Évolution biologique,  Évolution culturelle
88 pages
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Évolution biologique, Évolution culturelle , livre ebook

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Description

Comment une culture se conserve-t-elle et se transmet-elle ? Des différences génétiques ne pèsent-elles pas sur la culture ? Comment expliquer la stabilité des cultures ou au contraire leurs différences et la nouveauté ? Ce livre ose un parallèle entre évolution biologique et évolution culturelle. Certains mécanismes et facteurs évolutifs comme la mutation, la sélection, la migration seraient comparables dans le champ de la nature comme dans celui de la culture, selon Luca Cavalli-Sforza. La théorie de l’évolution pourrait donc servir aussi à comprendre la vie de l’esprit !Luca Cavalli-Sforza, spécialiste mondialement reconnu de la diversité génétique, est professeur à l’Université Stanford, où il dirige le département de génétique. Il a notamment publié Gènes, peuples et langues et La Science du bonheur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 septembre 2005
Nombre de lectures 3
EAN13 9782738187857
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LUCA CAVALLI-SFORZA
ÉVOLUTION BIOLOGIQUE, ÉVOLUTION CULTURELLE
 
Traduit de l’italien par Jacqueline Henry
Ouvrage publié originellement en Italie sous le titre L’evoluzione della culturá
© Codice Edizioni, Torino, 2004
Pour la traduction française : © Odile Jacob, septembre 2005 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8785-7
www.odilejacob.fr
Table

Préface
Chapitre premier. La culture et son évolution
Chapitre 2. Transmission et évolution culturelle
Chapitre 3. Les animaux culturels
Chapitre 4. L’homme comme animal génétique
Chapitre 5. Le modèle standard de l’évolution humaine
Chapitre 6. La nature humaine et l’anthropologie
Chapitre 7. Gènes, populations, « phénotype » et environnement
Chapitre 8. Enseignements de l’histoire de la génétique
Chapitre 9. Ethnies, variation et évolution culturelle
Chapitre 10. Les facteurs d’évolution culturelle
Chapitre 11. La culture comme mécanisme d’adaptation
Chapitre 12. La transmission culturelle
Chapitre 13. Hérédité culturelle stable et variation culturelle rapide
Chapitre 14. La sélection naturelle contrôle les changements culturels
Chapitre 15. L’interaction entre la génétique et la culture
Chapitre 16. Rationalité et irrationalité du comportement humain
Chapitre 17. Coûts et avantages des innovations
Chapitre 18. L’anthropisation de l’Italie
Chapitre 19. Les cultures nationales
Chapitre 20. Une histoire interdisciplinaire de la culture italienne
Bibliographie
Du même auteur chez Odile Jacob
Préface
 
Le manuscrit de ce petit livre est né du désir de résumer quelques notes qui pourraient être utiles à tous ceux qui collaborent à faire l’histoire de la culture italienne. Vittorio Bo et Maria Perosino ont jugé bon de le publier. Curieusement, l’évolution de la culture a, jusqu’à présent, très peu retenu l’attention. Pour ma part, j’ai trouvé ce sujet passionnant et j’y ai consacré plusieurs livres et articles, mentionnés dans la bibliographie.
J’espère que cet ouvrage contribuera à faire naître l’intérêt qu’il mérite et redonnera une nouvelle jeunesse à une science qui se meurt aux États-Unis et ne progresse guère en Europe : l’anthropologie culturelle. Je souhaite également qu’il puisse convaincre ses lecteurs que cette discipline, comme bien d’autres, doit être abordée de manière multidisciplinaire.
Je remercie aussi beaucoup Telmo Pievani et Elisa Faravelli, qui ont patiemment revu le manuscrit et ont su le rendre plus lisible.
Chapitre premier
La culture et son évolution
La culture comme accumulation de connaissances et d’innovations rendue possible par l’utilisation du langage. L’étude du passé nous aide à comprendre le présent et l’avenir. Le fractionnement des cultures. Le racisme. L’évolution culturelle et l’évolution génétique. Les sciences expérimentales et les sciences historiques.

