Carnet de voyage à Chandigarh

Julien Gargani

Description

L'auteur croise la route des plus anciennes traces d'hominidé d'Asie, d'une panthère, d'une équipe de chercheurs, d'un village sans eau potable ni électricité et de Chandigarh, une ville sortie de terre, après la partition de l'Inde en 1947, il y a tout juste 50 ans grâce à l'imagination de Le Corbusier. Que retient-on de ce voyage à l'extrémité de la vallée de l'Indus ? Le bruit de la pluie, les odeurs de thé, des fossiles rarissimes, l'atmosphère de Chandigarh et peut-être même des éléments pour réfléchir à ce qu'est la science en train de se faire.

Sujets

• Anthropologie
• Ethnologie
• Civilisation

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 06 septembre 2017
• Nombre de lectures: 18
• EAN13: 9782140044342
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Julien Gargani

Julien Gargani Carnet de voyage à Chandigarh Ethnologie d’une recherche scientifique en Inde

Carnet de voyage à Chandigarh

L O G I Q U E S S O C I A L E S

Carnet de voyage

à Chandigarh

Logiques sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions Suzie GUTH,Les gangs de jeunes Italo-Américains, 2017. Aurélie DAMAMME, Helena HIRATA, Pascale MOLINIER,Le travail entre public, privé et intime. Comparaisons et enjeux internationaux ducare, 2017. Maxence LAMOUREUX,Les cinéastes animaliers, Enquête dans les coulisses du film animalier en France,2017. Nicolas COMBALBERT et Sophie ROTHÉ (dir.),Vieillissement, vulnérabilités et animation sociale,2017. Julien GARGANI,Carnet de voyage à Chandigarh. Ethnologie d’une recherche scientifique en Inde, 2017. Thomas SEGUIN,Politiques de la vie, La nature au prisme du social, 2017. Juan Carlos MURRUGARRA,La passion du soccer.Transmetteur de cohésion socioaffective,2017. Patricia DRAHI,Enseigner la Shoah et les questions socialement vives, Risques et défis, 2017 Christiana CONSTANTOPOULOU,Récits de la crise. Mythes et réalités de la société contemporaine, 2017. Isaac NIZIGAMAIntroduction à la sociologie de la religion de Peter L. Berger, 2017 Roland GUILLON,Faire de la sociologie et militer. Regards croisés (1973-2006), 2017.

Julien Gargani Carnet de voyage à Chandigarh

Ethnologie d’une recherche scientifique en Inde

Du même auteur Voyage aux marges du savoir : ethno-sociologie de la connaissance,L’Harmattan,2011. Poincaré, le hasard et l’étude des systèmes complexes, L’Harmattan, 2012. Crises environnementales et crises socio-économique, L’Harmattan, 2016. © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11058-5 EAN : 9782343110585

Avant-propos

Les recherches se sont déroulées dans le Nord-Ouest de l’Inde à proximité de Chandigarh, une ville sortie de terre et de l’imagination de Le Corbusier en 1966, sur commande du nouvel Etat indien après la partition entre l’Inde et le Pakistan. Le travail de terrain a été réalisé par une équipe franco-indienne pluridisciplinaire composée d’archéologues, de préhistoriens, de paléontologues, de paléoanthropologues et de géologues.

La découverte scientifique de ce groupe est d’un grand intérêt puisqu’elle a notamment permis de mettre en évidence des traces d’activités laissées par des hominidés sur des os désormais fossilisés ainsi que des outils. Ce sont les plus anciennes traces de la présence d’hominidés en Asie. Cette découverte fut notamment médiatisée lors de la visite d’Etat française en Inde le 24 janvier 2016. Une exposition lui a été consacrée. Un musée devrait voir le jour. Plusieurs publications scientifiques ont été rédigées.

