Chroniques d une jeunesse oubliée
183 pages
Français

Chroniques d'une jeunesse oubliée , livre ebook

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183 pages
Français

Description

Ce livre présente l'expérience d'un jeune homme engagé dans des études notariales, devenant, le temps d'un été, travailleur social auprès de jeunes d'un quartier difficile de la banlieue lyonnaise.
La réouverture d'une structure d'accueil (Maison de quartier) destinée à accueillir des adolescents difficiles lui offre la possibilité d'occuper un poste de travailleur social ; une fonction qui suppose une connaissance aguerrie de ce milieu et une capacité réelle à gérer les conflits. Cet emploi changera sa vie et son destin bien plus profondément qu'imaginé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2017
Nombre de lectures 6
EAN13 9782140048333
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

difficile de la banlieue lyonnaise et un jeune homme
Alors que celui-ci cherche un job d’été pour les vacances
quartier) destinée à accueillir des adolescents difficiles,
milieu et une capacité réelle à gérer les conflits. Pourtant, Amar Dib, convaincu qu’il s’agit d’une mission difficile
défi. La découverte de cet environnement et les liens qu’il va tisser avec les habitants de ce quartier vont changer sa
pour l’Égalité (HALDE).Enfin, depuis 2016 Amar Dib est auditeur à
Amar Dib
CHRONIQUES D’UNEJEUNESSE
Préface de JeanLouis Borloo
Chroniques d’une jeunesse oubliée
Amar DIB
Chroniques d’une jeunesse oubliée
Préface de Jean-Louis Borloo
A Sidi Mohamed-Laid LAKHDARI,
un Sage parmi les Hommes…
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww. harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-12263-2 EAN : 9782343122632
Préface
Misère et solitude... patience et espoir ! Amar Dib, qui donne toute leur force à ces mots dans sa conclusion, nous délivre, à travers un témoignage personnel parfois poignant, mais toujours serein, un message d’espoir. Il voulait devenir notaire, vendre des immeubles, s’occuper de successions… Le hasard l’a transformé en responsable de maison de quartier, au milieu des immeubles, chargé de résoudre une succession de problèmes humains.
De Sonia à l’épiderme doré à Béchir l’artiste, qui manque singulièrement de sommeil, d’Olivier qui se convertit à l’islam à Mourad le drogué, il décrit un univers clos, souvent agressif.
Quand l’auteur m’a proposé de préfacer brièvement cet ouvrage, j’ai senti, tant à travers nos échanges qu’à la lecture de son récit, la qualité de son regard. Le regard de celui qui sait interpréter le regard des autres. Le regard de celui qui ne se contente pas de compter les voitures qui brûlent, mais qui veut éteindre l’incendie.
Certains de nos quartiers sont en crise parce qu’on a laissé la désillusion s’installer. Mais le désenchantement résulte parfois plus d’une absence de concrétisation des discours sociaux que du vécu dans un environnement dégradé.
La réhabilitation passe non seulement par une politique combative et des moyens matériels importants, mais aussi par l’action déterminante d’acteurs de terrain qui s’investissent au quotidien et sur le long terme. Amar DIB est de ceux-là. Il y croit. Il nous aide à y croire. Il n’y a pas de fatalité dans la crise des banlieues. Elles demeurent vulnérables, mais les jeunes qui les habitent peuvent en
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être la richesse, car ils savent, dans leur grande majorité, dépasser les problèmes identitaires ou communautaires. Ils savent s’investir. Ils savent écouter. Ceux qui sont tentés par des voies marginales s’investiront d’autant mieux et écouteront d’autant plus attentivement qu’on saura établir avec eux une relation de confiance.
Ruptures... dévotion... cris... angoisses... émotions ! Amar DIB peint les ténèbres, sculpte les révoltes, mais ses constats sont encourageants. La solitude peut laisser place à la solidarité ; les filles des quartiers savent gagner leur liberté ; les durs peuvent se transformer en gentils.
Dès lors, notre propre regard devient différent.
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Jean-Louis BORLOO
La découverte
Je pense souvent à ces visages que je suis le seul à voir et dont je n’ai jamais parlé. Des clichés qui peuplent ma mémoire et m’invitent à la mélancolie. Ils me rappellent une période durant laquelle je me suis cherché, examinant toutes les possibilités pour m’installer au mieux dans cette vie d’adulte. Après les heures perdues à observer le ciel, à chercher le réconfort des sentiments, à teinter mes espoirs d’un romantisme littéraire, j’ai dû rejoindre le pragmatisme des gens sérieux. Je m’évadais souvent par la lecture et laissais Albert Camus m’offrir ces mots :« pour comprendre le monde, il faut parfois se détourner ; pour mieux servir les hommes, les tenir un moment à distance. Mais où trouver la solitude nécessaire à la force, à