Le médecin et le patient
296 pages
Français

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Le médecin et le patient , livre ebook

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Description

La relation médicale a une finalité claire, qui est la guérison du malade en se fondant sur la science médicale. Mais en adhérant trop rapidement à cet énoncé, médecins et patients ont le sentiment de délaisser une part importante de ce dont la consultation est réellement le théâtre : deux personnes intimement impliquées dans une rencontre dont l'aspect proprement médical est à bien des égards le prétexte. Cette rencontre est le lien d'interactions complexes dont cet ouvrage propose une élucidation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 73
EAN13 9782296479968
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le médecin et le patient
Éthique d’une relation
HIPPOCRATE ET PLATON
Études de philosophie de la médecine
Collection dirigée par Jean Lombard
L’unité originelle de la médecine et de la philosophie, qui a marqué l’aventure intellectuelle de la Grèce, a aussi donné naissance au discours médical de l’Occident. Cette collection accueille des études consacrées à la relation fondatrice entre les deux disciplines dans la pensée antique ainsi qu’à la philosophie de la médecine, de l’âge classique aux Lumières et à l’avènement de la modernité. Elle se consacre au retour insistant de la pensée contemporaine vers les interrogations initiales sur le bon usage du savoir et du savoir-faire médical et sur son entrecroisement avec la quête d’une sagesse. Elle vise enfin à donner un cadre au dialogue sur l’éthique et sur l’épistémologie dans lequel pourraient se retrouver, comme aux premiers temps de la rationalité, médecins et philosophes.

Déjà parus
Jean Lombard, L’épidémie moderne et la culture du malheur, petit traité du chikungunya, 2006.
Bernard Vandewalle, Michel Foucault, savoir et pouvoir de la médecine , 2006.
Jean Lombard et Bernard Vandewalle, Philosophie de l’hôpital , 2007.
Jean Lombard et Bernard Vandewalle, Philosophie de l’épidémie , le temps de l’émergence , 2007.
Simone Gougeaud-Arnaudeau, La Mettrie (1709-1751), le matérialisme clinique , 2008.
Jean Lombard, Éthique médicale et philosophie, l’apport de l’Antiquité , 2009.
Gilles Barroux, Philosophie de la régénération, médecine, biologie, mythologies , 2009.
Victor Larger, Devenir médecin, phénoménologie de la consultation médicale , 2011.
Bernard Vandewalle, Spinoza et la médecine, Éthique et thérapeutique , 2011.
Victor Larger

LE MÉDECIN ET LE PATIENT
Éthique d’une relation

L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55828-1
EAN : 9782296558281
Introduction
Àmesure que la médecine faisait des progrès dans la connaissance de l’homme et dans sa capacité à le traiter par les techniques dont elle se dotait, s’est fait jour une difficulté de plus en plus insistante : quelle pouvait être la part de soi-même échangée dans la rencontre médicale, d’individu à individu 1 ? Les modalités de la relation de soignant à soigné ont subi de grandes modifications dans le temps. Nous vivons actuellement une situation qui, bien que fille de toute l’évolution des mœurs, est inédite. La technique, issue du mécanisme, semble, en effet, avoir fait de l’homme son objet dont elle connaît les diverses parties et rouages.
Le débat sur la relation médicale est actuellement, notamment en France, occupé par la réfutation de ce qu’on appelle le paternalisme médical 2 . Celui-ci est inspiré par le principe de bienfaisance qui veut qu’on désire le bien du patient. On tend donc, aujourd’hui, à s’éloigner de cette position du médecin qui n’est véritablement gênante que dans la mesure où le médecin se croit et est perçu comme un être tout puissant dont on ne peut contester les décisions et où le malade se sent et est réellement exclu des décisions qui le concernent. On préfère de nos jours le principe d’autonomie qui nous vient des anglo-saxons à celui de bienfaisance. Le patient y devient l’égal du médecin, voire son opposant lorsqu’il s’estime lésé dans sa capacité à choisir.
Face à cette dénonciation du paternalisme, une question devient rapidement évidente : est-il licite ou même permis de vouloir ou de faire le bien du patient lorsqu’on est médecin ? Remarquons que l’accusation de paternalisme est rarement opposée aux infirmières qui pourtant sont confrontées aux mêmes souffrances humaines et ont des moyens plus directs de soulager. Il est de fait que le passé des médecins en la matière a pu inspirer l’accusation à force d’attitudes pontifiantes ou de propos condescendants. On reconnaît la pression du désir des patients d’être reconnus dans leur humanité alors qu’ils sont confrontés à une médecine technologique bien froide. Il est vrai aussi qu’une certaine infantilisation du patient par rapport au médecin est source de souffrances, parfois pour le premier, et que, à ce titre, il faut savoir gérer et occasionnellement corriger une demande d’aide qui s’apparente trop à la relation parent / enfant. Malgré tout, il serait dommage d’empêcher toute aide positive et bienveillante de la part des médecins pour éliminer les comportements problématiques. La relation ne peut se fonder sur le seul contrat entre les deux parties et le patient peut être conduit à bien des peines en voulant, ou en étant conduit à exprimer, à toute force, son autonomie par des choix éclairés.
D’un point de vue plus général, force est de reconnaître qu’il y a tout de même une obstination suspecte dans la dénonciation tous azimut du paternalisme médical. Quand on lit ce qui est écrit sur le sujet, on a l’impression pénible que le terme « paternalisme » phagocyte le discours sur la relation médicale en le marquant d’une connotation moralisante et politique. Finalement la réflexion, ou plutôt le manque de réflexion, par souci idéologique, aboutit à des jugements de paternalisme ou de non paternalisme à propos de tous les comportements des médecins. Telle attitude est donc estampillée de paternaliste et telle autre non. Du coup, l’essentiel de la relation n’est pas dit et l’attitude des praticiens est poussée plus loin vers l’utilitarisme matérialiste et procédurier. L’antipaternalisme écarte tout rapport personnel, soupçonné qu’il est d’appartenir à un ordre moral qu’on rejette et à une « pensée droitière » diabolisée.
Si l’autoritarisme potentiel ou avéré du paternalisme est reconnu et dénoncé avec justesse, alors qu’il n’est pas distingué des autres attitudes englobées par la notion, des solutions bancales sont recherchées pour édulcorer le rapt sémantique de l’opération antipaternaliste. C’est ainsi que Anne Fagot-Largeault a pu employer le terme de « paternalisme éclairé » 3 . Il est de fait qu’on ne peut renoncer à la bienfaisance lorsqu’on est médecin, même si on sait qu’il est nécessaire, aujourd’hui, de mieux entendre la voix des patients pour que la bienfaisance ne soit pas le contentement du médecin mais la réponse à un besoin de celui qui souffre. Seulement, on la perçoit mieux lorsqu’on est animé par la bienveillance que simplement couvert par un contrat.
Ainsi Suzanne Rameix peut-elle justement relever que « si le modèle paternaliste français évolue vers une forme plus autonomique, le modèle auto-déterministe nord-américain évolue lui-même vers une réintégration du principe de bienfaisance et du principe de justice dans la pratique médicale. Le débat très important sur la « futility » de certains soins réintroduit, via le principe de proportionnalité et la protection de l’intégrité éthique des médecins, la question de la bienfaisance. Il existe un bien objectif à faire prévaloir, même contre certains souhaits des patients » 4 . Il serait justement temps de revenir à la raison, d’éliminer le langage outré qui a fait mettre le paternalisme médical à toutes les sauces de la relation médicale pour en reconnaître les bons et les mauvais comportements. A ce sujet, il semble nécessaire de réfléchir sur le bien qu’on veut au patient lorsqu’on est un soignant. Essayons donc de poser plus clairement la problématique
Depuis l’avènement de la médecine moderne, les médecins avaient trouvé la science comme motivation première de leur action. Cependant, celle-ci suffit difficilement à fonder l’intérêt qu’ils peuvent et doivent trouver à soigner leurs semblables qui sont des individus humains et non des résumés de pathologie. Le mobile de leur action se modifie en fonction des évolutions de la science et de la technique médicales : il faut trouver des raisons d’agir forcément différentes, d’une part lorsque la logique de l’action est de traiter les maladies infectieuses mortelles ou les complications dévastatrices des accouchements lors des premières décennies du 20 ème siècle, et de se préoccuper des épidémies qui peuvent toucher de grandes foules, et d’autre part alors qu’on est amené à ne traiter soi-même en tant que médecin traitant que quelques cas de patients connus. Différente encore est la motivation d’actes de prévention destinés à éviter les pathologies à venir : l’intérêt de ces interventions médicales de pr&

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