D’un point de vue méthodologique, nous avons voulu décrire dans cet ouvrage tous les micro-évènements susceptibles d’influencer la conduite de la recherche, à savoir les discussions, les contretemps, les soucis, les espoirs, les petites histoires. Comme de nombreux micro- évènements se sont produits pendant la durée de la recherche, nous avons réduit la durée de la période décrite, pour circonscrire le « matériel » à observer, qui sinon serait démesuré. Nous avons travaillé sur une unité de lieu et de temps, à savoir la description de la mission de terrain pendant quelques semaines en Inde, deux années de suite. Ce dispositif de recherche facilite le chemin vers l’interdisciplinarité en réunissant les acteurs, en facilitant

7

les échanges de leurs connaissances disciplinaires, mais surtout en gardant toutes les parties de l’objet d’étude assemblées sans déconstruirea priori l’unité de lieu. Les différentes disciplines servent à fournir des informations sur le contexte. L’intérêt de l’interdisciplinarité, c’est lorsque la mise en commun des informations disciplinaires est supérieure à une simple addition des informations : 1+1=3. Par exemple dire « il y a des outils lithiques » et « il y a un âge de 2.6 millions d’années » sont des énoncés beaucoup moins intéressants pour les archéologues et les paléontologues que « il y a des outils lithiques qui ont un âge de 2.6 millions d’années ».

Volontairement, le travail de description ne se concentre pas sur la préparation de la mission : à elles seules, les démarches administratives et la recherche de financement constitueraient un ouvrage. Nous ne nous sommes pas concentrés sur l’analyse des échantillons et des fossiles qui a eu lieu après chaque mission, pendant des semaines et même des mois, car ces aspects ont fait l’objet de description dans des articles spécialisés, dont nous donnons la liste en fin d’ouvrage. Nous n’avons pas reporté, ni disséqué le contenu des mails échangés (plus de 70 mails ont été échangés avant le départ et plus de 300 en tout), car la réduction des échanges à leur forme électronique est à la fois réductrice et constitue désormais la tarte à la crème de la sociologie des sciences et des techniques. Nous avons, au contraire, voulu mettre en avant le rôle toujours important des interactions « en chair et en os », même si nous ne nions pas l’importance qu’ont prise les interactions par mails ou par visioconférences (Skype,…). Nous n’avons pas analysé l’évolution des articles en cours d’écriture, car ce travail de construction et de transformation a déjà été entrepris par le passé. Cette étape de la rédaction ne constitue que l’ultime étape et beaucoup de choses se sont jouées en amont.

8

Ce parti pris conduit à décrire plus finement ce qui est souvent considéré comme dérisoire, sans influence, sans intérêt sur la réalisation d’une recherche. Le chemin qui conduit du quotidien à la présentation synthétique d’une recherche ne va pas de soi. Il s’agit là aussi d’une partie du travail de construction et de transformation des objets d’étude, mais située relativement en amont dans le processus de fabrication des connaissances. Nous avons choisi de nous consacrer à ce moment fondamental de la recherche qui est la période d’acquisition des données, avant leurs mises en forme et leurs analyses précises. Contrairement à ce que laisse entendre le vocabulaire, les données ne sont pas vraiment données, puisqu’il faut les prendre, les récolter, et que cet acte n’est pas passif.

Nous avons ici fait le choix de ne pas décrire le cadre institutionnel, académique, l’état du champ scientifique en détail. Notre choix de développer d’autres aspects ne signifie pas que nous ne soyons pas conscient de l’influence de l’organisation sur les individus, de la macrostructure sur la microstructure. Reconnaissant cette influence, bien décrite dans de nombreux articles et ouvrages, nous souhaitons plutôt contribuer à la description des éléments microstructurels qui conditionnent chacun à leur façon le fonctionnement d’ensemble. Nous partons des éléments de base, de la matière brute, de l’état déstructuré du monde pour faire émerger des structurations secondaires du monde de la recherche et pour ne pas réduire la science à la présentation formelle/académique, sous forme d’articles très travaillés et figés, qui contiennent entre les lignes des éléments intéressants aux points de vue épistémologique, sociologique, ethnologique, philosophique.

Malgré ces quelques précautions pour faire ressortir le caractère unique des interactions et des individus dans une

9