la longue respiration où l’esprit se rassemble et le courage se mesure ? Il reste les grandes villes. » Depuis que j’ai dix-huit ans, chaque année à la veille de l’été, j’entreprenais systématiquement une recherche d’emploi, des postes de saisonniers toujours, afin de financer mes études et de m’assurer un confort vestimentaire en harmonie avec mes aspirations. Un jour, alors que cette quête persistait à être infructueuse, le maire de la commune où j’habitais apprit par ma sœur que je devais trouver un job pour l’été et demanda à me voir. Il avait déjà pensé à moi, mais ne savait pas si j’accepterais la mission délicate qu’il souhaitait me confier. Il s’agissait de relever un défi : ouvrir et diriger une structure destinée à accueillir les adolescents d’un quartier difficile. Un bâtiment fermé depuis plusieurs années en raison des nombreuses agressions et bagarres qui s’y étaient produites. Dans sa réflexion pour trouver une solution à ce
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problème, il avait exclu de faire appel à des travailleurs sociaux et avait naturellement pensé qu’une personne issue de l’immigration, comme la majorité de ces jeunes, serait plus apte à les contenir. Il comptait sur mes années passées à l’université et sur cette carrière de footballeur semi-professionnelle que j’avais entamée, pour inspirer le respect à ces jeunes. Et il était convaincu que ces deux aspects de ma vie seraient plus opérants sur leur imaginaire que le profil habituel des animateurs ou des éducateurs de prévention. Il avait souhaité envisager toutes les possibilités de recrutement, parmi les plus efficaces, pour s’assurer un été sans violence et sans drame. Il s’était montré déterminé à prévoir le recrutement d’un directeur atypique, mais capable de contenir l’agressivité de ces jeunes, en suscitant chez eux des réflexes de respect et de considération.
er Un mois plus tard, le 1 juillet 1991, à seize heures, je signais le contrat de travail, qui m’engageait pour une mission qui devait durer deux mois. Sans vraiment savoir ce qui m’attendait et ce que j’allais pouvoir changer à ce désastre, je me dirigeais fébrilement vers la place Lyautey du quartier de la Velette, à Rillieux-La-Pape, où je devais prendre mes fonctions. Auparavant, le maire qui m’avait vu grandir et que mes parents connaissaient depuis plus de vingt ans avait beaucoup insisté pour que j’accepte son offre. Il s’était montré très flatteur à mon égard et plutôt convaincant. M’expliquant avec paternalisme le détail de sa pensée : -«Je connais bien ta famille, les gens vous respectent beaucoup. Tu seras bien plus utile ici que dans une usine ou sur un chantier !»Je ne savais que peu de choses de ces maisons de quartier où se retrouvaient des adolescents en mal d’occupation. J’avais compris qu’il s’agissait de structures
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de loisirs, devant accueillir ce public ciblé, et destinées à le divertir. Les occupations basiques restaient les mêmes partout, un baby-foot, une table de ping-pong, des jeux de société, des tables, des chaises. C’étaient des lieux où s’organisaient l’oubli, l’évasion, où on pouvait croiser la jeunesse du quartier et partager un moment précaire de civilités urbaines. Ces maisons restaient l’un des derniers liens avec l’administration communale, elles permettaient la rencontre des familles, des jeunes et de certains élus, qui redoutaient terriblement l’ambiance excessive de ces endroits. Il était communément admis, qu’à l’intérieur de ces maisons, le temps se vivait différemment. Les gens du commun s’y retrouvaient quotidiennement pour y partager les bonheurs simples d’une partie de cartes ou de scrabble, et les défis lancés aux uns et aux autres. Entre ces activités sommaires, l’animation principale restait la palabre et le commentaire désobligeant. Ici, tout se racontait, tout s’amplifiait, les histoires du quartier, les dernières mésaventures de certains, les drames aussi. Ces bavardages participaient du divertissement général de la cité, et il fallait que les meilleurs conteurs s’ingénient à les collecter quotidiennement pour mieux gagner le respect et l’écoute du groupe. Ici, tout le monde s’invite dans la vie des autres, y cueille le pathétique, le drôle, le dramatique parfois, et s’empresse de le servir aux habitants. Dans le quartier, rien n’échappe à personne, l’observation critique est quelque chose qui s’installe dès l’enfance et qui se cultive avec l’âge. Personne n’est à l’abri de cette surveillance et il est impossible d’y préserver une vie privée. Ainsi, chacun pouvait reconnaître ses propres défaillances dans le récit des défaillances des autres. Rillieux-la-Pape est une ville de la proche banlieue lyonnaise où les rodéos de voitures, les incendies volontaires et les violences de tout acabit furent nombreux
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