De Darwin à Lévi-Strauss : L’homme et la diversité en danger
161 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

De Darwin à Lévi-Strauss : L’homme et la diversité en danger , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
161 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le célèbre naturaliste Charles Darwin, à l’aube de sa carrière,accomplit le périple qui lui permit de prendre la mesure de l’extraordinaire richesse du monde naturel. Pour lui, pas de vie sans évolution, et pas d’évolution sans diversité ! Un siècle plus tard, celui qui deviendra le très grand anthropologue Claude Lévi-Strauss, parti tout jeune à la découverte des peuples amazoniens, comprit que la diversité culturelle est tout aussi cruciale pour l’évolution de l’homme. Dans ce nouveau livre, Pascal Picq imagine que nos deux savants repartent à l’aventure, à la redécouverte du nouveau monde. Mais ce nouveau monde, Charles Darwin et Claude Lévi-Strauss seraient bien en peine de le reconnaître, tant la diversité naturelle et la diversité culturelle ont été atteintes. À mesure que des espèces disparaissent et que des cultures et des langues meurent, c’est notre avenir et celui de la Terre qui sont compromis. Darwin et Lévi-Strauss nous avaient avertis. Pourquoi ne les a-t-on pas compris ? Ne peut-on enfin les entendre ? Un appel passionné à une prise de conscience urgente et salutaire. Auteur de grands succès comme Au commencement était l’homme, Lucy et l’obscurantisme et L’homme est-il un grand singe politique ?, Pascal Picq est maître de conférences à la chaire de paléoanthropologie et préhistoire du Collège de France. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 septembre 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738175618
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, SEPTEMBRE 2013 15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN  : 978-2-7381-7561-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Julia, ma petite-fille née le 1 er janvier 2013, exactement 512 ans après que des Européens ont découvert la baie de Rio. Entre-temps, dix milliards de femmes et d’hommes ont vécu sur la Terre. En espérant que ma génération, qui a connu une élévation de son niveau de vie comme jamais dans l’histoire de l’humanité, sera capable de lui léguer un monde dans lequel ses enfants et ses petits-enfants pourront choisir leur avenir et celui de leurs propres enfants. Je souhaite que ce livre puisse y contribuer. C’est ça, l’hominisation !
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Dédicace
Introduction - LES HOMMES DE RIO
PREMIÈRE PARTIE - Comment les voyages forment la conscience
Chapitre 1 - Jeunesses croisées
Les Darwin et le début d’un voyage
Les Lévi-Strauss et la fin du voyage
Un siècle entre deux naissances
Chapitre 2 - Voyages, explorations, rencontres
Le périple du Beagle (1831-1836)
L’expédition du Mato Grosso
L’agitation londonienne et la longue maturation
L’exil, New York et les incertitudes académiques
Chapitre 3 - Darwin, la biodiversité et les hommes
La découverte de mondes en perdition
Chapitre 4 - Lévi-Strauss et le crépuscule des hommes
Où sont passés les Indiens ?
Tristes tropismes
DEUXIÈME PARTIE - L’inconscience de l’évolution
Chapitre 5 - Ce qu’a fait l’évolution
Les chemins de la diversité
Comment la biosphère affecte la Terre
De plus en plus seul et pesant vers le sommet de la pyramide
Chapitre 6 - Homo et la sixième extinction
Succès et déclin des grands singes hominoïdes
Chapitre 7 - Ce que nous faisons de l’évolution
Le (vrai) cauchemar de Darwin
1859-1959 : un siècle pour comprendre l’évolution
Révolutions industrielles et évolution des espèces
George Schaller : le dernier explorateur de la biodiversité
La cryptozoologie et les dernières lueurs de diversité
Chapitre 8 - L’anti-Arche de Noé
Les espèces disparues les plus emblématiques
Le choc des marsupiaux et des placentaires
Madagascar : le huitième continent bientôt perdu
Sixième ou septième grande extinction ?
Les extinctions des périodes historiques
Il faut préserver la coévolution
TROISIÈME PARTIE - Une planète toujours plus (in)humaine
Chapitre 9 - Des biodiversités et des hommes
OGM contre diversité ou la catastrophe assurée
Des vers de terre et des hommes
Les jardins de l’agrodiversité
Les animaux domestiques, compagnons de notre histoire
Chapitre 10 - La fin d’homo sapiens et le sombre avenir d’une espèce
Amadou Hampâté Bâ : un témoin africain du XXe siècle
De la langue mère au désespéranto
Des langues, des espèces et des environnements
Chapitre 11 - Pourquoi préserver la diversité ?
La réponse évolutionniste
La réponse économique
La réponse anthropologique
La réponse éthique
Chapitre 12 - Vers une terre humaine
De la Vénus hottentote aux têtes maories
À propos de culture
Chapitre 13 - Quel musée de l’homme pour demain ?
Un Musée de l’homme et de l’évolution qui se fait
Vers le Nouveau Musée de l’homme
Conclusion
Les raisons de la déraison
Edgar Morin et les philosophes à l’Unesco
Le nouveau pari de Pascal
Le progrès en question
Vers un troisième âge de l’humanité
De la démographie, des femmes et de l’écologie
Épilogue : vers un nouveau monde
Esquisse des progrès de l’esprit et des sociétés humaines
1. Âges des hommes et de la transformation du monde : 2 millions d’années à 100 000 ans
2. L’âge d’Homo sapiens et la révolution symbolique : 100 000 ans à 12 000 ans
3. Âges des agricultures et des religions : 10 000 ans à 1492
4. Renaissance, imprimerie et Nouveaux Mondes : 1492 à 1859
5. Première révolution industrielle, le train et les journaux : 1859 à 1959
6. Deuxième révolution industrielle (électricité, pétrole, chimie) : 1959 à aujourd’hui
Remerciements
Du même auteur
Introduction