  Le mot « culture » revêt de nombreuses significations. Ici, nous entendons employer la plus générale, à savoir celle d’accumulation globale de connaissances et de nouveautés engendrée par la somme de contributions individuelles transmises au fil des générations et diffusées au sein de notre groupe social, accumulation qui influence et modifie continuellement notre vie. Cette évolution a été possible grâce à la capacité de communication entre les individus qu’a permise la maturation du langage. Cette capacité, typiquement humaine et développée à égalité parmi tous les peuples qui existent aujourd’hui sur cette planète, a permis à notre société de prospérer et de s’étendre, tant démographiquement que géographiquement, même si la compréhension réciproque est limitée à des régions relativement petites en raison de la grande différenciation linguistique au niveau local.
Le développement culturel qui a engendré notre comportement social d’aujourd’hui s’est produit essentiellement au cours de ces cent mille dernières années, très probablement parce que autour de cette date la petite population qui a donné naissance à tous les hommes qui vivent de nos jours avait atteint la capacité de communication actuelle. Ces cinq mille dernières années, l’invention de l’écriture a permis d’accumuler des documents conservables qui nous ont aidés à reconstituer, au moins partiellement, notre histoire avec une précision bien supérieure à ce qu’autorisait la seule tradition orale. Par ailleurs, l’archéologie nous a permis de recueillir d’importants fragments de l’histoire qui a précédé l’écriture : la préhistoire.
Tout ce que nous pouvons apprendre sur le passé nous aide à comprendre notre présent. D’après ce que nous en savons, la préhistoire, et peut-être davantage encore notre histoire, a souvent été tumultueuse et cruelle. Au cours des siècles, les conditions de vie se sont améliorées, comme en atteste l’augmentation de la durée de vie humaine moyenne, ce qui est néanmoins un fait plutôt récent et encore très limité à une fraction de l’humanité. Espérons que l’étude du passé nous permettra d’orienter nos activités présentes et futures dans des directions plus universelles, plus fructueuses et moins dangereuses.
Aujourd’hui, la culture des peuples est extrêmement fractionnée. L’existence de frontières nationales souvent rigides contribue à maintenir l’indépendance des cultures des différentes nations, dont chacune a connu son propre développement et vit un présent distinct. Mais au sein de chaque nation, la variation culturelle est souvent importante. Il est facile de repérer une identité entre des cultures nationales et locales (c’est-à-dire subnationales, parfois divisées en nations différentes, comme la culture kurde, que l’on retrouve en Irak, en Turquie et en Iran) à travers des comportements caractéristiques que chacun de nous peut noter ou vérifier lorsqu’il se rend à l’étranger pour des périodes suffisamment longues. Certains de ces comportements varient rapidement dans le temps, alors que d’autres paraissent beaucoup plus durables, quasiment immuables. Au sein de toute culture avec laquelle nous entrons en contact, nous pouvons découvrir des atouts et des faiblesses qui la différencient de la nôtre. Mais la tendance à la globalisation due à l’extraordinaire développement tout récent des moyens de communication ne cesse de s’accélérer. Sans doute s’agit-il là d’un processus irréversible, qui semble condamner une grande partie de la variation culturelle existant encore. Cela peut inspirer un sentiment de soulagement, mais plus souvent un sentiment de perte. Or il faudrait éviter nombre de ces pertes, ou tout au moins conserver la mémoire de ces cultures. La tentative de reconstruction et de compréhension de l’histoire des cultures est sans doute importante, tant que l’actuelle variation culturelle existe, mais il semble inévitable que beaucoup des cultures d’aujourd’hui finissent par disparaître complètement.
Jusqu’ici, aucune tentative sérieuse n’a été faite pour comprendre les mécanismes de l’évolution culturelle et expliquer certains phénomènes caractéristiques comme, par exemple, les raisons pour lesquelles certains traits culturels sont stables alors que d’autres changent rapidement. Pendant longtemps, la tendance générale a consisté – et c’est encore le cas aujourd’hui – à considérer que les différences de comportement observées au sein des autres nations ou cultures étaient liées à des hérédités biologiques différentes. Le point culminant de cette vision a été le « racisme », c’est-à-dire la conviction que les différences entre les développements économiques et les succès militaires et politiques des peuples résultent de différences innées et immuables. La diffusion de la pensée raciste remonte surtout à ces deux derniers siècles, mais depuis plusieurs millénaires déjà, la croissance démographique et divers autres motifs qui avaient nécessité un accroissement des dimensions et de la complexité des groupes sociaux avaient créé une stratification socio-économique rigide en classes ou en castes considérées comme des exemples de « supériorité ou infériorité biologique ». Or tout cela s’oppose aux résultats des études de génétique des populations effectuées ces cinquante dernières années. Du fait de l’inégalité des chances créée par la stratification socio-économique et les barrières de communication entre les peuples, il est cependant extrêmement difficile de parvenir à des conclusions satisfaisantes. Mais lorsque l’on évalue ne serait-ce que la possibilité qu’il existe quelque chose de vrai dans les thèses racistes, on se pose inévitablement des questions et l’on se rend compte qu’en général le peuple jugé supérieur est celui dont on fait partie. Cela laisse penser qu’il doit y avoir d’autres explications plus réalistes des idées racistes, peut-être simplement liées au désir de conserver ses habitudes et les rapports sociaux existants ou à un besoin de renforcer sa confiance en soi.
Il est évident que le comportement humain est largement acquis, car les connaissances qui nous permettent de nous orienter dans la vie quotidienne et dans les rapports sociaux sont surtout de nature technologique ou conventionnelle. Cependant, la stratification socio-économique et la nécessité de spécialiser les divers secteurs professionnels engendrent des différences profondes dans ce qui est appris. Bien entendu, il existe aussi des différences de prédisposition individuelle à certaines activités intellectuelles, comme le montrent surtout quelques artistes, érudits, scientifiques, hommes politiques ou inventeurs d’exception. Il paraît plus intéressant, en laissant de côté les débats relatifs au quotient intellectuel, de reconnaître notre ignorance quant aux origines des plus grands hommes de génie de la peinture, de la littérature, de la science ou de la politique. Beaucoup d’entre eux sont d’extraction très humble, et ni leurs aïeux ni leurs descendants ne présentaient nécessairement de dons particuliers. Ce qui amène à considérer d’un œil plus critique la tendance à invoquer des explications génétiques simplistes. Par aille

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