Altérité et travail social
246 pages
Français

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Altérité et travail social , livre ebook

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246 pages
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Description

Ce livre propose une réflexion propice au débat. Ceci à partir d'une approche singulière des fondements mêmes de l'altérité, et d'une observation attentive de ce qu'elle entretient de si particulier entre le travailleur social et l'usager, mais aussi entre ceux qui composent l'environnement professionnel du travail social.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2015
Nombre de lectures 117
EAN13 9782336372686
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Gérard Lefebvre







Altérité et travail social
Copyright
Du même auteur chez L’Harmattan
Reconstruction identitaire et insertion , coll. « Technologies de l’action sociale », 1998.
Récit d’adoption – du désert à la source , coll. « Histoires de vie et formation », 2008.
Quelques considérations sur l’attente , coll. « Questions contemporaines », 2010.
L’Aide sociale à l’enfance ; du compassionnel au professionnel , coll. « Enfance, éducation et société », 2012.
Les Chemins du Silence coll. « Questions contemporaines », 2012.












© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-72279-5
Citation


L’autre est le seul moyen d’être certain de sa propre existence.
Jacques Attali
À l’intention du lecteur
Ce livre propose de voyager en traversant diverses conceptions de l’altérité. Ceci en recourant aux fondamentaux qui ont permis d’établir, de construire et d’interroger ce concept spécifique, objet de tant de questions et sujet de tant d’attentions.
Cet itinéraire empruntera volontairement des chemins de traverse, il s’aventurera sans jamais se perdre, dans quelques élargissements de points de vue, avant de reprendre son cours dans les méandres spécifiques et singuliers du travail social.
Tout au long de ce parcours, nous questionnerons l’altérité dans ce qu’elle entretient de si particulier entre le travailleur social et l’usager. Nous exposerons avec respect l’altérité, cette déesse aux multiples miroirs qui n’en finissent pas de nous renvoyer l’immense complexité des rapports humains.
Enfin, nous proposerons quelques fondements puisés sur des éléments factuels d’ordre historique, qui nous rappellent à nos désordres, à nos espérances, à nos doutes et à nos nécessaires illusions humaines.
Prologue
Comme c’est étrange et tellement passionnant de rédiger les premières lignes d’un ouvrage consacré à l’altérité.
Comme c’est étonnant de se voir prudemment quitter les rivages du vacarme et de l’immédiateté pour se laisser attirer par les lenteurs silencieuses de la dérive, comme pressé de voguer vers une autre terre ; une terre faite de l’argile résistante des mots, de la moisson fragile des émotions et de l’automne éphémère des hypothèses, des supputations, des questions et des postulats.
Comme c’est attirant de se retrouver face à soi-même et, simultanément, se savoir livré à « l’autre », sans filet ni protection, véritable naufragé volontaire qui accepte de dériver sur un océan d’écume infini où il va falloir en permanence composer, négocier, se protéger, se défier, pour oser sans cesse, pour oser toujours et pour oser encore. Mais aussi pour savourer le plaisir de se risquer imperceptiblement à avancer, à progresser, pour finalement se rencontrer.
Les premiers mots d’un livre, c’est un peu comme la première lueur d’une aube nouvelle qui s’offre en préalable aux plus belles journées de nos vies ; une lumière hésitante, presque blafarde, qui se prépare à émerger pour s’imposer inexorablement, à mi-chemin entre la terre et le ciel, entre hier et demain, entre les autres et nous.
Les premiers mots d’un livre sont comparables à ces instants d’exception que nous guettons fébrilement à longueur de vie ; nous les savons rares et éphémères, c’est pourquoi nous les attendons avec une réelle impatience. La majorité de ces instants revêt un caractère exceptionnel, précisément parce que nous les avons partagés avec quelqu’un, ou bien encore parce que nous les avons vécus en pensant à quelqu’un, ou pour quelqu’un. Rien ou si peu de la multitude des actes de la vie ne se réalise pour nous seuls. Rien, ou si peu, n’appartient qu’à nous, juste à nous, seulement à nous.
