Approches croisées des figures du migrant et de la migration
242 pages
Français

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Description

Le présent ouvrage constitue l'aboutissement des efforts de spécialistes qui se consacrent à l'étude des phénomènes spécifiques aux dynamiques migratoires au sens large (plutôt qu'en fonction des aléas de l'actualité), à l'aide d'outils issus des sciences du langage et/ou de la psychanalyse, afin de parvenir à un éclairage diversifié sur les figures du « migrant » et de la « migration », plutôt dans la durée longue et moyenne que dans le court terme. Quels que soient le cadre analytique, le contexte, la ou les langue(s) impliquée(s), une même volonté traverse les différentes contributions de ce volume : repenser la vision du « migrant » et de la « migration », sans jamais s'éloigner des valeurs humanistes et humanitaires qui devraient caractériser une pensée critique en sciences sociales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 juin 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342153552
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Approches croisées des figures du migrant et de la migration
Maria José Coracini
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Approches croisées des figures du migrant et de la migration
 
Introduction
Maria José Coracini, Ksenija Djordjevi ć Léonard, Jean-Marie Prieur
Les textes réunis dans cet ouvrage collectif, situé à la confluence des sciences humaines et sociales, s’inscrivent dans une réflexion initiée en 2013 dans le cadre d’un projet franco-brésilien, intitulé Approche comparée des figures du migrant et de la migration , mené au sein de l’Université de Montpellier 3, en France, et de l’Université de Campinas (Unicamp), au Brésil. L’objectif du projet initial était de construire un objet commun – les modes d’inscription des migrants dans la langue et la culture d’accueil – et de croiser une approche convoquant à la fois le cadre de l’analyse du discours, donc relevant des sciences du langage, et le cadre psychanalytique, dans une perspective d’anthropologie du langage et des pratiques langagières. Les échanges scientifiques entre chercheurs et doctorants impliqués dans le projet ont permis, au fil des rencontres, d’élargir cet objet premier, et d’y intégrer d’autres terrains, perspectives théoriques et cadres d’analyse, sur un sujet que l’actualité brûlante du continent européen a de nouveau mis au premier plan, à travers la crise humanitaire, appelée communément « crise migratoire », de 2015. Les thèmes sur lesquels les contributeurs à cet ouvrage collectif travaillaient, sont devenus à nos yeux, à partir de ce moment-là, encore plus révélateurs des tensions et des divisions de nos sociétés contemporaines. Le présent ouvrage est donc l’aboutissement des efforts de spécialistes de phénomènes spécifiques aux dynamiques migratoires au sens large (plutôt qu’en fonction des aléas de l’actualité), faisant usage d’outils issus des sciences du langage et/ou de la psychanalyse, afin de parvenir à un éclairage diversifié sur les figures du migrant et de la migration plutôt dans la durée longue et moyenne que dans le court terme.
L’ouvrage est composé de trois chapitres, dans lesquels nous avons essayé de diversifier l’appareil théorique mobilisé, les contextes, les langues, les époques. Dans la mesure du possible, la parole a été laissée aux migrants eux-mêmes – souvent absents des discours qui les concernent : « rarement appréhendés dans leur singularité, leurs voix, leurs paroles et leurs histoires sont presque toujours tues » (Canut & Mazauric, 2014 : 7). Dans cet ouvrage, les migrants parlent, racontent cette singulière expérience qui est la leur, se racontent et décrivent leur trajectoire de vie. Aux grandes fresques incontournables qui dressent un bilan du phénomène migratoire, en expliquent les causes et les raisons, de même que les impacts et les effets économiques, politiques et sociaux (cf. par exemple Piché (dir.), 2013), ce volume ajoute la parole du sujet migrant, en mettant encore davantage l’accent sur le « caractère multidimensionnel du phénomène migratoire » (Piguet, 2013 : 152).
 
