Un jeu d ombre et de lumière
304 pages
Français

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Un jeu d'ombre et de lumière , livre ebook

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Description

« Le monde, dit-il, comme la pomme, se divise en deux : l'indispensable et le futile. Il a édicté sa loi une fois pour toutes ; il est convaincu d'avoir raison, selon son âge et son expérience. » Théodore Barrail, Théo pour les intimes est un retraité vivant en repli depuis le décès de sa femme et la fuite de son fils au Québec. Pour tromper son ennui il se rend aux Saintes-Maries. « Viens profiter du bord de mer ! », ont proposé ses amis, les Moreau. Un matin qu'il se promène sur la plage, il découvre une jeune fille, à l'air perdue. Ce solitaire endurci décide pourtant de veiller sur elle et son frère : une décision qui bouleversera sa vie. Qui sont ces deux jeunes gens ? Pourquoi ont-ils quitté l'Ukraine ? Que fuyaient-ils ? L'auteure nous offre un roman palpitant empreint de mystère et de tendresse difficile à refermer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 septembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342167757
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un jeu d'ombre et de lumière
Anne Marie Portalez
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Un jeu d'ombre et de lumière
 
 
À ma mère partie un jour loin des siens,
 
À mon père qui a connu la déchirure de l’exil et qui toute sa vie a gardé la nostalgie du paradis perdu.
 
Avant-propos
Si les lieux existent, ils ne sont pas tels que je les décris. J’ai pris plaisir à déplacer et ajouter des rues, des places, des bâtiments.
Si les personnages sont fictifs, ils ont vécu à mes côtés pendant de longs mois. D’où viennent-ils, que deviendront-ils ?
À vous d’en décider.
Errance Chapitre   1
3 juillet
Ils sont deux enfants égarés qui se disputent dans une ville en bord de mer. Ils marchent droit devant eux. Leurs regards s’évitent. Les mains de la fille s’agitent de façon incontrôlable. Le garçon se tourne vers elle, lui adresse quelques mots virulents. Elle hausse les épaules, le plante là et traverse l’avenue.
Elle se retrouve sur la promenade, le long de la plage parmi les vacanciers. Son pas ralentit, devient hésitant. Si son allure suscite un intérêt quelconque, les yeux qui se posent sur elle se détournent bien vite. Elle effraie sans en avoir conscience.
Trop mince, trop effacée, de taille moyenne, elle est une frêle silhouette qui glisse sur le pavé. Ses pensées l’emmènent ailleurs, bien loin… Elle semble retenir des chagrins, des nausées, des peurs inavouées dans une poitrine à l’étroit. Au cœur du magma émotionnel qui l’étreint, elle court le risque de se briser.
La chevelure raide d’un blond soutenu, nouée sur la nuque, la pâleur de son visage évoquent une beauté nordique ou bien venue d’un pays à l’est de l’Europe. Des lunettes noires protègent ses yeux bleus. Vêtue d’un jean, d’un tee-shirt blanc, elle avance au hasard, ombre parmi les ombres.
C’est le milieu de l’après-midi, un jour de vacances de plein été, aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Il fait chaud, très chaud. Un peu plus tard elle disparaît au détour d’une rue parallèle.
 
Quand elle s’éloigne, le garçon est en colère une fois de plus. Il s’immobilise brutalement. En stoppant net, il n’entend pas l’homme qui arrive dans son dos. Ils se heurtent. Son sac en toile porté à l’épaule se renverse sur la place : un carnet à spirales, des fusains ainsi qu’une bouteille d’eau pour la soif et un paquet de biscuits entamé s’étalent à ses pieds… Tous les deux ramassent les objets éparpillés. L’homme s’excuse et s’éloigne. Le garçon va s’asseoir sur un rocher, à l’abri du manège encore fermé, face à la mer. Les genoux sous le menton, il garde le silence, les lèvres serrées tiennent sa peur à distance. Des boucles châtains tombent sur ses yeux bruns. Il les repousse rudement. Opiniâtre, il dissimule sa rage sous sa casquette.
Son matériel de dessin sur les genoux, il croque maintenant des gamins courant sur la plage, une nuée de parasols, des amoureux sortis de l’eau, lovés dans une immense serviette… Il est pris par le trait et l’instantanéité toute en mouvement. Un brin de légèreté transparaît simple et sans tache. Les cris, les rires, les bavardages anodins l’enveloppent. Ses craintes s’éloignent un peu…
Les feuillets recouverts d’une énergie éphémère se succèdent. Ces précieuses minutes de liberté sont une bulle d’air. Il se prend à respirer, respirer à pleins poumons, les yeux fermés, le visage levé bien haut vers le ciel. Puis brusquement revenu au présent, lucide et clair, il cherche l’heure à sa montre et range ses affaires précipitamment. Redressant sa longue silhouette, il décide d’affronter les rues encombrées de passants. Il pense : que va-t-il se passer maintenant ?
 
Il a croisé un vieux couple et son chien tenu en laisse, un labrador aussi vieillissant que ses maîtres. Tous les après-midis, elle et lui, se tenant par la main, sortent en balade et vont se poser sur un banc, postés en observation. Parfois leurs regards se croisent complices et ils se sourient… comme en représentation. Le chien glisse sa tête sur le pied de monsieur, sa queue sur la cheville de madame. Il s’endort ou pas. Du moment qu’il est immobile et silencieux un long temps. L’homme et la femme échangent quelques mots. Leurs mains agrippées, ceps de vigne entremêlés, signifient leur force commune à la face d’un monde qui les ignore. Ils sont là. Ils attendent… Dans un moment ils iront prendre un thé.
 
