger et il dégage violemment quelques dogues avec ses bois. Mais les chiens en surnombre ont raison de sa combativité ; ils commencent à lui mordre les flancs et finissent par le faire choir, épuisé, au milieu du champ. À ce moment, Toudoux qui s’est rapproché sonne l’hallali. Robert, le maître de cette chasse et son invité l’ont rejoint devant la bête agonisante, Jacques et Olivier se tiennent légèrement en retrait pour regarder leur père exécuter l’animal avec la dague qu’il vient de dégainer.
Mais celui-ci se ravisant, regarde brièvement ses fils et confie prestement l’arme blanche à Olivier.
– Tue-le.
Et fièrement, le fils cadet porte l’estocade fatale, sans se douter de la déception de son frère.
Toudoux sonne la curée 2 et les serviteurs entament la découpe des bas morceaux et des viscères pour récompenser et calmer les chiens. Autour de la dépouille, c’est l’excitation, entre les jappements, les hennissements des chevaux qui s’impatientent et tournent en rond, le son du cor, le champ d’épeautre est devenu une arène de cirque. C’est à ce moment, attiré par cette agitation que surgit Tancrède Cabart, le gérant de la parcelle.
Cette parcelle, comme celles du manoir ruiné sis près de l’église, est un fief appartenant à l’abbaye de Montebourg qui le baille à ce paysan roturier. Son visage est fermé, il contient sa colère jusqu’au moment ou il aborde le sieur de Hercla.
– Ce n’est pas par ce que vous êtes un seigneur que vous avez tous les droits, vous piétinez mon bien comme vous me dédaignez. La moitié de la récolte est perdue.
Emportés par leur passion, les chasseurs n’ont pas réalisé l’impact de l’hallali et de la curée d’un cerf au milieu d’une céréale mûre.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents