Approches critiques de la mythologie chinoise
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Description

Si les mythes de la Chine ancienne sont encore aujourd’hui mal connus, c’est sans doute parce que les grandes écoles de pensée comme le confucianisme les tenaient en suspicion. Le Maître n’évoquait pas volontiers les légendes et les esprits, sinon pour dire qu’il fallait les garder à distance. En fait, contrairement au monde gréco-romain, la Chine n’a pas reconnu comme tels ses propres mythes, même dans les textes qui en font amplement usage. À tel point qu’on a pu se demander s’il avait existé une mytho logie chinoise au sens où on l’entend généralement en Occident. Les récits qui sont parvenus jusqu’à nous sont dispersés dans des ouvrages appartenant à des domaines très différents, et qui ne permettent pas d’en découvrir facilement l’origine ou la signification.
Les textes réunis dans cet ouvrage unique viennent jeter un éclairage nouveau sur les rapports de quelques grands mythes anciens avec l’histoire et la philosophie chinoises.
Charles Le Blanc est professeur émérite de l’Université de Montréal au Département de philosophie et chercheur au Centre d’études de l’Asie de l’Est. Il dirige la collection « Sociétés et cultures de l’Asie » aux PUM.
Rémi Mathieu est directeur de recherche au CNRS (Paris). Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à la mythologie et la philosophie chinoises anciennes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2011
Nombre de lectures 5
EAN13 9782760625174
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

approches critiques de la mythologie chinoise
Caaogage avan pubîcaîon de Bîbîohèque e Archîves naîonaes du Québec e Bîbîohèque e Archîves Canada Vedee prîncîpae au îre : Approches crîîques de a myhoogîe chînoîse  (Socîéés e cuures de ’Asîe)  Comprend des ré. bîbîogr.  Comprend du exe en angaîs. isbn 9782760620766 eisbn 9782760625174  . Myhoogîe chînoîse. ï. e Banc, Chares. ïï. Mahîeu, Rémî. ïïï. Coecîon. B.A  .' C-- Couverure : Parîe supérîeure (céese) de a bannîère unéraîre de Mawangduî, en soîe peîne, recouvran e cercueî d’une marquîse înhumée en168J.-C., à Mawangduî, av. près de Changsha, e découvere en1972. Au cenre, a déesse Nügua, créarîce du monde e des humaîns; à gauche, Chang E, déesse de a une; à droîe, ’oîseau noîr dans e soeî evan. a bannîère, en orme de T, ongue de205 cm, es préservée au Musée du Hunan à Changsha. e Dépô éga :4rîmesre2007Bîbîohèque e Archîves naîonaes du Québec © es Presses de ’Unîversîé de Monréa,2007es Presses de ’Unîversîé de Monréa reconnaîssen ’aîde inancîère du gouverne-men du Canada par ’enremîse du Programme d’aîde au déveoppemen de ’îndusrîe de ’édîîon (PADïÉ) pour eurs acîvîés d’édîîon. es Presses de ’Unîversîé de Monréa remercîen de eur souîen inancîer e Conseî des Ars du Canada e a Socîéé de déveoppemen des enreprîses cuurees du Québec (SODEC). es Presses de ’Unîversîé de Monréa remercîen égaemen ’Unîé mîxe de recherche (UMR)8155-Cenre de recherche sur es cîvîîsaîons chînoîse, japonaîse e îbéaîne pour son aîde inancîère. imprimé au canada en novembre 2007
Avant-propos
e présen ouvrage es îssu du Congrès mondîa des Orîenaîses (icanas) er enu à Monréa, du 27 aoû au 1 sepembre 2000 sous ’égîde de ’Unî-versîé de Monréa. es coédîeurs du présen ouvrage organîsèren un aeîer sur a myhoogîe chînoîse dans ce cadre, sous a responsabîîé de Rémî Mahîeu (CNRS, Parîs). e hème cenra proposé éaî « e rappor enre myhe e hîsoîre dans a Chîne ancîenne ». Cînq conrîbuîons y uren présenées e dîscuées.  Vu ’înérê suscîé par ’aeîer, î u décîdé de pubîer ceraînes des înervenîons, quesîon de aîre connare pus argemen es nouvees recherches présenées, à cee occasîon, en ce domaîne. Ceraîns conrî-bueurs n’ayan pas envîsagé de pubîer eur exposé, d’aures chercheurs on éé soîcîés quî on accepé d’apporer eur écaîrage sur cee rîche probémaîque. On en îra a présenaîon dans ’ïnroducîon quî suî. Une brève noîce des aueurs appara à a in de ’ouvrage.  