Illuminations : Cosmos et esthétique
360 pages
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Illuminations : Cosmos et esthétique , livre ebook

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Description

« Je me suis toujours intéressé à ce que l’on ne voit pas, à essayer de comprendre l’architecture invisible de l’Univers. J’ai écrit quelque part que ce n’était pas l’Univers tel qu’il est qui m’interpelle, mais tel qu’il pourrait être. » J.-P. L.À l’aide d’une balle de golf ou d’une boule de billard s’enfonçant dans un bas résille, Jean-Pierre Luminet est capable de décrire et de faire comprendre le mécanisme des trous noirs. Il explique comme personne la relativité, la mécanique quantique, le Big Bang, les galaxies, l’univers « chiffonné ». Il aime faire partager ses multiples passions. C’est ce qu’il propose dans ce livre qui couvre tous ses sujets de recherche, de réflexion, d’invention, où il explique la cosmologie moderne, la lumière de l’invisible, où il dévoile les secrets de l’Univers, et où il laisse voir aussi tout son amour de la littérature et de l’art.Auteur notamment de Bonnes Nouvelles des étoiles, spécialiste mondialement reconnu des trous noirs, Jean-Pierre Luminet est directeur de recherches au CNRS et astrophysicien à l’Observatoire de Paris-Meudon. Il a publié une vingtaine d’essais, romans et recueils de poèmes, traduits en une douzaine de langues. Il a reçu en 2007 le Prix européen de la communication scientifique  

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 septembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738185938
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , SEPTEMBRE  2011
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-8593-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
« Mon âme est un orchestre caché ; je ne sais de quels instruments il joue et résonne en moi, cordes et harpes, timbales et tambours. Je ne me connais que comme symphonie. »
Fernando P ESSOA ,
Le Livre de l’intranquillité.
Avant-propos

Cet ouvrage est constitué d’un ensemble d’essais que j’ai rédigés entre 1979 et 2009. Il commence toutefois par une esquisse autobiographique écrite en 2011 pour les besoins du présent livre, où je retrace quelques étapes de mon parcours scientifique en insistant sur mes années de formation et la naissance de ma vocation d’astrophysicien. La suite est découpée en chapitres et sous-chapitres qui reflètent la variété des thèmes auxquels je me suis intéressé, en commençant bien sûr par les sciences de l’Univers, qui occupent la première moitié du volume. La seconde partie aborde des thématiques pour moi tout aussi essentielles, liées à l’histoire et à la philosophie des sciences, au rôle de l’imagination dans la création scientifique et artistique, mais aussi à la musique, aux arts plastiques, à la poésie et à la littérature.
Les cinq premiers chapitres sont consacrés à des sujets scientifiques sur lesquels j’ai travaillé : la nature de l’espace et du temps, la théorie de la relativité, les trous noirs, la cosmologie et les modèles de Big Bang, la géométrie de l’Univers, l’évolution stellaire, sans oublier les petits corps du système solaire. Bien entendu, tous ces textes s’adressent à un public non spécialisé, mais curieux. Ayant été l’un des premiers chercheurs français à travailler sur les mystérieux trous noirs, j’ai été très vite sollicité pour écrire des articles de vulgarisation sur la question. J’y ai immédiatement pris goût ; avec des parents enseignants, j’ai toujours eu le souci de la pédagogie ; d’autre part, j’ai vite saisi l’enjeu de la culture scientifique : pour moi, jouer un rôle dans sa diffusion, c’est participer à l’humanisme de notre époque. Mes activités de vulgarisation scientifique ont donc pris par la suite des formes très variées : livres, films, expositions, conférences, etc. Je garde cependant une prédilection pour l’écriture, que j’ai pratiquée dès mon plus jeune âge sous des formes aussi diverses que la poésie, la nouvelle ou le roman. Je sais aujourd’hui que certains de mes essais de vulgarisation ont suscité des vocations, et c’est là une récompense magnifique.
La seconde moitié de l’ouvrage traduit ma conviction profonde que les arts et les sciences sont foncièrement liés. J’ai toujours été attaché aux rapprochements entre les diverses formes de l’invention humaine. Différentes approches – scientifique, historique, philosophique, esthétique, etc. – engendrent en effet différentes perceptions du monde, mais sous-tendues par un imaginaire commun. Une part importante de mes activités a donc porté sur la mise en perspective de ces rapprochements.
L’histoire des sciences, que j’ai découverte assez tardivement, mais pour laquelle je me suis aussitôt passionné, permet d’appréhender quelques-uns des rouages obscurs de la pensée créatrice, avec ses doutes, ses errances, ses inspirations, ses découvertes.
Comme je suis adepte depuis mon plus jeune âge de plusieurs disciplines artistiques comme le dessin, la gravure, la sculpture et la musique, on m’a souvent demandé de m’exprimer sur le rôle de l’imaginaire dans la création. J’ai eu l’opportunité de le faire à diverses reprises dans des instituts des beaux-arts et d’en retirer d’enrichissants échanges avec des créateurs à vocation purement artistique. Quant à la musique, ma discipline de prédilection, elle m’a conduit à de très belles collaborations avec des compositeurs de musique contemporaine. Cet ouvrage retient quelques traces de mes nombreuses excursions culturelles, sans lesquelles je ne saurais d’ailleurs concevoir ma vie de « chercheur », au sens le plus large du terme.
Quant à la poésie, qui nourrit le thème du dernier chapitre, elle m’est absolument nécessaire – pour la musique de la langue, l’économie de mots et de moyens, la polysémie. Et parce que son langage spécifique permet de parler de ce que la science ne peut pas dire : le cosmos intérieur, les profondeurs de l’âme humaine.
En résumé, fasciné par les différents récits du monde que nous livrent la science, la philosophie, les arts et la littérature, j’ai toujours voulu raconter l’étrange Univers qui nous entoure en le dessinant, en le filmant, en le mettant en équations, en mots, en musique et en poèmes, tout en continuant à chercher un ordre caché derrière l’élégante beauté des abstractions mathématiques.
Jean-Pierre Luminet, février 2011
Mon parcours scientifique