Tout près, sur la terrasse du café « Les mouettes », la famille Moreau, Thomas, Cassie et leur enfant Justine, savoure une glace. N’y tenant plus, la fillette retourne vite jouer dans le sable. Ce moment de détente est interrompu lorsque la petite appelle papa qui la rejoint aussitôt, la soulève et l’emporte, à grands coups de rires et de cris joyeux, jusqu’à la mer. Maman pendant ce temps s’impatiente… avant d’être saluée par Théo, résidant en ville.
Théo, qui a bousculé un peu plus tôt un jeune homme étourdi, et n’a pu s’empêcher de remarquer son allure élancée et nerveuse, ses yeux scrutateurs et perdus à la fois. Il a vu la peur dans les yeux du garçon. Et cette sensation perçue en un éclair ne quitte plus son esprit. Elle est imprimée dans une partie de son cerveau jusque-là en inactivité. Il revit la scène, la prolonge, la décortique puis finit par se traiter d’idiot.
Thomas revient, lui jette l’enfant trempée sur les genoux. Il n’a pas eu le temps de râler. La gamine, les bras autour de son cou, dépose des paquets de baisers mouillés sur les joues de son grand ami.
— Un verre et nous rentrons à Grand Oustau. Nous avons une course de taureaux à préparer pour demain, l’informe Cassie.
 
Une heure plus tard, les Moreau s’éclipsent laissant Théo seul et désœuvré. Il songe : « Il y a bien trop de monde ! Je ne me plais pas l’été au bord de la mer !… » Le jour s’effiloche mais la distance qui le sépare de la nuit, si elle s’amenuise, si elle se dissout, ne s’efface pas assez vite à son goût. Les plages ne se vident pas encore, constate-t-il. Chacun veut profiter du bain, du farniente, de la nonchalance inhérente aux plaisirs balnéaires. Les joies de l’été s’égrènent et s’éparpillent au gré de l’heure légère. Et si des nuages se forment dans le ciel, se groupent en masse incongrue, ils sont bien trop lointains, à peine visibles, à peine décelables. Qui donc les a aperçus ?
Plus tard la musique envahit la ville. La fête s’installe et, de place en place, la foule grandit. Elle a fini par quitter le front de mer, elle vient rire et danser entre les murs, au cœur de la vieille cité. Petits et grands en famille ou solitaires déambulent. On prend un verre, une assiette garnie. On va s’asseoir sur un trottoir, sur une marche, à la terrasse d’un café quand une table se libère. On se découvre, on bavarde ou bien on s’ignore avec aplomb ! Quelle importance ! On se laisse bercer… Le vin, la musique, le rire s’acoquinent ce soir, et bien des choses sont permises… Les verres passent de mains en mains, les conversations s’entrecroisent libres et dans une impertinence renouvelée. La nuit a saupoudré les âmes d’une joyeuse audace… Devant l’orchestre, une odeur de frites s’impose, grasse à souhait. Est-ce le thème de la fête ? ironise Théo… Il ne saurait le dire. La main sur la bouche, il quitte les lieux en suivant des yeux un groupe d’enfants occupés à déguster leur barbe à papa. C’en est trop ! Il se retire.
 
 
Chapitre   2
La cohue grandissante, les éclats en tous genres le déstabilisent. Il n’a qu’une hâte, rejoindre au plus vite son nid occasionnel, situé rue Pranishnikov au numéro 12. Face à lui, le vieux couple – sans son chien – se fraie un chemin parmi les fêtards dispersés. Les pas plus hésitants que jamais les contraignent tous deux aux regards baissés. Ils guettent le moindre obstacle sur le trottoir. À la lueur blanche des lampadaires ils scrutent le sol où se dissimule le dénivelé, le trou ou la marche disjointe qui pourrait surgir et les faire tomber. Ils s’aident, se réconfortent dans un murmure. Rien ne les détourne de l’application qu’ils mettent à parvenir à destination. Long est le chemin, dure est la peine, mais à deux, rien n’est impossible. Ils habitent un peu plus loin, au numéro 3, une coquette maison de plain-pied entourée d’un petit jardin. Ils se croisent. « Bonsoir ! »
Théo glisse sa clef dans la serrure de la porte d’entrée et se retourne une dernière fois avant d’aller plus avant. Bizarrement le vieux monsieur lui paraît moins vieux… La dame, ne la dirait-on pas moins voûtée, plus… ? Décidément mon imagination galope encore, pense-t-il. Mais les voilà arrivés chez eux. Lui, salue Théo d’un signe de la main, elle, sourit et tous deux s’effacent dans le jardin.
Alors qu’ils tâtonnaient, craignant le moindre faux pas, quelques secondes plus tôt, ils m’ont souhaité une bonne nuit à cette distance se répète-t-il, épaté !
 
Théodore Barrail, Théo pour les amis, est un retraité mélancolique. D’une taille plus haute que la moyenne, il impressionne par son allure ; c’est un grand maigre. S’il aime parler avec les mains, il sait surtout se taire et écouter. Rude dans ses pensées, ses gestes sont tout autrement attentifs à l’autre. Des manies plus que des habitudes conditionnent son quotidien. Il s’en contente, elles le rassurent. Le monde, dit-il, comme la pomme, se divise en deux : l’indispensable et le futile. Il a édicté sa loi une fois pour toutes ; il est convaincu d’avoir raison, selon son âge et son expérience. Lorsque Cassie lui a proposé de venir quelques jours aux Saintes-Maries, et mis à sa disposition « la petite maison », il n’a pu refuser. M

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