a myhoogîe e ’hîsoîre représenen deux grands champs d’învesî-gaîon compémenaîres de ’Anîquîé chînoîse. Ees conrîbuen, avec a phîosophîe e a reîgîon, sans parer des scîences e des echnîques, à nous aîre connare a socîéé e a pensée de a Chîne ancîenne. Peu-êre on-ees mîeux senîr encore es évouîons e es învarîances de cee cuure d’avan ’Empîre. a myhoogîe ne nous es connue que par un « brîco-age » de erés quî, après avoîrbrîsé des récîs enîers en une muîude d’anecdoes es onaccoés à des déveoppemens pus vases quî avaîen souven rès peu à voîr avec a myhoogîe, comme auan de moyens puremen narraîs e reaîvemen désacraîsésauan qu’on en puîsse juger aujourd’huî. ’hîsoîre, quî se veu orîgîneemenen Grèce du moîns—, unerecherche/enquêesur es éémens servan à ’écrîre uérîeu-
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remen, es en Chîne une enreprîse essenîeemen morae, voîre sacrée, car îée à a dîvînaîon de ’avenîr e souven à a sancîicaîon d’un passé jugé doré. Tandîs qu’î exîse une phîosophîe de ’hîsoîre quî vîse, depuîs Conucîus, à en aîre un guîde pour ’acîon coecîve e ’éhîque îndîvîduee, î n’y a nî sau nî même dénomînaîon de a myhoogîe. Or, ’hîsoîre a rès ô usé, voîre abusé, du myhe au poîn de s’înspîrer de ses ormes e de son îdéoogîe héroque împîcîe. a Myhoogîe a, d’un ceraîn poîn de vue, aîdé ’Hîsoîre à penser e monde. ï a au ous es efes de a révouîon conucéenne de son écrîure pour donner un sens e surou une morae à ’Hîsoîre. Sî ’anayse hîsorîque chînoîse a pu accéder assez ô à a crîîque des récîs myhîques, en an que aue conre er e a raîson (Wang Chong,ïsîèce), on du aendre eXXsîèce pour que ceux-cî ussen appréhendés dans oue eur rîchesse, en an qu’împorans aspecs de a pensée chînoîse ancîenne, peînemen consîuîs de cee cuure.  Ce voume a pour ambîîon d’îusrer ’împîcaîon de ces deux modes d’appréhensîon d’une réaîé passée dans a compréhensîon des exes chînoîs ancîens e, espérons-e, de a socîéé don îs son nés. Monréa / Parîs Chares e Banc e Rémî Mahîeu
ïntroductîon
es myhes de a Chîne ancîenne cèen des rîchesses aussî éparses que énébreuses. Dîspersés en de nombreux ouvrages apparenan à des domaînes dîférens, ses brîbes son réquemmen dépourvues de conexe, rendan eurs orîgînes e paroîs eurs sîgnîicaîons dîIcîemen accessî-bes. eur éude présene, en oure, roîs dîIcués parîcuîères, cee de eur sau dans es exes où peuven encore s’éudîer es récîs quî demeuren îsîbes, cee de eur percepîon e de eur usage par es popu-aîons de ’Anîquîé, enin cee des méhodoogîes requîses pour eur approche scîenîique.  es conrîbuîons réunîes dans ce ouvrage n’ambîîonnen pas de couvrîr ’ensembe de ces champs, moîns encore d’y apporer queques réponses déinîîves. Maîs ees jeen, nous ’espérons, une nouvee umîère sur a naure du myhe chînoîs e sur ses rappors avec ’hîsoîre e a phîosophîe.
Statut du mythe en Chîne
À a grande dîférence du monde gréco-aîn, a Chîne n’a pas donné de sau à ses myhes. Ee ne es a même pas nommés, dans a mesure où rîen ne es quaîie en an que es dans es exes quî en on même e pus ampe usage. À e poîn que ceraîns aueurs conemporaîns se son demandé s’î avaî bîen exîsé une « myhoogîe », au sens où nous ’enen-dons généraemen en Occîden, essenîeemen pour ce quî concerne ’anîquîé. Nous ne possédons pus de récîs quî semben înégraux avan e e ’époque reaîvemen ardîve des Sîx Dynasîes, duïïïausîèce de nore e ère. Jusqu’au débu de ’empîre au ~ïïïsîèce, rares son es aueurs quî en
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on un empoî reaîvemen înensî. On verra pour quees raîsons ces récîs on éé us, muîés ou ransormés, pour ’essenîe. C’es ’éude moderne de ces dernîers, dans ’éa où îs nous son parvenus, quî nous perme d’en précîser a naure e d’en déduîre a oncîon au emps de a royaué e encore peu après.  Pour quees raîsons e myhe u-î, dès ’orîgîne de a phîosophîe, îgnoré e, paroîs, manîesemen déprécîé e occué? a premîère îen à a suspîcîon dans aquee e enaî a premîère e pus înluene écoe de pensée chînoîse, cee de Conucîus. ’aîude de ce ondaeur de « ’huma-nîsme » en Chîne îen en queques senences bîen pesées où e compe des esprîs es assez expédîîvemen régé. On saî d’abord que e Mare n’évoquaî pas voonîers es érangeés nî es esprîs . Cea ’auraî amené à enîr des propos însupporabes (pour a raîson? pour a morae?), avance un gossaeur. ï ne paraî pas non pus de récîs où î éaî quesîon de orce bruae nî de désordre (e un homme quî renverse un baeau ou un mînîsre quî ue son prînce ). On voî à qu’î es împîcîemen quesîon de récîs reaîs aux esprîs, c’es-à-dîre en aî de myhes e de égendes. Quan aux esprîs même, Conucîus dîsaî es devoîr enîr à dîsance . Toueoîs, cee précauîon peu êre enendue de pusîeurs açons : soî qu’î aîe se déier des esprîs, soî qu’î aîe eur exprîmer son respec par une dîsance de déérence (c’es ce qu’enend une gose). a prîse de champ par rappor à a personne qu’on souhaîe honorer es, somme oue, une modaîé paraîemen reconnue e même recommandée par es rîues. ï n’es donc pas dî qu’une înerpréaîon excue ’aure. Conucîus ne méprîse pas es dîvînîés; bîen au conraîre, î rappee a nécessîé d’êre présen en personne ors des sacrîices qu’on eur accorde, car ees son
1. Voîr eLunyu146. es goses expîquen que es « érangeés » son des, Vïï-21, p. phénomènes exraordînaîres,guaîyî; nous dîrîons merveîeux, car încompréhensîbes (c’es îcî a seue occurrence du mo « érange »,guaî, dans eLunyuesprîs »). es « son ceux des hîsoîres de revenans e d’esprîs quî ne son d’aucun proi pour ’enseîgnemen, expîque un commenaeur. 2. e renversemen d’un baeau à maîns nues es rapporé dans eChu cî, « Éégîes de Chu », au chapîre « Tîanwen » (Quesîons céeses), ïïï, p. 14a (éd. SBBY) (rad. R. Mahîeu, 2004, p. 97 e n. 8), en rappor avec un obscur récî myhîque. —ï n’es pas de pus grave désordre que de uer son père ou son prînce, rappee a gose. 3. Voîr eLunyu, Vï-22, p. 126. ï s’agî d’une réponse à a quesîon : « Qu’es-ce que a sagesse? » e Mare îndîque : « C’es respecer es mânes e es esprîs ou en es enan à dîsance».
ïnroducîon
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réeemen à . ï reconna même, maade, avoîr învoqué es esprîs depuîs ongemps, orsque e besoîn s’en éaî aî senîr . ï dî encore prendre pour exempe Yu e Grandondaeur de a dynasîe des Xîa e grand héros myhîque, s’î en esquî aîsaî preuve d’une pîéé exrême envers es mânes e es esprîs . Toueoîs, e Mare îndîque împîcîemen préérer e servîce des hommes au servîce des esprîs, ou comme î préère a vîe à a mor .  Bîen peu es donc exprîmé dans es Enreîens quî nous permee de cerner a pensée de Kong zî sur es récîs quî concernen es esprîs, à savoîr, pour ’essenîe, es myhes e es égendes. C’es oueoîs suIsan pour enendre sa résîsance à un monde quî ne répond pas aux crîères de a raîson, quî aî peu de cas des règes éhîques, or peu des rîes, e n’aîde donc pas à se perecîonner par ’examen de soî. Sans résumer e champ myhîque à ceuî des esprîs (n’oubîons pas a cosmogonîe quî ne es încu pas oujours en Chîne), orce es de consaer qu’î concenre ous es éémens quî on ’obje de a crîîque conucéenne; e monde des héros humaîns ne aîsan que e compéer, ou s’en dîsînguan souven avec dîIcué, dans a mesure où un êre humaîn n’es jamaîs qu’un esprî en sursîs, des mânes en puîssance. a compîaîon séecîve des « Poèmes », dans ce quî devaî devenîr e cassîque du même nom, e choîx rîgoureux des exes des « Documens », dans eShujîng, ceuî, vraîsembabe, des événemens consîuan es Annaes de u, ouChunqîuPrînemps e, « auomnes », par Conucîus ou, pus vraîsembabemen, des erés de son écoe du, seon oue probabîîé, éîmîner une parîe non négîgeabe des récîs moraemen înoérabes. ï rese cependan (en émoîgnen es éudes passées e présenes d’Henrî Maspero, de Marce Grane, de Bernhard Kargren e, îcî, d’Anne Bîrre) que de nombreux récîs on survécu au cavîardage éhîque des erés conucîanîses pour consîuer es pus beaux des récîs anîques.
4. Voîr eLunyu, ïïï-12, p. 53 : « Sacrîions aux esprîs comme s’îs éaîen réeemen présens. […] Quand nous n’assîsons pas au sacrîice, c’es comme sî nous ne sacrîiîons pas ». 5. Voîr eLunyu, Vïï-35, p. 152. 6. Voîr eLunyu, Vïïï-21, p. 169. 7. Voîr eLunyu, Xï-12, p. 243. ï n’y a aucun avanage à rop s’occuper de domaînes dîIcîes à connare, à comprendre, expîque a gose. Ce choîx sera reprîs dans ’œuvre majeure de Xun zî.
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