Il y a nécessairement « l’autre » ; l’autre présent ou l’autre absent, l’autre réel ou sublimé, l’autre incontournable ou redouté, mais tellement présent de toute sa force d’être, de tout ce qui nous unit, nous rapproche ou nous éloigne réciproquement.
Peut-on seulement écrire un poème, rédiger un livre, composer une œuvre musicale ou réaliser une peinture ou une sculpture, sans que nous abritions, cachée au plus profond de nous, la discrète certitude de « l’autre » ?
A fortiori, peut-on exercer un des nombreux métiers du « social » sans être en permanence interrogé et avide de l’autre ?
La suite se composera de saisons ordinaires laissant alterner le désordre et la rectitude, l’évidence et l’incongruité, la faiblesse de penser et la force incertaine d’écrire.
Sur ce chemin, comme sur tant d’autres, suis-je seul ?
Suis-je accompagné, devancé ou bien suis-je oublié ?
Qui me précède vraiment ? De qui suis-je l’ombre ? De quelle lumière suis-je le reflet ? Qui décide ? Qui me domine et qui domine l’autre ?
Faut-il que je le sache, ou que je l’invente jusqu’à m’en persuader, ou bien faut-il que je m’illusionne jusqu’à m’en convaincre, m’en excuser ou m’en désespérer ?
Rien n’est moins incertain, rien n’est plus précaire ;
Entre toi et moi, entre nous, entre moi et eux, entre nous et eux…
Du « Je » jusqu’à « nous », marcheur infatigable sur des chemins étranges ; promeneur hésitant qui découvre des routes inattendues pavées de vieilles pierres luisantes et qui abritent avec une rare fidélité les aléas, les moindres doutes et les milliers de questions en attente laissées désespérément sans réponse. En équilibre incertain, nous écrivons nos altérités dans l’immensité des incertitudes, et nous les découvrons malicieusement nichées au beau milieu de la plus insignifiante de nos rencontres.
Le travail social trouve à la fois son origine et sa raison d’être dans le creuset complexe et infini de l’altérité. Il engage implicitement tous les acteurs dans des missions multiples et variées qui s’entrechoquent dans les entrelacs et les complexités de « l’autre ». Dans ce magma aux apparences souvent trompeuses, le sens même du travail de chacun se génère et se découvre dans le brouhaha insistant issu d’une quête permanente d’exister ; maillage fragile de rencontres, de réciprocités et de reconnaissances.
Au sein de l’espace professionnel « public » dans lequel tout doit s’exprimer et se mettre en mots, tout comme dans l’intériorité secrète de chacun, la mouvance et l’écho s’entendent sans fin pour organiser et apprivoiser la rencontre de l’autre.
PREMIÈRE PARTIE L’ALTÉRITÉ : DU JARDIN D’ÉDEN JUSQU’À NOS RÉCIPROCITÉS TENACES…
Chapitre 1 La malédiction du jardin d’Éden ?
La question de départ est simple, je me suis demandé tout d’abord ce qu’on pouvait bien raconter sur un tel sujet, ce qu’on pouvait bien dire qu’on n’avait jamais dit, ce qu’on pouvait bien penser qu’on n’avait jamais pensé et, finalement, ce qu’on pouvait bien écrire qu’on n’avait jamais écrit ?
L’altérité, je le sais bien, c’est cette aventure étrange et secrète qui relie tous les hommes sans exception. C’est cette présence incontournable de « l’autre » qui s’invite dans le moindre de nos espaces, dans le plus secret de nos mouvements et dans le plus décalé de nos rêves. C’est cet effet d’une étrange attirance qui nous conduit parfois et de manière saisissante jusqu’aux portes d’un véritable enfer aussi fascinant que repoussant.
Il y a dans l’altérité quelque chose se rapprochant d’une connivence, quelque chose qui attend de se partager, quelque chose d’immensément léger qui contient à lui seul toute notre humanité, et qu’il nous faut consentir à faire vivre et à entretenir. Un peu comme l’étincelle primaire, la flamme puis le feu, éléments précieux et indispensables que nos lointains ancêtres s’attachaient à défendre et à nourrir.
Au même instant, je me surprends à penser qu’

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