Le chapitre I est intitulé « Expériences et logiques de la migration ». Trois textes le composent : ceux de Maria José Coracini, Discours d’immigrants : deuil et inscription de soi dans la langue-culture de l’autre , de Teiko Yano, Migrants japonais en France , et de Mariana Peixoto, Représentations du féminin : immigration et exclusion socio-économique au Brésil . Ces études ont toutes en commun, à partir des récits de vie recueillis, de privilégier la parole des sujets – ce qu’ils disent d’eux-mêmes, des autres, de leurs histoires – afin de restituer et d’analyser, à travers la diversité des trajectoires sociales, des conditions socio-économiques, des configurations familiales ou relationnelles, la matérialité subjective et sociale de ces expériences migratoires.
Pour analyser les modes d’inscription de soi dans la « langue-culture » de l’autre, M.J. Coracini a procédé à une cinquantaine d’entretiens ; elle en a, au final, retenu huit : ceux de migrants issus de pays différents (Chili, Mexique, Cuba, Argentine, France, Etats-Unis) et vivant au Brésil depuis au moins un an. Pour investir leurs récits de vie, l’auteure se réfère à la notion freudienne de deuil, revisitée et retravaillée par J. Derrida. Elle dégage ainsi deux positions subjectives contradictoires qui correspondent à deux formes ou deux types de deuil ; la position de ceux qui voudraient ensevelir à jamais la « langue-culture » dite « maternelle » pour s’en libérer ou s’en détacher, et pour pouvoir alors se vouer entièrement à l’autre langue ; la position de ceux qui, tout en passant à l’autre, à l’autre « langue » et à l’autre « culture », ne cessent de vouloir maintenir vive, et la mémoire de leur origine, et la mémoire de leur langue et de leur relation à elle. Comme le signifie l’auteure, il s’agit au plan inconscient, pour les sujets concernés, soit de « tuer le mort », de le perdre à jamais, de l’enfouir définitivement, avant qu’il ne ressurgisse comme spectre, soit à l’inverse de le conserver en soi, de le « soigner… pour qu’il demeure vivant », pour qu’il survive, intact, inentamé, par-delà le temps. Dans les deux cas, l’expérience est vouée à l’échec : la langue d’origine ne « s’enterre » jamais, elle hante toujours les usages de la nouvelle langue, elle fait retour, ici et là, dans la parole de « celui qui désire l’éliminer » ; la langue d’origine ne « se conserve » jamais telle quelle, elle n’échappe pas aux transformations qui s’opèrent chez ceux qui lui ont voué fidélité. M.J. Coracini met en évidence comment les migrants construisent leur subjectivité – mouvante, instable, composite – dans un entre-deux, un espace de mélanges et de transformations : mélanges de langues, d’accents, d’images, de traces, de mémoires « de façon qu’il est difficile de définir jusqu’à quel point on est brésilien ou mexicain, brésilien ou américain, argentin ou brésilien et ainsi de suite ».
C’est dans la même perspective que se situe le texte de T. Yano puisqu’elle s’attache à comprendre et analyser les modes d’inscription de migrants japonais dans la société, la « langue » et la « culture » françaises. Il en résulte cinq portraits ou figures de migrants contrastés et caractérisés pour chacun, par leur hétérogénéité, puisque, pour l’auteure « l’acteur social ou le sujet parlant n’est (…) jamais réductible à du « un », à une identité, à une appartenance sociale, à un ensemble de comportements ». Elle analyse avec acuité, le style de présence au langage et aux autres de chaque sujet, son style d’existence dans la société d’accueil, ses relations aux langues, à ses langues : le japonais et le français. Chacun est ainsi appréhendé au croisement de sa trajectoire de vie singulière et des contextes sociaux, langagiers, relationnels, culturels dans lesquels il s’inscrit. T. Yano met l’accent sur l’hétérogénéité des positions adoptées par ces migrants vis-à-vis de ce qui est perçu par eux comme « la » langue et « la » culture françaises, comme elle souligne la fluctuation de leurs usages langagiers et de leurs pratiques de vie.
M. Peixoto se référant au texte de M. Foucault « La vie des hommes infâmes » veut, quant à elle, faire entendre « des voix infâmes de notre époque », celles de femmes et de migrantes, venues de pays voisins du Brésil et s’y retrouvant en situation d’exclusion sociale et économique. Elle analyse des extraits d’entretiens conduits avec deux de ces migrantes dans le but de problématiser et de déconstruire les représentations du « féminin », de l’« étranger », et de l’« errance », telles qu’elles se matérialisent encore aujourd’hui dans les discours sociaux et les récits du quotidien.
 
Le Chapitre II – « La migration comme histoire » – réunit deux textes : celui de Ksenija Djordjević Léonard, intitulé Les Tabarquins : l’histoire d’une migration en ricochet et sa mise en récit , et celui de Françoise Roche : La Nouvelle-Calédonie, terre de migrations. Des origines à 1946 . Les deux textes ont en commun de mobiliser la perspective historique pour la compréhension des conséquences des phénomènes migratoires du passé. Si l’on peut parfois avoir l’impression qu’il s’agit d’un phénomène du monde moderne qui, nous dit-on souvent avec raison, facilite les mobilités et les contacts entre les populations, il ne reste pas moins vrai que « les champs et les systèmes migratoires sont des constructions vivantes soumises aux logiques historiques de la construction et de la recomposition du monde, de l’"architecture du vivant" » (Simon, 2012 : 28).
Le texte de K. Djordjević Léonard se prête à une telle lecture. Elle y aborde une situation sociolinguistique originale : celle de la communauté de Tabarquins, qui peuplent deux petites villes, Carloforte et Calasetta, situées sur les îles de San Pietro et de Sant’Antioco, dans l’archipel sarde des Sulcis. Leurs migrations collectives « en ricochet », à travers le bassin méditerranéen, qui ont contribué à forger l’identité tabarquine, n’ont en rien nui à la vitalité de l’idiome, et ont, bien au contraire, nourri le sentiment local de constituer une singularité ethno-historique. L’auteure analyse la mise en récit de ces migrations à travers un corpus riche et varié, composé d’entretiens réalisés à Carloforte en 2014 auprès d’un ensemble de travailleurs culturels tabarquins, d’extraits de la revue locale Quaderni tabarchini , publiée à Carloforte, de documents issus des réseaux sociaux, ainsi que d’u

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