LES HOMMES DE RIO

Avec la découverte des Amériques et, juste après, celle de la baie de Rio par Amerigo Vespucci, 1492 a marqué la fin de l’évolution naturelle d’ Homo sapiens, celle qui, partie d’Afrique il y a plus de cinquante mille ans, a vu se déployer les populations de notre espèce sur toute la Terre, éliminant au passage les autres espèces – comme Neandertal – les plus proches de lui en termes de parenté ou de complexité et entamant la sixième grande extinction de l’histoire de la vie. 1492 a ainsi commencé à mettre un terme à cinquante mille ans de diversité biologique et culturelle. Cinq siècles plus tard, le premier sommet de la Terre à Rio a dressé le bilan, mais sans changer le cours des choses. Et vingt ans plus tard, en juin 2012, un nouveau sommet, dit Rio + 20, s’est tenu. Que s’est-il passé sur la Terre depuis qu’une nouvelle génération est venue au monde ? La population mondiale a augmenté d’un tiers, la biodiversité naturelle et domestique s’est considérablement dégradée, le réchauffement climatique se fait de plus en plus sentir et des dizaines de langues, de cultures et d’ethnies se sont effacées à jamais.
Pourtant, des hommes avaient déjà perçu à quel point était funeste le chemin pris par l’humanité : tout particulièrement Charles Darwin et Claude Lévi-Strauss. Tous les deux sont passés par Rio à un siècle d’intervalle et, si le premier n’a pas eu à beaucoup chevaucher pour s’émerveiller de la forêt tropicale, le second, lui, a été contraint de voyager pendant des semaines avant de rencontrer des Indiens. En relisant le Voyage d’un naturaliste autour du monde du premier et Tristes Tropiques du second, on s’aperçoit que le naturaliste anthropologue et l’anthropologue naturaliste étaient déjà les témoins visionnaires de la dévastation naturelle et culturelle en cours. S’ils partaient aujourd’hui pour un périple tel que celui qu’ils ont accompli et qui a préludé au développement de leur œuvre, ils seraient bien en peine d’effectuer les observations qui leur ont permis de bouleverser nos conceptions de la vie et de la culture.
Pourquoi alors ne les a-t-on pas compris et surtout pourquoi continuons-nous à ne pas comprendre ? Pourquoi les blessures que les hommes infligent à la Terre et à l’humanité elle-même ne suscitent-elles pas davantage de prise de conscience et des actions plus résolues ?
Quand on évoque Rio, il revient joyeusement à l’esprit L’Homme de Rio de Philippe de Broca, où pétillait Jean-Paul Belmondo. C’était en 1964. Depuis, le premier n’est plus, le second a bien vieilli et Steven Spielberg a repris à sa façon la veine des albums de Tintin.
Encore jeune garçon dans une banlieue verte tapissée de terrains maraîchers, nourri de L’Oreille cassée et du Temple du Soleil d’Hergé, j’ai particulièrement ressenti l’envie de connaître une telle aventure, mais une scène m’a surtout frappé et me frappe encore chaque fois que je revois ce film : celle de la construction de la ville de Brasilia, cette utopie moderniste en plein milieu de ce qui était encore une forêt tropicale. La modernité faisait aussi brutalement irruption dans ma vie puisque les immeubles de ce qu’on commençait tout juste à appeler des « cités » à cette époque, avec leur confort moderne si bien mis en scène par Jacques Tati, allaient pousser ma famille de maraîchers, installée là depuis un siècle, à aller toujours plus loin dans le grand ouest parisien, nous transformant en quelque sorte en Indiens des banlieues. Mes parents ont eu l’intelligence de comprendre que l’ombre des grands immeubles annonçait le crépuscule de leur monde. Après avoir franchi la Seine pour s’installer sur les coteaux d’Argenteuil, d’autres cités venant recouvrir les champs de coquelicots peints par Claude Monet, ils ont bien vu qu’il leur fallait changer de métier. Ceux qui ont préféré s’accrocher ont connu des vies de plus en plus difficiles. En écrivant ces lignes me reviennent les échos de La Maison près de la fontaine . Cette chanson de Nino Ferrer exprime joliment mon enfance glissant dans la vie moderne.
En ce temps magnifique de l’ORTF, on découvrait le monde en noir et blanc et en différé. Le carnaval de Rio nous faisait rêver car il fallait imaginer les rythmes et les couleurs. Et puis, il y avait cette fabuleuse équipe de football dansant la samba et menée par le roi Pelé et, plus tard, l’enchantement musical avec The Girl from Ipanema et Corcovado de Gilberto Gil. Rio et le Brésil semblaient des rêves inaccessibles ou tellement lointains tant les récits de l’Aéropostale par Saint-Exupéry, évoquant le sinistre Pot au noir, les contenaient sur les rives de nos imaginaires.
Depuis, la « forêt d’émeraude » filmée par John Boorman (1985) ne cesse de reculer, Brasilia a tenu sa promesse utopique, le vol Rio-Paris a sombré parce que les pilotes ne savent plus contrôler leurs machines volantes trop sophistiquées, les filles d’Ipanema et de Corcovado sont toutes passées sous le bistouri de la chirurgie esthétique, le festival de Rio ressemble à une parade pour touristes américains obèses, les favelas sont des zones de guerre urbaine et, même si Gilberto Gil et Pelé ont occupé des postes ministériels, la prochaine coupe du monde de football de 2014 ne sera pas samba, mais fric, et tout cela en couleur et en direct.
Nostalg

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents