Créativités autochtones actuelles au Québec : Arts visuels et performatifs, musique, vidéo
270 pages
Français

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Description

Les Premiers peuples issus du territoire nommé Québec connaissent depuis quelques années un rayonnement culturel considérable. En fait preuve cet ouvrage qui rassemble des témoignages et des comptes rendus d’expressions visuelles, performatives, musicales et vidéographiques, ainsi que des entretiens avec des artistes autochtones. Il montre bien comment les oeuvres d’art, en tant que canal privilégié de communication, permettent aux communautés d’exprimer leurs conditions, mais aussi de reprendre contact avec le meilleur d’elles-mêmes, d’inscrire leur vision dans l’espace et dans la durée, et de participer aux processus de désaliénation, d’affirmation et de décolonisation. En plus de fournir des repères historiques, le livre offre une véritable cartographie des aspirations de ces artistes, ainsi que de leurs démarches, leurs choix techniques et thématiques et leurs stratégies d’affirmation et de reconstruction à la fois culturelle, sociale et politique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760646377
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Louise Vigneault
Créativités autochtones actuelles au Québec
Arts visuels et performatifs, musique, vidéo

Les Presses de l’Université de Montréal

Titres parus dans cette collection
Alliances. Penser et repenser les relations entre Autochtones et non-Autochtones
Lynne Davis
Histoires souveraines. Poétiques du personnel dans les littératures autochtones au Québec
Isabella Huberman
Mythologie huronne et wyandotte (réédition)
Charles Marius Barbeau



Collection «Expressions autochtones»

La collection «Expressions autochtones» se donne pour objectif de rassembler des travaux théoriques et pratiques de langue française sur les peuples autochtones. Elle privilégie une approche interdisciplinaire des questions d’actualité, de société et de culture qui se posent au Québec et ailleurs dans le monde.
Sous la direction de Louise Vigneault, professeure titulaire au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Créativités autochtones actuelles au Québec: arts visuels et performatifs, musique, vidéo / sous la direction de Louise Vigneault. Nom: Vigneault, Louise, 1965- éditrice intellectuelle. Description: Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20220005907 | Canadiana (livre numérique) 20220005915 | ISBN 9782760646353 | ISBN 9782760646360 (PDF) | ISBN 9782760646377 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Arts autochtones—Québec (Province) Classification: LCC NX513.3.A4 C74 2022 | CDD 704.03/970714—dc23 Couverture: Détail de l’œuvre de Gabriel Nuraki Uqaituk, Ulluriaq (Étoile), 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. Mise en pages: Chantal Poisson Dépôt légal 2 e trimestre 2023 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal 2023 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC).




Remerciements
Nous tenons à remercier d’abord les créateurs et les créatrices autochtones, qui continuent d’inspirer des publics de plus en plus nombreux, de perpétuer des prises de parole, d’occuper l’espace en nous faisant saisir leurs détresses comme leurs enchantements. Tiawenhk, Tshinashkumitin, Mikwetc, Mîkwêk, Niá:wen, Nakurmiik .
Merci aux commissaires et intervenant·es culturel·les, qui permet­tent de mettre en valeur et en honneur ces démarches de désaliénation et d’appel aux dialogues.
Cet ouvrage a été réalisé grâce au soutien financier du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Nous sommes également redevables au Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ), au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques et à la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal.
Nous souhaitons rendre hommage à notre collaboratrice Élisabeth Kaine, décédée subitement pendant le processus d’édition de cet ouvrage. Soulignons son grand dévouement et son apport dans l’essor de la muséologie autochtone et l’actualisation des pratiques artistiques.


Renouveler les alliances par l’art
Conversation entre Louise Vigneault et Guy Sioui Durand.
— Kwe Guy Sioui Durand.
— Ndio, Kwe Louise Vigneault.
— Je suis ravie que nous introduisions ensemble cet ouvrage collectif intitulé Créativités autochtones actuelles au Québec.
— Tiawenhk, Ahskennon’nia’ iye’s , merci, j’en suis aussi très heureux, et cela, pour plusieurs raisons. Au regard du temps long dans notre vision circulaire, j’ai le sentiment que notre conversation poursuit, au XXI e siècle, le dialogue amorcé au temps de la signature de la Grande Paix de Tiötiàh:ke (Montréal) en 1701. La différence est que l’échange a lieu aujourd’hui entre un Wendat, héritier de la longue filiation du chef Kondiaronk, et une historienne de l’art, héritière, elle aussi, du renouvellement des relations à la suite des sociologues Jean-Charles Falardeau et Denys Delâge, de l’historien de l’art François-Marc Gagnon et de l’anthropologue Rémi Savard. Qui plus est, notre dialogue, qui a commencé en 2008 autour du legs du premier artiste wendat moderne au XIX e siècle, Zacharie Tehariolin Vincent, restaure le principe protocolaire iroquoien de la rencontre d’émissaires et des échanges de wampums, que l’on appelle le rituel de purification (des yeux, des oreilles, de la langue parlée), pour renouveler aujourd’hui les alliances par l’art, et l’art par l’art autochtone et les connaissances qu’il véhicule.
— Si la Grande Paix de Montréal avait inauguré 50 ans d’alliances entre les instances françaises et 39 nations autochtones (qui ont entraîné, toutefois, la libre colonisation du territoire laurentien), l’appel à de nouvelles bases collaboratives a effectivement été lancé par des artistes dont les productions s’inscrivent en amont des actions politiques, là où se conjuguent la réalité concrète, l’imaginaire et la sphère symbolique. Les œuvres ont aussi le pouvoir de bouleverser les sensibilités en rendant possible et perceptible ce qui a été camouflé, nié, occulté. En témoigne notamment Dans l’attente , de Nadia Myre, installé sur l’îlot Bonaventure de Tiötiàh:ke (Montréal), qui invite la population à renouveler l’entente de 1701 afin de vivre en harmonie «de nation à nation 1 ».
— J’ajouterais, Louise, que l’art tend à changer le monde et l’art autochtone tend à changer l’art, puisque nos imaginaires ajoutent à l’esthétique cette part d’éthique, de spiritualité, au sens de rapports sacrés avec la nature, mais aussi de vie des idées, soutenant ainsi une tout autre forme d’immatérialité. Au quasi-effacement du réel historique a résisté le «pouvoir des rêves», l’«anima», ce qui s’anime et ce qui est animé. L ’ohterah’ , une notion en langue wendat, exprime ce tout invisible et indivisible. C’est pourquoi il faut rêver plus. Le rêve forge les individus-espoirs et les sociétés-espoirs. Là sont nos visions du monde.
— Tout à fait Tsie8ei (Sioui). En se prolongeant dans le temps et l’espace, les productions artistiques permettent aussi de toucher les consciences en profondeur et, par conséquent, de transformer l’existence des artistes et de leur communauté. Les francophones du Québec le savent bien, pour avoir connu eux-mêmes cet éveil culturel, identitaire et politique au cours des années 1960 et 1970. Depuis quelques années, ils apprennent désormais à reconnaître l’essor des cultures autochtones, à l’accueillir et à s’en inspirer, dans le cadre d’échanges de plus en plus féconds. Face aux négociations qui s’éternisent et qui s’empêtrent dans des rhétoriques et des discours de surface, qui ternissent les confiances et épuisent les patiences, les artistes répondent par un dialogue qui incite à s’engager dans la voie d’une reconnaissance mutuelle.
À ce sujet, je me rallie au constat que tu avais formulé dès les années 1990, selon lequel la présence significative des artistes autochtones dans le réseau de diffusion a été redevable, à l’époque, moins aux institutions, qui ont trop longtemps eu le réflexe de perpétuer une image ethnique des Premières Nations et de les séparer des non-­Autochtones, qu’aux réseaux parallèles et aux organisations gérées par les individus et par les communautés elles-mêmes. Ces milieux, qui correspondent davantage aux valeurs d’engagement et de résistance des artistes, ont d’ailleurs offert un potentiel spatial et expérimental mieux adapté à leurs besoins d’appartenance et de rayonnement 2 . Grâce à ces initiatives, les créatrices et les créateurs sont en mesure aujourd’hui d’occuper les territoires carrefours et d’imprégner leur conception du monde, tandis que les commissaires autochtones réussissent à créer des zones sécuritaires ( safe spaces ) autonomes et souveraines et à accueillir les visiteurs issus de tous les milieux. Ces espaces s’avèrent nécessaires pour abolir les modèles imposés par l’héritage colonial et instaurer des changements significatifs. Les populations non autochtones doivent aussi accepter de réévaluer leurs préconceptions, de se mettre avec humilité dans un état de réception afin d’adopter de nouvelles perspectives.
— Je dis souvent qu’il faut d’abord se changer soi-même pour changer le monde, se décoloniser pour ensuite décoloniser l’art par l’art autochtone. Alors la légitimité du bouleversement sensible, la lucidité lient quête identitaire et aventure commune.
— Ton constat me rappelle les propos de la défenseuse des droits des peuples autochtones aux Nations unies, Erica-Irene Daes, qui soulignait qu’à force de subir des pressions d’assujettissement, d’intolérance et de discrimination, les individus perdent leur confiance à s’exprimer, à agir, à se protéger, à espérer, et tendent à s’isoler et à retourner la violence et l’oppression contre eux-mêmes 3 . Leur force réside néanmoins dans leur capacité à s’ancrer dans leurs fondements identitaires, dans les modèles essentiels de responsabilité, de partage, d’entraide et d’empathie, et dans leur disposition à transformer la souffrance en éveil. En restaurant leur sentiment de respect et en réactivant l’estime d’eux-mêmes, ils les imposent alors à autrui et regagnent leur volonté d’autodétermination. Dans ce contexte, les expressions artistiques offrent les moyens nécessaires pour résister aux effets de réduction physique et psychologique et permettent aux individus de retrouver leur dignité. Dotés de ce pouv

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