Je suis né dans le midi de la France, aux pieds du Lubéron. Vivant à la campagne dans un endroit assez isolé, je passais le plus clair de mon temps à jouer dans mon jardin. J’ai toujours beaucoup aimé une certaine solitude, qui a développé ma curiosité pour les phénomènes de la nature environnante. Je passais des heures à observer le patient travail des colonies de fourmis ou le tissage des toiles d’araignées, et certaines nuits je contemplais le ciel. Curieusement, bien plus que de repérer les brillantes constellations, je plongeais en pensée dans le noir, entre les étoiles … là où il n’y avait « rien ». En réalité, j’y projetais mon imaginaire et je peuplais le noir de la nuit d’astres invisibles.
Je transcrivais mes observations dans un grand classeur, dans l’espoir de bâtir une encyclopédie : les noms des constellations avoisinaient ceux des palmipèdes et des lacs. J’ai d’ailleurs été très tôt fasciné par les encyclopédies. En mes jeunes années, j’avais la manie des listes : les cascades, les fleuves, les montagnes, tout était bon à classer par ordre de hauteur, longueur, altitude, et à remplir de grands tableaux tracés à l’encre bleue sur des cahiers. Je trouvais de quoi alimenter mes listes en épluchant l’une après l’autre les milliers de pages de l’énorme dictionnaire Larousse en huit volumes datant des années 1900, hérité d’une vieille tante excentrique. Un été, après la classification des reptiles, des palmipèdes et des échassiers, ma passion s’était portée vers les lacs canadiens. Une campagne d’exploration du Grand Nord canadien menée à la fin du XIX e  siècle avait mesuré la superficie d’une multitude de ces lacs, lesquels se trouvaient répertoriés dans le huitième et dernier volume du dictionnaire : le supplément. Une aubaine ! Je les notai avec une patiente gourmandise dans un cahier à spirale. À ma grande surprise, au fil des pages, je constatai que le terme de « planète télescopique » revenait plus souvent que celui de « lac canadien ». Cela n’arrêtait pas, les planètes télescopiques pullulaient ! Je me mis à feuilleter systématiquement ce fabuleux ouvrage, dernier refuge de l’aventure, du fantastique et de la poésie. Puis, rassemblant mes notes, je fis ma propre compilation de planètes télescopiques, reclassées par numéro croissant. C’est ainsi que je délaissai la géographie terrestre et me passionnai pour un essaim d’astéroïdes virevoltant par milliers autour du Soleil. Je ne me doutais pas que, bien des années plus tard, l’Union astronomique internationale donnerait mon patronyme à l’astéroïde numéro 5523, rocher d’une douzaine de kilomètres découvert au mont Palomar en 1991 et gravitant à 400 millions de kilomètres de nous, entre Mars et Jupiter.
À la même époque, je me souviens avoir lu dans un magazine un article intitulé : « Comment fabriquer sa propre lunette astronomique ? » J’avais alors acheté auprès du tapissier de Cavaillon des tubes en carton, de ceux autour desquels les tissus sont enroulés, en choisissant deux qui pouvaient coulisser l’un dans l’autre. J’avais aussi commandé par correspondance une lentille et un oculaire. Mon instrument était ainsi monté. Je portais à bout de bras ma « lunette astronomique », faisant coulisser les tubes jusqu’à obtenir une bonne distance focale et une image nette. Le trépied qui aurait dû stabiliser le tout n’a jamais vu le jour. Là s’est arrêtée ma vocation pour l’observation et l’instrumentation astronomique… Il est vrai que, d’esprit plus abstrait que pratique, je n’ai jamais eu l’envie de démonter un poste de radio pour voir comment cela fonctionnait ; en revanche, la vision du ciel nocturne me portait à la méditation sur de grandes questions : qu’est-ce que le noir ? Qu’est-ce que l’espace ou l’invisible ? Bien des années plus tard, j’ai découvert la profonde pensée d’Héraclite, qui est devenue presque une devise chez moi : « Nature aime se cacher. […] L’harmonie de l’invisible est plus belle que l’harmonie du visible. » Je m’aperçois après coup, quand je réfléchis à mon parcours en sciences et dans les autres domaines, que j’ai toujours travaillé sur l’invisible : par exemple, comment déceler la lumière à partir du noir, ou à l’inverse, comment révéler la nature du noir à partir des épingles de lumière visible. C’est une question de poète au moins autant que d’astrophysicien.
Une autre image poétique qui a fortement marqué mon imaginaire de l’époque est venue de la lecture d’un tome de l’encyclopédie Bordas consacré à l’astronomie. L’auteur, Roger Caratini, un véritable érudit posséda

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